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Accompagnement et suivi du patient dans la maladie

III- Prise en charge à l’officine du cancer du sein

1- Accompagnement et suivi du patient dans la maladie

1-1- Le pharmacien, intermédiaire privilégié entre le médecin et le patient Il n’est pas toujours facile pour le patient traité pour un cancer d’aborder les sujets qui le questionnent avec le corps médical. De même pour l’entourage et la famille, il est souvent difficile de se confier et de poser des questions dans un contexte médical qui semble parfois nébuleux. C’est là que le pharmacien d’officine peut avoir un rôle prépondérant car il s’agit du premier intermédiaire entre le patient et le médecin. Souvent, le pharmacien est le premier recours lorsqu’un patient s’interroge sur un symptôme ou un traitement.

Le cancer est un sujet extrêmement délicat à aborder pour le patient et ses proches et les réactions face à la maladie sont propres à chacun : peur, résignation, colère, dépression, fatalisme, ignorance… Chacun est différent, et le simple rôle d’écoute est parfois d’une grande aide face à des personnes bouleversées psychologiquement (138).

Souvent, les personnes auront plus de facilité à se confier au pharmacien car le médecin ou l’oncologue peuvent impressionner ou sembler peu disponibles et le patient n’arrive pas à s’exprimer. Au comptoir, il est plus facile de se confier et il arrive que certaines informations capitales soient données permettant au pharmacien d’informer le patient et le médecin pour améliorer la prise en charge: des effets indésirables gênants ou inattendus, des signes de surdosage ou de possibles interactions médicamenteuses, un comportement inadéquat en sont des exemples.

1-2- Le pharmacien, intermédiaire entre la ville et l’hôpital

Le pharmacien a un rôle prépondérant amené à se développer avec l’essor de l’hospitalisation à domicile et des chimiothérapies par voie orale notamment en terme de coordination entre les professionnels de santé hospitalier et de ville.

Pour assurer une prise en charge globale de qualité du patient, la communication entre l’hôpital et l’officine doit être précise et doit permettre au pharmacien d’accéder aux informations requises pour que le patient est accès à son traitement dans les bonnes conditions de prise en charge. Ainsi, le pharmacien d’officine est responsable de l’ordonnance de sortie et de la prise en charge du patient lors de sa délivrance : il doit reformuler, expliquer

le traitement choisi, mais aussi anticiper les possibles questions du patient sur le médicament ou les possibles effets indésirables associés.

Le pharmacien a tout intérêt à voir se développer ces nouvelles compétences car c’est un enrichissement qui lui permet de prendre toute sa place dans le système de soins permettant l’interface entre la ville et l’hôpital, différenciant ainsi les activités de l’officine, valorisant les compétences de chaque membre de l’équipe, renforçant son rôle de proximité par son côté accessible (écoute et soutien actif), surtout dans le cadre du cancer du sein, ou l’observance et l’adhérence au traitement restent faibles : 31 à 73% des patientes ont totalement arrêté leur traitement au bout de 5 ans (139).

1-3- Développement de l’hospitalisation à domicile et rôle du pharmacien Le développement de l’hospitalisation à domicile ou HAD est une réelle demande des patients et de leur entourage ; elle a pour objectif d’assurer une prise en charge hospitalière en termes de qualité et de continuité des soins et de sécurité en gardant le patient à son domicile pendant une période limitée, permettant ainsi d’assurer des soins normalement réservés à l’hôpital car complexes et techniques.

La continuité des soins est assurée par une équipe pluri- disciplinaire dont le pharmacien doit faire partie intégrante (mais souvent oublié) car il assure les missions obligatoires d’une pharmacie à usage intérieur, l’approvisionnement, le contrôle, la gestion et le stockage, la dispensation de médicaments et de dispositifs médicaux (140).

1-4- Contrôle et optimisation de l’observance des chimiothérapies orales

Le terme « chimiothérapie orale » rassemblera dans cette partie les chimiothérapies classiques cytotoxiques, les médicaments d’hormonothérapie ainsi que les thérapies ciblées administrées par voie orale.

