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ANATOMY OF AN ARTISTIC CO-CONSTRUCTION

ACKNOWLEDGEMENTS AND DISCLOSURES

4.6 Analyse des données

Bien que l’analyse des données s’amorçat dès la première étape de la formation—en vue de préparer les étapes ultérieures—, une phase d’analyse plus intensive s’échelonnant sur une période de 4 mois débuta immédiatement à la suite de la dernière entrevue finale. Afin de faciliter cette étape de l’analyse, un fichier central fut constitué des transcriptions d’entrevues finales, des discussions de groupe et des documents administratifs, à l’aide du logiciel d’analyse qualitative QDA Miner.229 Notons que les transcriptions d’entrevues de mi-parcours, tout comme le contenu des brèves entrevues initiales, bien que n’ayant pas été intégrés au fichier central, ont fait l’objet d’une analyse au même titre que les autres données et permirent de renforcer la crédibilité des

résultats de la recherche.

Au total d’environ 500 pages, les données transcrites et intégrées au fichier central furent analysées en une série d’étapes itératives de codage et de réduction des données, en fonction de thèmes et sous-thèmes émergeants mais aussi en s’appuyant sur les

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propositions théoriques liées à notre cadre conceptuel, une approche généralement associée au devis par étude de cas.220 Ainsi, tout en étant ancrée dans la théorie de l’AT, l’analyse est demeurée inductive,230 dans le respect d’une étude comportant une

dimension exploratoire visant l’approfondissement de notre compréhension de l’objet d’étude.

Concrètement, notre analyse qualitative fut de type thématique, à prime abord. Ceci comporte des étapes de dé-contextualisation ou de segmentation des données, suivies d’une étape de re-contextualisation de ces données.230 Dans une première phase, l’analyse consistait à identifier des segments de texte ou de discours comportant une unité de sens230 et correspondant aux principales rubriques de nos questions de

recherche et de notre cadre conceptuel (i.e. expérience de dilemme, remise en question, réflexion, recherche d’information). Ainsi, des portions de verbatim d’entrevues furent identifiées avec des parenthèses et marquées à la main d’un code, en fonction de ces rubriques.

Une deuxième phase de dé-contextualisation et de codage des données fut menée en collaboration avec une sociologue et associée de recherche de la Division santé et société de la Faculté de médecine dentaire de l’Université McGill, Dr. Alissa Levine. Ce travail, réalisé d’abord sur les cinq premières transcriptions d’entrevues, mena au découpage des rubriques préalablement identifiées en thèmes et sous-thèmes afin de rendre compte des concepts d’intérêt pour cette analyse en fonction des données empiriques. À ces thèmes et sous-thèmes, à la fois plus empiriquement et conceptuellement fondés, furent attribués divers codes issus de l’exercice de segmentation et codification mené

indépendamment par chaque chercheure. Les deux codeurs ont comparé, parfois combiné et/ou ajusté les différents codes de manière à résoudre des divergences mineures. Un schème de codage, ou une « structure organisationnelle »230 pouvant être appliquée à l’ensemble des données fut générée (voir Annexe 6). Les thèmes et sous- thèmes, à ce stade, en étaient à une formulation préliminaire et ont été conceptuellement élaborés via la poursuite de l’analyse qualitative.

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Ainsi, les segments de verbatim codés furent par la suite re-contextualisés à l’aide du logiciel d’analyse lequel QDA Miner229 i.e. regroupés en fonction de chaque thème et sous-thème pour élaborer la signification de chacun à partir des données empiriques. Cette phase interprétative a permis d’élaborer la signification à partir des perceptions et expériences des participants231 en regard de la formation déployée dans le contexte de leur milieu clinique. Le processus interprétatif fut également facilité par l’utilisation de matrices.228 Pour chaque thème et sous-thème, les perspectives propres à chaque participante ont été résumés. Cela a permis de nuancer la signification des thèmes et sous-thèmes, notamment en distinguant les différences selon les rôles assumés par les participantes.

