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les activités du Parti. »

Dans le document historiques expliquées Citations (Page 133-137)

BORIS ELTSINE, en 1991

Le 18 août 1991, un putsch dirigé par quelques nostalgiques de l’ordre soviétique renverse Mikhaïl Gorbatchev, le président de l’U.R.S.S., alors en vacances en Crimée. Mais ils oublient d’arrêter Boris Eltsine, le bouillant président de la Fédération de Russie. Celui-ci, hissé sur un char stationné dans les rues de Moscou, appelle à la résistance populaire. Le coup d’État échoue dès le 21. Gorbatchev, de retour dans la capitale, n’est plus que l’ombre de lui-même face au nouvel homme fort d’une U.R.S.S. agonisante.

Le 23, lors d’une séance houleuse du Parlement russe, Eltsine annonce négligemment, entre deux interventions : « Maintenant, pour nous détendre un peu, je vais signer un décret suspendant les activités du Parti. » Puis il invite son homologue soviétique, également secrétaire général du Parti, à venir contresigner l’acte. Gorbatchev, après avoir balbutié quelques protestations, s’exécute. Eltsine, en jetant le Parti communiste soviétique dans les poubelles de l’Histoire, s’offre ainsi une éclatante revanche. Trop engagé dans la Perestroïka, cet apparat-chik avait été lâché quelques années plus tôt par Gorbatchev, sous la pression des conservateurs, et écarté du pouvoir non sans humiliation.

Une bouffonnerie enterre le Parti qui a incarné la révolution au XXe siècle.

Le 8 décembre, c’est au tour de l’U.R.S.S. d’être annulée d’un trait de plume. Après une rencontre discrète dans une datcha près de Minsk en Biélorussie, les présidents russe, ukrainien et biélorusse « constatent que l’U.R.S.S. a cessé d’exister en tant que sujet de droit international et en tant que réalité politique ». Encore une fois, Gorbatchev n’a pas été consulté. Le 25, il démissionne d’une présidence fantomatique, au cours d’une cérémonie où l’étendard soviétique est amené une dernière fois

Citations historiques expliquées

« Nous buterons les terroristes jusque dans les chiottes. »

VLADIMIR POUTINE, en 1999

À la fin de l’été 1999, plusieurs attentats dans des immeubles de Moscou et Volgodonsk (sur le Don) tuent 300 personnes. Le président Boris Eltsine et son Premier ministre Vladimir Poutine attribuent ces actes aux rebelles tchétchènes, sans qu’aucune preuve n’ait été apportée à ce jour. Dès le 5 septembre, l’aviation russe bombarde la Tchétchénie, indépendante de fait depuis la première guerre russo-tchétchène (1994-1996). La seconde guerre a commencé.

Le Premier ministre, nommé au mois d’août et encore peu connu du public russe, se distingue par des déclarations à l’emporte-pièce. Ainsi, en visite au Kazakhstan, à Astana, le 24 septembre : « Nous allons pour-chasser les terroristes partout. Dans un aéroport ? Alors dans l’aéroport.

Cela signifie, vous m’excuserez, que si nous les attrapons dans les toilettes, eh bien par conséquent, nous les buterons dans les chiottes.

C’est tout, la question est définitivement close. » Plus tard, la fuite de la population tchétchène lui inspire ce commentaire : « Les Tchétchènes ne fuient pas les bombes russes, mais leurs propres bandits. Ils ont voté avec leurs pieds pour la Russie. »

L’instrumentalisation du conflit par le Kremlin a parfaitement réussi. Le 31 décembre, Eltsine cède la présidence à Poutine, désormais très popu-laire, avec la garantie de passer une retraite paisible. L’homme de Poutine en Tchétchénie, le président Akhmad Kadyrov, déclare en 2003 :

« Le président russe a dit il y a quatre ans qu’il fallait les combattre jusque dans les chiottes ; je dis que nous les combattrons jusque dans le ventre de leur mère. » Trois ans après son assassinat, son fils Ramzan lui succède en février 2007. Jusque-là, il s’était illustré à la tête des Kadyrovtsi, une milice responsable de viols, d’enlèvements, de tortures, d’assassinats et de trafics mafieux. Celui-là ne fait pas de phrase.

