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contribué à sa rédaction, shintai 身体 n’est pas indexé en temps que notions philosophique*10, pas plus que 体  karada, 肉体 nikutai et

1.5 L'AUTO-APERCEPTION ET LA CONSCIENCE

Ainsi que nous l’avions précisé dans le chapitre 1.3 de notre thèse, Conrad Fiedler fait sa première apparition dans les écrits de Nishida à l'époque de L'intuition et la réflexion dans l'auto-aperception*1. 5

entre 1913 et 1917. Le titre de cet écrit avance une notion importante qu'il sera nécessaire d’expliquer pour mieux cerner la création artistique. Il s'agit du terme jikaku (

自ђ 

l'auto-aperception *2). Nous trouvons une première définition dans la préface :

10

« Ce que je nomme "auto-aperception" (自ђ

 jikaku) n'est pas

ce que les psychologues appellent la "conscience de soi", mais c'est l’auto-aperception du moi transcendantal. C'est ce que Fichte appelle fait-action, Tathandlung (

事行 

jikô). Je crois que j'ai reçu cette idée de l'essai supplémentaire au premier volume du livre The World and the 15

Individual de Royce *3. » ( NKZ II,3, Première préface 1917)

Jikaku, l’auto-aperception, est l'instant privilégié de l'unité du moi qui comprend deux faces: l'intuition (直観 chokkan ou 直ђ chokkaku)

*4 et la réflexion (

反省 

hansei). Les deux faces de jikaku

自ђ 

sont 20

liées à la vue :

a) L’intuition

直 観  

chokkan*5, est composé de choku (

直 

immédiat,direct) et kan (

観 

voir,vision), est calqué sur le terme

1 自ђにおける直観と反省Jikaku ni okeru chokkan to hansei, 1913-17, NKZ II.

2 Joel Bouderlique traduit également « auto-aperception » ; Jacynthe Tremblay et KURODA Akinobu donnent « auto-éveil ». Les traductions allemandes :

Selbstanschauung, Selbstbewusstsein, Selbstgewahren, selon le contexte.

3 Quant au texte de Royce, Nishida possédait dans sa bibliothèque l'édition New York, Macmillan, 1920. Sur quelle édition s'est-il basé pour son livre qui a été édité en 1917? Nishida mentionne ce livre de Royce également en 1911 (NKZ I,180) et en 1914 (NKZ I,264) ce qui présuppose qu'il se basait sur une édition de Royce antérieure à celle qui se trouve dans sa bibliothèque.

4 La notion d’intuition sera discutée dans le chapitre 1.6 de la présente Thèse.

5 Chokkan 直観 est synonyme de chokkaku 直ђ、mais pour l'illustration de la composante visuelle de cette notion, je me base sur chokkan.

allemand Anschauung .

b) La réflexion 反省 hansei, est composé de han (反 anti-) et sei (شみる kaerimiru, regarder en arrière, se retourner), a le sens réflexion. C’est le regard de la pensée, le regard perspicace intellectuel.

5

Ainsi deux dimensions importantes du moi, à savoir la dimension immédiate de l'intuition aussi bien que la dimension médiate de la réflexion, sont-elles rattachées, dans la langue japonaise, à la vision.

Nous reviendrons à cette particularité dans le chapitre 1.6 de la 10

présente thèse.

Pour Fiedler, la vision est à son tour un sens primordial – mais pas exclusif - de l'art, aussi bien dans le domaine de la création que dans celui de la réception. Ensemble avec l’auto-aperception jikaku, la 15

vision est à l'origine du comportement artistique de l'être humain.

Ce rapprochement entre l'auto-aperception et la vision permet à Nishida de jeter un pont vers l'art et d'introduire la théorie de l'art de Fiedler . Car l’auto-aperception est avant tout créatrice :

20

« Mais dans le cas de l'auto-aperception, nous pensons seulement à son aspect réfléchi, nous oublions son aspect créateur.

[Quand] le soi est simplement une unification (

統一 

tô-itsu)*6 statique, il est un objet de la réflexion, il est identique à une chose. Le véritable 25

soi doit être activité créatrice. »(NKZ III,467,chap.10.2) *7

6 Tô-itsu = unité, cohérence. Etant donné que l'unité en question est le résultat d'un processus qui est l'unification, je préfère garder "unification" pour traduction dans le texte, autrement nous signalons le mot japonais entre crochets.

7 Se pose toutefois la question de savoir comment, et à quel moment, l'activité ordinaire passe à l'activité créatrice artistique. Où se situe la transition? Comment distinguer le simple geste de la main d'un geste d'artiste ? Le simple geste à un but, une visée, une utilité, alors que le geste de l’artiste est l’expression profonde d’un contenu intérieur.

