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Les actions de prévention du surpoids et de l’obésité à l’adolescence

1.2.1De la prise de conscience des politiques publiques…

La prévention du surpoids et de l’obésité est devenue un enjeu majeur de santé publique tant sur le

plan étiologique que sur le plan économique au niveau national, européen et international.

Lors de la première conférence internationale pour la promotion de la santé, en 1986, La charte

d’Ottawa a été adoptée [36]. Encore aujourd’hui une référence dans ce domaine, cette charte définie

la promotion de la santé comme ayant pour but de donner aux individus davantage de maîtrise de

leur propre santé et davantage de moyens de l'améliorer. Pour cela, elle a proposé 5 axes

stratégiques majeurs :

o Elaborer une politique publique saine ;

o Créer des milieux favorables ;

o Renforcer l’action communautaire ;

o Acquérir des aptitudes individuelles ;

o Réorienter les services de santé.

En 2000, l’OMS adoptait le premier plan d’action pour l’alimentation et la nutrition pour la région

européenne 2000-2005 qui demandait l’élaboration de politiques alimentaires et nutritionnelles

dans les états membres [60]. La charte européenne de l’OMS sur la lutte contre l’obésité a été

adoptée à Istanbul en novembre 2006. En septembre 2007, l’OMS instaure un deuxième plan

d’action 2007-2012 fixant 4 buts sanitaires, dont l’inversement de la tendance en matière d’obésité

parmi les enfants et les adolescents, et 5 buts nutritionnels (recommandations pour la

consommation journalière par groupe d’aliments) [61] :

o 4 buts sanitaires :

o Réduire la prévalence des maladies non transmissibles liées au régime alimentaire ;

o Inverser la tendance en matière d’obésité parmi les enfants et les adolescents ;

o Réduire la prévalence des carences en micronutriments ;

o 5 buts nutritionnels :

o Apport énergétique journalier provenant d’acides gras saturés inférieur à 10% ;

o Apport énergétique journalier provenant d’acides gras saturés trans (produits de

l’hydrogénation industrielle partielle des acides gras insaturés contenus dans les huiles

végétales) inférieur à 1% ;

o Apport énergétique journalier provenant de sucres libres inférieur à 10% ;

o Consommation journalière d’au moins 400 grammes de fruits et légumes ;

o Consommation journalière de sel inférieure à 5 grammes.

Dans les années 90, début de la mobilisation européenne pour lutter contre l’obésité, le Conseil

Européen a pris des résolutions et formulé des conclusions dans le domaine de la nutrition,

notamment la résolution du 3 décembre 1990 concernant une action communautaire sur la nutrition

et la santé. En 2005, la commission européenne a présenté un livre vert sur l’alimentation et l’activité

physique [62] exposant ses premières idées sur une stratégie d’ensemble de lutte contre l’obésité. En

2007, un livre blanc proposait une stratégie européenne pour les problèmes de santé liés à la

nutrition, la surcharge pondérale et l’obésité [37]. Cette stratégie prévoit entre autre d’améliorer

l’information des consommateurs, de rendre l’alimentation saine plus accessible, d’encourager

l’activité physique, de mener des actions ciblées sur les groupes et environnements prioritaires,

d’impliquer des acteurs privés, de développer la recherche sur l’obésité et de développer l’évaluation

des programmes d’action. Néanmoins, les moyens d’actions de la communauté européenne sont

limités. Ses actions peuvent seulement appuyer ou compléter les mesures adoptées par les états

membres, la responsabilité principale relevant de ces derniers.

L’action de la France en ce domaine a pris la forme d’un premier Programme National Nutrition

Santé (PNNS) dès janvier 2001 ayant pour objectif général l’amélioration de l’état de santé de

l’ensemble de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition [38]. Neuf

objectifs nutritionnels prioritaires en terme de Santé Publique ont été définis dont celui de réduire

de 20 % la prévalence du surpoids et de l'obésité (IMC > 25 kg/m²) chez les adultes et interrompre

l’augmentation de la prévalence de l’obésité chez les enfants et les adolescents. Pour cela, 6 axes

stratégiques sont proposés [38] :

o Informer et orienter les consommateurs vers des choix alimentaires et un état nutritionnel

satisfaisant, éduquer les jeunes et créer un environnement favorable à une consommation

alimentaire et un état nutritionnel satisfaisant ;

o Prévenir, dépister et prendre en charge les troubles nutritionnels dans le système de soins ;

o Impliquer les industriels de l’agro-alimentaire et la restauration collective ainsi que les

consommateurs au travers des associations de consommateurs et de leurs structures

techniques ;

o Mettre en place des systèmes de surveillance alimentaire et nutritionnelle de la population ;

o Développer la recherche en nutrition humaine : recherches épidémiologiques,

comportementales et cliniques ;

o Engager des mesures et actions de santé publique complémentaires destinées à des groupes

spécifiques de population.

