4.5 Etude des fluctuations d’intensit´e
4.5.3 Analyse des donn´ees exp´erimentales
u0− q p + q (1− p τrep− q τrep)k+ q p + q. (4.52)
Cette ´equation donne l’´evolution de la probabilit´e d’´emission de la source en fonction de la condition initiale u0. Elle est associ´ee `a un effet de m´emoire sur une dur´ee 1/(p + q) et correspond aux solutions stationnaires :
Pon= q
(p + q) et Poff = 1− Pon= p (p + q) .
Param`etre de Mandel d´ependant du temps
D’apr`es notre mod`ele, la lumi`ere ´emise par la source consiste en une succession d’im-pulsions ´emises aux temps tk= k× τrepavec la probabilit´e uk, correspond `a une intensit´e :
I(t) = +∞ X
k = −∞
δ(t− kτrep)× rk, avec rk= 0 ou 1. (4.53) L’´equation (4.52) permet de calculer les propri´et´es statistiques du flux de photons. En particulier, nous pouvons obtenir l’expression de la variance de N (T ), nombre de pho-tod´etections intervenues pour une dur´ee T , et en d´eduire l’expression du param`etre de Mandel d´ependant du temps. Les calculs correspondants sont d´etaill´es dans l’Annexe B.
La solution analytique compl`ete, qui correspond `a l’´equation (B.5), se simplifie dans le r´egime o `u β = (p + q)τrep ≪ 1, comme c’est le cas pour l’´emission de la mol´ecule. Le param`etre de Mandel d’une source de photons uniques intermittente « id´eale » est alors donn´e par :
Qperf.SPS(Mτrep) = 2p× τrep β2 1− 1 Mβ1 − (1 − β)M − 1 (4.54)
tandis que le param`etre de Mandel « r´eel » de la statistique de photod´etection, est lui affect´e par l’efficacit´e η qui agit comme un simple facteur multiplicatif. Le param`etre de Mandel pour la source r´eelle est ainsi donn´e par :
QS(T ) = η Qperf.SPS(T ). (4.55)
4.5.3 Analyse des donn´ees exp´erimentales
Disposant d’un mod`ele reliant les fluctuations d’intensit´e, caract´eris´ees par la valeur du param`etre de Mandel d´ependant du temps Q(T ), aux param`etres photophysiques de la source, nous pouvons le confronter aux donn´ees exp´erimentales d´ej`a ´etudi´ees `a la sec-tion 4.4. Comme expliqu´e dans le § 4.5.1, nous pouvons ´evaluer le param`etre de Mandel des impulsions lumineuses `a partir de la liste de donn´ees exp´erimentales de photod´etection {np}p=1,...,N. La courbe correspondante est reproduite sur l’insert de la figure 4.6 et repr´esente la variation du facteur de Mandel QSm(T ) pour des ´echelles de temps T variant de la micro-seconde aux dizaines de millimicro-secondes, soit sur plus de quatre ordres de grandeur.
La fenˆetre principale de la figure 4.6 d´etaille le comportement de QSm(T ) pour les temps d’int´egration courts. Elle fait nettement apparaˆıtre l’existence de deux r´egimes distincts en ce qui concerne les fluctuations statistiques de la source :
0.08
0.04
0.00
-0.04
Q(T)
10-6 10-5
Integration time T (s)
4
3
2
1
0
Q(T)
10
-610
-510
-410
-310
-2T (s)
super
poissonian
subpoissonian
FIG. 4.6 – Param`etre de Mandel de la source mol´eculaire de photons uniques en fonction de la dur´ee d’int´egration T . La courbe est pr´esent´ee dans son int´egralit´e dans l’insert, tan-dis que la figure principale correspond `a un agrantan-dissement du comportement aux temps courts. La courbe en trait plein repr´esente le r´esultat de l’ajustement des formules analy-tiques aux donn´ees du mod`ele ON - OFF. Le trait horizontal pointill´e mat´erialise la limite poissonnienne du facteur de Mandel compte tenu de la saturation introduite par les temps morts des photod´etecteurs.
