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1. Présentation du site d’étude : l’étang de Thau

1.2. Activités anthropiques autour de l’étang de Thau

1.2.1. Exploitation des ressources naturelles : l’ostréiculture

L’évolution depuis plus d’un siècle des activités ostréicoles et de pêche dans l’étang a été étudiée en détail par Fauvel (1985, 1986, 1987). La pêche est une activité présente depuis le milieu du 19ème siècle. A cette époque, les fonds méditerranéens sont alors très riches en coquillages et la pêche perdure pendant de nombreuses années. Celle-ci est particulièrement importante dans la partie Est de l’étang où les gisements sont les plus abondants (près du rocher de Roquerols) (Figure 2). On y collecte, par différentes techniques de drague, de grandes quantités de moules, de clovisses et d’huîtres indigènes. Cette information montre la richesse biologique exceptionnelle présente dans les fonds de l’étang de Thau. Cependant la surexploitation des gisements naturels va entraîner un épuisement des stocks. Il est

également à noter que le déclin du gisement pourrait aussi être lié à des travaux d’aménagement qui ont entraîné une modification des fonds avec la création de zones de creusements et de comblement (Fauvel, 1987). Au cours des tentatives de repeuplement entreprises par M. Coste au niveau du rocher de Roquerols, des espèces nouvelles et invasives sont apparues dont une végétation gênante et un ennemi ordinaire de l’huître : le bigorneau perceur (Nucella lapillus et Ocenebra erinacea). A partir de 1900, l’étang de Thau se repeuple en huîtres indigènes de façon inattendue et les fonds de l’étang sont transformés en vastes gisements d’huîtres abondamment peuplés (Fauvel, 1986). En 1907 on estime à 20 millions le nombres d’huîtres récoltées.

Figure 2 : communiquée par Fauvel (1986): Zones d’élevage et de gisement coquillier dans l’étang de Thau En noir les gisements « importants » en gris les gisements de « moindre importance ».

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A la même époque (début 1900) il a été envisagé la possibilité d’implanter l’élevage ostréicole dans l’étang de Thau. Actuellement cette activité est très intense et génère une quantité de matière organique non négligeable (Mesnage et al., 2007). Cet aspect sera développé au cours de la description des carottes sédimentaires (cf. chapitre 2). Au départ, cette activité s’est limitée aux canaux de Sète et pour le seul engraissement des huîtres originaires d’Atlantique (Arcachon ou Bretagne). Seulement 7 établissements flottants furent attribués en 1880. Ceux-ci se sont maintenus jusqu’en 1907, année de leur fermeture pour raisons sanitaires. Par la suite des initiatives d’implantation ont été réalisées dans des eaux plus saines de l’étang, près de Bouzigues (Figure 2). L’essor de cette activité comprend 4 étapes. La Figure 3 présente les 4 étapes de croissance de l’activité ostréicole sur table et par exploitation des gisements. Sur le même graphique sont présentés les surfaces occupées et le nombre de concessions respectives au deux types d’activités.

○ et ▲ : Parqueurs

□ et ■ : Parqueurs et parqueurs pêcheurs (après 1970)

Figure 3 d’après Fauvel (1986): Evolution dans le temps de la surface (□ et ○) en ha et du nombre de concessions (▲ et ■) accordées à l’ostréiculture.

Jusqu’en 1945, l’activité reste limitée dans la partie est de l’étang entre Bouzigues et Mèze avec une production relativement faible. Après 1945 l’ostréiculture connaît un essor rapide et important. Ainsi en 1961 toute la surface concédée à cette activité est exploitée (Figure 3) et l’activité ne peut plus se développer. Par ailleurs une baisse de rendement est observée et attribuée à un manque d’aération entre