Ce premier PNNS (PNNS1) a établi un socle de repères nutritionnels validés scientifiquement par les

experts réunis par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) constituant

désormais la référence française officielle pour tous mais aussi pour des groupes particuliers

notamment celui des adolescents. Ces repères nutritionnels ont également été promus notamment

grâce à un effort massif de communication par le biais de guides et de campagnes de communication

de grande ampleur [38]. En 2006, un deuxième PNNS prolongeant, précisant et renforçant les axes

du PNNS1 a été lancé pour 5 ans (2006-2010). En 2011, une troisième version du PNNS a été publiée

pour les années 2011-2015 [63]. Ce nouveau PNNS reprend les principaux objectifs des deux

précédentes versions mais s’intéresse également à une nouvelle problématique de santé que sont les

inégalités sociales. Ses objectifs et sa stratégie ont été élaborés en étroite collaboration avec le

« Plan Obésité 2010-2013 » [63] et avec le Programme National pour l’alimentation (PNA) [64]. Le

Plan Obésité complète le PNNS3 en organisant le dépistage et la prise en charge des personnes en

surpoids ou obèses et en apportant une dimension plus importante à la recherche. Ce Plan a

notamment pour objectifs de [63] :

o faciliter l'application des recommandations existantes en améliorant l'alimentation scolaire, la

restauration collective et la restauration solidaire,

o favoriser l'activité physique pour la santé à l'école,

o organiser d'ici 2012 le dépistage de l'obésité chez l’enfant et une prise en charge de qualité

sur tout le territoire, y compris l'outre-mer,

o charger les agences régionales de santé de décliner localement le plan de lutte contre

l’obésité,

Le PNA a lui pour objectifs [64] :

o de faciliter l’accès à tous à une alimentation de qualité,

o d’améliorer l’offre alimentaire,

o d’améliorer la connaissance et l’information sur l’alimentation,

o de préserver et promouvoir le patrimoine alimentaire et culinaire français.

La mise en évidence d'une augmentation particulièrement importante de la prévalence de l'obésité

chez les adolescents [1-4] a donc mobilisé les autorités de santé et l’ensemble des acteurs -y compris

économiques-, conduisant à une réflexion approfondie sur les stratégies de prévention et de prise en

charge. Mais qu’en est-il concrètement sur le terrain auprès des adolescents ?

1.2.2… Aux actions de terrain auprès des adolescents

L’adolescence est une période particulière de la vie pendant laquelle les individus vont acquérir

progressivement de l’autonomie, s’opposer à leurs parents et expérimenter. L’influence de ces

comportements ainsi que la publicité et l’environnement socioculturel dans lequel ils évoluent ont

une influence sur leurs comportements nutritionnels [65]. En 2002, le baromètre santé estimait que

15,9% des 12-17 ans avaient parlé de leur alimentation avec leur médecin lors d’une consultation. De

plus, si le lien entre alimentation et croissance est bien connu des adolescents, le lien entre

alimentation et pathologies (cancer, maladies cardiovasculaires…) l’est beaucoup moins [65]. Dans ce

contexte, il semble donc primordial de prévenir les comportements nutritionnels à risque pour la

santé chez les adolescents et de leur apporter une éducation à la santé afin qu’ils puissent acquérir

de bonnes connaissances nutritionnelles pour à terme adopter des comportements nutritionnels

sains. En matière de prévention et d’éducation à la santé à l’adolescence, l’école est une instance

privilégiée :

o L’École a la responsabilité particulière, en liaison étroite avec les familles, de veiller à la santé

des adolescents qui lui sont confiés et de favoriser le développement harmonieux de leur

personnalité. L’éducation à la santé à l’École doit ainsi répondre à la fois aux enjeux éducatifs,

aux enjeux actuels de santé publique et plus largement aux enjeux sociétaux, mais doit aussi