Ceci est particulièrement valable pour l’artiste :

« Ce qu'on peut appeler "le fonds passif à notre disposition"

(

受用底 

ukeyôsoko) que nous obtenons par la discipline et la maîtrise (練達 rentatsu) [en art], ce fonds ne s'acquiert pas simplement [282]

5

par un entraînement machinal. Dans le cas où un peintre réalise un tableau, il ne travaille évidemment pas en obéissant à un jugement conceptuel, et néanmoins ses gestes ne sont pas non plus des mouvements automatiques. Il doit y avoir l'auto-aperception de la force, pas l'auto-aperception basée sur la réflexion, mais l'auto-aperception 10

basée sur l’activité : ce qu'on appelle "style"(スタイル sutairu) est l'auto-aperception active.*8 »(NKZ III,282,chap.1.5)

Le peintre n’est pas dans la perspective conceptuelle, qui est le monde de la pensée. Pour éclairer davantage cette maîtrise acquise, 15

Nishida mentionne Maine de Biran :

« Maine de Biran considère qu'il y a deux types d'effet de l'accoutumance: la sensation qui s'émousse par l'habitude, par exemple en s'habituant à une odeur, la sensation [d'odeur] disparaît. Par 20

opposition à cela, la sensation active, par exemple quelque chose comme le mouvement volontaire, devient de plus en plus précis à force de le répéter et de s'y habituer. »(NKZ III,332,chap.3.5)

Semblable à la maîtrise dans l’art, l’auto-aperception n’est pas 25

un automatisme aveugle, mais la parfaite clarté dans l’agir. Elle est comparable à la définition que Fiedler donne de l’activité créatrice : elle

8 Jikaku, auto-aperception dans le sens d'être pleinement conscient de ce qui se passe. Pour Nishida, la conscience en général est plus profonde, plus intuitive que la pensée. Il ne s'agit pas, pour l'auto-aperception, d'une réflexion intellectuelle, mais d'une sensation lucide. Il ne s’agit pas non plus d’un état onirique ou embrouillé, mais au contraire d’une conscience parfaitement limpide. La conscience est le plan mental de l'être humain où tout est unifié dans le moi en tant que personne (cf. Le problème de la conscience (意ށの問題 Ishiki no mondai,1920, NKZ III, p.5-27, chapitre 1).

n’est pas brumeuse ni mystique, mais la plus claire qui soit, la plus consciente qui soit. Rappelons que l’activité créatrice, outre le fait d’être corporelle, est aussi au-delà du conceptuel :

« A la même manière que la pensée se développe dans le 5

langage, le pur acte de perception visuelle met tout naturellement notre corps (身 体 shintai) en action et se développe par une sorte de mouvement expressif. Cela est l'activité créatrice (

創造作用 

sôzô-sayô), künstlerische Tätigkeit, de l'artiste. Au moment où nous adoptons ce point de vue [de l’activité créatrice], [269] le monde conceptuel aussitôt 10

disparaît, et la perspective du monde de la perception visuelle infinie s'ouvre. »(NKZ III,268-269,chap.1.4)

Nous dépassons le monde conceptuel dans l’activité créatrice, et nous atteignons un monde supra-conceptuel, celui de la vision. Dans la 15

vision créatrice, nous sommes également auto-aperceptifs, nous avons une attitude parfaitement claire. Ci-après un autre passage pour bien mettre en relief l’auto-aperception et son rôle pour la création artistique, grâce à l’exemple que Nishida donne de Shelley :

20

« Le célèbre poème que Shelley a écrit par fascination pour le chant d’une alouette, un soir qu’il s’est promené en Italie le long de haies pleines de lucioles, n’exprime pas le caractère de cet animal, mais l’enchantement de Shelley. Néanmoins, un tel ravissement est l’essence de Shelley lui-même, et en même temps c’est aussi 25

l’essence de la nature profonde. La véritable réalité n’est pas quelque chose comme le contenu d’un concept universel mais doit être le contenu particulier propre à un sentiment ou à une volonté.*9 Shelley lui-même est seulement l’organe de ce moi, et la véritable

9 Le concept général relève de la compréhension intellectuelle dans laquelle le monde est considéré comme un objet. Dans le sentiment et la volonté, par contre, le monde est une partie du moi; sentiment et volonté permettent une approche particulière du monde, ils la clé pour la compréhension de la véritable réalité.

aperception de Shelley est le fait d’entrer complètement dans ce genre de création. »(NKZ III,354,chap.5)

