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sourcils se froncent de stupeur, une aile du nez fré­ m it d’étonnem ent et il y a une moue de commiséra­ tion qui vient contrarier la ligne p arfaite des lèvres. C ’est p o u r voir se désarticuler ce visage de médaille que je prends plaisir à l’interloquer. Il fa u t dire que mes questions atteignent im m édiatem ent leur bu t p a r leur incongruité et leur m anque absolu d ’à-propos :

— Croyez-vous que les anim aux aient une âme, et si oui, com m ent entrevoyez-vous leur paradis ? — S’ils on t une âme ! S’ils on t une âme ! Je n ’en sais rien. Mais ce que je puis dire, c’est qu ’ils ne sont pas plus bêtes que nous. Tenez, le chat que vous avez vu to u t à l’heure dans le réduit, il sait que nous l ’avons mis là en punition.

Com me c’est notre tour d ’ébahissement, M me O lsom ­ m er précise que ce chat était venu l’autre jour lui a p p o rte r une mésange bleue. M orte, évidemm ent. Que faire d ’autre que de p unir le m échant ?

N ’osant pas affirm er que les chats sont là pour chasser les mésanges, même les bleues, je feuillette les derniers dessins. Adm irables esquisses de M me O lsom ­ mer en extase, abîmée de mysticisme. A u toportraits sous tous les états d ’âme de l’artiste.

Je profite de la circonstance p our lui dem ander si le velours côtelé favorise davantage l’inspiration que le tissu écossais.

N ous avons entendu un « p f » de stupeur découragée qui ne su p p o rtait pas de récidive, du moins p our l’instant.

E t M me O lsom m er de raconter — p o u r expliquer pourquoi elle en est venue à s’étendre chaque jour de longues heures près de la fenêtre de son studio — les étapes d’une existence harassante. Il y av a it les enfants, le ménage, la maison, l’atelier, les visites, les exposi­ tions et... les fantaisies de son drôle d ’artiste de mari, do n t elle s’indigne encore sans p a rv e n ir à dissimuler sa tendresse.

En une équation m aternelle qui n ’a rien à voir avec l’algèbre, elle nous apprend que si elle a donné le jo u r à cinq gosses, elle eut six enfants à élever... Elle v a d ’ailleurs dem ander à M onseigneur N o tre Evêque de ferm er toutes les pintes du pays. P arce que si les Valaisans s’en accom m odent sans tro p de dom ­ mage apparent, elles ne v au d ra ien t rien p o u r la santé des Neuchâtelois.

A u contraire, pensai-je, ta n t j’ai vu de fois son m ari se détendre en fin de journée, dans un coin de café, en p a rla n t de la pluie et du beau temps avec des vignerons, des artisans et même des intellectuels.

A voir la moue d ’Olsomm er à cette évocation, je me refuse à prendre ra n g p arm i ces derniers.

D ’ailleurs, est-on intellectuel parce q u ’on a un diplôme p o u r arracher des dents, couper des appen­ dices ou pla id er une servitude ?

Il est arrivé, évidemm ent, mais chaque année bis­ sextile, que le peintre O lsom m er réveillât les coqs de M uraz et de Veyras qui lui donnaient la réplique avec entrain bien a v a n t l’heure habituelle.

Mais c’est là une histoire anecdotique à laquelle nous ne dem anderons pas de devenir une légende. Ce serait bien domm age p o u r le v rai p o r tra it de l ’artiste qui a p ro d u it jo u r après jour, avec une régularité de cadran solaire, une œ uvre prestigieuse et colossale avec la même énergie, la même sûreté et le même bonheur.

J ’allais oublier que C. C. O lsomm er se charge des commissions ménagères. C ’est elles qui lui font p ren ­ dre quotidiennem ent le chemin du bourg.

Des bas à torsades (parfois à l’envers), un p an talo n saumur, une veste de peau ou de cuir, un rücksack, une chevelure à la Jeanne d ’A rc et une ombrelle sous le bras, telle est la caricature de l ’artiste qui passe d ’un pas égal et mesuré entre deux murs de vignes.

Ju sq u ’au m om ent où il vous dem ande avec inquié­ tude ce que vous pensez du temps, vous ne voyez

® S H I § I H L A 'i 3 f ) E ß Y E i L E U S M VI B ® I f l T E f l O R E j E K M S C T B I

pas que son regard est d ’un bleu lim pide et son âme d ’une belle eau de cristal.

Il ne sait pas que le m onde est parfois méchant. Il n ’en vo it que les drôleries et le pittoresque. Ses indignations ne v o n t jamais jusqu’à l’aigreur ou aux éclats.

C ’est ainsi q u ’il a parc o u ru un grand bout d’exis­ tence avec la candeur d ’un enfant, passant d ’un éton­ nem ent à un autre, en p o n ctu an t ses découvertes d ’in­ variables : « Comme c’est drôle ! ».