être adaptée aux attentes et aux besoins des adolescents ;

o La prévention et l’éducation à la santé font partie intégrante de ses missions (circulaire

98-108 [66]). La circulaire 98-98-108 définit une nouvelle politique menée par le ministère de

l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie se fondant sur une approche

positive qui se traduit par une valorisation des capacités des adolescents et leur participation

active à la vie de l’établissement. Cette approche doit leur permettre d’opérer des choix

favorables à leur santé, leur bien-être et leur épanouissement ;

o Les adolescents passent beaucoup de temps à l’école (rythme scolaire soutenu comprenant

entre 30 et 40 heures de cours par semaine), et plus de 67% des adolescents mangent à la

cantine scolaire [67].

En 1990, des comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) ont donc été créés. Ces

comités sont des instances de réflexion, d'observation et de proposition qui conçoivent, mettent en

œuvre et évaluent un projet éducatif en matière d'éducation à la citoyenneté et à la santé et de

prévention de la violence, intégré au projet d'établissement. Ces comités ont montré leur efficacité

en matière de fédération d’actions de prévention auparavant dispersées et sans cohérence, de

mobilisation des adultes et des adolescents de la communauté scolaire autour d’objectifs clairs, de

renforcement d’un partenariat efficace et d’amélioration du climat et des relations entre adultes et

adolescents [68]. Néanmoins, aucune stratégie standardisée de prévention et d’éducation à la santé

n’est établie. Chaque établissement scolaire est donc libre de définir sa stratégie et aucun moyen

n’est réellement mis en œuvre pour évaluer l’impact de ses actions sur les comportements

nutritionnels des adolescents. En Lorraine, un programme académique nutrition santé a été proposé

entre 2003 et 2006. Ce projet avait pour objectif clair de prévenir la surcharge pondérale en

modifiant les habitudes alimentaires, en augmentant les activités physiques au quotidien et en

valorisant des environnements nutritionnels favorables. Ce projet a abouti notamment à la création

d’une mallette pédagogique utilisable par les professionnels des lycées abordant autant les apports

alimentaires que les dépenses énergétiques. Elle est composée de cinq éléments : livret de

connaissances, document pour les parents, plaquette de communication, fiches professionnelles et

fiches d’activités nutritionnelles. Dans son dernier projet académique (2010-2013), l’académie

Nancy-Metz a clairement affiché sa volonté de promouvoir la santé nutritionnelle des élèves par des

actions d’éducation à la nutrition, de prévention et de lutte contre l'obésité, en améliorant le

dépistage de la surcharge pondérale, en encourageant une politique nutritionnelle dans les projets

d'école et d'établissement [69].

Outre l’aspect scolaire, de grandes campagnes de communication ont été réalisées dans le cadre du

PNNS. Des outils reprenant les recommandations du PNNS en matière de nutrition (site internet,

guides, posters…) à destination des adolescents ont été créés et peuvent être utilisés par les

adolescents, les professionnels d’éducation à la santé ou encore les professionnels des lycées

[70-72]. Les nombreux messages de prévention véhiculés dans le cadre du PNNS dans les médias peuvent

également aider les adolescents à adopter des comportements sains. Néanmoins, l’impact de cette

campagne de communication sur les connaissances et les comportements nutritionnels n’est pas ou

que très peu exploré chez les adolescents.

Il devient donc aujourd’hui indispensable d’apporter des éclairages sur l’efficacité comparée des

interventions visant à renforcer la culture de prévention et à valoriser le capital santé, ainsi que celles

visant à améliorer la prise en charge par les professionnels de santé et par les équipes éducatives

pour leur permettre de relayer les messages à visée préventive en tenant compte de la particularité

de cette période de la vie qu’est l’adolescence. La recherche en promotion de la santé peut apporter

les preuves nécessaires aux différents décideurs en testant de façon expérimentale, par une

méthodologie rigoureuse, l’impact de différentes stratégies d’intervention susceptibles d’être

efficaces sur l’état nutritionnel des adolescents et en prenant en compte les facteurs psychologiques

et sociologiques qui peuvent constituer des freins ou au contraire des éléments de succès pour de

telles interventions [12-15].