Autrement dit, la conscience qu’a Shelley quand il est immergé dans la création, c’est l’auto-aperception. L’auto-aperception est aussi 5

une connaissance lucide de soi-même. L’activité créatrice est un moyen de l’être humain de se connaître :

« Dans la description poétique de l’être humain, on peut penser que le contenu personnel devient auto-aperceptif. Notre personne peut 10

éclairer les profondeurs de soi-même, peut se connaître [ainsi] et l’acte devient aperceptif de soi-même. En intégrant la conscience-universel à l’intérieur [de nous], à savoir en intégrant la raison à l’intérieur [de nous], le contenu personnel s’établit, et c’est dans l’acte artistique que ce contenu peut, pour la première fois, activement se connaître soi-15

même. »(NKZ III,356,chap.5)

A un autre endroit, Nishida précise que le contenu personnel, c’est-à-dire la personne, doit déjà exister au préalable afin que des phénomènes de conscience s’établissent :

20

« Au moment où nous cherchons, comme il a été exposé ci-dessus, ce qu'on appelle l'unification des contradictions du contenu expérimental ou bien du contenu intellectuel, non pas à l'extérieur, mais directement à l'intérieur [de nous], à ce moment-là est établi le contenu 25

de la conscience qui est différent du contenu intellectuel.*10 Ce contenu de la conscience est le contenu du moi véritable, et au sens strict on pourrait dire qu'il n'y a point ce qu'on appelle <phénomène de conscience> en dehors de ce contenu du moi véritable. »(NKZ

10 C'est-à-dire que la science cherche à expliquer les phénomènes de manière intellectuelle, ce qui aboutit à un contenu intellectuel qui est le savoir. Tandis que l'explication interne des phénomènes présuppose une conscience qui unit nos expériences. - A notre avis, il n'y a pas de différence dans la mesure où la

III,329,chap.3.5)

La personne permet que des phénomènes conscients s’établissent ; or la personne elle-même est établie par le fonctionnement de la conscience. Ce raisonnement en boucle peut 5

déconcerter. En effet, nous devons interpréter le surgissement de la personne, et le surgissement de la conscience individuel, comme des événements co-temporels selon le principe de la production conditionnée (縁ӭ engi) *11.

10

La personne est non seulement le point d’union de la conscience, elle est également le point d’union de différentes facultés personnelle. Et chacune de ces facultés ou compétences possède son langage :

15

« De même qu'on peut penser que dans la perception il y a la vie de la perception, que dans l'association d'idées il y a la vie de l'association d'idées, et que le contenu artistique ne peut pas se montrer selon la pensée, [c'est autant dire que] dans la perception, il y a un contenu significatif qu'on ne peut épuiser selon la pensée. La 20

perception possède sa propre clarté à elle. Comme nous le voyons fréquemment dans l'art, on peut penser que quand il y a un mélange avec la pensée, celle-là détruit au contraire la clarté de la perception. »(NKZ III,422,chap.7)

25

La pensée interfère avec la création artistique ; les deux ne parlent pas le même langage.

conscience contient l'intellect, mais Nishida insiste beaucoup sur cette différence, et critique aussi la philosophie européenne d'être trop intellectuelle.

11 Ou co-production simultané : il s’agit du principe de pratîtya-samutpâda (en sanskrit) qui nous vient du bouddhisme originel indien. Ce principe a influencé notamment la pensée Kegon 華 厳  au Japon. Traduction du terme selon Guy BUGAULT : « apparition (des effets) suivant (des causes), loi de causalité et de conditionnement réciproque ». (La notion de "prajñâ" ou de sapience selon les perspectives du Mahâyâna" (1968), Paris, Collège de France, 19822, page 254.

Revenons un instant au terme « auto-aperception ». Le mot j i k a k u

 自

ђ lui-même est composé de deux idéogrammes : ji

自  

(soi, auto- ; de par soi-même) et k a k u ђ

(éveil, réveil, illumination ; mémoire). Nous traduisons le terme jikaku par « auto-5

aperception ». *12

Le terme « auto-aperception » est bien moins restrictif que celui de « conscience de soi » dans la mesure où jikaku fait appel conjointement au mental et au physique, à l'unité corps-esprit, et pas 10

seulement à l'intellect. KIMURA Bin confère à ce terme une place importante dans sa psychopathologie phénoménologique. Le traducteur de certains écrits de Kimura en français *13, Joël Bouderlique, propose pour jikaku également la traduction « auto-aperception ». Dans son introduction, il précise :

