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4. Résultats des suivis de P. melanarius et des suivis de pucerons et d’auxiliaires

5.2. Activité-densité des carabes dans les cultures et les éléments non productifs

5.2.1. Cultures et éléments non productifs

Globalement sur l’ensemble de la période de suivi, l’activité-densité des carabes est aussi importante dans les cultures que dans les éléments non productifs. Ce résultat suggère que l’espèce P. melanarius

exploite de façon aussi importante ces deux types d’éléments dans la zone d’étude. Fournier et Loreau (1999) ont classé cette espèce comme préférant les milieux cultivés. Mais ils ont toutefois observé que

P. melanarius exploitait également les haies nouvellement plantées. Au cours de la saison, on observe

un pic d’activité-densité plus précoce dans les éléments non productifs que dans les cultures. Cela pourrait être expliqué par le pic d’émergences précoce dans la bande enherbée BE02. Le pic d’activité-densité du 8 juin dans les éléments non productifs coïncide en effet avec la date des émergences de cette bande enherbée. Cela pourrait également être lié au cycle biologique de P. melanarius. Les adultes ayant hiverné dans les éléments non productifs deviennent actifs à cette période.

L’activité-densité des carabes ne varie pas en fonction de la hauteur de végétation des éléments non productifs et des cultures. Elle est par contre positivement corrélée avec la température de jour au sol. L’absence d’effet de la hauteur de végétation est surprenante, la température au sol étant dépendante de la végétation en place (Girardin 1999 ; Honĕk & Jarošίk, 2000). La hauteur de végétation n’est peut-être pas le descripteur le plus adapté pour traduire la part de la structure de la végétation déterminant l’activité-densité. L’effet de la température de jour a été observé par (Honĕk, 1997), alors que (Thomas et al., 1998) n’ont pas trouvé de lien entre la température moyenne journalière et l’activité-densité de P. melanarius. L’évolution de la température au sol pendant la période de suivi est très similaire en moyenne dans les éléments non productifs et les cultures (Annexe IA). En effet, cette typologie des éléments paysagers n’étant pas basée sur le type de couvert végétal, elle ne permet pas de refléter des différences de microclimats résultant de l’interaction du climat avec le couvert. Moyennée sur des éléments de paysages très divers en termes de couvert, les variations de température ne reflètent que les variations climatiques sur la zone. La corrélation positive entre l’activité-densité et les températures au sol ne traduisent donc qu’un effet de l’évolution saisonnière du climat.

5.2.2. Eléments non productifs

Malgré des physionomies de couvert végétal différentes (et certainement des microclimats associés différents), l’activité-densité des carabes est comparable sur l’ensemble de la saison dans les bandes enherbées, les haies et les bords de champs herbeux. D’ailleurs, au sein de chaque élément, l’activité-densité des carabes ne varie pas en fonction de la hauteur de végétation ou de la température au sol dans ces éléments. Au cours de la saison, les éléments à végétation herbacée dominante – les bandes enherbées et les bords de champs herbeux - présentent des pics d’activité-densité plus précoces en comparaison des haies. Cela pourrait traduire une utilisation décalée dans le temps des différents types d’éléments non productifs. Les carabes sont également actifs plus longtemps dans les bords de champs herbeux et les haies en comparaison des bandes enherbées. Ce résultat pourrait être lié à la fauche de la bande enherbée BE02 la semaine du 15 juin. La fauche peut en effet modifier d’autres ressources, peut-être plus pertinentes pour ce carabe que le microclimat, comme l’humidité, l’intensité lumineuse ou la quantité de proies.

