3.4 Discussion et bilan sur l'étude expérimentale de suspensions granulaires en géo-
4.1.1 Algorithme et initialisation
4.2 Étude DEM d'une dispersion granulaire sous vibrations en cellule
de type Couette . . . . 87
4.2.1 Géométrie du système et propriétés des particules . . . 87
4.2.2 Résultats et discussion sur l'étude numérique . . . 89
4.3 Bilan et perspectives sur l'étude numérique d'un rhéomètre à poudres
sous vibrations . . . . 93
Dans cette partie, nous présentons dans un premier temps le principe des simulations en
dynamique moléculaire de DEM (Discrete Element Method), en axant sur les choix que nous
avons fait pour notre étude. Puis nous décrivons la géométrie et les paramètres de simulations
an de présenter les résultats obtenus sur l'étude numérique d'un rhéomètre à poudres sous
vibrations. Ce travail a été réalisé dans le but d'obtenir simultanément les informations locales
et globales dans le cas d'une dispersions de grains secs.
4.1 Principe général des simulations numériques en DEM
La méthode de dynamique moléculaire appliquée aux milieux granulaires fut développée par
Cundall et Strack [103] en 1979, et appelée DEM (Discrete Element Method). Cette méthode
considère les particules comme des sphères déformables interagissant lors de chocs décrits par des
lois de frottement et de répulsion. Les trajectoires individuelles sont alors calculées en résolvant
les équations du mouvement à chaque pas de temps. Actuellement, cette méthode est la plus
utilisée pour simuler des milieux granulaires, dont nous connaissons les limites. En eet, il est
commun de modier les propriétés des matériaux (module d'Young ou coecient de frottement
par exemple) an de limiter les temps de calcul pouvant être très longs. Notons aussi la réduction
des systèmes simulés compte-tenu des moyens informatiques actuels (typiquement, un nombre
de particules inférieur à10 millions). Nous présentons ici de manière générale la méthode DEM.
4.1.1 Algorithme et initialisation
An d'illustrer la structure du programme ainsi que les principales caractéristiques de la
méthode DEM, nous pouvons prendre un schéma simple de l'algorithme utilisé :
1. Initialisation des grains : la première étape consiste à donner à chaque particule i une
masse m
i, un rayon R
i, un moment d'inertie I
i, une position x
i, y
i, z
i, une vitesse de
rotationωi et une vitesse de translationVT
iinitiales dans chaque coordonnée de l'espace.
Les grains ne doivent pas se chevaucher et les positions doivent être compatibles avec la
géométrie du système simulé. Dans nos simulations nous avons choisi de déposer les grains
par gravité, ou pluviation, car cela reète la réalité d'un dépôt sédimentaire (distribution
des orientations de contact anisotrope, irrégularité de la surface libre, ...).
2. Calcul des forces agissant sur chaque grain : gravité, frottement, chocs, ...
3. Intégration des équations du mouvement de manière simultanée pour toute l'assemblée
de grains.
4. Enregistrement des grandeurs souhaitées : position, vitesse, ...
Les étapes 2 à 4 sont répétées jusqu'à ce que le temps de simulation demandé soit atteint.
Calcul des forces par liste de Verlet
Le calcul des forces qui s'exercent entre particules passe tout d'abord par la recherche des
contacts. Pour cela, il existe plusieurs techniques dont la méthode des cellules, celle des cellules
liées ou encore la liste de Verlet. Dans nos simulations, le calcul des forces se fait par liste de
Verlet car la méthode des cellules, certes moins coûteuse en temps, n'est pas implémenter dans
le moteur de dynamique moléculaire LIGGGHTS (LAMMPS for Improved General Granular
and Granular Heat Transfer Simulations) [104, 105].
Dans une simulation DEM, deux grains n'interagissent que lorsqu'ils sont en contact, les
interactions se font alors uniquement à courte portée. La méthode de la liste de Verlet consiste à
dénir une listeL
ide particules "proches" constituant des contacts potentiels avec une particule
i dans un rayon R
V erlet(Fig. 4.1(a)). Pour N particules, le programme examine chacune des
84
N(N −1)/2 paires et sélectionne celles dont le centre est situé à une distance inférieure à
R
V erlet. Les mouvements des grains étant innitésimaux entre deux pas de temps consécutifs, la
liste est ainsi conservée pendant plusieurs pas de temps, puis actualisée après un laps de temps.
