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Personnes sans lésions du côté des oreilles Nous avons examiné 25 cas de personnes entre 11 et 45 ans, que nous a v ons choisies parmi nos collègues qui ont bien voulu se prêter à ces expériences ou parmi les malades qui venaient dans la clinique du Dr Wyss pour des affections laryngées et nasales, mais qui, à l'examen objectif, ne présentaient rien d'anormal du . côté des oreilles.

Toutes ces personnes n'ont pas présenté de troubles dignes d'être enregistrés, dans la station debout sur le plan horizontal (la station debout sur la pointe d'un pied pendant peu de secondes (2-5) était déjà considérée comme normale, vu 1a difficulté de cette position).

Sur le goniomètre elles arrivaient aux chiffres de 40-500 dans les diverses positions (donc aux maxima) les yeux ouverts.

Les yeux fermés, ces chiffres diminuaient générale-ment pour la plupart de ces personne<s.

Le chiffre le plus bas était 25, le plus haut 50 dans diverses positions. En général, ces chiffres variaient

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81-plutôt entre 30 et 40 dans les expériences les yeux fer-més.

Dans tous ces cas nous n'avons pas observé de vertiges.

De nos deux aveugles, l'un, aveugle de naissance, ne présentait aucune espèce de trouble statique dans la station debout sur un plan horizontal, et atteignait les maxima dans toutes les positions sur le goniomètre, aussi bien à la rotation lente qu'à la rotation rapide.

L'autre, une jeune fille de 18 ans, aveugle seulement depuis 6 mois, présentait de légers troubles sur le plan horizontal et n'arrivait qu'à 25° et 30° dans div~rses

positions sur le goniomètre.

Cette station sur le plan incliné immobile provoquait chez elle un léger état vertigineux, que nous pouvions aussi bien attribuer à son anémie et à son affaiblissement général qu'à la perte de notion de l'espace.

Enfin les trois personnes avec des bouchons cérumi-neux ne présentaient aucun trouble au point de vue de leur état statique, ni des vertiges. •

Elles atteignaient les maxima dans les diverses posi-tions sur le goniomètre.

Personnes avec des lésions auriculaires

I. - Lésions de l' appare'il de transmission Dans nos 23 cas d'otite moyenne (et un coup d'œil jeté sur notre tableau eomparatif montrera que nous avons eu des lésions des plus variables de l'oreille moyenne, depuis un simple enfoncement des tympans jusqu'à la raideur et ankylose des osselets), nous n'avons

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-pas observé de différence notable, au point de vue de la station sur le goniomètre, d'avec les personnes· nor-males.

Quant à la station debout sur le plan horizontal, parmi tous ces malades il n'y en avait que 3 qui présentaient de vrais troubles dans la station debout et encore ces troubles se manifestaient-ils seulement dans les posi-tions difficiles (sur un pied, sur la pointe d'un pied, etc.) et les yeux fermés.

Nous n'avons non plus observé aucune espèce de

ver-tig~ chez tous ces malades qui nous affirmaient avoir tout simplement perdu l'équilibre une fois arrivés à leur angle critique sur le goniomètre, mais n'avoir éprouvé aucune sensation qui précédât ou accompagnât cette perte de l'équilibre.

Il. - Lésions de l'appareil de perception Otite interne avec ou sans otite moyenne

Nous nous basions pour étab1ir le diagnostic otite 'in-terne sur l'ensemble des symptômes suivants ou sur la prédominance de quelques-uns d'entre eux : mauvaise transmission osseuse, fatigue acoustique, mauvaise perception de sons aigus, réaction électrique sonore, bruits subjectifs musicaux; sur l'étiologie (trauma-tisme, -affections spécifiques,-luès). Nous avons examiné 17 cas de ce genre dont nous publions les observations.

Le plus ieune de ces malades était âgé de 8 ans, le plus vieux·de 50 ans.

Tous présentaient u!l assez bon état général et n'avaient aucune tare nerveuse.

