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SUR LE REGLAGE NEUROVEGETATIF DU SYSTEME CARDIOVASCULAIRE

3.1. Effets de l’exercice physique, de l’entraînement et du surentraînement

3.1.2. Régulation à l’issue de l’exercice

3.1.2.2. Fc à l’issue de l’exercice

3.1.2.2.2. A long terme (quelques heures à quelques jours)

La diminution de Fc est rapide à la fin de l’exercice (encore plus si la récupération est effectuée en position couchée, Takahashi et coll. 2000), mais elle met plusieurs minutes (voire plusieurs heures) pour retrouver son niveau de repos d’avant exercice (Arai et coll. 1989, Furlan et coll. 1993, Piepoli et coll. 1993, Hautala et coll. 2001, James et coll. 2002). Il s’agit principalement dans ce cas :

- de maintenir un débit sanguin suffisamment important au niveau des muscles actifs pour éliminer les déchets du métabolisme (Coats et coll. 1989).

- de compenser la diminution de la performance cardiaque et de maintenir un débit cardiaque et un flux sanguin suffisant puisqu’il semble que la fonction ventriculaire gauche et le remplissage cardiaque soit altérés pendant une période assez longue après un exercice prolongé (Douglas et coll. 1987).

Cette tachycardie post-exercice est accompagnée d’une diminution de la VarRR et d’un déséquilibre neurovégétatif avec une prédominance orthosympathique et une activité vagale diminuée (Arai et coll. 1989, Perini et coll. 1990, Furlan et coll. 1993, Piepoli et coll. 1993, Hautala et coll. 2001, Terziotti et coll. 2001, Javorka et coll. 2003). Ce retard de retour à une activité parasympathique basale peut être expliqué par une action du baroréflexe artériel (Somers et Abboud 1994) et par une diminution de la sensibilité baroréflexe (Terziotti et coll. 2001), même si cette modification d’activité semble lutter contre, plutôt que participer à l’hypotension post-exercice (Halliwill et coll. 1996b). Une action de plusieurs co-transmetteurs orthosympathiques, comme les neuropeptides, libérés par les nerfs sympathiques pendant l’exercice peut aussi atténuer l’action parasympathique au niveau cardiaque (Potter 1994).

La restauration d’un contrôle normal des activités cardiovasculaires par le SNV a été étudiée grâce à l’analyse spectrale de la variabilité de Fc et PA :

- La diminution de l’activité parasympathique semble dépendante de l’intensité de l’exercice, puisqu’elle est plus importante après un exercice effectué à haute plutôt qu’à basse intensité (Terziotti et coll. 2001).

- La récupération de l’activité parasympathique est plus rapide que la diminution de l’activité orthosympathique : des indices d’activité vagale proches des valeurs de base ont été observés 45 min après 60 min d’exercice effectué à 60% de la puissance correspondant à la consommation maximale d’oxygène malgré la persistance de noradrénaline plasmatique et d’une Fc élevée, suggérant une activité orthosympathique persistante (Halliwill et coll. 1996b).

- L’activité vasomotrice (reflétée par la puissance spectrale dans les basses fréquences de la variabilité de PAS) semble augmentée 15 min après la fin d’un exercice, quelle que soit son intensité (20 min d’exercice à 50% ou à 80 % de la puissance correspondant au seuil anaérobie ; Terziotti et coll. 2001).

- La sensibilité du baroréflexe est diminuée après exercice, quelle que soit son intensité (20 min d’exercice à 50% ou à 80 % de la puissance correspondant au seuil anaérobie ; Terziotti et coll. 2001) et retrouve sa valeur de base en 60 min. Il a été montré à plusieurs reprises que la réponse baroréflexe était augmentée dans les 24 h qui suivaient un exercice maximal ou modéré (Convertino et Adams 1991, Halliwill et coll. 1996b).

- A des intensités relativement faibles (50 W) et pour des durées courtes d’exercice (5 min), les valeurs de base étaient récupérées en 5 minutes (Perini et coll. 1990).

76 Lorsque l’intensité d’exercice augmente (5 min d’exercice à 100 ou 150W, 20 min

d’exercice à 50% ou 80 % de la puissance correspondant au seuil anaérobie ou 30% de la puissance correspondant à la consommation maximale d’oxygène), les valeurs de bases étaient récupérées en 60 min (Perini et coll. 1989, Perini et coll. 1990, Terziotti et coll. 2001), avec toutefois des signes d’une activité orthosympathique persistante au-delà de cette durée après l’exercice le plus intense. Arai et al. (1989) ont toutefois rapporté un retour aux valeurs de base des indicateurs d’activité neurovégétative (analyse spectrale) en seulement 9 min après 20 min d’exercice maximal (Arai et coll. 1989).

- Un jour après la fin d’une course de longue distance en altitude, il semble exister une augmentation de la modulation parasympathique et une diminution de l’activité sympathique par l’activité baroréflexe (Bernardi et coll. 1997). La même augmentation d’activité parasympathique à destinée cardiaque a été trouvée après une course de ski de fond de 75 km (Hautala et coll. 2001), mais aussi après seulement 20 min d’exercice maximal (Arai et coll. 1989). Les mécanismes de cette phase « hyper-parasympathique » sont peu clairs. Notamment, il a été avancé que les mesures effectuées avant l’exercice ou la course pouvaient être biaisées par l’excitation des sujets. Dans ce cas, on aurait une réduction des mesures effectuées avant la course plutôt qu’une augmentation des mesures effectuées après (Hautala et coll. 2001). Par ailleurs, le volume sanguin est augmenté (entre 10 et 16%) dans les 24h qui suivent la fin d’un exercice intense (Gillen et coll. 1991, Convertino et coll. 1996, Convertino 2003). Cette augmentation, due à la sécrétion d’hormones liées au contrôle de l’homéostasie des fluides/électrolytes, à une augmentation de la synthèse de protéines plasmatiques, et à la rétention d’eau et de sodium par le rein (Gillen et coll. 1994, Nagashima et coll. 2000, Nagashima et coll. 2001), pourrait expliquer la bradycardie observée après ces exercices extrêmes, tout comme l’augmentation d’activation parasympathique par activité baroréflexe. Il est enfin possible que le niveau d’entraînement des sujets (forcément très entraînés en endurance pour supporter une course à pied de 43 km en altitude ou une course de ski de fond de 75 km) explique cette aptitude à augmenter l’activité vagale plusieurs heures après la fin de l’exercice. Nous n’avons pas trouvé une telle augmentation après 45 min d’exercice effectué de manière constante ou intermittente chez des sujets sains modérément entraînés (Mourot et coll. 2004c).

Une bonne condition physique semble nécessaire pour accélérer la cinétique de récupération du contrôle neurovégétatif, puisque les sujets ayant la meilleure condition physique (estimée par la grandeur de la consommation d’oxygène) sont ceux qui récupèrent le plus vite après une activité physique intense (Hautala et coll. 2001).