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5 CARACTÉRISTIQUES DE DIFFÉRENTES RÉSERVES D’ANTIVIRAUX EXISTANTES

5.2 Amérique du Nord

Le Canada, les États-Unis et le Mexique ont établi en 2007 et mis à jour en 2012 (lors du Sommet des leaders nord-américains) un plan nord-américain contre l’influenza animale et la pandémie d’influenza [Sécurité publique Canada, 2012]. Ce plan décrit la façon dont les trois pays

partenaires comptent collaborer en vue de se préparer à une éventuelle pandémie d’influenza. Il est mentionné, dans le plan, que la pandémie d’influenza A (H1N1)pdm09 de 2009 a mis en évidence qu’il était essentiel d’avoir en place des réserves d’antiviraux et des programmes pour veiller au développement et à l’acquisition rapides de vaccins contre l’influenza. Les trois pays reconnaissent que la préparation dans ce domaine est essentielle dans la lutte aux futures pandémies. Il est donc proposé, dans le plan, d’élargir les programmes nationaux de réserve, de développement et d’acquisition de contre-mesures médicales. Puisque les trois pays possèdent des approches et des ressources différentes quant à l’établissement de réserves nationales, une entente pour échanger leurs stratégies, leurs pratiques et leurs ressources en cas de pandémie d’influenza a été conclue. Cet échange inclut notamment l’information en matière de

planification et de formulation d’hypothèses pour déterminer les besoins et le contenu des réserves [Sécurité publique Canada, 2012].

5.2.1 Réserve canadienne

Au Canada, deux réserves d’antiviraux ont été mises en place. D’une part, des antiviraux sont conservés dans la réserve nationale stratégique d'urgence (RNSU) dont la gestion se fait à

l’échelle fédérale par l’ASPC [2015b]. Cette réserve a été constituée en vue d’approvisionner rapidement les autorités provinciales et territoriales en fournitures de santé et de services sociaux si leurs propres ressources ne suffisent pas en situation d’urgence. Les antiviraux stockés dans la RNSU sont destinés à répondre à une brusque et rapide augmentation de la demande en antiviraux, en appui aux mesures prises à l'échelle provinciale ou territoriale durant une

pandémie. La RNSU contient une quantité d’antiviraux permettant une couverture de 7,5 % de la population canadienne. D’autre part, en collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, le gouvernement fédéral a guidé la création de réserves nationales d’antiviraux (RNA) à l’automne 2004. Une RNA est une source d’approvisionnement en antiviraux qui, selon les recommandations faites en 2011 par l’Antiviral Scientific Advisory Group, devrait être capable de traiter 17,5 % de la population de la province ou territoire respectif et devrait être constituée d’oseltamivir (75-80 % du stock) et de zanamivir (20-25 % du stock). Le Canadian Pandemic Influenza Preparedness Task Group a produit de nouvelles recommandations sur la couverture de la population et sur la proportion d’antiviraux que devrait contenir la RNA; ces

recommandations ont été soumises en juin 2017 à chaque province et territoire et elles seront rendues publiques au début de l’année 2018 sur le site Web de l’ASPC.

Les provinces et les territoires sont responsables du contenu de la RNA, conformément à l'accord national réglementant leur utilisation. Certaines provinces ont choisi d'acheter une quantité d’antiviraux supérieure ou inférieure aux recommandations (tableau 5-1). Les stocks de la RNA sont conservés dans des entrepôts provinciaux et territoriaux, et les provinces et les territoires sont chargés de mettre en œuvre la stratégie nationale antivirale et de distribuer les

médicaments antiviraux de la RNA à l’intérieur de leurs frontières.

Tableau 5.1 – Couverture de la population en antiviraux contenus dans les RNA de chaque province et territoire

Provinces / Territoires Couverture de la population

Date* %

Alberta 2017 17,5**

Colombie-Britannique 20121 17,5

Î.-P.-É. 2017 17,5**

Manitoba 2017 11,7

Nouveau-Brunswick 2017 10,3

Nouvelle-Écosse 20112 10,0

Ontario 20133 20,0

Québec 2017 N.D.**

Saskatchewan 20094 17,5

Terre-Neuve-et-Labrador N.D. N.D.

Yukon et T.N.-O. N.D. N.D.

Canada (RNSU) 2017 7,5¥

* Année correspondant à la source d’information; † information obtenue directement auprès de la province; ¥ contenu de la RNSU.

