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En raison des limites croissantes à l’efficacité des AHs de synthèse, la nécessité de mettre en place des méthodes alternatives pour maîtriser les strongyloses GIs est désormais de plus en plus prise en compte. Ces méthodes reposent sur 3 principes de lutte visant à : 1) tarir la source de contamination des hôtes, 2) éliminer les nématodes GIs au sein de l’hôte ou 3) augmenter la résistance de l’hôte (Hoste et Torres-Acosta, 2011). Certaines méthodes relevant de ces trois principes ne seront que brièvement présentées. Par contre, l’utilisation de plantes riches en tanins condensés sera plus détaillée. Ce volet des interactions entre «Nutrition de l’hôte et infestations par des

nématodes gastro-intestinaux» en prenant pour modèle l’espèce Haemonchus contortus

est aussi largement développée dans la partie bibliographique de cette thèse.

3.1. Tarir la source de contamination des animaux

Tarir la contamination du pâturage a pour but de bloquer le cycle biologique des nématodes GIs en maîtrisant son infestivité, et de réduire ainsi les risques de contact entre hôtes sensibles et L3s (Heckendorn, 2007). Diverses méthodes agronomiques de gestion du pâturage existent pour atteindre cet objectif. Elles reposent sur trois axes (Osoro et al., 2009):

 La prévention, consiste à mettre des animaux sains sur des pâtures propres, donc exemptes de L3s.

L’évasion, consiste à transférer des animaux traités par des AHs de pâtures contaminées vers des pâtures propres.

La dilution vise à réduire l’infestivité (le risque parasitaire) du pâturage (Mahieu, 2013).

Les deux premières options (prévention et évasion) supposent la disponibilité de prairies propres ou présentant des niveaux faibles de contamination par les L3. Une première méthode pour y arriver repose sur une mise au repos prolongée des paturages, basée sur une rotation des parcelles. Le but est d’attendre la mort naturelle des L3s des nématodes GIs présentes sur une prairie avant le retour des hôtes sur cette même parcelle (Hoste et al., 2004 ; Legarto et Leclerc, 2007). En pratique, cette méthode est surtout applicable en zones tropicales, en raison de la survie plus courte des L3s dans ces régions

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(2 mois) par rapport aux régions tempérées (6 à 12 mois) (Barger, 1999 ; Hoste et al., 2004).

La méthode de dilution d’infestivité du pâturage peut se réaliser par une diminution de chargement (Etter et al., 2000), par le mélange d’animaux sensibles au parasitisme avec des animaux résistants soit entre animaux d’âges différents soit par pâturage mixte, alterné ou simultané, entre 2 espèces animales ayant des spécificités différentes pour des espèces de nématodes GIs (par exemple : bovin/ovin, chevaux/petits ruminants) (Barger, 1999 ; Mahieu, 2013 ; Niezen et al., 1996 ; Rocha et al., 2008 ; Waller, 2004).

Par ailleurs, des méthodes de décontamination active des prairies (chimiques, physiques (application de pratiques culturales), lutte biologique) visent à réduire le niveau des L3s présentes dans l’environnement et constituant un risque pour les ovins et caprins.

L’utilisation de substances chimiques, telles la chaux ou la cyanamide calcique, a été évoquée pour décontaminer les prairies par les L3 (Hoste et al., 2004). Néanmoins, en élevages, leur emploi s’est souvent avéré décevant (Hoste et al., 2004).

Certaines pratiques culturales, comme le retournement par labour des prairies (Hoste et al., 2004) ou le brûlage contrôlé des pâturages (écobuage) (Hounzangbe-Adote, 2004) permettent de décontaminer les prairies. La fauche avant usage est aussi un moyen intéressant pour réduire la contamination des repousses (Legarto et Leclerc, 2007). Enfin, des méthodes de maitrise fondée sur des agents biologiques ont été considérées. En particulier, l’exploitation de champignons nématophages (c’est-à-dire des champignons qui parasitent les stades libres des nématodes) est une des méthodes de décontamination des pâturages proposées, fondée sur un principe de lutte biologique. En tuant des œufs ou les larves sur la prairie, ces espèces de champignons en réduisent l’infestivité (Cruz et al., 2015 ; Mahl et al., 2012 ; Silva et al., 2010 ; Waller et Thamsborg, 2004). Aujourd’hui, plus de 200 espèces de champignons nématophages ont été décrites. Toutefois, les travaux ont porté, en majorité, sur l’utilisation de spores de l’espèce

Duddingtonia flagrans pour maîtriser le parasitisme des petits ruminants (Santurio et al.,

2011), ou des bovins (Assis et al., 2012). Par rapport aux méthodes chimiques, la lutte biologique a plusieurs avantages: l’absence de toxicité pour l’animal ainsi que l’absence d’effets négatifs sur la dégradation des fèces et sur la faune prairiale (Knox et al., 2002 ; Paraud et al., 2007).

