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CHAPITRE 4 : PROPOSITIONS DE MODÈLES DE GESTION

3. Amélioration des données statistiques de consultation

Les statistiques de consultation des périodiques en ligne telles qu’elles sont mises actuellement à disposition par les éditeurs sur le site du Consortium ne fournissent pas d’informations directement exploitables, comme nous l’avons démontré lors de notre analyse au Chapitre 2.

Pour permettre des comparaisons, les statistiques de consultation doivent répondre aux critères de crédibilité, de cohérence et de compatibilité d’un titre à l’autre133. Les bibliothécaires sont donc en droit de revendiquer de telles statistiques, d’autant plus que les éditeurs ont pour leurs besoins propres toutes les données nécessaires à disposition.

C’est au milieu des années 1990 que des efforts d’harmonisation et de normalisation de la collecte et de la présentation des statistiques ont débuté.

Plusieurs tentatives ont vu le jour. Par exemple, JSTOR et l’Association of Research Libraries (ARL) ont élaboré des recommandations pour mesurer l’usage des ressources électroniques. Le projet COUNTER134, Counting Online Usage of Networked Electronic Ressources, a réussi, quant à lui, à susciter suffisamment d’adhésion et d’enthousiasme pour devenir en deux ans une sorte de norme internationale pour les statistiques d’utilisation. Conçu en 2002 par des représentants d’associations de bibliothécaires et d’éditeurs commerciaux, COUNTER a établi un Code de bonnes pratiques (Code Counter), destiné à standardiser et à simplifier les statistiques d’utilisation, qui s’adresse aux bibliothécaires, éditeurs et autres fournisseurs d’information. "Celui-ci spécifie le format, le contenu, la périodicité et le mode de transmission des statistiques"135. Le vif succès rencontré par COUNTER s’explique par le fait qu’il répond à un véritable besoin.

133 BOUKACEM-ZEGHMOURI, Chérifa, SCHÖPFEL, Joachim, "Statistiques d’utilisation des ressources électroniques : le projet Counter", 2005, p. 4

134 COUNTER, About COUNTER [en ligne], http://www.projectcounter.org/index.html, consulté le 18.10.2005

135 BOUKACEM-ZEGHMOURI, Chérifa ; SCHÖPFEL, Joachim, Op. cit., p. 5

Ces projets et ces réflexions ont abouti au développement de nouveaux outils de gestion des ressources électroniques, désignés sous le terme d’ERM (Electronic Resources Management). Ceux-ci, disponibles sous forme de logiciels, analysent des ressources électroniques en donnant des informations générales sur la ressource, l’acquisition, l’accès, la licence, le coût, l’administration et les statistiques d’utilisation. Les sociétés ExLibris et Endeavor ont été les premières à mettre sur le marché leur produit, Verde136 pour la première et Meridian137 pour la seconde.

Nous pouvons encore signaler le projet ERUS (Electronic Resource Usage Statistics)138 développé dans une université du Massachusetts. Il s’agit d’un projet de base de données gérant les statistiques d’utilisation des ressources électroniques qui permettra de comparer ses propres statistiques à celles d’autres institutions prenant part au projet. ERUS se propose aussi de se charger de la collecte de leurs statistiques. Le projet devrait être opérationnel d’ici à la fin 2005.

Tous ces projets laissent espérer que les statistiques d’utilisation des périodiques électroniques pourront bientôt être pleinement exploitées pour servir les intérêts des bibliothèques. Il revient aux éditeurs de s’impliquer dans ces développements et de communiquer des données cohérentes. La conformité de leurs statistiques aux recommandations de projets tels que COUNTER pourra être mise en avant comme argument de vente dans les négociations de contrats de licences avec les bibliothèques. Quant à elles, les bibliothèques pourront utiliser cet argument comme critère d’évaluation et de sélection des éditeurs et fournisseurs avec lesquels elles travaillent.

136 ExLibris, Verde [en ligne], http://www.exlibrisgroup.com/verde.htm, consulté le 18.10.2005

137 Meridian, Endeavor [en ligne], http://www.endinfosys.com/meridian/, consulté le 18.10.2005

138 ERUS, Electronic Resource Usage Statistics [en ligne], http://web.simmons.edu/~andersoc/erus/, consulté le 18.10.2005

4. Archivage et accès aux anciens numéros

L’archivage est un élément essentiel à prendre en compte lorsque l’on parle de gestion de périodiques. L’accès électronique à long terme aux anciens numéros constitue l’une des préoccupations principales des bibliothécaires et l’une des raisons pour lesquelles certains craignent d’abandonner les abonnements papier.

