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E. Etude des populations piscicoles et astacicoles des rivières

E.1. Etude piscicole des rivières du territoire d’action du Grand Site Sainte-Victoire

E.1.1. Protocoles d’échantillonnage

E.1.2.1. L’Abéou

Sur la rivière de l’Abéou, seul le secteur en aval du pont romain (pont situé à l’intersection des routes départementales D61d et D11, au niveau du lieu-dit du « Mallabé ») a été étudié (Carte 10). L’écoulement de surface dans le secteur en amont de ce pont n’étant pas permanent, on suppose qu’aucune communauté piscicole viable n’est censée s’y rencontrer. Cinq stations, dont une par protocole normalisé ont été prospectées sur l’Abéou, ce qui représente une longueur d’environ 840 mètres. Le peuplement piscicole est monospécifique à base de truite fario (Tableau 15), seul un gardon a été capturé sur la station la plus aval (LAP05).

32 Bruslé, J. ; Quignard, J.P. : Biologie des poissons d'eau douce européens. Éditions Tec & Doc, Lavoisier, Paris – 2001.

33 Keith, P. ; Allardi, J. ; Moutou, B. : Livre rouge des espèces menacées de poissons d’eau douce de France. Collection « Patrimoines naturels », 10, MNHN, CSP, CEMAGREF, Ministère de l’Environnement, Paris – 1992.

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Carte 10 : Localisation des stations de prélèvements sur la partie aval de l'Abéou. Tableau 15 : Récapitulatif des pêches électriques sur l’Abéou.

Code

station Date intervention (a/m/j) d’inventaireType prospectée (m) Longueur Espèces capturées

LAP01 09/07/21 adapté 117 TRF

LAP02 09/07/17 normalisé 100 TRF

LAP03 09/07/21 adapté 156 TRF

LAP04 09/07/21 adapté 64 TRF

LAP05 09/07/21 adapté 403 TRF/GAR

E.1.2.1.1. Eléments d’explication

L’Abéou a subit en 2006 une sécheresse presque totale sur l’intégralité de son linéaire. Afin de préserver les poissons présents, une pêche de sauvetage a été réalisée par la FDAAPPMA13 le 9 octobre 2006. Les poissons récupérés (BLN / CHE / GOU / SPI / TAC / TRF / SDF / VAI) furent pour une partie relâchés dans le Réal de Jouques, et pour l’autre partie, stockés dans un affluent du Verdon situé sur le domaine de la Castellane (St Paul les Durance).

En 2007, avec le retour de conditions d’écoulement permanentes sur l’Abéou, une nouvelle pêche a été réalisée sur le ruisseau d’accueil. Les truites capturées ont été relâchées dans

112 l’Abéou. Un faible nombre de poissons a cependant été recapturé, une majorité ayant à priori rejoint le Verdon. D’autre part, en avril 2009, la FDAAPPMA13 a lâché des alevins de truite fario dans l’Abéou.

La classe d’âge dominante des populations de toutes les stations de l’Abéou est la classe 0+ (individus n’ayant pas encore atteint leur première année). Ces poissons pêchés proviennent donc vraisemblablement de cet alevinage. Aucune classe d’âge intermédiaire entre les 0+ (alevinage) et celle représentée par les individus repêchés dans le ruisseau de la Castellane n’apparaît dans les résultats. Les poissons plus âgés que 0+ sont donc issus du ruisseau de la Castellane ou bien de déversements surdensitaires réalisés par l’AAPPMA de St Paul les Durance. Le peuplement piscicole de l’Abéou est donc actuellement totalement artificiel. Les densités sont très variables, entre 176 et 4444 poissons / ha. Cette variabilité étant liée aux faciès d’écoulement : les zones peu profondes sont les plus favorables au développement des truitelles et présentent de fortes densités de truites de l’année, les longs faciès profonds présentent des densités faibles mais des individus plus grands.

E.1.2.1.2. Recommandations de gestion

Deux scénarios peuvent être envisagés :

- Laisser les choses évoluer sans intervention humaine particulière. La reproduction de la truite fario ayant déjà été constatée sur cette rivière lors d’opération de pêche de récupération (présence de truitelles sans opération d’alevinage préalable), les conditions abiotiques semblent favorables au développement des salmonidés. Dans cette optique, une diversification du peuplement est tout de même à espérer, diversification passant par des phénomènes naturels de recolonisation par des espèces typiques de ce type de cours d’eau salmonicole comme le vairon ou le blageon en provenance des milieux aquatiques lotiques voisins. Cependant, une recolonisation par l’aval d’individu provenant des eaux de la Durance est rendue impossible par la présence de deux obstacles infranchissables : une cascade de plusieurs mètres de hauteur au niveau du village de St Paul Lez Durance, et un siphon du canal EDF. La recolonisation par l’amont est possible via les eaux du Canal de Provence qui possède un déversoir sur l’Abéou entre les villages de St Paul Lez Durance et de Rians. Cependant, une recolonisation par ce biais n’est pas souhaitable : l’Abéou étant un cours d’eau de type salmonicole (niveau typologique 4 à 5) classé en première catégorie piscicole, et le peuplement du canal de Provence étant issu de celui du Verdon de type cyprinicole. Les espèces susceptibles de coloniser l’Abéou via le Canal de Provence ne correspondent donc pas au peuplement « originel » ciblé par les mesures de gestion piscicoles de l’Abéou. De plus, des espèces invasives telles que

l’écrevisse américaine (Orconectes limosus) sont présentes dans les eaux du canal et

pourraient donc coloniser l’Abéou lors d’opération de vidange. D’autre part, il semblerait que, lors de ces déversements, les eaux du canal n’atteignent pas le secteur aval de l’Abéou dont l’écoulement superficiel est permanent (Renucci T. communication personnelle). Cette voie de colonisation serait donc infructueuse pour ce qui concerne la communauté piscicole de la partie aval de l’Abéou.

- La recolonisation naturelle semblant difficile pour ne pas dire impossible, des réintroductions artificielles pourraient être envisagées en sélectionnant des espèces « originellement présentes » comme le vairon et le blageon notamment afin de diversifier et stabiliser le peuplement piscicole de la partie aval de l’Abéou.

Dans l’optique des options proposées, empêcher une recolonisation par l’amont via les eaux du canal de Provence, afin, en particulier d’éviter l’introduction de l’écrevisse américaine

113 pour l’instant non contactée sur le secteur aval, est un enjeu prioritaire de gestion de la biodiversité dans l’Abéou (voir le chapitre consacré aux populations astacicoles).

En outre, La reproduction de la truite fario étant avérée sur ce cours d’eau par la présence de juvéniles non issus d’introduction, un inventaire des frayères permettrait d’affiner les connaissances relatives à cette espèce.