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I.2. FONDEMENT DU MILIEU D’ETUDE

I.2.4. Les activités économiques du BVLT

1.2.4.1.L’agriculture : activité dominante et aux formes diverses

Au Togo, l’agriculture représente 40% dans le PIB du Togo (PNIASAN, 2017) avec une population active rurale de 1,49 millions contre 2,96 millions de population active selon la (FAO, 2014). Les terres cultivables disponibles sont estimées à 3,6 millions d’hectares dont la superficie réellement cultivée ne représente que 1,4 millions d’hectares soit environ 36% de la

superficie cultivable. De cette disponibilité, la superficie irriguée ne représente qu’environ 0,3% de la potentialité irrigable dont on estime à plus de 86 000 hectares de superficie disponible (Alaï, 2016). La région Maritime (partagée à 80 % par le BVLT) abrite 19,4% de la population agricole en 2012 contre 26,9% en 1996. Quant à la région des Plateaux (partagé à 18% par le BVLT), elle s’affiche comme la région drainant la plus forte proportion de la population agricole du pays, soit 31,4% en 2012 contre 29,7% en 1996.

L’agriculture pluviale est la plus pratiquée dans le bassin-versant: dès les premières pluies, les paysans installent des cultures dont le cycle permet la récolte avant l’hivernage. Au moment où les pluies s’établissent définitivement, on cultive généralement le riz dans les bas-fond et dépressions. À la fin de la saison des pluies, des jardins sont aménagés le long des cours d’eau et permettent la production de légumes. En effet, respectivement 4,4 % et 5 % des ménages agricoles dans les régions Maritime et Plateaux pratiquent l’irrigation. Les techniques culturales utilisées sont essentiellement traditionnelles.

D’une manière générale dans la région, on assiste à une dégradation avancée de la couverture végétale résultant de la pression démographique, des méthodes culturales (cultures extensives entraînant l’abattage d’arbres, le défrichement, etc.,), de l’extension des cultures de rente, des feux de brousse, de la demande en produits ligneux et surtout en charbon de bois, des troubles sociopolitiques des années 1990 qui ont entraîné l’occupation des zones protégées. La dégradation de la couverture végétale est accentuée par les perturbations climatiques enregistrées ces dernières années (irrégularité des pluies, arrivée tardive, fin précoce, etc.). Au nord du BVLT (zone ouest de la région des plateaux), les cultures de rente (café, cacao et coton) sont plus développées. Cependant, la culture des céréales (mil et sorgho) et des tubercules (igname, manioc) est également répandue et elle représente une importante emblavure. Au sud du bassin, sur les plateaux et dans les vallées sèches, les populations cultivent des céréales et des tubercules (le maïs, le manioc, la patate douce, le riz, le niébé, etc,) et des produits de rente notamment l’arachide, le palmier et parfois le coton. Fréquemment, il s’agit d’association de cultures. Dans la région côtière du bassin, les cultures maraîchères se sont développées : Solanum macrocarpum (gboma), Chorcorus olitorius (crincrin), Hibiscus esculentus (gombo), les aubergines, les carottes, les oignons, les choux fleurs, les tomates, etc. Ce sont de petites parcelles de 1 à 2,5 hectares, voire 5 hectares par famille, qui nécessitent beaucoup d'entretiens et utilisent beaucoup de produits chimiques. Aujourd’hui, ces cultures, couplées avec le maïs, sont de plus en plus présentes le long des versants de la basse vallée. On observe également dans le sud du bassin, le développement de quelques projets agricoles

notamment le Projet d’Aménagement Rural des Terres Agricoles dans la zone de Mission tové (PARTAM) (600 ha) et Projet de Développement Rural de la plaine de Djagblé (PDRD) etc., pour le renforcement de la filière riz. On note également le développement des Zones d’Aménagement Agricole Planifiés (ZAAP) d’Akodessewa (100 ha) et de Gamélili (63 ha) pour l’intensification du riz et des produits vivriers.

1.2.4.2.La pêche : activité principale de la basse vallée

En dehors de l’agriculture, la pêche en eau douce, moins développée constitue également une seconde activité des populations des plaines inondables des rivières Haho, Zio, Boko et le système lagunaire. L’activité de pêche dans le système lagunaire est contrôlée par la passe étroite et peu profonde qui communique avec la mer à Aného et dont l’ouverture et la fermeture règlent le régime du système lagunaire. La remontée des masses d’eau, spécialement en période de basses eaux, entraîne la migration d’espèces marines dans le réseau lagunaire voire les rivières. Ainsi, en situation d’isolement du réseau lagunaire et lacustre, les captures de poissons connaissent une productivité ordinaire de 160 kg à l’hectare, avec les espèces de poissons suivantes : 50 % de tilapias (Sarotherodon melanotheron) et 14 % de poissons-chats (chrysichthys maurus), et un faible pourcentage de quelques autres espèces. Mais, après l’ouverture du cordon littoral sur la mer, la productivité des captures dans le lac monte à 400 kg à l’hectare, avec les principales espèces de poissons suivantes : 34,5 % de mulets (Liza falcipinnis), 21,2 % de carangues (caranx hippos), 10,9 % de crevettes (panacus notiolis), 9,1 % de tilapias (Sarotherodon melanotheron), 8,6 % de poissons-chats (chrysichthys maurus) et 4,7 % d’ethmalose (Ethmalosa fimbriata). Les tilapias et les poissons-chats n’arrivent plus alors qu’en troisième et quatrième positions. Par conséquent, en cas de fermeture de la mer, le réseau lagunaire connaît un arrêt des échanges des espèces halieutiques ainsi qu’une baisse de la salinité (FAO, 1995; Millet, 1986). La diversité des espèces diminue suite à la disparition des espèces marines au profit des espèces typiquement estuariennes. Suite à cette variabilité hydro- pluviométrique et à la pollution du système lagunaire, on observe d’une manière générale une baisse de la productivité halieutique. Ainsi toutes les techniques possibles, prohibées ou non, sont maintenant utilisées pour accroître les rendements (Amoussou, 2010). Plusieurs instruments de pêche sont donc utilisés, dont bon nombre sont des instruments prohibés (filet à petite maille, Gbagba-loulou, acadja, Gbodoègo, palangre, xa.) qui contribuent à l’appauvrissement des cours et plans d’eau en espèces halieutiques (Adjanohoun, 1999 ; Amoussou, 2003).

