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5. DISCUSSION

5.3 Interprétation des principaux résultats

5.3.1 Les adolescents s'informaient ailleurs

Lors de notre enquête, une des questions visait à savoir quels étaient les référents et sources d'information pour les adolescents en matière de santé.

L'une des raisons pour lesquelles les adolescents ne ressentaient pas le besoin d'aller consulter leur médecin traitant afin d'aborder les problématiques de la prévention était que les jeunes savaient s'informer autrement.

En effet lorsque nous leur demandions où ils pouvaient se procurer des informations sur leur santé, de nombreuses ressources étaient citées par les jeunes.

Une étude réalisée en France en 2012 auprès de 57 adolescents de 12 à 17 ans s'est intéressée aux sources d'informations sur lesquelles s'appuyaient les connaissances des jeunes concernant le tabac et l'alcool. Les sources d'informations citées par les jeunes étaient les interventions au sein des établissements scolaires, les cours, les campagnes nationales au travers des spots publicitaires et affichages, et l'entourage (64).

Lors de nos entretiens, les jeunes ont cité ces mêmes sources mais également l'infirmière scolaire, le médecin, le pharmacien, les structures spécialisées type maison des adolescents ou planning familial et internet.

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5.3.1.1 La place primordiale de la famille

Lors de nos entretiens avec les adolescents, la famille et notamment la mère, était la personne ressource la plus citée et celle-ci avant le médecin, l'école, internet, ou même les amis.

Cette donnée se confirme selon une enquête épidémiologique multicentrique réalisée en 2013 auprès de 15 235 adolescents de 11 à 23 ans, les jeunes sont 82.5% à s'adresser en priorité à leur mère pour parler de leur santé (65).

Ce constat est rassurant pour la majorité des adolescents qui trouvaient en leurs parents une écoute et une attention bénéfiques.

L’environnement familial et socio-économique est déterminant sur l'état de santé des adolescents, l'acquisition de comportements à risque et leur réceptivité aux messages de prévention (1).

L'inégalité d'accès aux soins est une réalité sociale, un point crucial sur lequel veulent agir les nouvelles politiques de santé publique.

Pour cela, l'éducation à la santé à l'école dès le plus jeune âge est une pratique qu'il est indispensable de développer et d'améliorer notamment en apprenant aux jeunes à utiliser les TICs (Technologies d'Information et de Communication) et développer leur esprit critique et d'analyse.

5.3.1.2 Importance d'internet

À côté des ressources humaines très fréquemment citées par les jeunes, internet tenait une place de choix dans le quotidien des adolescents.

En effet, l'utilisation d'internet ces dernières années a connu une croissance considérable. Entre 2007 et 2014, la proportion de jeunes de 15 à 29 ans utilisant internet tous les jours ou presque a plus que doublé, passant de 36 % à 84 % (66).

Cette constatation a également été mise en évidence dans les Analyses du Baromètre santé des jeunes 2010 sur les comportements de santé des jeunes (18).

Cette étude à grande échelle réalisée en 2010 sur un panel de plusieurs milliers de jeunes de 15 à 30 ans constatait que l'utilisation d'internet chez les adolescents faisait partie de leur quotidien. On estimait que 93% des 15-30 ans étaient des internautes et la moitié de ces internautes avait déjà utilisé internet pour chercher des informations sur sa santé.

Toujours selon cette étude, près de 30% des jeunes disaient avoir eu recours à internet pour chercher des informations sur leur santé au lieu de se rendre chez le médecin.

Les TICs font désormais partie du quotidien de chaque adolescent et il semble indispensable d'utiliser cet outil très prisé des jeunes pour pouvoir les atteindre.

Soulignons cependant que parmi les jeunes qui n'avaient pas consulté internet afin de rechercher des informations sur leur santé, la méfiance envers les contenus trouvés sur le net en était la raison pour 67 % d'entre eux (18).

Lors de nos entretiens, nous avons également constaté que les jeunes étaient particulièrement méfiants et critiques vis à vis du contenu qu'ils pouvaient y trouver.

Ces résultats confortent l'idée selon laquelle en plus d'utiliser les TICs pour transmettre des messages de prévention auprès des jeunes, une formation à la recherche sur internet et au décryptage des informations semble indispensable. Il est nécessaire de les accompagner dans

80 leur démarche de recherche, les aider à identifier les sites pouvant être des sources fiables et ainsi renforcer la confiance des jeunes envers les informations véhiculées par les politiques de promotion de la santé.

5.3.1.3 Les adolescents se sentaient déjà suffisamment informés sur le sujet

Dans nos résultats, le sentiment qu'avaient les jeunes d'être bien informés sur les risques liés à l'adolescence était variable. Cependant ils étaient nombreux à s'estimer suffisamment informés sur ces sujets, principalement suite aux interventions réalisées dans les collèges. Les données extraites du baromètre santé des jeunes de 2010 venaient conforter ces résultats (18). En effet, selon cette étude, il apparaissait que le sentiment qu'avaient les jeunes d'être bien informés sur les thèmes tels que le tabac, l'alcool, la contraception et le sida était très élevé.

En ce qui concerne le sentiment d'information sur la dépression, celui-ci était en nette hausse également par rapport à l'étude précédente de 2005.

Cette hausse très nette du sentiment d'information des jeunes sur ces thématiques est la conséquence de nombreuses campagnes d'information initiées par l'INPES depuis les années 1990.

En plus de ces campagnes nationales d'information et de prévention dont l'INPES est le principal acteur, de très nombreuses initiatives régionales et locales ont vu le jour depuis plus de 15 ans.

Ces actions sont toutes recensées sur la plateforme internet OSCARS (Observation et Suivi Cartographique des Actions Régionales de Santé) consultable par tous sur

http://www.oscarsante.org/ .