Cette actualisation se fait lorsqu'une quelconque particulejpourrait entrer en collision avec une
particule ialors qu'elle n'est pas un contact potentiel (j /∈L
i), i.e. la liste de Verlet n'est plus
valable lorsque∆
j>∆
update=
12
R
V erlet−RmaxavecRmaxle maximum des rayons de particules.
Dans nos simulations,R
V erletest grand devant la taille d'un grain mais très petit devant la taille
du système, typiquement de l'ordre de quelques particules, an d'optimiser le temps de calcul.
(𝑏)
(𝑎)
𝑅
𝑉𝑒𝑟𝑙𝑒𝑡𝑖
𝑖
𝑗
𝑡𝑖𝑗
𝑛𝑖𝑗
Figure 4.1 (a) La liste de Verlet consiste à rechercher les potentiels contacts avec une particule
i dans un rayonRV erlet. (b) Vue schématique des directions normale~nij et tangentielle ~t
ijlors
d'un contact entre deux sphèresietj.
L'étape d'après consiste à chercher dans la liste de candidats potentiels pour une collision
ceux qui sont en contact. Le programme identie deux particules ietj en contact si la distance
qui les sépare est inférieure à la somme de leurs rayonsR
ietR
j. Entre ces deux particules s'exerce
alors une force décomposée en une force normale F~
nij
dirigée selon le vecteur normal au contact
~
n
ij=~r
ij/r
ij, où~r
ijest le vecteur reliant les centres de iet dej, et en une force tangentielleF~
t ijdirigée selon le vecteur tangent au contact~tij =~v
ijg/v
ijg, où~v
gijest la vitesse de glissement de i
par rapport à j (Fig. 4.1(b)).
La force normale se décompose elle-même en une force élastique qui représente la répulsion entre
particules et une force dissipative qui reproduit l'inélasticité des collisions. Dans nos simulations,
la force élastique est calculée en choisissant un contact de Hertz adapté à la collision de deux
sphères déformablesi etj :
F
ijHertz= 2E
3(1−ν
2)
q
R
ijef fδ
ij3/2avec E le module d'Young, ν le coecient de Poisson, R
ef fij= 1/R
i+ 1/R
jle rayon eectif et
δ
ij= R
i+R
j−r
ijle recouvrement des particules. La composante dissipative est calculée en
considérant une force de frottement visqueuse F
visqassociée à une force élastique linéaire qui
conduit à une équation du second ordre :
F
visq=−k
ndδ
dt et m
ef fd
2δ
dt
2+γ
ndδ
dt +k
nδ= 0
En résolvant exactement cette équation, on peut alors exprimer la durée des chocs ∆t
collainsi
que le coecient de restitution een fonction des constantes de simulation k
netγ
n:
∆t
coll=π
r
m
ef fkn
1− γ
2 n4m
ef fkn
−1/2et e= exp
− γn
2m
ef f∆t
collLa force tangentielle est une force due aux frottements. Dans nos simulations, le frottement
est de type solide et obéit à la loi d'Amontons-Coulomb, 1773 (Fig. 4.2(a)). Dans cette loi, la force
tangentielle F
ijtest reliée à la force normaleF
ijnpar la constante de proportionnalité notéeµ, le
coecient de frottement dynamique. Dans ce cadre, si la vitesse de glissement v
gijest nulle alors
la valeur de la force tangentielle est indéterminée, or l'intégration des équations du mouvement
requiert une valeur de F
ijt. Ce problème est alors contourné par une régularisation de la loi de
Coulomb en raccordant les deux branches par un segment de pente nie γt (Fig. 4.2(b)). Cette
loi régularisée entraine une force tangentielle nulle dans les cas statiques et quasi-statiques. An
de palier au problème, une force de type ressort est utilisée pour le calcul de la force tangentielle,
basée sur le modèle de Cundall [103] et faisant intervenir le recouvrement tangentiel δ
t:
F
ijressort=−min |ktδt|,|µF
ijn|
et δt=
Z
traj~t.~dl
(𝑏)
(𝑎)
𝐹𝑡
𝑣𝑔
𝜇𝐹𝑛
𝐹𝑡
𝑣𝑔
𝜇𝐹𝑛
𝛾𝑡
Figure 4.2 (a) Loi de frottement d'Amontons-Coulomb, 1773. (b) Loi de Coulomb régularisée
par un segment de pente γt.
Nous avons dorénavant tous les éléments pour intégrer les équations du mouvement.
Dans le document
Rhéologie et contrôle des écoulements de dispersions granulaires par l'application de vibrations
(Page 94-97)