1.2.3…A la recherche en promotion de la santé et en santé publique

Le système de santé est un système complexe : les relations entre les problèmes de santé et les

interventions susceptibles de les résoudre sont en partie entachées d’incertitudes et les règles

économiques d’allocation des ressources ne s’appliquent pas. Dans ce contexte, l’évaluation apparaît

comme un des meilleurs moyens de répondre aux besoins d’information des décideurs qui doivent

justifier leurs choix auprès de publics de plus en plus exigeants [73]. Evaluer consiste à porter un

jugement de valeur sur une intervention en mettant en œuvre un dispositif permettant de fournir

des informations scientifiquement valides et socialement légitimes sur une intervention ou sur

n’importe laquelle de ses composantes de façon à ce que les différents acteurs concernés, qui

peuvent avoir des champs de jugement différents, soient en mesure de prendre position sur

l’intervention et de construire un jugement qui puisse se traduire en action [74]. Les informations

produites par une évaluation peuvent résulter de la comparaison entre des observations et des

normes (évaluation normative) ou s’élaborer à partir d’une démarche scientifique (recherche

évaluative). La recherche évaluative est devenue une démarche incontournable reposant sur une

démarche scientifique. Elle vise à analyser la pertinence, la logique, la productivité, les effets et le

rendement d’une intervention explicite, ainsi que les relations entre l’intervention et le contexte

dans lequel elle se situe, l’intervention étant définie comme un système organisé d’actions visant,

dans un environnement donné, durant une période donnée, à modifier le cours prévisible d’un

phénomène pour corriger une situation problématique [74]. Les finalités possibles sont :

o Produire de la connaissance sur une intervention en phase de développement (évaluation

cognitive) ;

o Améliorer une intervention en cours (évaluation formative) ;

o Porter un jugement final sur une intervention mise en place (évaluation sommative).

La recherche évaluative peut se décomposer en six types d’analyse qui font appel à des stratégies de

recherche différentes [74] :

o L’analyse stratégique permet d’apprécier la pertinence de l’intervention ;

o L’analyse logique, la cohérence de l’intervention (bien-fondé et validité opérationnelle) ;

o L’analyse de la productivité, l’efficience technique (ou productivité) ;

o L’analyse du rendement, l’efficience globale (ou rendement) ;

o L’analyse des effets, l’efficacité et l’impact ;

o L’analyse de l’implantation, l’appréciation des interactions entre le processus de l’intervention

et le contexte d’implantation dans la production des effets.

L’analyse des effets s’attache à évaluer l’influence des services (ou des activités) sur les états de

santé. Elle consiste à mesurer l’efficacité de l’intervention, c'est-à-dire le rapport entre les services

(activités) produits et les effets, qui traduit la capacité de l’intervention à modifier les états de santé.

Le concept d’efficacité doit aussi être qualifié en fonction du contexte dans lequel la recherche est

menée et de la méthodologie utilisée [74] :

o L’efficacité théorique est celle de la recherche en laboratoire : l’environnement est

entièrement contrôlé ;

o L’efficacité clinique, ou d’essai, est mesurée dans les essais randomisés et tient compte des

variations inter-individus ;

o L’efficacité d’utilisation, ou pragmatique, est observée en milieu naturel ; elle concerne tous

ceux qui ont bénéficié de l’intervention et se distingue de l’efficacité d’essai en tenant compte

des variations dans les comportements des utilisateurs et des professionnels en matière

d’observance et en ne sélectionnant ni les patients ni les professionnels ;

o L’efficacité populationnelle concerne l’ensemble de la population cible et tient compte de

l’accessibilité, de l’acceptabilité de l’intervention et du degré de couverture de population.

Les méthodes utilisées pour analyser l’efficacité sont nombreuses. Les approches de nature

épidémiologique sont appropriées pour apprécier la logique causale d’estimation des effets.

L’approche habituellement utilisée est celle de la recherche expérimentale [75].

