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Altération de la relaxation endothélium dépendante au cours du sepsis . 42

1.2 Endothélium

1.2.4.3 Altération de la relaxation endothélium dépendante au cours du sepsis . 42

modèles animaux de choc septique. Une atteinte de la relaxation endothélium dépendante

est observée sur des vaisseaux d’animaux septiques. Cette défaillance observée peut être le

résultat de plusieurs mécanismes : altération des récepteurs de surface endothéliaux,

modification de la voie de transduction des récepteurs, découplage de la eNOS, et altération

de la fonction et de l'expression de la eNOS par les peroxynitrites. En effet, in vitro, la

stimulation de cellules endothéliales par le TNFα ou le LPS induit une down-régulation de

l'ARN messager de la eNOS

. Ces changements dans la voie de signalisation de la eNOS

suggèrent une diminution de la production de NO par la eNOS. La diminution de la synthèse

endothéliale des molécules vasorelaxantes NO et PGI2 contribue également aux anomalies de

perfusion, même si l'induction des enzymes iNOS et COX-2 permet, au moins théoriquement,

de relayer secondairement le défaut de production initial de NO et de PGI2

80

.

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1.3 Les plaquettes

Histologie

Les plaquettes sont des cellules anucléées provenant de la segmentation du cytoplasme des

mégacaryocytes. Les mégacaryocytes possèdent à l'intérieur de leur cytoplasme des

membranes de démarcation, qui apparaissent au cours de la maturation. Ces membranes vont

délimiter les futures plaquettes. Chaque mégacaryocyte produit 2000 à 5000 plaquettes

environ. Le nombre de plaquettes circulantes chez l'adulte est de 150 à 400.10

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/L. Leur durée

de vie est de 8 à 10 jours chez l’homme et de 3 à 4 jours chez la souris. Leur destruction se fait

par les macrophages du système réticulo-histiocytaire de la rate, du foie, de la moelle osseuse.

Les plaquettes circulent à l’état non activé sous forme discoïde, avec un diamètre de 2 μm et

un volume de 7 à 12 μm

3

chez l’homme et de 5 μm

3

chez la souris. Les plaquettes sont

hétérogènes en termes de taille ou de forme. Lors de l’activation plaquettaire leur

morphologie arrondie ou ovalaire se modifie : elles deviennent sphériques et émettent des

pseudopodes. La microscopie électronique a permis de mettre en évidence trois régions

principales dans la plaquette : la membrane plasmique, le cytosquelette et les organelles.

Comme pour les autres types cellulaires, la membrane plaquettaire est constituée d’une

bicouche phospholipidique. Les phospholipides anioniques, et notamment la

phosphatidylsérine, sont situés sur le feuillet interne de la membrane plaquettaire au repos

et sont externalisés suite à l'activation plaquettaire, recrutant et concentrant les facteurs de

la coagulation. La composition de la membrane plaquettaire en glycoprotéines dépend du

stade d'activation. De plus, la membrane présente des invaginations ouvertes sur l’extérieur

formant le système canaliculaire ouvert (SCO). Le SCO permet l’endocytose de substances

plasmatiques et favorise la libération du contenu des granules.

Le maintien de la forme discoïde des plaquettes au repos est assuré par un cytosquelette

intracellulaire organisé en un réseau flexible. Le cytosquelette de la plaquette est

principalement composé de microtubules (majoritairement la tubuline β1), de polymères

d’actine et de protéines qui leurs sont associées. Au cours de l'activation plaquettaire, il y a

redistribution des protéines du cytosquelette et réorganisation des filaments d'actine, qui

s'associent à la myosine pour générer l'activité contractile nécessaire à la sécrétion.

Les organelles des plaquettes comprennent des mitochondries, des grains de glycogène et des

granules de sécrétion. En effet, le cytoplasme des plaquettes renferme des granulations de

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trois types : les granules α, δ et λ. Les granules sont entourés d’une membrane et lors de

l’activation plaquettaire, il y a libération du contenu à l’extérieur de la cellule après fusion avec

les membranes cellulaires. Les granules α sont de grande taille et les plus nombreux (entre 20