En effet, la garantie de l’accès est un problème auquel aucune solution véritable n’a encore été trouvée.

L’archivage dépend non seulement des éditeurs, qui restent propriétaires des titres, mais aussi des évolutions technologiques. Il s’agit donc d’assurer une surveillance active de l’évolution des marchés. L’archivage électronique ne dépend cependant pas seulement des bibliothèques universitaires. En effet, selon l’étude préliminaire du Consortium sur l’e-archiving139, c’est aux bibliothèques nationales que pourrait revenir la responsabilité d’assurer la conservation à long terme, parallèlement à une collaboration plus intense avec les autres bibliothèques. En Suisse, les bibliothèques des hautes écoles seraient donc chargées de mettre en pratique les mesures proposées, tandis que certaines activités de coordination reviendraient au Consortium. Sur le plan international, il est souhaitable que des discussions mènent à l’élaboration de mesures standard de conservation.

Plusieurs possibilités peuvent être envisagées pour garantir l’accès aux périodiques électroniques. Actuellement, les bibliothèques ont accès aux archives auprès de l’éditeur chez qui elles ont souscrit un abonnement. Ces archives leur sont de plus en plus souvent vendues. Néanmoins, l’archivage à long terme n’est pas garanti, car l’accès peut être coupé au moment du désabonnement.

L’idée serait donc d’obtenir le droit d’héberger localement les articles des années durant lesquelles la bibliothèque a souscrit un abonnement, au-delà du terme de celui-ci. La conservation à long terme des articles serait garantie et un service

139 TÖWE, Matthias, «E-archiving» – étude préliminaire : extrait, p. 7-12

d’approvisionnement pourrait être mis en place afin de desservir l’ensemble des bibliothèques du pays.

L’étude du Consortium propose la mise en place de mesures provisoires qui, si elles se révèlent concluantes d’ici à fin 2006, seront renforcées. Ces mesures consistent en l’élaboration d’un système de stockage sur des serveurs qui conserveraient le contenu des publications commerciales selon des critères prédéfinis. La possibilité d’intégrer des archives serait aussi testée. Les résultats de l’expérience devraient permettre de formuler des stratégies de conservation pour les organismes responsables de l’accès à long terme.

Les serveurs des hautes écoles peuvent aussi se révéler des instruments décisifs pour le développement de l’auto-archivage des publications internes.

Enfin, l’Open Archive Initiative (OAI)140 a été développée par des scientifiques anglo-saxons pour permettre la diffusion d’archives ouvertes d’informations scientifiques en ligne. Grâce aux standards définis par l’OAI, des moteurs de recherches peuvent traiter des bases distinctes et distantes comme un seul et unique fonds d’archives. L’utilisateur n’a donc plus besoin de savoir où un document est localisé pour accéder directement à son contenu et en faire usage.

Le projet JSTOR, quant à lui, est une solution intéressante pour les bibliothèques puisqu’il s’engage à fournir un accès durable à de nombreux périodiques. L’offre de l’Open Access est donc en constante augmentation mais "ce n’est qu’en garantissant la disponibilité de ces documents sur une longue période que l’on créera la confiance nécessaire pour que cette forme de publication soit une alternative au modèle traditionnel"141.

Ces tentatives d’organisation vont sans doute provoquer des réactions de la part des éditeurs. Ceux-ci ne vont évidemment pas apprécier que leurs clients sauvegardent et diffusent leurs périodiques sur des serveurs locaux. Une telle

140 OAI, Open archive initiative [en ligne], http://www.openarchives.org/, consulté le 23.05.2005

141 TÖWE, Matthias, Op. cit., p. 11

pratique représente en effet un manque à gagner important. Cela mènera peut-être à renégocier certaines clauses des contrats de licences ou incitera les éditeurs à proposer de nouveaux services garantissant la pérennité des accès. L’initiative SHERPA142 fondée par le Joint Information System Committee (JISC)143 recense déjà la politique de certains éditeurs à ce propos. Les chercheurs peuvent ainsi vérifier si leur éditeur autorise l’auto-archivage.