• Aucun résultat trouvé

2   DE  L’ACCOMPAGNEMENT  AU  COACHING

2.1   R ELATION  D ’ ACCOMPAGNEMENT  ET  COACHING

2.1.1   Accompagner  et  accompagnant  :

Accompagner, accompagnateur, accompagnant représentent des termes proches et pourtant faisant référence à des actions différentes. En ce sens, nous nous référons à l’origine sémantique d’accompagnant.

- Le radical com-, désigne «avec» et en particulier le rapport, la relation et la réunion de personnes. Une idée temporelle et de noyau ainsi que la manière d’effectuer une action sont aussi à retenir dans la composition étymologique du verbe accompagner.

- - pagn- : a pour origine latine ; panis : pain. S’apparentant également à pascere:

nourrir. Symbolise le partage et par extension la nourriture, la substance.

Com- et pagn, mis l’un avec l’autre adonné «compain»: soldat qui partage la même ration de pain. Et com-pagnis / compagnon «celui qui vit et partage ses actions avec quelqu’un». Le Dictionnaire Historique de la Langue Française (1995) souligne l’évolution du verbe accompagner signifiant tout d’abord «prendre compagnon», vers le sens «action d’accompagner» développé depuis le XIIè siècle.

Le mot accompagnement prend différentes formes au fil du temps en lien avec l’idée du mouvement et de la mobilité : se déplacer avec quelqu’un et se déplacer à côté. Selon Paul (2004) la notion d’accompagnement fait référence à trois «traditions» d’accompagnement qu’il convient de préciser :

11 - Thérapeutique. Le premier précepte du serment d'Hypocrate est "premièrement ne pas nuire". L'important est de mobiliser les ressources (le "répondant") de la personne face à un dysfonctionnement passager et non de se substituer à elle en lui fournissant le remède.

- Maïeutique, chez Socrate et Platon. "Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les Dieux". Le but est d'aider les hommes à "accoucher d'eux-mêmes". Il faut chercher à mobiliser les ressources de la personne en la mettant en contact avec son intériorité. Le rôle tenu est simplement celui de facilitateur en s'appuyant sur sa propre expérience. Au travers d'un dialogue, les deux personnes cherchent ensemble et se révèlent réciproquement.

- Initiatique. Le but de l'accompagnement initiatique est le changement de statut par le biais de rites de passage. La personne accompagnée passe du statut de passif à celui d'actif, c'est-à-dire comme membre actif de sa communauté Paul (2004).

Les métiers de l’accompagnement sollicitent des concepts de pratiques pas toujours unifiées Paul (2004). En ce sens, nous retrouvons : le conselling ou counselling, le parrainage, le compagnonnage, le tutorat, la médiation, le coaching et le mentoring. De ces fonctions, c’est le mentoring qui se trouve le plus proche du coaching. Par ailleurs, certains traduisent l’anglicisme coaching par mentorat. C’est pourquoi il nous semble important de nous arrêter sur le terme de mentorat.

L’origine étymologique de ce mot vient de la Grèce : Mentor était le vieil ami et conseiller d’Ulysse. Sa signification renvoie à «celui qui est capable de fournir un support et de faciliter les rêves de son protégé» (Totchilova-Gallois etLévêque, 2002, p. 155). Pour se faire, le mentor revêt différentes postures: patron, guide, exemple, professeur, coach, confident, il développe les compétences et les aptitudes intellectuelles du mentoré. Selon le Grand Dictionnaire de Terminologie Québécois, le terme de «mentor» désigne une personne qui fournit volontairement une aide personnelle et à caractère confidentiel à une personne moins expérimentée, à titre de guide, de conseiller et de modèle, et qui partage avec celle-ci son vécu, son expertise et sa vision. La sagesse qui découle de l'expérience du mentor contribue à former le jugement de son mentoré. Le mentor s’utilise pour accompagner un tiers en position basse, vers un état qu’il connaît de par son expérience et sa connaissance de l’intérieur. Dans nombre de grandes entreprises ou de grandes écoles, on peut retrouver cette fonction de mentor ou tuteur.

Son rôle sera d’apporter un soutien nécessaire à la prise de fonction et à l’appropriation de la culture de l’entreprise, à la connaissance des ficelles du métier.

12 2.1.2 Le  coach  à  travers  l’histoire,  et  l’évolution  de  sa  pratique  

Le vocable de coach est de nos jours associé à une fonction de conseil dans des domaines en lien avec la vie privée ou professionnelle. Pour s’en convaincre, il suffit de taper sur Google le terme de coach pour avoir 794'000'000 réponses. Ces réponses illustrent l’étendue d’actions, de contextes et de champs que recouvre ce terme. L’éventail des réponses avancées par ce méta moteur de recherche est de plusieurs ordres : offre de formations (organismes de formation, école, littérature), offre de prestations de coach privé ou professionnel. Il est d’ailleurs pertinent de constater la segmentation des domaines d’intervention des coachs. Le terme coach précédant le domaine d’activité, nous pouvons ainsi trouver des coachs sportifs, des coachs love, des coachs ados, des coachs mariage, des coachs manager, des coachs-conseils.

Il semble évident que ce terme soit galvaudé, subissant un effet de mode et qu’il convienne de retourner à son origine afin d’en connaître les contours de manière plus précise.

Selon Le Petit Robert (2012), coach est un mot anglais, apparu en 1888, désignant une diligence, un coche. Le mot «coche», qui vient du mot Kosci, semble être apparu en Hongrie, vers 1545.

Kosci viendrait du nom du lieu de Kocs au nord-est de la Hongrie et serait le lieu d’un poste de relais pour les voyageurs en diligence. Coach a pris progressivement au cours du temps le sens de véhicule et celui d’entraineur ; entraîner venant de «en-traîner» (XIIe siècle), en anglais, to train (1828). Entraîner prend ici la forme de celui qui prépare une personne, préparer un sportif en lui proposant des exercices spécifiques par exemple. Par extension, le mot entraîner prend la forme de «faire l’apprentissage de», entraîner un sportif, c’est former une personne à un sport.

L’entraîneur sportif est le plus souvent une personne qui de par ses expériences antérieures a été capable d’effectuer des grandes performances. Il peut de la sorte conduire un champion vers la réussite en lui disant ce qu’il doit faire, en lui prodiguant des conseils. Le coach, pour sa part, n’est pas forcément un expert dans la discipline ou le métier de son client. Il travaille principalement sur la manière dont celui-ci s’y prend, sur les suites coordonnées d’opérations aboutissant à un résultat. (Fagioli, 2002, p.10)

Dans la sphère de l’entreprise, l’entraîneur va avoir pour mission de développer les compétences des salariés ou le potentiel humain de l’organisation dans l’optique du développement de la performance et l’obtention de résultats.

13 Le but d’un tel accompagnement étant de considérer la personne, le sportif, le musicien dans sa globalité et d’effectuer avec lui un travail que certains appelleront «holistique » (Turner et Hévin, 2010).

Le monde des affaires a commencé à s’intéresser au coaching vers les années 1980, voyant les bénéfices qu’offrait cette pratique dans le monde sportif et en particulier la possibilité d’atteindre des résultats fixés à long terme. Au seuil des années 1990, en France, le coach devient progressivement un accompagnateur du changement développant ses prestations pour un public de plus en plus large : des chômeurs de longue durée aux dirigeants d’entreprises en passant par une myriade de demandes multiples.