Au-delà de l’analyse thématique, il importe de préciser que l’interprétation de la signification accordée par les participantes à leur expérience d’apprentissage et aux obstacles soulevés s’est poursuivie en mode écriture. À cet égard, l’analyse qualitative fut inspirée des principes de la phénoménologie interprétative.232 Tout comme pour

l’ensemble des variantes de la phénoménologie, la phénoménologie interprétative demeure centrée sur la signification accordée à l’expérience vécue, et reconnait l’importance de l’intersubjectivité et la multiplicité des réalités.233 Elle s’intéresse toutefois davantage à la forme des récits des participants et aux intentionnalités qui y sont inscrits pour la compréhension de leur expérience, plutôt qu’au contenu de leur subjectivité et de ce que les participants savent consciemment.233 De la même façon, la phénoménologie interprétative se distingue des approches purement descriptives en ce qu’elle s’intéresse aux influences contextuelles politiques ou organisationnelles sur la signification qu’accordent aux évènements les participants.232 Ainsi, au moment de l’écriture, nous avons considéré les perceptions et expériences des participantes à la lumière d’aspects de l’organisation du système de soins buccodentaire, de l’idéologie dominante et des systèmes d’éducation universitaires. L’adoption d’une posture

phénoménologique interprétative au moment de finaliser l’analyse permettait d’assurer un rapport empathique aux données de recherche et aux participantes tout en

137 4.7 Stratégies de rigueur scientifique

La scientificité de notre étude de cas peut être appréciée en considération des stratégies mises en œuvre pour assurer la crédibilité des résultats de l’analyse, leur transférabilité à d’autres contextes ainsi que leur fiabilité.21 Selon Guba et Lincoln,21 le critère de crédibilité réfère à la notion de correspondance ou d’ « isomorphisme » entre les

constructions et sens qu’attribuent les participants à leur expérience et la représentation ou reconstruction qu’en fait le chercheur. Fondée sur une ontologie et épistémologie constructivistes, la crédibilité d’une étude peut être soutenue par le biais de diverses approches et techniques.21 Dans notre étude, d’une part, la crédibilité des résultats de l’étude est renforcée par la présence prolongée de la formatrice-chercheure auprès des participantes, à l’intérieur de la clinique, tant pour les activités de formation que pour celles liées davantage à la recherche, assurant ainsi le maintien d’un lien de confiance avec les participantes. La période d’observation participante à la réception fut

notamment bénéfique au rapport établi avec les secrétaires, puisque cette immersion de la chercheure lui permettait de faire l’expérience et des conditions de travail des

secrétaires. D’autre part, le recours à de multiples sources de données, dont les séries d’entrevues s’échelonnant dans le temps, les discussions de groupe et moments

d’échange informels, permettait la contre-vérification de détails factuels, mais également le retour et l’élaboration progressive sur les perceptions et réactions des participantes à la formation. Aussi, le contre-codage effectué par une deuxième chercheure, jusqu’à ce que notre schème de codage devienne exhaustif, renforce la crédibilité des résultats. Tout comme les séances de debriefing régulières avec notre directeur de recherche, le processus de contre-codage protège contre le risque de projection des perceptions et valeurs de la chercheure pendant le processus d’analyse. Enfin, la tenue d’un journal de bord tout au long de la démarche de formation-recherche soutient également la

réflexivité du chercheur234 et, par conséquent, la prise en considération des valeurs et perspectives de notre chercheure principale.

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D’après Guba et Lincoln,21 la transférabilité réfère au degré auquel les résultats s’ajustent à des contextes autres que celui de l’étude, lorsque ces contextes sont jugés comme étant similaires. L’évaluation de la transférabilité relève ainsi de la responsabilité du lecteur du rapport ou de la publication sur l’étude.21 De ce point de vue, la description détaillée de la composition de l’équipe dentaire, du quartier qu’elle dessert et de la répartition de ses sources de revenus, fournit les données pertinentes et utiles à une telle évaluation. Par ailleurs, notons de nouveau les ressemblances entre la clinique dentaire étudiée et le profil dominant des cliniques dentaires privées du Québec.223

En ce qui concerne la fiabilité, elle dépend du maintien, par le chercheur, d’un audit décisionnel et méthodologique permettant à un deuxième chercheur de suivre la

progression de l’étude et d’arriver à des conclusions similaires.234, 235 Dans cette étude de cas, la fiabilité est assurée d’une part par le processus de contre-codage et d’autre part par le maintien d’un journal de bord documentant les défis rencontrés et les décisions importantes prises, tant en regard du déroulement de la formation que de la cueillette et analyse des données.

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Notre étude de cas instrumentale portait sur la participation d’une clinique dentaire privée à notre formation continue sur la pauvreté et la santé buccodentaire. Nous abordions la question de l’apprentissage des participants par le biais de deux questions de recherche :

1) Comment les participants perçoivent et vivent-ils les transformations qu’ils