• Aucun résultat trouvé

Le nombre de patients inclus a été modeste (n=140) et la répartition des deux groupes a été homogène : groupe standard (n=71), groupe ayant bénéficié de l’hypnose (n=69). Il en a été de même pour le sexe, l’âge, l’IMC répartis de manière uniforme dans les deux groupes. Le temps chirurgical a été également similaire dans les deux groupes avec une durée médiane de 11 minutes d’intervention.

2. Objectif principal

L’objectif principal de cette étude a été de mesurer l’impact de l’hypnose sur l’analgésie postopératoire immédiate sur les patients opérés de l’ablation des quatre dents de sagesse.

Dès l’entrée en SSPI, l’analgésie a été de meilleure qualité dans le groupe qui a bénéficié de l’hypnose. 90% des patients ont obtenu une EN égale à 0 alors que dans le groupe standard, ce taux s’élevait à 72%. Concernant l’EN maximale, nous avons observé que, pour chacun des scores d’EN, les patients du groupe hypnose ont été moins douloureux que les patients du groupe standard. La proportion des patients restant non

22 douloureux a été de 64% pour le groupe hypnose, 32% pour le groupe standard. Pour l’EN à la sortie de SSPI, la même tendance a été observée avec un nombre moins important de patient douloureux pour le groupe hypnose, pour chacun des scores, soit 65% de patients avec une EN à 0 pour le groupe hypnose, 42% pour le groupe standard. Ces résultats ont été statistiquement significatifs.

Néanmoins, il a été important de prendre en considération la répartition, le type et la quantité des antalgiques reçus en per opératoire, ce paramètre agissant également sur la douleur postopératoire. L’analgésie multimodale a inclus l’administration de Kétamine, Paracétamol, Profenid et Néfopam. La différence de répartition et de dosage entre ces médicaments a été non significative. Toutefois, concernant le nombre de Néfopam administré les résultats ont été plus marquants avec 13% pour le groupe standard et 36%

pour le groupe hypnose. Les doses administrées de cette molécule sont restées similaires dans les deux groupes.

Dans la littérature, nous avons observé les mêmes tendances : en 2009 par Mackey, une étude prospective randomisée concernant 100 patients a démontré que l’hypnose avait diminué la douleur postopératoire ainsi que la consommation d’antalgique des sujets [21]. Puis en 2013 par Abdeshahi, une autre étude a été menée sur 24 volontaires dont chacun avait subi l’ablation d’une dent de sagesse sous AL et d’une seconde sous hypnose.

La douleur ressentie par les participants a été significativement moins importante pour l’extraction effectuée sous hypnose. L’intensité de cette douleur était réduite jusqu’à 12 heures après l’intervention [22].

3. Objectifs secondaires

Les objectifs secondaires de cette étude ont été d’observer la présence d’une différence significative liée à l’utilisation de l’hypnose concernant le recours à un antalgique supplémentaire, à l’incidence des NVPO et de saignements postopératoires et la durée de séjour en SSPI.

10% des patients ayant bénéficié de l’hypnose ont eu besoin de l’administration d’un antalgique supplémentaire, alors que 27% des patients du groupe standard en ont eu la nécessité. Cette différence a été statistiquement significative (p=0,0114). Le traitement utilisé a été majoritairement la titration de 3 mg de morphine puis le Néfopam 20 mg. La

23 répartition de l’utilisation de ces deux molécules entre les deux groupes n’a pas fait état de différences significatives.

Une diminution du séjour en SSPI a été observée chez les patients bénéficiant d’hypnose en pré-induction. Le groupe hypnose a montré une médiane de 60 minutes alors qu’elle s’est élevée à 65 minutes pour le groupe standard. La différence a été peu importante mais sur l’ensemble des données et leurs répartitions, elle a été statistiquement significative (p= 0,00254).

L’incidence des NVPO postopératoires s’est montrée peu fréquente dans les deux groupes. Il en a été de même à propos des saignements sur le site opératoire. Dans la littérature, en 2008 Enqvist, a observé une réduction des NVPO, chez 50 patientes ayant subi une chirurgie de réduction mammaire. Les saignements étaient de 39% dans le groupe hypnose et 68% dans le groupe standard [23].

Différentes études réalisées dans d’autres spécialités que la stomatologie ont notées des observations similaires : Utilisée en préopératoire, l’hypnose a réduit les douleurs postopératoires, l’anxiété, les NVPO et la fatigue postopératoire en chirurgie plastique [24], en chirurgie cardiaque sur les pontages coronariens [25], en oncologie sur les chirurgie du cancer du sein [26], en urologie sur les lithotrities [27], en endocrinologie avec la thyroïdectomie [28].

En 2013, une importante analyse a été réalisée incluant 2597 patients : il s’agissait d’un rassemblement de multiples Essais Contrôlés Randomisés (ECR) afin de trouver les points communs sur les bénéfices de l’hypnose. Cette étude rigoureuse a révélé des effets positifs sur la détresse émotionnelle, la douleur, la consommation de médicaments, les paramètres physiologiques, la récupération et la durée de l’intervention chirurgicale [29].

Les patients dans le groupe hypnose ont-ils une douleur moins importante que le groupe standard grâce à l’hypnose ou à la différence d’administration analgésique au cours de l’intervention ?

L’hypnose a-t-elle modulé la douleur directement ou par son effet anxiolytique ? Plusieurs études ont démontré la réduction de l’anxiété grâce à l’hypnose : par Sourzac en 2018, en gynécologie pour 20 patientes opérées d’une hystérectomie [30] ; et par Saadat en 2016 pour la chirurgie ambulatoire sur 76 individus [31]. Il a également été analysé que les émotions ont une influence sur la perception de la douleur : peur, colère, tristesse, anxiété…[32]

24 L’expérience de l’hypnose est subjective car les suggestions appliquées auront un impact unique selon le vécu de la personne, selon le souvenir évoqué. La douleur est également subjective car elle dépend aussi du vécu individuel.

S’il y a réduction d’effets secondaires grâce à l’hypnose, cela créé également un bénéfice quant à la réhabilitation postopératoire, la durée de l’hospitalisation et donc le coût que celle-ci représente.

Documents relatifs