à 200 par plaquette). Ils sont le principal réservoir de protéines qui jouent un rôle important

dans la coagulation, l’inflammation, la cicatrisation ou les relations cellule-matrice. On

retrouve notamment des facteurs plaquettaires spécifiques (PF4, β-thromboglobuline), des

glycoprotéines adhésives parmi lesquelles le fibrinogène et le facteur Willebrand, des facteurs

de la coagulation (FV, FXI, FXIII), des facteurs de croissance (PDGF, TGF-β, EGF, FEGF…), des

inhibiteurs de la fibrinolyse, de l’albumine, des immunoglobulines, et la P-sélectine. Les

granules δ ou denses sont plus petits et moins nombreux (entre 2 à 10 par plaquette). Ces

granules renferment une grande quantité de calcium et de sérotonine ainsi que de l’ADP et

de l’ATP ce qui permet la stabilisation de l’agrégation plaquettaire et le recrutement des

plaquettes circulantes. Les granules λ ou lysosomes contiennent des hydrolases acides ainsi

que des protéases ; elles jouent un rôle important dans l’initiation de la lyse des thrombi.

Fonctions

Les plaquettes sanguines s’activent rapidement au contact d’une paroi vasculaire lésée,

changent de forme, s’étalent sur la surface, sécrètent le contenu de leurs granules, recrutent

des plaquettes circulantes pour former un clou hémostatique, composé principalement de

plaquettes mais aussi de fibrine produite au contact des plaquettes activées par la thrombine

générée localement.

On distingue classiquement plusieurs phases de l’activation plaquettaire à savoir l’adhérence

initiale, l’activation au contact de la paroi lésée, la sécrétion et l’amplification de l’activation

et enfin, l’agrégation des plaquettes entre elles (Figure 11).

La voie finale commune mène à l’activation de l’intégrine αIIbβ3 (aussi appelée glycoprotéine

IIb/IIIa (GPIIb/IIIa). L’intégrine αIIbβ3 est l’intégrine majoritaire des plaquettes (entre 50 000

à 100 000 copies par plaquette), elle joue un rôle central dans l’agrégation plaquettaire. Ce

rôle est lié à sa capacité à modifier sa conformation d’une forme inactive de basse affinité à

une forme de haute affinité pour ses ligands qui sont principalement le fibrinogène

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Figure 11 : Représentation schématique des grandes voies d’activation des

plaquettes sanguines (D’après Gachet., 2013).

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Comme toutes les intégrines, l’intégrine αIIbβ3 a une structure en hétéro dimère d’une sous

-unité α et d’une sous -unité β. La sous -unité αIIb est restreinte à la lignée mégacaryocyto

-plaquettaire tandis que la sous-unité β3 est ubiquitaire. Chaque sous-unité est composée

d’une grande portion extracellulaire, d’un seul domaine transmembranaire et d’une courte

queue cytoplasmique. Les portions intracellulaires proches de la membrane plasmique et les

domaines transmembranaires des deux sous-unités forment un complexe qui contraint

l’intégrine dans sa conformation de repos. C’est la disjonction de ce complexe qui induit

l’activation de l’intégrine et sa capacité à lier le fibrinogène. Ce mécanisme de

jonction/disjonction est régulé par de nombreux partenaires de liaison des queues

cytoplasmiques parmi lesquels la taline et les protéines de type kindlin jouent un rôle majeur

pour déclencher l’événement ultime d’activation de l’intégrine

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. Ce mécanisme d’activation

est appelé « inside-out signaling ». Lorsque l’intégrine modifiée est occupée par ses ligands,

d’importants phénomènes de signalisation de l’extérieur vers l’intérieur de la plaquette ont

lieu, appelés « outside-in signaling », qui ne sont pas moins importants pour la fonction

hémostatique des plaquettes. Ces mécanismes régulent les fonctions liées à l’ancrage et à

l’étalement des plaquettes aux protéines de matrice de la paroi vasculaire lésée, la stabilité

de l’agrégat plaquettaire et le phénomène de rétraction du caillot.

Les plaquettes peuvent être considérées comme des sentinelles du réseau vasculaire de par

l’éventail d’immunorécepteurs fonctionnels et d’intégrines qu’elles possèdent mais

également de par leur nombre très élevé dans la circulation sanguine. L’engagement de ces

récepteurs déclenche, en marge de la réponse hémostatique, la libération de

cytokines/chimiokines importantes dans l’amplification de la réponse immunitaire. De plus

elles participent également aux actions mises en œuvre contre les agents infectieux

puisqu’elles sont capables d’alerter le système immunitaire.

Plaquettes et sepsis