De ces 17 cas, 6 seulement présentaient de l'otite

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-terne pure; dans les 10 autres l'otite in-terne' était-réunie avec l'otite moyenne.

De ces 7 cas d'otite interne pure~ 6 étaient bi-auricu-laires et 1 mono-auriculaire gauche, de nature spéci-fique.

Sur 10 cas d'otite interne avec otite moyenne, il y avait 6 cas d'otite interne double et 4 d'otite interne uni-latérale. Parmi tous ces malades il n'y en avait qu'un seul qui ne présentât pas de trouble statique, tous les 16 autres présentaient des troubles statiques soit sur le plan horizontal, soit sur le goniomètre, soit sur les deux à la fois, et notamment: 2 présentaient des trou-bles plus ou moins manifestes sur les deux plans hori-tal et incliné et 7 sur le plan horizonhori-tal seulement.

Donc, les troubles statiques sur le plan horizontal exis-taient pour tous ces malades, tandis que les troubles sur le goniomètre existai~n~ seulement pour un certain nombre d'entr'eux.

Ces modifications statiques s'accompagnaient de véri-tables vertiges dans 4 cas seulement; dans tous les autres cas l'état vertigineux était à peine prononcé ou n'exis-tait pas du tout. Dans 3 de ces cas les vertiges statiques s'accompagnaient d'une véritable réaction vertigineuse (avec le courant électrique); dans un cas ils étaient ac-compagnés d'une réaction vertigineuse très peu pro-noncée, enfin dans tous les autres cas la réaction verti-neuse électrique ne coïncidait pas avec les légers ver-tiges statiques que présentaient nos malades.

Dans 5 cas les troubles statiques étaient accompagnés de véritable réaction électrique sonore; dans 1 cas, d'une réaction douteuse.

La fatigue acoustique coexistait avec les troubles

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-tiques dans 5 cas. Dans 1 cas elle existait seule sans tr?uble statique.

Les bruits subjectifs musicaux existaient dans 10 de ces cas; dans 1 cas il y avait des bruits de nature in-déterminée, dans 3 cas des bourdonnements d'oreilles et des bruits d'eau, et dans 3 derniers cas nous avons observé une mauvaise transmission osseuse et une forte diminution de la perception des sons aigus.

Daris toutes nos expériences nous n'avons pas cons-taté de directions déterminées dans les oscillations et les chutes de nos malades, sauf dans 3 cas : R ... d Léon, (obs. 14) à gauche, B ... a Jules (obs. 10) à droite et H ... er Louisa (obs. 13) à droite.

Analyse des cas examinés sur le plan incliné fixe -Nous avons examiné 2 cas seulement à ce point de vue; B ... a Jules (obs. 10) qui pouvait se tenir à diver-ses hauteurs depuis 5° jusqu'à 40° pendant 28" à 40", et R ... d Léon (obs. 14) qui pouvait se tenir dans la posi-tion antérieure 4", postérieure 3-4", latérale droite et gauche 5-6". Dans ces deux cas nous avons trouvé que l'équilibre statique était plus difficile à maintenir sur le plan incliné fixe que sur le plan incliné mobile.

Position des membres. - Nous avons comparé cette position chez le même B ... a Jules avec celle d'un nom-bre de 5-6 personnes normales. La différence en était frappante, car tandis que ces dernières (personnes nor-males) pouvaient maintenir leurs membres inférieurs en l'air séparément et ensemble pendant un nombre indéterminé de minutes, sans aucune, fatigue, notre

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-malade ne pouvait conserver cette position que pen-dant 8-10", après quoi il était obligé de fléchir la jambe prise de douleur et de fatigue.

D'un autre côté, nous avons comparé à ce point d ~

vue R ... d Léon avec un autre garçon H ... n François (obs. 7), qui avait le même âge (12 ans) etla même taille à peu près que le premier, avec cette différence seule-ment qu'il ne présentait qu'une lésion de l'appareil de transmission, tandis que R ... d Léon, avait une otite interne.

