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Activité physique et effet de l’entraînement chez les enfants atteints de la LLA pendant la

1.7.1 Activité physique chez les patients atteints de la LLA ou d’un cancer hématologique pendant la chimiothérapie

Tel que démontré dans les sections précédentes, les enfants atteints de la LLA et les survivants à moyen et long terme sont affectés négativement au niveau de leurs capacités cardiorespiratoires et musculaires par la maladie, la chimiothérapie et la radiothérapie crânienne. Järvelä et coll. (4) ainsi que Tonorezos et coll. (5) ont démontré que les survivants à moyen et long terme de la LLA pédiatrique avaient un faible niveau d’activité physique et étaient bien en deçà de la durée, de la fréquence et de l’intensité recommandées chez les adultes afin d’avoir un mode de vie actif. Les deux prochaines études ont démontré que ce niveau d’activité physique sous-optimal serait possiblement acquis durant les traitements de chimiothérapie et mettent en lumière certains éléments qui nuisent à la participation à de l’activité physique durant les traitements. Ces études présentent des patients avec différents cancers, toutefois, l’emphase sera placée sur les résultats concernant les enfants atteints d’une leucémie. L’étude de Winter et coll. en 2009 (9) a observé le niveau d’activité physique de 80 enfants atteints d’un cancer, dont 20 atteints d’une leucémie en utilisant des accéléromètres sur une période de sept jours consécutifs comportant une période d’hospitalisation et une période à la maison. L’accéléromètre calculait le nombre de cycles de marche (2 pas = 1 cycle de marche) par intervalle d’une minute et 40 cycles de marche à la minute, ce qui est requis pour une marche continue, était identifié comme la limite inférieure pour être considéré comme physiquement actif. Leurs résultats ont montré que les enfants atteints d’un cancer effectuaient un nombre de cycles de marche moyen par jour significativement moindre que leur groupe contrôle tant lors des hospitalisations que lorsqu’ils étaient à la maison. Les chercheurs ont également évalué l’intensité de la marche des patients en regardant si les cycles de marche avaient été complétés en plusieurs courts laps de temps ou étalés au courant de la journée. Ils ont observé que les patients atteints de leucémie passaient significativement moins de temps à un niveau d’activité d’intensité élevée durant les hospitalisations que lorsqu’ils étaient à la maison. De plus, ils passaient la majorité de leur temps d’éveil à faire des activités de faible intensité avec une valeur moyenne de 79,5% lors des hospitalisations et de 76,7% lorsqu’ils étaient la maison. Pour tous les résultats, les enfants atteints d’un cancer avaient des valeurs inférieures au groupe contrôle. Ces résultats sont supportés par ceux de Tan et coll. (8) qui ont réalisé une étude similaire en 2013 en

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évaluant le niveau d’activité physique sur une période de 5 jours (3 jours de semaine et 2 jours de fin de semaine) de 38 enfants hospitalisés âgés de trois à douze ans atteints d’une LLA (n=31) ou d’une LMA (N=7) aiguë pendant les phases d’induction ou de consolidation. Le niveau d’activité physique était mesuré en counts par minute (cpm), un count égalait une accélération, c’est-à-dire un mouvement. Le nombre de pas par jour était également enregistré. Leurs résultats ont montré que les enfants atteints d’une leucémie avaient une moyenne totale de cpm significativement moindre pour la durée d’enregistrement que le groupe contrôle, 37 945 comparé à 271 330. La moyenne du nombre de pas totaux était également significativement moindre pour les enfants atteints d’une leucémie comparé au groupe contrôle. De plus, ils avaient passé 90,0% de leur temps à effectuer des activités sédentaires et 0% à un niveau d’intensité vigoureuse. Les participants en phase de consolidation ont a atteint une moyenne de cpm et une moyenne de cpm totale significativement plus élevée que les participants en phase d’induction. Les participants en consolidation avaient également passé significativement plus de temps à faire des activités d’intensité légère et modérée et moins de temps sédentaire.

Les auteurs de ces études suggèrent qu’une diminution des capacités pulmonaires, la fatigue, l’ostéopénie (diminution de la densité minérale osseuse) comme facteurs diminuant l’envie d’être actif et ayant contribué au faible niveau d’activité physique observé chez les participants atteints d’une leucémie. Ils proposent également l’approche surprotectrice de certains parents et médecins vis-à-vis de l’activité physique, ce qui amènerait un sentiment de peur de surmenage et diminuerait la confiance en ses capacités faire de l’exercice chez l’enfant. Tan et coll. (8), soulignent qu’il pourrait y avoir un certain biais positif dans leur étude, c’est-à-dire que les participants volontaires étaient possiblement ceux les plus enclins à être physiquement actifs. Ces jeunes potentiellement motivés ont atteint des valeurs moindres que les enfants sains et cela démontre toute l’importance de favoriser les interventions en activité physique puisque (8). Cependant, il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils atteignent le niveau d’activité physique d’enfants sains, le repos et la récupération sont importants pendant la chimiothérapie. Néanmoins, l’activité physique, selon les limites de chaque individu, a été démontrée comme aidant à tolérer les effets secondaires de la chimiothérapie et contribue à améliorer la qualité de vie(9).