Parmi les méthodes d’évaluation de l’impact d’une ou de plusieurs interventions, l’essai contrôlé

randomisé représente la méthode de référence, l’essai avec randomisation individuelle étant la plus

classique. L’essai contrôlé randomisé permet en effet d’évaluer l’impact d’une ou de plusieurs

interventions à l’aide d’une comparaison directe avec un groupe ne recevant pas la ou les

interventions. Toutefois, si les essais avec randomisation individuelle sont les plus classiques, ils sont

rarement adaptés à l’évaluation des programmes dans le domaine de la promotion de la santé. En

effet, dans les programmes de promotion de la santé, l’objectif est d’évaluer une intervention en

situation réelle en prenant en compte les aspects collectifs de l’adoption des comportements et de

faire ainsi la démonstration de la capacité de généralisation de cette intervention. Les essais avec

randomisation collective (ou essais avec randomisation en grappes ou en clusters), où des groupes

de sujets (ou grappes) plutôt que des individus sont affectés de façon aléatoire à une intervention,

sont donc souvent préférés aux essais avec randomisation individuelle pour l’évaluation de

programmes de promotion de la santé. D’autres arguments sont en faveur de la randomisation

collective pour ce type de programme [76,77] : il est plus facile de convaincre les décideurs de la

faisabilité et de l’efficacité des programmes de promotion de la santé lorsque la visée est collective,

elle permet d’éviter certaines considérations éthiques puisque l'intervention cible un ensemble de

sujets donc le consentement individuel pour prendre part à l'étude et recevoir l'intervention n'est

pas applicable (ex : une intervention consiste à afficher les repères nutritionnels dans la restauration

scolaire en ciblant les adolescents), elle est plus « facile » et moins coûteuse à organiser et elle

permet de minimiser les biais de contamination qui pourrait intervenir en cas de randomisation

individuelle (ex : un essai à randomisation individuelle a pour objectif d’évaluer une intervention

versus aucune intervention mise ne place par un médecin, il est difficile de concevoir qu’un médecin

puisse appliquer l’intervention à un sujet et puisse en faire abstraction pour un sujet ne devant pas

en bénéficier). Néanmoins, les conséquences au niveau statistique d’un essai avec randomisation en

grappes sont importantes [78,79] :

o Corrélation des données : les grappes sont constituées de sujets qui ne peuvent être

considérés comme indépendants les un des autres. En effet, les résultats observés chez deux

sujets d’une même grappe (ex adolescents d’un même lycée) ont tendance à plus se

ressembler que si ces résultats étaient associés à deux sujets provenant de deux grappes

différentes. Il existe une hiérarchie des données.

o Augmentation du nombre de sujets nécessaire : L’information apportée par un échantillon de

n sujets répartis en k clusters est moindre que s’il s’agit de n sujets indépendants et cette

perte de puissance statistique doit être compensée par une augmentation du nombre de

sujets à inclure. Le nombre de sujets nécessaire doit être augmenté par un facteur d’inflation

correspondant à (1+(m-1) x ρ) où m est la taille moyenne des grappes et où ρ est le coefficient

de corrélation intra-classe égal à la part de la variance inter-grappe dans la variance du critère

de jugement.

o Analyses spécifiques : Ne pas tenir compte de la corrélation des données (donc du coefficient

de corrélation intra-classe) au moment de l’analyse entraîne une augmentation du risque de

première espèce, c’est-à-dire de conclure à tort à l’existence d’une différence significative

d’effet de l’intervention, et diminution de l’étendue de l’intervalle de confiance. Les

conclusions de l’étude pourraient alors être erronées [80,81].

De plus, lorsqu’on réalise un essai randomisé, malgré toute la vigilance des investigateurs, il n’est pas

impossible d’avoir quelques sujets inclus à tort, des sujets qui arrêtent prématurément l’essai, des

sujets ne recevant l’intervention conformément à ce qui était prévu… Même si l’objectif de tous les

intervenants de la recherche est de limiter de tels cas, la question de l’analyse à réaliser est

récurrente. Différentes solutions sont possibles (Figure 7) [82] :

o L’analyse en intention de traiter (ITT) qui consiste à prendre en compte tous les sujets de

l’essai, quel que soit leur écart au protocole d’intervention ;

o L’analyse per protocole (PP) qui consiste à prendre en compte uniquement les sujets en

parfaite conformité avec le protocole d’intervention ;

o L’analyse en traitement reçu (TR) qui consiste à prendre en compte les sujets en fonction de la

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