L a société n ’est pas son milieu naturel, une ambiance recherchée ; c’est un spectacle décousu qui se déroule p a r hasard sous ses yeux.

Sa vie est en lui. O n y soupçonne un m onde hié­ ratique et mystique, des icônes innom brables, mais aussi des villes accroupies dans des fumeries d ’opium, des tapis som ptueux em p o rtan t dans leur envol des rêves de « Mille et une N u its ».

C ette conjonction de nostalgies nordiques et de féeries orientales s’est faite à Veyras, village cam pa­ gnard em m itouflé de pruniers, serti de vignes, avec une épouse orthodoxe qui v enait de Sofia.

La sacralité de cette terre était si évidente que la jeune com pagne est devenue catholique, p robable­ m ent p o u r mieux s’identifier à ce descendant de luthériens scandinaves.

C onvaincu de la plénitude et de la densité de cette vie exceptionnelle, je dem andai à O lsom m er ce q u ’il ferait au ciel, s’il y allait un jour.

N o u v ea u froncem ent de sourcils annonciateur d ’une réponse peu théologale. L ’épouse vigilante la prévient avec habileté.

— Vous savez, m on m a ri s’est passablem ent assagi. Il ira sûrement au ciel. D ’ailleurs, toutes ces madones, ces saintes qu ’il a créées, c’est un signe de la foi. Mais nous ne verrons D ieu qu ’entièrem ent purifiés. Pour cela il y a le purgatoire. Il ira d ’abord quelques années

au purgatoire, le pôvre.

D ans cette perspective purificatrice et un tantinet vengeresse, il devait y avoir des lettres d ’une ad m ira­ trice du peintre qui sont, p ara ît-il, rangées dans une boîte de fer-blanc, to u t en h a u t d ’une armoire...

J ’ai m algré to u t beaucoup de peine à im aginer des flammes e n to u ra n t cette âme de p arfaite candeur sans entendre du même coup l’exclam ation rituelle : « C om ­ me c’est drôle ! ».

Il me p a r a ît d ’ailleurs que son otite lui suffit bien. Je m ’enquiers de savoir s’il a vu un spécialiste.

— Les médecins ! Les médecins ! Q u ’est-ce qu ’ils en savent ?

— Vous ne voudriez pas essayer un cataplasm e de peau de serpent, des fois ?

Il n ’a pas p aru entendre l’absurde pertinence de la suggestion.

Mais, alors que nous prenions congé, M me Olsommer m ’a dem andé si le remède préconisé était bien effi­ cace...

La confiance et l’absence de détours font des âmes de pure et ingénue clarté !

Quelle décantation, quel exorcisme que ces heures de Veyras, chez les époux Olsomm er, parm i les toiles mystiques, à l’om bre de saint Je an de la C ro ix !

Puis il y a v a it les cailloux de Lor, une pièce faite de débris de poteries et, en sortant, la nouvelle vision du verger de 1’« Araignée rouge » de Bojen Olsommer, ce fils qui a tro u v é son chemin de D am as en revenant de Bulgarie...

N ous avons revu le chat qui faisait son bout de p urgatoire avec de véritables étincelles sur l’échine. J ’ai pensé à la mésange bleue et je voulais dire « bien fa it » à ce m échant chachat. Mais ses « prunelles m ys­ tiques » m ’o n t dit : « Le p a tro n a peint une pie m orte sur le re m p a rt du Fircherbastei, avec un gran d mé­ chant T urc auprès d ’elle. Je croyais lui faire plaisir en lui a p p o rta n t une mésange bleue. Bien sûr, j’aurais dû penser que c’est lui qui v oulait la tuer... »

Je veux retourner là-haut, délivrer la p au v re bête, chicaner C. C. O lsom m er et, de concert avec madame, lui p ro m ettre quelques nouvelles années de purgatoire.

N o n . Francis James a écrit une prière p o u r aller to u t d ro it au paradis.

I l y a de belles natures qui pou rra ien t y entrer un jour de plain-pied avec « les chats puissants et doux, orgueil de la maison ». Mais, le plus ta rd possible, à cause de nos âmes charnelles.

E t je crois que vous n ’êtes pas autrem ent pressé, n ’est-ce pas, cher, très cher O lsom m er ?

A d m ultos annos, donc !

Là, si vous ne froncez pas le sourcil, je ne saurai plus com m ent vous mystifier...

Al. Theytaz.

A v e c le sourire..

A vous !

Si l’année a com m encé p o u r vous le p re m ie r janvier, vous savez que p o u r d ’autres elle com m ence à une date différente.

N os jours é ta n t com ptés, il im p o rte assez peu que nous décom posions le tem ps de telle o u telle façon ni que les b attem en ts de n o tr e c œ u r s’accor­ d e n t tous au r y th m e du m êm e m é tro n o m e.

E t d ’ailleurs, ce décom posage de l’année en mois, de mois en jours, de jours en heures, d ’heures en m inutes et de m inutes en secondes est p u re m e n t conventionnel...