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Au niveau des différences entre les enfants en phase d’induction et de consolidation, les auteurs de ces études proposent que les enfants en phase de consolidation aient été plus actifs puisqu’ils recevaient une chimiothérapie à intensité moins élevée et qu’ils étaient plus familiarisés avec leur environnement lors des hospitalisations, donc se sentaient plus à l’aise de se déplacer. Une limite de l’étude de Tan et coll. (8) est le non-respect des consignes par rapport au port de l’accéléromètre qui a diminué le volume de données pour les analyses et un trouble informatique qui a mené à la perte de certaines données. Néanmoins, ces études ont collecté des données quantitatives qui ont permis de mesurer objectivement le niveau d’activité physique d’enfants atteints d’une leucémie en phase d’induction et de consolidation, durant leurs traitements à l’hôpital versus à la maison. Leurs résultats mettent de l’avant que l’activité physique adaptée pour ces patients pourrait les stimuler à être plus actifs et pourrait diminuer les complications associées avec un mode de vie sédentaire.

1.7.2 Effet d’un programme d’entraînement pour les enfants atteints de la LLA pendant la chimiothérapie

Tel qu’abordé précédemment, la LLA et la chimiothérapie multi-agents amènent un déclin des capacités musculaires. Bien que très peu d’études aient été réalisées, celles qui ont été conduites ont présenté des résultats favorables chez des enfants en de continuation depuis six mois ayant suivi un programme d’exercice d’endurance musculaire supervisé en milieu hospitalier. Ils ont noté une augmentation de l’endurance chez de grands muscles tels que le grand dorsal, les triceps, les pectoraux, les muscles fessiers, les quadriceps et les ischio-jambiers. En effet, l’équipe de San Juan et coll. en 2007 (13) a étudié l’effet d’un programme d’entraînement musculaire et cardiovasculaire de huit semaines sur l’endurance musculaire des membres supérieurs et inférieurs, en plus de la mobilité fonctionnelle chez des enfants âgés de quatre à sept ans atteints d’une LLA de risque standard ou médium en phase de continuation. Ils ont observé une amélioration significative des résultats post entraînement au 6-RM (répétition maximale) pour le développé assis (seated bench

press), au rameur (seated row) et au seated leg press, ainsi qu’au test chronométré du lever de

chaise sur une distance de 3 et 10 mètres. Ils avaient également un test d’escalier (timed up and

down the stairs) pour lequel les améliorations n’ont pas été significatives. Des résultats similaires ont

été obtenus en 2012 par l’équipe de Perondi et coll. (12) a qui également testé les effets d’un programme d’entraînement musculaire et cardiovasculaire d’une durée de douze semaines avec des enfants de cinq à dix-ans atteints d’une LLA de risque standard ou élevé et en phase de continuation. Sur cinq exercices de 10-RM effectués sur machines pédiatriques : bench press, leg press, lat pull

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down, leg extension et seated row, les moyennes des résultats ont enregistré une amélioration

significative entre le pré- et post- test sauf pour le seated row. Il est important de mentionner que les deux équipes de chercheurs n’ont répertorié aucune incidence de saignements intramusculaires, d’infection et de séjours à l’hôpital pendant la période du programme. De plus, l’évaluation physique des patients n’a pas décelé d’anomalie ni leur bilan sanguin. Dans l’étude de San Juan et coll. (13), les parents des participants devaient remplir un questionnaire par rapport à la diète de leur enfant et l’analyse des réponses a montré que la diète d’enfants atteints de la LLA ne différait pas de celle d’enfants sains de leur population. Toutefois, l’étude ne dit pas comment ces données ont été comparées.

Ces deux études (12, 13) mettent de l’avant que la LLA et la chimiothérapie peuvent avoir de réels impacts négatifs sur les capacités musculaires des enfants qui en sont atteints, mais que ces derniers peuvent être entraînés de façon sécuritaire en phase de continuation. Ces études présentent toutefois quelques limitations telles que le petit nombre de participants et le manque de représentation de tous les niveaux de risque. Une catégorie parfois sous-représentée est celle des enfants ayant une LLA à risque élevé, ceux qui reçoivent les traitements les plus intenses. Une autre limitation est le manque de groupes contrôles. Les chercheurs mentionnaient des considérations logistiques et éthiques les empêchant d’inclure un groupe contrôle. Il n’était pas faisable de faire déplacer à l’hôpital des enfants sur une période de deux ou trois mois, plusieurs fois par semaine sans que ceux-ci ne reçoivent l’intervention ni un quelconque bénéfice. Finalement, l’étude de San Juan et coll. (13) ainsi que celle de Perondi et coll. (12) ont été réalisées en phase de continuation. Il existe donc manque dans les connaissances sur les mécanismes causals et la chronologie des effets néfastes observés sur le déconditionnement de l’état musculaire d’enfants atteints de la LLA lors des premières phases de la chimiothérapie.

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Finalement, pour toutes les études présentées (3-9, 12, 13, 44) , une limitation est le manque la diversité dans les traitements. Certaines études admettent les personnes ayant reçu de la radiothérapie crânienne ou une greffe de moelle osseuse alors que certaines les excluent. Ces jeunes sont souvent exclus, car ces interventions présentent de hauts taux de complications. Il existe une corrélation entre la greffe de moelle osseuse et une sévère atrophie musculaire, telle que soulevée par San Juan et coll. (13). Néanmoins, ces jeunes potentiellement plus affectés physiquement, puisqu’ils reçoivent des modalités de traitements supplémentaires à la chimiothérapie, seraient potentiellement ceux ayant le plus besoin d’activité physique adaptée.

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