• Aucun résultat trouvé

Analyse des collections d’artéfacts de pierre taillée et de pierre abrasée

Chapitre 2 : Méthodologie

2.1 Analyse des collections d’artéfacts de pierre taillée et de pierre abrasée

L’analyse de nos divers assemblages lithiques fut exécutée en utilisant une grille d’analyse dérivée des informations disponibles au Panama concernant les assemblages lithiques des sites de l’Archaïque récent (Ranere 1975 ; Ranere et Cooke 1996). En considérant le peu d’informations sur le sujet au Costa Rica, nous avons utilisé comme cadre comparatif et base de référence analytique, les informations sur cette période bien définie et documentée au Panama. Les outils furent classifiés ou groupés à l’aide de caractéristiques morphologiques et fonctionnelles reconnues et documentées pour cette période au Panama. Cet exercice comparatif fut utile afin de déterminer les points communs et les spécificités propres à nos assemblages. De plus, nous avons également utilisé comme base comparative, les informations concernant les industries lithiques déjà documentées au Costa Rica. Ces dernières sont en effet associées au Paléoindien, à l’Archaïque ancien et à la période céramique (Acuña 1985, 2000 ; Kennedy 1968, 1978 ; Messina 2002 ; Pearson 2002, 2004 ; Ranere et Cooke 1991, 1996 ; Sheets 1994 ; Snarskis 1977, 1979 ; Valerio et al. 2000 ; Vásquez et al. 2002). Nous avons également pris en considération la nature des quelques artéfacts lithiques retrouvé sur les deux sites de l’Archaïque récent de la région de l’Arenal (Sheets 1994).

Nous utiliserons les données disponibles afin de les comparer avec les caractéristiques spécifiques de nos assemblages à l’étude, dans un contexte culturel plus global. Afin de faciliter la description de nos assemblages une attention particulière fut portée aux travaux de A. Ranere ayant trait à l’analyse des assemblages lithiques datant de l’Archaïque récent de la région de Chiriqui au Panama occidental (figure 1) (Ranere 1975). Cette province située à une trentaine de kilomètres du Costa Rica est localisée à 180 km de la vallée de Turrialba. Elle représente un point de départ pertinent, afin de baser notre analyse dans un contexte culturel et temporel cohérent. L’analyse des sites du Chiriqui, qui impliquait une approche technologique et fonctionnelle, fut

effectuée de concert avec des expérimentations de réplication et d’utilisation des outils lithiques appliquée à diverses tâches (Ranere 1975 : 173). Les outils lithiques possèdent des attributs de base, comme une partie active, une extrémité distale ou basale et une surface ventrale et dorsale. Ils sont utilisés pour effectuer diverses tâches ; couper, gratter, racler, percuter ou broyer diverses matières (Ranere 1975 : 179-181). L’analyse de nos assemblages fut effectuée en considérant ces caractéristiques comme ligne directrice de base. Nous avons par contre modifié un peu la typologie panaméenne pour l’accommoder à la réalité de nos assemblages, certains types d’outils y étant absents.

L’objectif de l’analyse lithique était la caractérisation des assemblages à l’étude, par l’entremise d’un modèle classificatoire basé sur la reconnaissance de groupes d’objets possédant des attributs caractéristiques partagés et mutuellement exclusifs. Pour les besoins de ce mémoire, ces critères sont donc en grande partie inspirés des assemblages de l’Archaïque récent du Panama (Ranere 1975; Ranere et Cooke 1996). L’identification des divers types d’outils et de débitage fut donc effectuée à travers la reconnaissance de patrons morphologiques, technologiques et fonctionnels répétitifs. C’est à dire, des regroupements de formes récurrentes d’artéfacts lithiques, partageant des caractéristiques et des attributs communs.

Lors du classement des artéfacts de nos assemblages, chaque outil fut évalué selon des critères simples : la présence de retouches ou de modification de la morphologie de l’éclat initial, soit sur la partie active ou plutôt à des fins de préhension ou d’emmanchement, et l’occurrence de traces d’usure et d’utilisation. Il existe trois grandes catégories de traces d’utilisation : des esquilles laissées par l’enlèvement de micros éclats lors de l’utilisation, des traces de polissage ou émoussage créées sur les parties en contact avec la matière travaillée, et des striations ou égratignures sur les surfaces exposées à l’utilisation (Semenov 1964 ; Keeley 1974 ; 323-336 ; Kooyman 2000 : 151). Les traces d’utilisation qui furent observées sur les outils de nos assemblages étaient macroscopiques, donc visibles à l’œil nu ou avec l’aide d’une loupe manuelle de 10X. Cet exercice visait à évaluer si un objet fut utilisé ou retouché et à documenter les variations des traces d’utilisations observables à cette résolution. Il est évident que notre approche aurait bénéficiée d’un niveau de précision plus élevée par l’entremise de microscope à moyen ou fort grossissement. Comme ces outils d’observation n’étaient pas disponibles dans le cadre restreint de notre recherche terrain, nous devons malheureusement nous contenter de ces

observations macroscopiques pour le moment. Par contre, nous sommes conscients que nos données devront être réaffirmé dans le futur, par l’entremise d’études dédiées à la documentation microscopique des microtraces d’utilisations sur les outils de nos assemblages.

La majorité des outils répertoriés de l’Archaïque récent au Panama sont unifaciaux, car cette période voit un abandon généralisé de la taille bifaciale comme stratégie de réduction lithique prédominante (Ranere 1975 : 178, 190-201 ; Ranere et Cooke 1996 : 60,61). En effet, il existe au Panama une opposition entre industries bifaciales de l’Archaïque ancien et unifaciales l’Archaïque récent. La question de l’abandon de la taille bifaciale et la cessation de la fabrication de pointes de projectile bifaciales y fut abondamment documentée (Ranere et Cooke 1996 : 60- 61). Elle constitue un des traits caractéristiques de l’Archaïque récent, marquant le début de cette période. Aucun éclat de taille bifaciale ne fut jamais trouvé sur un site de l’Archaïque récent au Panama (Ranere 2014 : communication personnelle). Nonobstant, notre analyse considérait la possibilité d’identifier des outils et débris de taille bifaciale, étant donné leur présence amplement documentée dans la région pour l’Archaïque ancien et le Paléoindien (Acuña 2000 ; Snarskis 1977, 1979). De plus quelques éclats de taille bifaciale (n=10) furent trouvés dans un contexte intègre sur un des deux sites de la région de l’Arenal datant de la fin de l’Archaïque récent (AL- 186) (Sheets 1994). Nous avons donc jugé judicieux d’utiliser également une grille d’analyse lithique de référence développée pour l’analyse de la collection du site Florencia-1, excavé lors du projet Angostura (Messina 2002 : 235 ; Vasquez et al. 2002).