les tables. Il fut donc nécessaire d’effectuer un remembrement des installations. Mais les tensions entre les divers exploitants de l’étang vont empêcher d’arriver rapidement à un accord. Durant toute cette période l’activité ne se développe pas. Un accord ne verra le jour qu’en 1966. Les 4 principales activités qui s’exercent sur l’étang trouvent enfin un terrain d’entente. La conchyliculture longe la côte, elle est majoritaire de Bouzigues à Marseillan avec 154 ha, et s’étend de la rive au chenal de navigation (Figure 3). La pêche conserve un bon nombre de ses lieux privilégiés d’exploitation et acquiert en plus, une place dans la zone des parcs avec 85 ha. La navigation, 3ème activité, avec son chenal intérieur balisé, traverse l’étang des Onglous à l’Ouest jusqu’au canal de Sète et au Rhône, à l’est. Enfin la plaisance, 4ème activité, acquiert un plan d’eau d’évolution à l’intérieur du domaine d’élevage en face de Mèze (Fauvel, 1985 et 1987). Il faut cependant attendre encore 1972 pour que l’activité reprenne enfin avec une croissance rapide de la production (Figure 3). L’étang de Thau est actuellement le premier site de production de moules et d’huîtres en Méditerranée avec 4000 et 15 000 tonnes par an (Dupuy et al., 2000 ; Gangnery et al., 2001) (c’est-à-dire environ 10% de la production nationale).

1.2.2. Urbanisation

Actuellement la ville de Sète, la plus peuplée autour de l’étang, compte prés de 40 000 habitants soit 35 % de la population du bassin versant (selon l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques, INSEE). Ce chiffre a relativement peu fluctué depuis le recensement de 1881 indiquant que la ville était déjà densément peuplée depuis la fin du 19ème siècle. D’une façon générale l’évolution démographique autour de l’étang de Thau est modeste avec une population permanente qui passe, entre 1881 et 1999, d’environ 78 000 à 112 000 habitants. Par contre, au cours du siècle, l’étang de Thau devient un lieu touristique et en période estivale la population augmente de 1,4 fois par rapport à la population permanente, environ 47 000 personnes (INSEE, 2004 ; La Jeunesse 2001). A Marseillan et Balaruc, le nombre d’habitants est respectivement multiplié par 9 et 3. Cette évolution du tourisme et des activités industrielles qui se développent autour de l’étang de Thau a entraîné des problèmes sanitaires. Au début du XXème siècle les premières concessions de tables ostréicoles, situées dans les canaux de Sète, furent fermées. A cette époque, les rejets des villes se faisaient directement dans l’étang. Afin d’assurer la qualité des eaux de l’étang, un plan de réseaux de stations d’épurations a donc été proposé en 1969, avec également des possibilités de rejet des effluents en mer via, par exemple, l’ouverture d’un grau à Marseillan (Fauvel, 1985). Les premières stations d’épuration entrent en activité au début des années 1970. Dans un premier temps les stations rejettent les effluents traités dans l’étang en particulier celles des communes de Bouzigues, Balaruc-les-Bains, Balaruc-le-Vieux et Mèze. Plus récemment les effluents des communes de Balaruc-les-Bains, Balaruc-le-Vieux et Sète, connectés au même réseau, sont rejetés en mer. Le point de rejet se situe aujourd’hui à plusieurs kilomètres au large. Dans le cas de Marseillan, les effluents sont dirigés vers un canal situé dans les marais qui longe la lagune (La Jeunesse, 2001). D’après cette étude aucun travail n’a été mené sur le devenir des éléments

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constitutifs accumulés après plusieurs années de rejets dans les marais du lido sableux (La Jeunesse, 2001). D’après cet auteur, il est possible que des échanges aient lieu entre le lido et la lagune. Concernant d’autres habitations, Bouzigues est actuellement raccordé à la station de Poussan, celle de Loupian à Mèze, celle de Pomerols à Pinet. Les villages de Cournonsec, Montbazin et Gigean possèdent leur propre station. A l’exception de la station de Sète qui rejette en mer, les autres stations rejettent directement dans l’étang ou dans les rivières qui aboutissent à l’étang (Figure 4).

Figure 4 : d’après La Jeunesse (2001): Localisation des stations d’épuration sur le bassin versant de l’étang de Thau.