Source : Propos de Poutine insérés dans le documentaire « Attentat contre la Russie », de Jean-Charles Deniau (2000). Script en russe (somnenie.narod.ru).

Les XX e et XXI e siècles

« Et c’est un vieux pays, la France, d’un vieux continent comme le mien, l’Europe, qui vous le dit aujourd’hui. »

DOMINIQUEDE VILLEPIN, en 2003

Au début de l’année 2003, le président américain George Bush souhaite en découdre avec son homologue irakien Saddam Hussein. Pourtant, aucun lien du régime avec le terrorisme islamiste n’a pu être établi, ni aucun programme de destruction massive. Les « preuves » (photos satellitaires et fiole) du secrétaire d’État Colin Powell n’ont guère convaincu les Nations unies, dont la France et l’Allemagne. « La vieille Europe », ironise le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld.

Le 14 février, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre des Affai-res étrangèAffai-res Dominique de Villepin souligne que les inspections inter-nationales portent leurs fruits : les capacités des missiles irakiens sont désormais connues, le régime autorise le survol du pays, ses scientifiques peuvent répondre aux inspecteurs, les contacts nucléaires sont connus…

« N’oublions pas qu’après avoir gagné la guerre, il faut construire la paix (…). Une telle intervention, prophétise le ministre, ne risquerait-elle pas d’aggraver les fractures entre les sociétés, entre les cultures, entre les peuples, fractures dont se nourrit le terrorisme ? » Il conclut avec des accents gaulliens : « Et c’est un vieux pays, la France, d’un vieux continent comme le mien, l’Europe, qui vous le dit aujourd’hui, qui a connu les guerres, l’occupation, la barbarie. Un pays qui n’oublie pas et qui sait tout ce qu’il doit aux combattants de la liberté venus d’Amérique et d’ailleurs. » Ce vibrant appel pacifiste est applaudi, ce qui est exceptionnel au Conseil de sécurité. Le 20 mars, la guerre commence. Aux États-Unis, le french bashing (humour anti-français) devient un sport national et les french fries (frites) sont rebaptisées freedom fries (« frites de la liberté »).

Aujourd’hui, une large majorité d’Américains reconnaît que la vieille Europe n’était peut-être pas si mal avisée.

Citations historiques expliquées

« Mesdames et Messieurs, on l’a eu ! »

PAUL BREMER, en 2003

Le 1er mai 2003, six semaines après le début de la guerre en Irak, le prési-dent américain Bush annonce à bord du porte-avions Abraham Lincoln que la guerre est finie. Au-dessus de lui a été installée une grande banderole « Mission accomplie ». Reste à capturer le dictateur en fuite.

Le 14 décembre au matin, Paul Bremer, l’administrateur civil des États-Unis en Irak, ouvre sa conférence de presse à Bagdad par ces mots :

« Mesdames et Messieurs, on l’a eu ! » Les journalistes irakiens présents poussent des cris de joie et applaudissent. Saddam Hussein a été capturé la veille au soir dans une cachette souterraine aménagée dans sa région natale près de Tikrit. « Il a été pris comme un rat », commen-tera le général qui l’a capturé. Pour le proconsul Paul Bremer, « il est temps de regarder vers le futur, un futur d’espoir, un futur de réconciliation ». Le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld promet le jour même : « Personne ne doit s’inquiéter, il sera traité de façon humaine et professionnelle. » Les images diffusées montrent un homme résigné, à la barbe hirsute et aux yeux hagards. Un médecin fouille ses cheveux et examine sa bouche avec un baisse-langue et une lampe.

Condamné à mort par un tribunal irakien pour le massacre de 148 villa-geois chiites en 1982, Saddam Hussein est pendu le 30 décembre 2006.

Lors de son exécution, plusieurs témoins crient vengeance au pied du gibet. « Va en enfer ! », lance un homme au tyran déchu. Ni paix, ni dignité, ni espoir, ni justice en Irak : l’enfer sur terre.

Source : Text of Ambassador Bremer’s Opening Remarks at the CPA Conference Center, Baghdad, December 14th, 2003 (cpa-iraq.org).

La politique française

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