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PARTIE  III   : TRAITEMENTS ALTERNATIFS DANS LA PRISE EN CHARGE DU

IV. Autres alternatives thérapeutiques 86

IV.2.   Acupuncture 87

IV.2.1. Historique

L’acupuncture est une branche de la Médecine Traditionnelle Chinoise regroupant l’ensemble des techniques de stimulation ponctuelle de points précis du corps à visée thérapeutique (58). Elaborée il y a plus de 2500 ans, la pratique de l’acupuncture aurait été introduite en Europe au début du XVIème siècle mais ce n’est qu’au XXème siècle que l’acupuncture a connu une réelle diffusion mondiale (55). Elle repose sur la stimulation de points spécifiques de l’organisme afin de rétablir la bonne circulation de cette énergie à travers le corps. A l’origine cette stimulation était effectuée par l’implantation et la manipulation de fines aiguilles (acupuncture dérive des termes latins acus, « aiguille » et pungere, « piquer ») mais d’autres sources de stimulation ont par la suite émergé : l’électricité, les aimants ou les lasers.

IV.2.2. Réglementation

Le collège français d’acupuncture définit l’acupuncture comme « un terme générique désignant l’ensemble des techniques de stimulation ponctuelle a, physiques (mécanique b, électrique c, magnétique d, thermique e, lumineuse f) ou physico- chimiques g de points d’acupuncture h à visée thérapeutique. » (58)

En France l’acte d’acupuncture est considéré comme un acte médical par la jurisprudence et par conséquent n’est autorisé qu’aux seuls membres des professions médicales (médecins, sages-femmes, chirurgiens-dentistes) (58).

Une séance d’acupuncture se passe en 3 temps (58) :

• Dans un premier temps, à chaque emplacement de point d’acupuncture envisagé, il y a un repérage anatomique, l’insertion d’une aiguille (ou de la stimulation choisie), la manipulation de cette aiguille (ou de la stimulation choisie) pour orienter l’effet thérapeutique. Et cette opération est répétée pour chaque point choisi.

• Le deuxième temps correspond au temps de pose des aiguilles (ou durée de la stimulation choisie). Ce temps de pose est d’une durée variable selon les patients, et il permet d’obtenir l’effet thérapeutique.

• Enfin dans un dernier temps il y a l’extraction de l’aiguille (ou l’arrêt de la stimulation choisie) à la fin du temps de pose.

IV.2.3. Pratique

L’acupuncture repose sur un principe : le corps est parcouru par 12 méridiens principaux sur lesquels sont répartis 365 points correspondant à des zones stratégiques. Ce point est considéré comme un site favorable à la régulation de la circulation des flux d’énergie par l’intermédiaire de ces méridiens, les points sont en relation avec les organes et les viscères (55). Certains points n’appartiennent pas aux méridiens : ce sont les points hors méridiens. Il existe également des points hyperesthésiques ou douloureux à la palpation du doigt, à certains endroits de la peau. Ces points sont alors appelés points « Ashi », ils peuvent être utilisés pour le traitement. La localisation du point va lui conférer des propriétés différentes soit locale, soit à distance. Le point d’acupuncture se repère à la palpation et est décrit dans les ouvrages selon des repères anatomiques, et ses repères sont adaptés au patient

Les recherches occidentales sur les méridiens n’ont pas mis en évidence de structure anatomique correspondant aux trajets des méridiens. Cependant le trajet de certains méridiens suit globalement le trajet des nerfs (55).

En résumé les méridiens sont des canaux énergétiques qui parcourent le corps et qui apportent aux différents tissus l’énergie dont ils ont besoin, mais si ce courant rencontre un obstacle il sera responsable d’un mauvais fonctionnement de cet organe et l’introduction d’aiguilles ou autres stimulations permet de rééquilibrer le courant normal responsable du bon fonctionnement du corps humain.

IV.2.4. Acupuncture et psoriasis

Les effets de l’acupuncture au niveau de l’immunité ont été démontrés dans différentes études (56) :

L’électro-acupuncture augmente l’activité des lymphocytes NK: elle entraine l’expression de la protéine Tyrosine Kinase, qui active les lymphocytes NK (Natural Killer) par induction de complexe CD94/NKG2C. Dans un même temps elle entraine l’inhibition de l’expression de l’ARNm de la protéine Tyrosine phosphatase-A, inhibitrice de l’activité du lymphocyte NK. De plus, elle augmente l’expression du gène de la molécule d’adhésion des cellules vasculaires-1, qui jouent un rôle

important dans l’accrochage des lymphocytes NK aux cellules cibles, par l’augmentation des taux d’INF-γ et par la sécrétion de β-endorphine.

L’électro-acupuncture entraine une modulation de la balance entre les lymphocytes Th1 et Th2 (60). Plusieurs maladies dont les maladies auto-immunes comme le psoriasis ou les problèmes d’allergie seraient liées à un déséquilibre de cette balance. L’amélioration de ces pathologies peut être expliquée par une diminution des Th2 avec une augmentation simultanée des Th1 pour un rétablissement de la balance.

De plus, l’acupuncture peut également être utilisée pour lutter contre le stress et l’anxiété, deux facteurs aggravants du psoriasis. Ainsi l’acupuncture peut agir à différents niveaux.

Selon Liu Xin Ya, docteur en médecine chinoise, le psoriasis a plusieurs étiologies possibles (57) : la frustration entraine une stagnation du courant du foie responsable de la production d’une chaleur interne toxique qui envahie les couches de la surface cutanée par un psoriasis. Dans ce cas le psoriasis serait la manifestation d’un engorgement du foie due à une frustration. Mais aussi a une alimentation incorrecte qui induit une dysharmonie entre la rate et l’estomac, produisant également de la chaleur interne et qui se manifeste une fois la surface cutanée atteinte en psoriasis… En résumé le psoriasis est une attaque de la peau par la rétention d’humidité et de chaleur qui produit une toxicité. À partir de là, le principe de sa thérapeutique est de clarifier la chaleur et éliminer l’humidité pour atténuer la toxicité. Il est recommandé de réaliser 2 à 3 séances par semaine pour le traitement de la crise et une séance par semaine ou tous les quinze jours pour un traitement de fond au départ puis à espacer par la suite, quelques séances par an pouvant suffire (4).

L’évaluation de cette technique « non conventionnelle » est difficile car peu de données sont disponibles en France, son action reste controversée et l’Enquête nationale de Santé belge (59) montrent que « la plupart des états pathologiques pour lesquels les acupunteurs sont fréquemment consultés sont des problèmes chroniques pour lesquels la médecine conventionnelle n’a à offrir que des solutions qui soulagent les symptômes. Or ces dernières ne possèdent généralement qu’une efficacité limitée ou sont assorties de certains inconvénients, effets indésirables ou risques. De surcroît, un grand nombre de ces états pathologiques sont également associés à une composante psychosomatique plus ou moins accentuée. » (58)

Attention cependant même si les effets indésirables graves sont limités dans le cadre d’un contexte occidental contrôlé, il existe des contre-indications à prendre en compte (58) : femmes enceintes, patients sous anticoagulants ou avec des troubles de la coagulations…

L’acupuncture offre un complément intéressant dans la prise en charge plus globale d’une maladie et du psoriasis en particulier surtout si les traitements traditionnels n’ont pas apporté un soulagement suffisant au patient.

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