1.2.4.3. Les activités industrielles et minières

A l'heure actuelle, le Sud-Togo, comme la plupart des écosystèmes aquatiques côtiers, a attiré une grande majorité d’utilisateurs dans des domaines aussi variés que l’alimentation en eau (domestique, agricole et industrielle), la pêche, l’énergie ou les communications. La plupart de ces activités, susceptibles d’engendrer des pollutions, sont regroupées habituellement par rapport à leur mode d’entrée dans le milieu naturel. C’est ainsi que l’on distingue dans les zones côtière et portuaire situées en aval du système lagunaire, une grande majorité des industries (90%) et des services, regroupement de plusieurs dizaines d’activités industrielles. La plupart des rejets industriels dans cette zone sont drainés directement vers la mer sans aucun prétraitement pour la plupart. La pollution marine et côtière devient de plus en plus inquiétante. Cette pollution est très variée tant au niveau des sources de pollutions qu’au niveau des provenances et des polluants.

En dehors de cette zone, le versant du bassin regorge peu d’activités industrielles et minières parmi lesquelles on dénombre quelques-unes qui pourraient constituer des points noirs pour la pollution atmosphérique locale et régionale, Il s’agit de :

 L’usine d’extraction des phosphates de Hahotoe et de Kpogamé (photo 1 et 2), à ciel ouvert dans le sud Est du bassin et exploité depuis 1962. Le Togo est l’un des premiers producteurs mondiaux de phosphates (3ème rang en Afrique subsaharienne). Les phosphates de cette zone sont très concentrés en éléments traces tels que le Cd, le Cr, le Cu, le Ni, le Zn le Pb, et le Zr (Gnandi, 2009).

 L’usine de traitement du phosphate à Kpémé produit d’énormes quantités de déchets qui sont directement rejetés dans l’environnement sans traitement préalable. Ces déchets sont

Photo 2 : Chargement du phosphate

de trois types : des déchets solides riches en particules grossières (Photo 3), des déchets liquides boueux riches en particules fines (Photo 4), des gaz et des poussières de phosphate rejetés par les cheminées (Photo 5) et la mauvaise gestion des huiles de vidanges des camions (Photo 6). Le traitement des phosphates se fait par des procédés purement mécaniques permettant d’éliminer les impuretés. Les particules grossières (1 à 3 mm) sont éliminées par criblage et les particules fines (< 45 μm) le sont par hydrocyclonage à l’aide de l’eau de mer pompée à 400 m du rivage. Le produit débarrassé de sa gangue argileuse est rincé avec de l’eau douce et déshydraté dans des fours électriques à haute température atteignant 1000°C, afin d’avoir une teneur en eau inférieure à 2 %. Les oxydes de fer sont éliminés au moyen d’un séparateur magnétique à haute intensité. Ce traitement conduit à un produit fini hautement concentré en P2O5 où le phosphate tricalcique est supérieur à 78% (OTP, 1985 ; Gnandi, 1998 ; Ouro-Sama, 2019).

 Les cimenteries togolaises pour la production du ciment (clinker) de Tabligbo (Wacem Tabligbo à environ 74 kilomètres au Nord-Est de Lomé) et de Dalavé (Diamond). Les Photo 4 : Déchets boueux déversé dans la mer à

Kpémé (Ouro-Sama, 2019)

Photo 3 : Déchets solides déversés sur la plage à

Kpémé (Ouro-Sama, 2019)

Photo 6 : Rejets des gazs et poussières à l’usine

(Ouro-Sama, 2019)

Photo 5 : Mauvaise gestion des huiles des

retombées atmosphériques ((et en particulier poussières de silice) de ces cimenteries ne sont pas sans conséquence sur l’environnement.

 L’usine de lavage et vente de gravier à Togblékopé (Photo 7): l’activité principale dans cette zone consiste à laver puis exposer pour la vente les graviers achetés dans les parties amont du bassin. L’enjeu principal de cette activité est le rejet direct dans la rivière Zio d’une eau chargée de particules solides entrainant un envahissement ou encombrement local de la rivière Zio (Avumadi, 2011).

Photo 7 : Quelques photos des rejets entrainés par les micro-postes de lavage de gravier à la station Z3

(Togblékopé)

1.2.4.4.Les autres activités à risque dans le BVLT

Les ressources en eau du bassin-versant du lac Togo comme celui du Mono sont aussi mises à contribution pour l’élevage du gros bétail, surtout en période de sécheresse, mais celui-ci est moins développé que l’élevage du petit bétail (volailles, porcins et caprins) qui se pratique sur l’ensemble du bassin à petite échelle. Le déplacement des éleveurs Peulhs (nomade) avec leurs troupeaux constitue en effet un facteur de dégradation des écosystèmes. Pour Fournier (1975), l’élevage entraîne la production de 900 000 m3/an de fumier dilué, ce déplacement non contrôlé est polluant tant pour le sol que pour l’eau et la divagation des troupeaux constitue une atteinte au couvert végétal.