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2. Statut et programmes de conservation des ours bruns cantabriques

2.4. Autres acteurs de la conservation

L’un des objectifs des plans de conservation de l’espèce est « d’encourager la participation des institutions et des organismes de recherche scientifique à l’application du plan ». Dans ce cadre, plusieurs organisations locales se sont développées au cours des dernières décennies. Les trois fondations mentionnées ci-dessous sont indépendantes et reposent en grande partie sur les actions des bénévoles tandis que les institutions publiques bénéficient de l’appui des Communautés Autonomes. Il n’existe pas réellement de collaboration entre les trois fondations et les institutions publiques et les mêmes travaux de recherche sont souvent menés par plusieurs équipes de manière non coordonnée, ce qui explique parfois les désaccords entre les résultats publiés, notamment en ce qui concerne l’évolution démographique de la population.

2.4.1. La Fondation Ours Brun (Fundación Oso Pardo)

La FOP est une organisation non gouvernementale créée en 1992 pour contribuer à l’étude et à la conservation des ours brun espagnols dans leur habitat naturel et leur environnement culturel. Elle est composée d’une dizaine de scientifique, d’une équipe de gardes sur le terrain et de bénévoles. Ils œuvrent pour la restauration des habitats d’intérêts avec le programme « Habitat » (mise en place de passages fauniques, plantations, acquisition de zones d’intérêts), la recherche appliquée à la gestion au travers du programme « Ursus » (suivi des populations, études comportementales), la lutte contre le braconnage avec le programme « Chasse et Ours » (collaboration avec les chasseurs pour améliorer leur cohabitation avec les ours et contrôler les populations de sanglier) et l’éducation environnementale du public dans le cadre du programme « Empreinte ». La FOP participe également à l’exécution des projets LIFE.

2.4.2. La Fondation Ours d’Asturies (Fundación oso de Asturias)

La FOA est une fondation privée à but non lucratif fondée en 1992 dans le but de promouvoir, développer et participer aux activités de conservations des ours bruns et de leur habitat. Elle

est financée en partie par les dons des adhérents et agit dans les domaines de la sensibilisation du public et de la recherche scientifique, notamment au travers de la maison de l’Ours et du Parc des Ours qui héberge deux spécimens dans un but éducatif. Les principaux donateurs font partie du bureau dirigeant et sont des entités publiques et privées basées en Asturies (gouvernement de la Principauté des Asturies, HC Energia, DuPont Iberica, Sociedad Anonima de Trabajos y Obras, Aguas de Fuensanta, Aceralia, Fundacion Principe de Asturias). Une dizaine d’autres entreprises de la région participent également au financement de projets concrets. Le budget voté pour l’année 2015 s’élève à 310 000 euros.

2.4.3. La Fondation Asturienne pour la Protection de la Faune Sauvage (Fondo Asturiano para la Protección de los Animales Salvajes)

La FAPAS est une ONG fondée en 1982 pour protéger la population de vautours de Picos de Europa et qui se dédie aujourd’hui à la conservation des écosystèmes et de la faune cantabrique au travers d’actions sur le terrain. Les projets concernant les ours sont nombreux : suivi de population, restauration de l’habitat, plantations d’arbres fruitiers, éducation environnementale, évaluation de l’impact du retrait des charognes, collaboration avec les chasseurs, assistance à l’élevage en zone de montagne. Elle est composée de 10 salariés à temps plein et mobilise en moyenne une quarantaine de bénévoles et une quinzaine d’étudiants chaque année. Près de la moitié de son financement est assuré par des entreprises privées (Acusmed, HC Energia, Carrefour, Central Lechera Asturiana, Fluor,Mira Natura, Martin Codax, Red Electrica de España), un tiers par des fondations (Obra Social, Caja España, Fundacion Biodiversidad, Fundacion Banco Santander, Cajastur, fundacion Alimerka, Obra Social Caixa Cataluña, Euronatur), 15 % par les cotisations des 20 000 adhérents et 8 % par les Administrations publiques (Ministère de l’environnement, du milieu rural et maritime, Chambre de l’environnement, de l’organisation du territoire et des installations des Asturies et Municipalité d’Oviedo),

2.4.4. Les institutions publiques :

Le CSIC (Consejo Superior de Investigacion Cientifica ou Conseil supérieur de recherche scientifique) et l’EBD (Estacion Biologica de Doñana ou station biologique de Doñana) contribuent à de nombreuses études sur les ours cantabriques, notamment au travers de la convention spécifique de collaboration avec la Principauté des Asturies signée pour une période de 3 ans (2007-2010) pour l’étude de l’évolution démographique de la population d’ursidés en Cantabrie, l’identification de couloirs de communication entre les sous- populations et l’analyse des dommages causés par l’espèce à l’encontre de l’agriculture et de l’élevage dans les Asturies.

L’Université d’Oviedo participe également à la recherche sur les ours bruns dans le cadre de l’accord spécifique signé avec la Principauté des Asturies pour l’individualisation génétique à partir d’échantillons collectés de manière non invasive et son application à la gestion des espèces en danger d’extinction dans la cordillère cantabrique. De même l’Université de León collabore avec les institutions dans de nombreux projets scientifiques sur l’espèce. Au travers de la recherche, ces institutions permettent une meilleure connaissance de l’espèce et donc une gestion plus efficace de sa conservation.

En conclusion, les ours cantabriques bénéficient donc d’un statut de protection élevé, règlementé au niveau international, national et régional. Toutefois, pour être efficaces, les textes doivent être suivis de mesures concrètes sur le terrain. La mise en application des objectifs de conservation de l’espèce s’appuie sur les opérations des pouvoirs publics mais également sur les actions des organisations indépendantes. Dans ce contexte, les deux

principaux axes de travail concernent la qualité et la connectivité de l’habitat et la réduction des conflits avec les communautés rurales.

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ROISIEME PARTIE

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TUDE SPATIALE ET QUALITE DE L

HABITAT DES OURS CANTABRIQUES

La perte et la fragmentation des habitats naturels et leurs effets sur la faune et la flore ont une importance mondiale (Bennet, 2003) ; ce sont les menaces les plus importantes pour la plupart des espèces vivant dans les zones tempérées et la principale cause de perte de biodiversité en Europe (Wilcove et al, 1986). Cet effet est particulièrement néfaste pour les espèces évoluant sur de grands territoires. La fragmentation du paysage est, conjointement à la mortalité induite par les activités humaines, la principale cause du déclin de nombreuses populations d’ours bruns (Swenson et al, 2000), en particulier celles du Sud-Ouest de l’Europe qui évoluent dans des régions hautement humanisées, dont la population cantabrique.

1. Définition de la fragmentation du paysage, notions de corridors écologiques et