La différence était la même que pour B ... a Jules avec les personnes normales, c'est-à-dir~ que R ... d Léon ne pouvait maintenir ses membres que pendant 8-10", tandis que H ... n François le pouvait sans fatigue pen-dant 2 à 3' et davantage.

Il semble donc résulter de ces faits qu'il existe une certaine relation entre la lésion de l'oreille interne et le maintien de .l'équilibre partiel du membre, du tonus musculaire, qui paraît altéré ou affaibli chez ces ma-lades.

Cependant le nombre de nos cas est trop restreint, pour nous permettre de nous étendre longuement sur cette question qui mérite d'être reprise à nouveau; le fait nous paraît toutefois digne d'être enregistré.

Enfin, de nos trois sourds-muets, un seulement ne présentait pas de troubles sur le goniomètre. Les deux autres y présentaient des troubles manifestes; tous trois présentaient des troubles statiques sur le plan horizon-tal (station debout).

CONCLUSIONS

. I. - Les troubles statiques ne s'observent, pour ainsi dire, pas dans les affections auriculaires qui concernent l'appareil de transmission.

II. - On les observe dans la plupart des cas de lé-sions de l'appareil de perception.

III. - Ces troubles se manifestent encore plus sou-vent sur le plan horizontal, dans les positions non habi-tuelles, que sur le plan incliné mobile; la station debout dans ces positions fait ressortir mieux que le plan incliné les moindres troubles statiques de ces malades.

Le goniomètre n'est donc pas un instrument aussi sensible que le croit Stein.

IV. - Les troubles statiques se manifestent d'une manière certainement plus intense, les yeux fermés que les yeux ouverts. ·

V. - Il paraît donc que, pour ces malades, comme pour les oiseaux, il faut une suppléance par la vue de la fonction qui leur manque, ou bien, que la notion de l'espace leur est nécessaire pour ·la conservation de l'équilibre.

VI. - Ces troubles statiques sont dans la plupart des cas d'otite interne indépendants des vertiges.

VII. - Les troubles statiques de cette nature, surtout les troubles manifestes et constatés à plusieurs examens, pourront constituer un symptôme très utile pour le diagnostic de lésion de l'appareil de perception.

C'est pourquoi il faudra, dans tous les cas où l'on

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-suppose l'existence d'une otite interne, rechercher avec soin l'état statique du malade pour affirmer le diag-nostic, ou pour le mettre en doute dans les cas où l'on ne trouve pas d'altérations _fonctionnelles de cette nature.

VIII. -Ce symptôme aura une valeur d'autant plus grande qu'il coexistera avec des bruits subjectifs musi-caux, de la mauvaise transmission osseuse et un fort abaissement de la limite supérieure dans la perception des sons.

IX. -- Il nous paraît exister chez l'homme, comme Ewald, de Strassbourg, l'a observé chez les animaux, une certaine relation entre l'organe acoustique et les fonctions de la musculature des membres inférieurs.

La lésion de cet organe provoque une certaine modi-fication dans la fonction des muscles, soit que cette modification sè rapporte à un défaut de synergie des contractions ou de la force de ces contractions ou, ce qui est le plus probable, peut-être, aux deux choses à la fois.

X. -Quelle est la partie de l'organe acoustique ner-veux qui préside à cette fonction? Est-ce le rameau du tronc du nerf, aboutissant aux ampoules des canaux semi-circulaires, ou le labyrinthe?

C'est ce que l'étude clinique seule ne saurait ré-soudre.

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est permis cependant d'émettre l'hypothèse que le rameau non acoustique, aboutissant aux ampoules des canaux semi-circulaires5 joue un rôle assez important dans le maintien de l'équilibre du corps en repos.

Je ne saurais terminer ce modeste travajl sans remer-cier sincèrement mes excellents collègues, MM. les

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-Titeff, Constantinoff et Queirolo de leur aimable assis-tance dans nos expériences sur le goniomètre.

La Faculté de Médecine autorise l'ùnpression de la présente thèse, sans prétenàre par là émettre d'opinion sur les propositions qui y sont énoncées.

Le Doyen:

G. JULLIARD.

Genève, 1896.

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