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3. Positionnement épistémologique et approche méthodologique

3.3. Analyse de données

Compte tenu de l’évolution de notre processus de recherche, présentée dans la section précédente, nous avons mobilisé les données collectées de manière différente dans chacun des trois articles, comme illustré dans la figure 5 ci-après.

Figure 5 - Utilisation des données dans chacun des trois articles

Pour mener nos analyses, nous avons procédé au codage des données en utilisant différents outils (le logiciel de codage de données qualitatives MAXQDA, ainsi que des logiciels de cartographie visuelle comme XMIND). Les données ont été codées dans leur langue d’origine (anglais, français et roumain). Seuls les extraits mobilisés dans les articles ont été traduits en anglais. Le codage a été émergent et a fait l’objet de multiples allers-retours entre les données collectées et les différents cadres conceptuels mobilisés, voire même des retours sur le terrain pour collecter des informations complémentaires. Ce processus d’analyse et nos efforts de conceptualisation n’ont pas été « straightforward » comme présenté succinctement ci-après.

Le premier article se base sur une étude de cas multiple (Yin, 2009) qui compare les quatre incubateurs du point de vue du travail engagé dans la promotion de l’entrepreneuriat social. Lors d’une première phase d’analyse de données, deux lignes directrices sont apparues. D’un côté, on notait l’existence d’un socle commun parmi les quatre incubateurs, leur activité s’inscrivant dans l’approche entrepreneuriale de l’innovation sociale promue au niveau européen. De l’autre, leurs manières de promouvoir cette approche étaient fortement ancrées dans les caractéristiques nationales de leur périmètre d’action. Dans les phases initiales d’analyse, nous avons essayé de « démêler » les liens entre ces contextes institutionnels et les stratégies d’intervention des incubateurs, voire même le modèle organisationnel de chaque incubateur, dans le but de construire une typologie. Nous avons mobilisé dans ce sens, la théorie des origines sociales (Salamon et al., 2000), et la théorie sur la variété des capitalismes (Hall & Soskice, 2001 ; Schmidt, 2007 ; Whitley, 1998 ; Gereffi, 1996). Malgré quelques pistes intéressantes, la nature de nos données ne nous a toutefois pas permis d’établir des relations causales solides. Nous avons alors changé d’approche pour

aborder notre analyse selon le prisme des similarités identifiables entre ces incubateurs. En rapprochant les activités initiées par ces incubateurs, du point de vue des objectifs de changement portés par leurs approches de l’entrepreneuriat social, et des mécanismes mis en place pour les atteindre, nous avons trouvé propice de mobiliser un cadre d’analyse néo-institutionnel. Selon la perspective du processus de changement institutionnel (Battilana, Leca, & Boxenbaum, 2009 ; Maguire et al., 2004 ; Perkmann & Spicer, 2007), nous avons identifié ensuite les similarités du travail institutionnel mené dans les quatre cas.

Le deuxième article présente une étude de cas unique de l’incubateur français. Alors qu’il apparait en deuxième place dans notre thèse, dans le processus d’écriture, il s’agit du dernier article produit. La ligne directrice de cet article a été, dès sa première formalisation, de donner la place aux pratiques peu connues d’incubation sociale et à leurs effets. Nous nous sommes initialement appuyé sur les données récoltées auprès des quatre incubateurs sur les processus et pratiques d’incubation. En mobilisant l’approche de la théorie du changement (Colby et al., 2004 ; Brest, 2010 ; Frumkin, 2006) nous avons dressé un canevas commun qui décrivait les effets de changement poursuivis par les incubateurs sociaux à partir des ressources mobilisées et des pratiques mises en œuvre. Nous pouvons dire que la forme actuelle de cet article est, en réalité, issue d’une frustration. D’abord, certaines dimensions des pratiques restaient non interrogées, car le cadre analytique ayant guidé la collecte des données ne prenait pas suffisamment en compte la nature politique des transformations qu’elles opéraient. C’est à ce moment que nous avons commencé à étudier les recherches sur les approches performatives. Nous avons codé à nouveau les données, en nous concentrant sur les effets produits et leurs niveaux d’action, et nous avons identifié trois grandes catégories de pratiques performatives, analysées dans la forme actuelle de l’article. Néanmoins, afin de donner à voir les pratiques et de rendre compte de leurs effets dans l’interaction entre les porteurs de projet et les accompagnateurs, nous avons fait le choix de centrer l’écriture sur le cas de l’incubateur français. C’était celui qui nous permettait de montrer, dans l’action, la façon dont les pratiques étaient amenées à agir sur les porteurs de projet et leurs initiatives.

Enfin, le troisième article est fondé sur une étude de cas enchâssés de l’incubateur français et de trois

entreprises incubées. Lors de notre approche processuelle de l’interaction entre l’incubateur et les porteurs de projets, nous avons constaté l’émergence de différents points de tension et de trajectoires de (non)résolution différentes. Nous avons observé à la fois une forte pression exercée lors du processus d’incubation pour que les porteurs de projet se conforment aux règles, pratiques et représentations attendues, et des réactions parfois contestataires de la part des entrepreneurs. Ceci nous a amené à nous intéresser aux analyses du pouvoir développées par Michel Foucault (1977, 1980), notamment les concepts

termes d’action – réaction. Ceci a été réalisé pour chaque projet incubé de manière longitudinale et détaillée dans l’article.

Cette approche méthodologique et ces différents choix analytiques nous ont permis de mettre en exergue trois facettes différentes du travail des incubateurs en termes de leurs activités de légitimation du champ d’entrepreneuriat social, de leurs pratiques et de leurs interactions avec les porteurs de projet lors du

processus d’incubation. La figure 6 ci-après synthétise les méthodes et données utilisées pour chaque

article.

Figure 6 - Synthèse des méthodes de recherche

4. Présentation des articles et des principaux

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