• Sur des ´echelles de temps inf´erieures `a une dur´ee de l’ordre de 8×τrep, le param`etre de Mandel QSm(T ) de la source reste en dessous de la limite poissonnienne Qlim=−hni/2. La r´egularit´e de l’´emission de la source de photons unique, impos´ee par l’excita-tion p´eriodique, est alors le ph´enom`ene dominant et les fluctual’excita-tions statistiques de la lumi`ere ´emise reproduisent le caract`ere r´egulier de la lumi`ere d’excitation
• Aux ´echelles de temps sup´erieures `a une dur´ee de l’ordre de 10 µs, l’intermittence dans l’´emission de fluorescence due au basculement de la mol´ecule dans son ´etat tri-plet, influe fortement sur la statistique de photon. L’alternance de p´eriodes d’´emission et de p´eriodes « noires » a pour effet de « grouper » les photons ´emis par la source [70]. La statistique devient ainsi super-poissonnienne, ce qui se traduit par un exc`es de bruit et par cons´equent une valeur positive du param`etre de Mandel.
Comme on peut le voir sur la figure 4.6, les donn´ees exp´erimentales s’accordent bien avec l’ajustement effectu´e `a partir des formules (4.54) et (4.55). La proc´edure d’ajustement permet ainsi de d´eterminer les param`etres physiques li´es au constantes de couplage du mod`ele ON- OFF. Dans le cas des donn´ees pr´esent´ees dans ce chapitre, l’ajustement, obtenu sur plus de quatre ordres de grandeurs temporels, est r´ealis´e en fixant la valeur de l’efficacit´e globale de d´etection `a la valeur η = 0.04456 pr´ec´edemment d´etermin´ee. Les param`etres p et q sont eux laiss´es libres pour l’ajustement, on d´eduit de leurs valeurs celles correspondant `a la de la dur´ee de vie de l’´etat triplet τT = 250 µs, ainsi qu’`a la probabilit´e de croisement
4.6. Conclusion
inter-syst`eme probabilit´e d’intersystem crossing :PISC= pτrep= 2.1×10−4. Ces valeurs sont en bon accord avec les mesures r´ealis´ees pr´ec´edemment sur des mol´ecules individuelles de cyanine dispers´ees dans une matrice polym`ere [64]. Notre m´ethode d’acquisition et d’ana-lyse « photon par photon » de l’´emission de la mol´ecule, apparaˆıt ainsi pouvoir compl´eter utilement e les m´ethodes de caract´erisation statistique d’objets individuels.
4.6 Conclusion
La source de photon unique mol´eculaire que nous avons mise au point nous a permis d’atteindre des efficacit´es quantiques globales parmi les meilleures alors atteintes en 2002, date `a laquelle ces r´esultats ont ´et´e obtenus. Depuis, les boˆıtes quantiques semi-conductrice dans des micropilliers ont permis d’atteindre de beaucoup plus grandes efficacit´es quan-tiques, jusqu’`a 37% dans certaines conditions [117], en particulier pour la photodiode au contact du composant, `a l’int´erieur du cryostat)
Nous avons caract´eris´e compl`etement, par une m´ethode originale, la statistique du nombre de photons d´etect´es en provenance de cette source sur plusieurs ordres de grandeur de la dur´ee d’observation. La mol´ecule agit effectivement comme un « r´egulateur »de l’inten-sit´e en ´emettant les photons un par un : le bruit d’intenl’inten-sit´e de la lumi`ere de fluorescence d´etect´e est plus faible que le bruit de photons, et pr´esente un caract`ere sub-poissonien. Ce r´esultat n’est cependant valable qu’aux temps courts, inf´erieur `a la µs. Sur les plus longues p´eriodes d’observation, au del`a de cette ´echelle de temps, la dynamique interne de la mol´ecule conduit `a un exc`es de bruit par rapport `a la r´ef´erence de Poisson7.
Notons que nous avions initialement d´evelopp´e cette source en vue de son application `a un syst`eme de distribution quantique de cl´es de cryptage. Cependant, `a cause de leur photoblanchiment trop rapide, ces syst`emes mol´eculaires se sont av´er´es inadapt´es `a de telles applications. C’est pourquoi, nous avons pr´ef´er´e les centres color´es dans le diamant, ayant une photostabilit´e `a temp´erature ambiante bien meilleure, aux mol´ecules pour la r´ealisation pratique d’exp´erience de cryptographie quantique : c’est l’objet du chapitre suivant.
7Notons que la plupart des syst`emes utilis´es pour produire des photons uniques pr´esente ce mˆeme type de comportement d’intermittence, d ˆu `a l’existence d’´etats “noirs”.
Chapitre 5
Centres color´es du diamant comme
source de photons uniques
Sommaire
5.1 Le centre color´e NV dans le diamant . . . . 92
5.1.1 Structure des niveaux d’´energie . . . . 92