L’efficacité des traitements anti- cancéreux dépend en grande partie de la compliance du patient surtout concernant les chimiothérapies par voie orale. En effet, ces traitements sont de plus en plus disponibles en ville et le patient est donc de plus en plus responsabilisé par rapport à la prise des traitements contrairement à des traitements nécessitant une hospitalisation de jour impliquant des traitements par perfusion ou un suivi biologique

particulier. Les problèmes d’observance et d’administration ne se posent donc pas à l’hôpital et les équipes médicales sont présentes pour réagir en cas de problème (141).

Le rôle du pharmacien est primordial pour expliquer les modalités de prise et les posologies de ces nouveaux traitements.

Le risque par rapport aux traitements par voie intraveineuse est la banalisation du traitement et la sous- estimation des risques toxiques ; en effet, les chimiothérapies par voie orale sont souvent perçues comme moins toxiques que les chimiothérapies par voie intraveineuse, et donc banalisées. L’apparition d’effets indésirables parfois graves peut conduire à une mauvaise observance ou à un arrêt du traitement.

L’observance est d’ailleurs primordiale mais pas forcément évidente devant des protocoles parfois complexes ; par exemple, pour la capécitabine, l’administration en deux prises doit être séparée de douze heures, pendant quatorze jours, suivi d’un arrêt de traitement de sept jours puis d’une reprise du cycle. La reprise du cycle à J22 correspond en fait au J1. Le patient doit donc avoir un bon niveau de compréhension et d’éducation, être volontaire et parfaitement informé pour suivre ce genre de traitement.

Concernant les modalités de prise du traitement par chimiothérapie orale, le pharmacien doit conseiller au patient de (142):

- Prendre le médicament aux mêmes heures tous les jours pour ne pas l’oublier.

- En cas d’oubli de prise il doit continuer à suivre normalement le traitement et ne pas doubler la dose suivante (si le patient possède un carnet de suivi, il doit noter l’oubli de prise dans celui- ci).

- Prévenir le médecin en cas de dose doublée pour compenser un oubli.

- Ne jamais arrêter le traitement ou modifier le rythme d’administration sans avis du prescripteur.

Certaines règles de manipulation doivent également être respectées (142):

- Avaler les médicaments tels quels avec un verre d’eau sans les sucer, les mâcher ou les croquer.

- Ne pas couper, écraser les comprimés, ne pas ouvrir les gélules, ne pas ouvrir ou écraser les capsules.

- Manipuler de préférence le médicament avec des gants et dans le cas contraire se laver soigneusement les mains avant et après chaque manipulation.

- En cas de contact avec la peau laver abondamment à l’eau et au savon.

- En cas de contact avec les yeux, rincer à l’eau propre pendant au minimum quinze minutes. - Utiliser des protections adaptées comme des gants car le passage transcutané est le

principal moyen de contamination.

- Attention au nettoyage des surfaces souillées et à la manipulation des surfaces à risque comme les poignées de porte ou les vêtements souillés.

- Beaucoup de molécules sont reprotoxiques, tératogènes et cancérogènes, il faut donc veiller à éloigner les femmes enceintes, allaitantes et les enfants de ce type de contamination, les risques d’exposition étant exacerbés.

- En cas de contamination des vêtements, des draps (vomissements, souillures…), les laver immédiatement et séparément du reste du linge en machine à température élevée (60 à 90°C).

Il est également important de préciser au patient les conditions de conservation des chimiothérapies par voie orale ; certaines doivent être conservées à température ambiante, d’autres doivent être conservées au réfrigérateur entre 2 et 8°C.

La gestion des déchets fait partie intégrante du processus de soins. Il est primordial de rappeler au patient de rapporter ses médicaments non utilisés à la pharmacie et de ne pas les jeter dans les poubelles ménagères dans un souci de santé publique et d’écologie.