3.2. Améliorer la résistance de l’hôte

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La sélection d’animaux résistants aux nématodes GIs est une approche envisagée, sur des bases scientifiques, depuis près de 50 ans afin de réduire l’emploi des AHs des synthèses (Pomroy, 2006), en sélectionnant des animaux avec une réponse immunitaire plus efficace contre les parasites. Ils auront donc des infestations moins intenses chez l’hôte et in fine une diminution progressive de la contamination des pâturages (Baker et al., 1998 ; Windon, 1996). La variabilité génétique de résistance aux nématodes GIs chez l’hôte a été signalée soit entre races, soit intra race (entre individus d’une même race) (Andronicos et al., 2010 ; Bishop et Morris, 2007 ; Terefe et al., 2007).

Par contre, la sélection d’animaux résistants peut présenter certains aspects négatifs, soit par le risque d’une augmentation de sensibilité à d’autres agents pathogènes (Gruner et al., 1998) ou en affectant la productivité (Gray, 1997). De plus, ces programmes sont développés à long-terme et doivent prendre en compte les conditions locales d’élevage, et la disponibilité des races présentes pour répondre aux objectifs d’élevage (Pomroy, 2006 ; Windon, 1996).

3.2.2. La vaccination

Le principe général de la vaccination vise à mettre en contact préventivement l’hôte avec de faibles doses d’antigènes d’agent pathogènes (y compris des parasites) de manière à stimuler ses défenses immunitaires et ainsi, à le protéger vis-à-vis de tout contact futur par ces mêmes agents pathogènes (Jackson et Miller, 2006 ; Ketzis et al., 2006 ; Smith et al., 2001 ; Waller et Thamsborg, 2004). Les premiers essais pour utiliser la vaccination contre les nématodes GIS datent des années 1960s par l’utilisation de L3s irradiées d’H.

contortus et de T. colubriformis (Mulligan et al., 1989).

Malgré des résultats prometteurs, la stratégie d’une vaccination contre les nématodes GIs rencontre encore plusieurs limites. Aujourd’hui, il semble que les possibilités d’avoir un vaccin efficace contre les strongyloses reste limité à la seule espèce

H. contortus (Bassetto et al., 2014a, 2014b ; Molento et al., 2011).

3.2.3. L’amélioration de la ration de l’hôte

Les principes en relation avec la manipulation de la nutrition animale pour améliorer la réponse de l’hôte contre les parasites sera discutée largement dans le chapitre d’etude bibliographique.

En bref, les strongyloses GIs provoquent de sévères perturbations de la physiologie digestive et induisent une augmentation des besoins alimentaires de l’hôte. Donc, un des

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moyens pour pallier aux fortes perturbations des métabolismes surtout protéique mais aussi énergétique (Hoste et al., 2005b ; Houdijk, 2012; Houdijk et al., 2012 ; Kidane et al., 2009 ; Knox et al., 2006) est de proposer une complémentation nutritionnelle adaptée. En partant de ce constat, il a été suggéré qu’une amélioration de la ration alimentaire permettant de couvrir les besoins supplémentaires associés à la présence des nématodes, contribuerait à améliorer la réponse de l’hôte au parasitisme en particulier lorsque les corrections touchent la principale ressource limitante de la ration (Athanasiadou et al., 2008; Houdijk, 2012).

Le concept d’immunonutrition a été suggéré car l’amélioration de la ration conduit à une meilleure résilience par une réduction des conséquences des infestations subcliniques et à une résistance améliorée (Kidane et al., 2010 ; Kyriazakis and Houdijk, 2006). 3.3. Eliminer les nématodes gastro-intestinaux

Afin de limiter l’émergence de nouveaux cas de résistances aux AHs, la maîtrise des nématodes GIs pourrait combiner des traitements ‘classiques’ par les AHs de synthèse, utilisés de façon raisonnée, à des traitements ‘alternatifs’. Ces méthodes alternatives reposent notamment sur l’administration de nouvelles substances à propriétés AHs telles que les aiguilles d’oxyde de cuivre ou l’exploitation de plantes à propriétés AHs. Comme pour les aspects quantitatifs de manipulations de la nutrition, ces alternatives représentées par les nutricaments riches en tanins seront discutées plus avant dans le chapitre d’etude bibliographique.

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