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6 Conclusion

1.1 Alban (sept ans)

Coordinations générales :

Alban présente globalement une bonne coordination oculo-manuelle et bimanuelle. Compte-tenu de son acuité visuelle, il semble très habile avec le ballon de baudruche (lancé et réception à deux mains, frappe et réception à la main ou avec une raquette). Il sait attendre l’arrivée du ballon, prend le temps de le regarder et d’ajuster son geste. Néanmoins, lorsque les échanges deviennent plus rapides une impulsivité se manifeste. Dans la précipitation, il se jette sur le ballon ou s’effondre volontairement au sol. Pour ce qui est de la coordination oculo-pédestre, elle est malaisée (tirs et réceptions régulièrement échoués). Sur le plan pédestre, il semble latéralisé à droite.

Les mouvements d’Alban sont globalement fluides, il présente une bonne dissociation des ceintures et l’on peut noter une bonne mobilité articulaire (tête, membres inférieurs et supérieurs). Il ne présente pas de trouble de l’équilibre. Alban est régulièrement submergé par les rires, les émotions de joie au cours des jeux moteurs. Il s’effondre souvent dans ces moments d’émotions intenses. En dehors de ce contexte, sa régulation tonique semble bonne.

Motricité fine, graphomotricité :

Dans les jeux de construction Alban empile les formes en mousse les unes sur les autres de façon calme et concentrée. Ses gestes sont lents et il présente de la maladresse. Il procède par essais-erreurs jusqu’à trouver une place stable à ses pièces. Il semble manquer d’expérimentations et ne pas avoir acquis les lois relatives de l’équilibre : il peut placer une pièce par la pointe ou par le côté arrondi sur une autre en espérant la faire tenir. Sa déficience visuelle l’a sans doute privé des expériences permettant de comprendre les liens de causalité. Au cours de ses manipulations il emploie préférentiellement sa main gauche. La coopération bimanuelle est rare. L’emploi des ciseaux est possible mais Alban ne les ouvre et ferme pas aisément. Il a du mal à coordonner le geste. Il fait glisser les ciseaux le long des feuilles pour contourner la difficulté.

2 Alban refuse de faire tout dessin sur feuille au cours des premières séances. À la fin du mois de septembre, pris dans le jeu, il trace au tableau à la craie quelques lettres (S à l’envers, A, T) et des croix. Il tente de reproduire un serpent esquissé à partir d’un S par la psychomotricienne. Il dessine des ronds pour les yeux mais le tracé est malhabile. Il ne peut pas représenter la langue en Y du serpent et dit « je sais pas faire la langue ». La tenue de l’outil scripteur peut être tridigitale ou se faire entre le pouce et ses quatre autres doigts. Il ne présente pas de dominance manuelle claire encore. L’emploi de rubans révèle chez lui une absence de déliement du poignet contrairement au coude et à l’épaule qui semblent bien mobiles.

Schéma corporel :

Alban peut nommer sur lui la tête, le nez, les yeux, la bouche, les cheveux, le ventre, les bras, les mains, les jambes, les pieds. Il montre sur lui ses sourcils mais ne trouve pas le mot. Il ne sait pas où se situe son dos. Il peut désigner sur un dessin les oreilles, les joues, les talons en plus. Alban refuse de dessiner un bonhomme mais accepte au mois d’octobre que nous tracions le contour de son corps, allongé sur une grande feuille de papier. Il ajoute et place correctement ses yeux (de gros points), ses lunettes (deux cercles autour des yeux), son nez, sa bouche (une ligne courbe), ses oreilles (deux gros points). Il peut délimiter d’un trait un vêtement avec étayage verbal pour indiquer la ceinture, le bout du pantalon, du col et des manches.

Organisation spatio-temporelle :

En référence au corps propre, Alban situe devant et derrière, haut et bas, dessus, à côté. Il ne distingue pas sa gauche de sa droite, il ne peut pas désigner le haut et le bas d’une feuille (il confond haut, bas, milieu). Il reproduit en miroir les gestes qui peuvent être proposés et identifie en miroir les parties de son corps sur un dessin. Alban a la notion du passé et du futur mais ne connaît pas la date du jour ou de la veille lorsque l’on lui demande. Il ne connaît pas sa date de naissance. Il a besoin de repères temporaux fiables, un changement d’horaire ou une absence le perturbent.

Aspect relationnel :

Alban respecte les consignes qui lui sont données mais après une certaine inertie ou résistance. Il tend à la persévération lorsqu’il souhaite faire une activité qui lui plaît et des stratégies sont nécessaires pour le faire adhérer à une nouvelle proposition. Il manifeste une intolérance à la frustration. Contrarié, il s’énerve,

3 insiste puis se met en retrait, refuse de coopérer et peut aller s’allonger au sol ou sur un banc en nous tournant le dos. Il présente des comportements de fuite devant les tâches imposées qui lui semblent difficiles et tend à se réfugier dans le « tout moteur » qu’il sait maîtriser plutôt bien. Alban se démotive également rapidement. Par ailleurs, il veut souvent faire par lui-même et refuse toute intervention de l’adulte à la manière du tout petit qui veut faire seul.

Attention, concentration :

Les capacités de concentration d’Alban sont faibles. Il est capable de s’investir dans une tâche relativement méticuleuse mais il ne persévère pas au-delà de cinq minutes. Son attention demeure labile et je constate chez lui une grande sensibilité aux stimuli auditifs extérieurs que j’attribue à sa malvoyance. À l’écoute, il stoppe son activité et cherche à identifier l’origine du bruit en exprimant souvent de l’inquiétude. Il a d’autre part du mal à rester assis à une table. Les activités doivent y être de courtes durées (il se relève rapidement et demande à faire autre chose). Langage :

Le vocabulaire d’Alban demeure relativement pauvre. Il articule peu, déforme les mots, marmonne et il est parfois difficile de le comprendre. Peu loquace, ses phrases restent simples et courtes.