Le bassin versant de l’étang de Thau est actuellement sillonné par un complexe routier et autoroutier dense constitué en particulier de l’autoroute A9, de plusieurs nationales (N300, N112, N113) et de départementales (D2). En 1990, la moyenne annuelle de fréquentation de l’A9 est de 37 664 véhicules par jour laquelle passe à plus de 60 000 entre juillet et août sur le tronçon Agde-Pézénas (Monna 1996 d’après les communications D.D.E. 1992). En 2003 la fréquentation moyenne a doublé avec 61 814 véhicules par jour et en période estivale, la fréquentation passe à 92 450. Pour les axes secondaires,

entre 2001 et 2005 la fréquentation a peu évolué, selon l’axe, la fréquentation peut doubler en période estivale.

1.2.3. Développement des activités industrielles et agricoles sur le bassin

versant de l’étang de Thau

¾ Développement industriel depuis 1850

Un inventaire détaillé des activités industrielles autour de l’étang de Thau a été réalisé par le BRGM (bureau de recherche géologiques et minières) (BASIAS : Inventaires historiques régionaux des sites industriels et activités de service : http://basias.brgm.fr/). Les premières activités industrielles sont anciennes, antérieures à 1900. Il s’agissait de production de combustible pour l’éclairage des villes et des premières usines (fonderies). Le premier combustible fut le gaz obtenu par distillation de la houille (ou charbon de terre). Le procédé fut importé d’Angleterre par M. Auguste Juge et M. Richardson alors propriétaire du brevet au début des années 1830. Cette activité s’arrêta progressivement avec une plus importante utilisation du gaz naturel et du pétrole dans les années 1950. En tout cas il est important de souligner que des usines à gaz d’éclairage à partir de la houille ont fonctionné autour de l’étang. Compte tenu de leur ancienneté, on ne connaît pas précisément l’importance et la nature exacte des rejets de cette activité dans l’étang de Thau. Toutefois, cette activité génère de nombreux sous produits comme par exemple le coke. D’autres industries se sont développées, la plupart situées dans la partie Est de l’étang dans les zones de Sète, Balaruc et Frontignan. Ce sont des industries essentiellement chimiques et des raffineries (depuis les années 1950). L’une des principales est la compagnie des pétroles de Frontignan, devenue aujourd’hui « Mobil oil ». Pendant de nombreuses années, ces raffineries ont rejeté leurs effluents directement dans les canaux. Certains rapports font état d’accidents survenus jusqu’en 1970 en particulier entre 1959 et 1964. La présence d’hydrocarbures a été constatée sous l’apparence d’irisations ou de nappes issues des rejets des eaux de refroidissement ou encore au moment de ruptures des canalisations (Fauvel, 1986). Au début des années 1970, des travaux d’aménagement sont entrepris pour pallier à la vétusté de ces installations. En 1972, le volume des rejets industriels est passé de 6000 à 300 m3. Aujourd’hui les industries présentes sur le bassin versant de Thau sont essentiellement de nature chimique (usines d’engrais, de ciments) et agroalimentaire (raffineries d’huile). Depuis 1986, les rejets industriels sont soit déviés vers la mer, soit recyclés, ou bien retenus dans des bassins. Seuls subsistent des apports directs des industries agroalimentaires, essentiellement constitués d’usines de traitement et de stockage des vins regroupées autour du canal de la Peyrade (La Jeunesse, 2001).

¾ Activités agricoles

Les activités agricoles sont aujourd’hui essentiellement la viticulture qui couvre 40 % de la surface du bassin versant et quelques autres cultures comme des vergers et des cultures de blé (La Jeunesse, 2001). Par ailleurs, les zones marécageuses sont nombreuses autour de l’étang. Leur présence et leur localisation sont importantes car ces zones sont susceptibles d’être traitées par des pesticides afin de

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essentiellement au niveau du lido, de Marseillan plage, du canal du Midi, le long du cours d’eau la Fadèze (à l’Est de Marseillan) et à l’embouchure de la Vène.

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