5.2.3. Les différents types de cultures

Dans les cultures, l’activité-densité des carabes est aussi importante dans les cultures avec un couvert dense que dans les cultures avec un couvert en développement sur l’ensemble de la période de suivi. L’activité ne varie pas en fonction de la hauteur du couvert végétal dans les cultures contrairement à l’hypothèse posée. Si on compare l’évolution de la température au sol dans les deux types de cultures, il y a effectivement des températures plus élevées dans les cultures à couvert en développement quasiment tout au long de la période de suivi. Cet écart de température reste de plus relativement constant au cours de la saison quelque soit l’évolution des couverts (Annexe IB) Toutefois, les variations de température au cours de la saison sont très supérieures aux variations de températures entre couvert. Par conséquent, la relation positive observée entre l’activité-densité et la température au sol traduit probablement davantage cet effet de l’évolution saisonnière du climat que celui du microclimat lié au couvert. Il faudrait pouvoir prendre en compte dans les covariables l’évolution de la température ambiante sur l’ensemble de la zone d’étude pour pouvoir distinguer l’effet du microclimat de celui du climat. Les données climatiques collectées sur la ZA permettront de réaliser ce type d’analyse.

D’autres facteurs pourraient expliquer l’activité-densité similaire dans les cultures avec couvert dense et les cultures à couvert en développement. La végétation pouvant entraver les mouvements des carabes (Honĕk & Jarošίk, 2000 ; Thomas et al., 2006), une faible densité de végétation dans les cultures de maïs pourrait se traduire par une activité plus importante. Il se pourrait également que ces cultures présentent moins de proies disponibles pour l’espèce modèle. Or l’état de satiété est un facteur influençant l’activité-densité (Fournier & Loreau, 2001). Les individus affamés de l’espèce P.

melanarius sont plus actifs que les individus repus. Ainsi l’activité-densité similaire dans les deux

types de cultures peut ne pas traduire une densité similaire dans les deux habitats.

Au cours de la période de suivi, l’évolution de l’activité-densité dans les différentes cultures semble également infirmer l’hypothèse d’une relation entre les états des couverts végétaux et l’activité-densité dans les cultures. Les cultures à couvert en développement (maïs) présentent en particulier un pic d’activité supplémentaire et précoce en comparaison des cultures à couvert dense (blé, orge et pois). Pourtant la végétation est très basse dans les maïs à cette période. Ce pic est principalement lié à une très forte activité dans le maïs MA02 en comparaison des autres maïs. Ces trois parcelles ayant des émergences similaires et très faibles, les individus présents proviennent donc principalement des éléments adjacents. Cela semble suggérer que l’environnement des maïs joue un rôle important sur l’activité-densité des carabes au sein de ces cultures. En particulier, le MA02 est voisin de la bande enherbée BE02, qui exprime une activité-densité importante et est très productive en jeunes carabes adultes. Le maïs MA02 est également adjacent au bord de champ herbeux BO08, qui présente une forte activité-densité.

Les principales différences d’activité-densité sont observées entre le blé et les autres cultures. Bien que le blé soit caractérisé par un couvert dense dès le début de la saison, l’activité-densité y est particulièrement réduite en comparaison de l’orge, du pois, et des maïs. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce résultat. Les faibles émergences en 2010, ou les faibles échanges avec le pois et les éléments non productifs adjacents peuvent être responsables en partie d’une activité-densité faible. L’évolution de l’activité-densité dans les cultures d’hiver présente un unique pic. Celle des cultures de printemps en présente deux. Peut-être que la végétation des cultures d’hiver séchant, elles n’offrent plus les conditions microclimatiques appropriées, ce qui avait d’ailleurs été montré sur les données de 2009 (Puyo, 2009).

Trois traitements insecticides ont été réalisés dans la culture de pois cette année. La première n’appartient pas à la période de suivi traité dans ce mémoire (8 avril 2010). Les traitements du 29 mai et du 16 juin ne semblent pas avoir affecté l’activité-densité des carabes dans cette parcelle (Figure n°7C, p.32). On peut supposer une recolonisation rapide de la parcelle traitée depuis les alentours ne nous ayant pas permis de détecter un effet de l’insecticide. Il serait donc intéressant de regarder par la suite, l’effet de ces pratiques sur les échanges aux interfaces de cette parcelle dans les jours qui ont suivi les épandages.

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