Il y a des années qu i passent com m e u n rêve et des m inutes qui sem blent interm inables.

L ’élève auquel o n d o n n e u n e h eu re p o u r résoudre u n p ro b lèm e o u p o u r écrire une réd a ctio n s’affole de la brièveté du tem ps, mais plus ta rd , q u a n d il se m arie e t q u ’il a tte n d sa fem m e u n e heure, il se dit q u ’elle m e t u n e é tern ité à visiter les magasins.

Il d ev ra it la rem ercier de lui d o n n e r l’illusion de p ro lo n g er son existence, e t p o u r ta n t il n ’en fait rien, p a r u n e inexplicable aberration.

* *

Je ne vais pas re p re n d re ici, fau te de place, la théorie d ’Einstein sur la relativité, et aussi parce que je me dis que les chiffres sont d ’une lecture ingrate, mais je prétends, m oi, et je reg rette q u ’Eins- te in ne soit plus là p o u r m ’écouter, que le tem ps est f o n c tio n des passions et des sentim ents.

Les hautes m a th ém atiq u es ne p e u v e n t rien c h a n ­ ger à cette vérité d ’éyidence et on ne réussirait q u ’à em brouiller les choses en m e tta n t une équipe de savants sur ce problèm e.

Si deux h om m es p re n n e n t le m êm e tr a in qui roule à ce n t k ilom ètres à l’heure, l’u n p o u r rejo in d re une fem m e aimée, l’a u tre p o u r aller chez le dentiste, le p rem ier s’é to n n e de la lo n g u e u r d u tem ps, le second de sa brièveté.

E t je po u rra is m u ltip lie r les exemples si je ne vous supposais pas assez d ’im ag ination p o u r les év o q u e r vous-mêm es.

A u surplus, je ne vois pas p o u rq u o i je m ’éreinterais à écrire u n billet alors que j’ai m ieux ou plus m al à faire p e n d a n t que vous vous to u rn e rie z les pouces.

C ’est vrai ça !

U n article p a ra ît dans u n jo u rn a l : p o u rq u o i fa u ­ drait-il abso lu m en t q u ’il co n stitu e u n trav a il p o u r le journaliste, u n e d istra ctio n p o u r le le cte u r ?

Il est t o u t de m êm e ir r i ta n t de c o n stater que ce so n t to u jo u rs les mêmes qui se tu e n t à la tâch e p e n ­ d a n t que les autres ne f o u te n t rien.

Vous devriez être au b o u lo t au lieu de déguster v o tre café crèm e en feuilletant « Treize Etoiles » n o n sans avoir le cu lo t de f o rm u le r des critiques !

Je viens de cite r u n exem ple à l ’appui de m a thèse, à vous m a in te n a n t ! E t cessez donc, une b o n n e fois, de b o u lo tte r des croissants.

C ertains confrères, écœ urés com m e je le suis, de la paresse d u le cte u r o n t pris le p a rti de l’obliger à p a rtic ip e r réellem ent à l’élab o ratio n d ’u n pap ier en faisant suivre de nom breuses phrases de p o in ts de suspension.

Ils l’in c ite n t ainsi, p a r ce procédé ingénieux, à parachever la réflexion q u ’ils on t esquissée, à la com­ p lé ter p a r des déductions personnelles et à conclure. A chacun son to u r de se creuser les méninges... Eh oui, tro is points de suspension !.

* * sfr

Les m inutes d ’a tte n te so n t plus lentes à s’écouler que les m inutes des enchaînem ents quotidiens e t si vous voulez bien vous souvenir de vos prem ières am ours...

N e m e faites pas dire des bêtises !

Les heures présentes ne sem blent réellem ent c o u r­ tes que lo rsq u ’on a tte n d l’avenir p o u r en p arle r au passé e t la dernière est u n e vie en elle-même, p ar r a p p o r t à toutes les autres...

Les heures de la passion so n t brèves, celles du ren o n c em e n t so n t longues...

Les heures d u b o n h e u r passent plus ra p id e m e n t que celles de la souffrance...

E t j’espère que p en d a n t que j’annonce tous ces sujets philosophiques vous m e tte z en branle v o tre p ro p re pensée, car ce n ’est pas p o u r les m ouches que je m ’évertue à vous in d iq u er v o tr e d evoir p a r des p o in ts de suspension.

A la b o n n e h eu re !

E h bien, j’espère que nous venons de faire ensem ­ ble du bo n travail.

C ontinuez... m o i je vais boire u n verre. Vous réfléchirez p o u r deux. Merci...

u u i u c K d » i r u i i u i n i i | u e

d e la p l a i n e d u R h ô n e

l e s 1 3 é t o i l e s d e l’i t i n é r a i r e

d e la g o u r m a n d i s e

M onthey Saint-Maurice Bois-Noir Martigny Charrat Riddes Pont de la Morge Sion Saint-Léonard Sierre Bois de Finges Viège Brigue

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