** Selon les informations recueillies, une mise à jour du pourcentage de couverture est en cours d’évaluation dans cette province, à la suite des nouvelles recommandations fédérales; N.D. : non disponible.

1 - Henry et al., 2012; 2- IDEG, 2011; 3- MOHLTC, 2013; 4- SK MoH, 2009.

5.2.2 Réserve états-unienne

Aux États-Unis, une réserve d’antiviraux contre l’influenza est contenue à l’intérieur de la

Strategic National Stockpile (SNS), qui est gérée par le Centers for Disease Control and Prevention (CDC). La SNS est constituée de matériels médicaux (p. ex. gants, masques, combinaison de protection) et de produits pharmaceutiques (p. ex. antiviraux, antibiotiques, antitoxines) pour une utilisation, dans une situation d’urgence de santé publique, suffisamment importante pour épuiser les fournitures locales. La quantité de marchandises en réserve de la SNS vaut plus de 7 milliards de dollars et est gérée en collaboration avec la Public Health Emergency Medical Countermeasures Enterprise qui revoit la composition de la réserve annuellement et fait des recommandations de changement basé sur la littérature scientifique. Pour complémenter le travail de la Public Health Emergency Medical Countermeasures Enterprise, la Biomedical Advanced Research and Development Authority fournit une approche intégrée et systématique pour le développement et l'achat des vaccins, médicaments, thérapies et outils de diagnostic nécessaires pour les urgences médicales de santé publique. De plus, une seconde réserve d’antiviraux, gérée localement par la Public Health Emergency Preparedness Project Areas (qui inclut les 50 états, 4 régions métropolitaines majeures et 8 territoires ou juridictions), complète le stock d’antiviraux états-uniens [Patel et Gorman, 2009].

Dans le plan en cas de pandémie de grippe du U.S. Department of Health and Human Services (HHS) de 2005 [HHS, 2005], le National Vaccine Advisory Committee, a fourni des

recommandations au HHS sur l'utilisation de vaccins et de médicaments antiviraux dans une pandémie de grippe. Parmi les recommandations, il suggérait que la réserve d’antiviraux contienne approximativement 10 % de zanamivir et qu’aucune adamantine supplémentaire ne soit stockée. De même, le HHS indiquait dans son plan qu’une quantité d’antiviraux capable de couvrir 25 % de la population devrait être stockée. Pour atteindre les 25 % de couverture, 81 millions de traitements sont nécessaires et ces derniers devraient se répartir ainsi : 50 millions de traitements dans la SNS et 31 millions qui seront fournis par les États à l’aide du Public Health Emergency Preparedness Project Areas [HHS, 2009; Patel et Gorman, 2009].

Le stock de médicaments antiviraux contenu dans la SNS comprend majoritairement de l’oseltamivir, mais également du zanamivir. Dans un document légal sur le Countermeasures Injury Compensation Program [HHS, 2010], il est indiqué que la réserve d’antiviraux contenus dans le SNS au mois d’avril 2009 se chiffrait à environ 50 millions de traitements et, selon Patel et Gorman, la réserve du SNS se composait de 40 millions de traitements d’oseltamivir et de 10 millions de traitements de zanamivir [Patel et Gorman, 2009] pour une proportion

oseltamivir/zanamivir mise à jour de 80/20, dont au moins 11 % sont des traitements

pédiatriques d’oseltamivir. Dans le plan du HHS de 2009, il est indiqué que sur les 31 millions de traitements que les États devaient acheter, 23 millions au total étaient acquis [HHS, 2009]. De plus, il est intéressant de noter qu’en 2005, dans le plan pandémique du HHS, il était estimé qu’en contexte de pandémie, la production états-unienne d’oseltamivir pourrait s’élever jusqu’à environ 1,25 million de traitements par mois [HHS, 2005].

5.2.3 Réserve mexicaine

Peu d’information émane du Mexique concernant sa réserve d’antiviraux; selon un bulletin de l’OMS datant de 2012 [Gutierrez-Mendoza et al., 2012] le ministère de la Santé du Mexique aurait créé, en 2006, une réserve stratégique d’antiviraux contenant environ 1,38 million de traitements d’oseltamivir et une quantité non précisée de zanamivir, permettant une couverture de 1,28 % de la population [Cordova-Villalobos et al., 2017; Gutierrez-Mendoza et al., 2012].