Développé de façon radioconcentrique, Sfax se divise en trois pôles caractéristiques : le Nord, l’Ouest et le Sud). La carte ci-dessous illustre la singularité du développement de Sfax :
- extension urbaine radiale partant du littoral,
- densification très forte au centre (zone grise) qui s’amenuise progressivement en direction de la périphérie. Nous avons ainsi pu observer qu’il n’existait quasiment pas d’espaces agricoles dans les 4 premières kilomètres à partir du centre.
fig.21 : Développement urbain et poches agricoles, Etudiants M2 UCI, L’agriculture entre les murs, 2016
Nous précisons notre analyse dans les paragraphes suivants en explicitant les observations faites par secteur :
Secteur Nord (secteur 0 à 4)
La partie Nord de la ville de Sfax est marquée par un habitat dense constitué principalement de quartiers résidentiels :
- le long du littoral, l’habitat est majoritairement populaire.
- en bordure de la petite couronne (kilomètre 4) l’habitat est très populaire et a une densité urbaine de 320hab./ha (Etudiantes M2 UCI ; 2017).
Ces quartiers abritent une population majoritairement issue du sous-prolétariat et sont constitués de maisonnettes à patio exiguës. (HABIB ; 1996)47.
Ce secteur est défini comme un secteur dense au bâti continu très peu végétalisé comprenant peu d’espaces verts apparents. C’est à partir du kilomètre 5 qu’apparaît un habitat plus diffus composé de grandes maisons individuelles. A mesure que l’on se rapproche du kilomètre 11, cet habitat diffus laisse progressivement place à un habitat luxueux, formé de villas entourées de jardins, dont certains possèdent des potagers.
Les secteurs 1 à 3, situés un peu plus à l’Ouest, regroupent quant à eux des quartiers résidentiels de classes moyennes et supérieures. L’urbanisation y est moins présente : des vergers particuliers émergent et se profilent dans le paysage de manière ponctuelle, laissant apparaître ici et là quelques troupeaux de bétail
paissant en errant dans les espaces ouverts.
fig.23 : Villas et jardins dans le secteur 2, Sfax, Atelier international, Etudiants M2 UCI, IUG, 2016
Ces zones agricoles sont de plus en plus visibles et importantes à partir du kilomètre 8 pour devenir majoritaires en périphérie, s’ouvrant sur de grands terrains : quelques parcelles sont en cours de
47 Mentionné par les étudiants de M2 UCI, 2016/2017, Sfax3, l’Agriculture entre les murs,2016
II– L’agriculture urbaine : un enjeu décisif dans le développement de Sfax
fig.22 : Quartier à forte densi- fication, secteur 0, Sfax, Atelier international, Etudiants M2 UCI, IUG, 2016
construction mais pour la plupart il s’agit d’espaces cultivables, en friche ou des jardins non cultivés avec quelques troupeaux nomades laissés en pâturage. La zone de ces secteurs la plus éloignée du centre-ville est limitrophe aux grandes exploitations arboricoles.
Secteur Ouest et SUD (secteurs 5&6)
Ce secteur possède également un centre dont la destination est résidentielle (jusqu’au kilomètre 5). Cependant, des jardins privés existent : ils sont
dissimulés derrières de hauts murs de clôture. Au-delà du kilomètre 5, le tissu urbain s’éclaircit progressivement pour finalement s’étioler et laisser paraître des champs d’amandiers qui s’étendent jusqu’au kilomètre 9, où la culture arboricole prime de nouveau sur l’urbanisation.
fig.24: Jardin privé dans le secteur 5, Sfax, Atelier international, Etudiants M2 UCI, IUG, 2016
Secteur Sud (secteurs 7&8)
Le Sud de la ville de Sfax possède la particularité d’avoir une densité du bâti plus faible. L’étalement urbain prend forme avec des habitations populaires non contiguës.
Des jardins partagés (senyaas) se dévoilent et l’espace devient totalement agricole à partir du kilomètre 7 et ce, jusqu’à l’aéroport de Sfax, situé à 10 km du centre-ville. Ce territoire est formé de grands champs d’exploitations et d’élevages. C’est dans cette aire urbaine que se trouvent les plus grandes exploitations agricoles faisant plus de 4 hectares.
fig.25: Exploitation de tomates, Sfax, Atelier international, Etudiants M2 UCI, IUG, 2016
L’agriculture à Sfax s’est sectorisée/organisée en suivant le développement urbain de la ville. Les secteurs du Nord sont pour l’ensemble des territoires très denses. Une densité très forte vers le centre qui se caractérise par un habitat populaire, et plus diffuse en périphérie avec des populations plus aisées (grandes villas avec jardins). On y retrouve peu d’agriculture. Les secteurs situés à l’Ouest, quant à eux, s’identifient comme des zones en transition, composées d’habitat dense et de petits terrains agricoles en leur centre, tandis que la dimension des exploitations s’accroît vers leur périphérie en direction de la grande ceinture (kilomètre 11). Enfin, les secteurs du Sud de la ville sont des espaces encore peu denses où se concentrent les grandes exploitations agricoles.
II– L’agriculture urbaine : un enjeu décisif dans le développement de Sfax
fig.26 : Schéma des contrastes entre secteurs de la ville de Sfax, N. Villeneuve, 2017
Cette répartition par secteur montre une intensification progressive de l’extension et de la densification urbaines dont la conséquence directe est la relégation des espaces agricoles à la marge périphérique de la ville. Alors que Sfax s’est développée en grande partie grâce à son agriculture, son urbanisation actuelle impacte fortement cette économie, laquelle est d’ailleurs essentiellement ancrée dans le secteur informel. Cette « double peine » isole et fragilise grandement les exploitations et la production agricole destinée au marché local. Cette conséquence soulève la question de l’étalement urbain de ses répercussions sur l’environnement ainsi que sur la pérennité de cette production fortement basée sur l’intensification des monocultures et l’usage de traitements phytosanitaires.
fig.27 : Espace libre en jachère, peu à peu grignoté par des constructions, Sfax, Atelier international, Etudiants M2 UCI, IUG, 2016 Centre Ville NORD: Dense, résidentiel Littoral : très industrialisé SUD : espaces vastes; activités agricoles OUEST : Zone de transition