15

« Ainsi, lorsque le Pr Kimura parle de jikaku, il ne s'agit pas d'une perception exercée sur soi-même - de l'ordre d'une réflexion simultanée -, mais de l'auto-aperception de la situation où apparaît entre autres faits ce qui s'y trouve comme soi. […] Le jikaku, auto-aperception pure, est 20

apparition d'une forme d'"auto-affection apriorique" (Heidegger) indissociablement liée à une Stimmung. […] » *14

C'est dans ce sens que nous proposons d'interpréter et de traduire le terme jikaku chez Nishida. Kimura lui-même se dit inspiré de 25

Nishida pour son concept de aida (

entre [les personnes]). Pour lui, ce qui se tisse entre les êtres humains précède l'individu ; l'individu naît dans un contexte qui est aida, tout comme l'expérience n'est pas

12 Cf. Iwanami Tetsugaku Jiten (19252, p.375): "conscience de soi-même";

Tetsugaku Jii, Dictionary of Philosophy (1881, p.6): a) "apperception", b) "self-consciousness".

13 KIMURA Bin, Ecrits de psychopathologie phénoménologique, trad.Bouderlique, Paris,PUF, 1992.

14 Kimura, op.cit. 1992, p.19.

l'activité initiée par un sujet, mais c’est le sujet, l’individu, qui est constitué par les, et suite aux, expériences. Dans le recueil sus-mentionné, Kimura remonte à Nishida pour expliciter ce qu'il entend par jikaku :

5

« Par la réflexion, il se produit dans l'être-là lui-même un éloignement interne, ou une déchirure. On pourrait provisoirement parler d'une relation entre le côté réfléchi et le côté réfléchissant, mais il faut en même temps ajouter qu'en réalité de tels côtés autonomes ne sont pas donnés originairement. L'un de ces côtés est le fondement ontologique 10

de l'être-là, fondement qu’il est impossible de connaître objectivement, ou, en d'autres termes il est la transcendance comme rapport de l'être-là au monde. Etant donnée que le rapport à ce "fondement en tant que rapport" n'est rien de moins que la subjectivité ou l'ipséité de l'être-là, il ne s'agit ici de rien d'autre que d'un "rapport, qui se rapporte à soi-15

même" (Kierkegaard). Quand Nishida Kitarô parle de jikaku (auto-aperception) comme de l'acte "de se refléter soi-même en soi-même sans que rien ne soit le reflétant", cela revient absolument au même. »

*15 20

Nishida donne lui-même des explications de l’auto-aperception dans Art et morale :

« Ordinairement on pense peut-être que l’auto-aperception est une connaissance conceptuelle, mais nous ne pouvons pas connaître 25

le soi sous forme d’objet de jugement. L’auto-aperception ne peut pas devenir le contenu d’un jugement, en revanche, elle est l’intuition qui devient la base du jugement. Quand je dis atteindre au fond du soi cela signifie arriver à ce plan [de l’auto-aperception]. En y arrivant nous pouvons aussi transcender et incorporer le plan de la conscience-30

universel. »(NKZ III,352,chap.5)

Ci-après, un long passage sur la capacité spécifique de l’auto-aperception en tant que réflexion en action, qui peut rendre compte de nos activités mentales :

5

« Le fait de dire que nous ne pouvons pas être conscient de l'acte-de-la-sensation en tant que tel de la couleur et du son doit avoir le même sens que de dire que la conscience ne peut pas avoir conscience d'elle-même. Ainsi, dans l'expérience de la volonté, et aussi dans l'expérience de l'auto-aperception, ne possédons-nous pas 10

clairement la conscience de l'acte lui-même? Nier cela, c'est nier le soi-même tout court. La direction de l'acte dont nous pouvons être conscients dans l'expérience sensorielle, c'est l'orientation d'un tel moi, c'est l'orientation de la volonté. Ne pas pouvoir voir le voir, ne pas pouvoir entendre l'entendre, cela a le même sens que de dire que nous ne 15

pouvons pas connaître le fond de notre soi, qu'on ne peut pas transformer la volonté en objet. Mais si nous connaissons le soi dans l'auto-aperception, et la volonté dans la volonté, alors dans le même sens, nous pourrions peut-être connaître l'acte visuel et l'acte auditif.

Dans la mesure où nous pouvons également voir l'expérience 20

sensorielle dans la forme de l'expérience auto-aperceptive, ne pourrait-on pas dire que l'acte cpourrait-onnaît soi-même? Que veut dire que dans notre expérience auto-aperceptive, le soi connaît soi-même? Nous ne pouvons pas connaître notre propre soi en tant qu'objet, le soi transformé en objet n'est déjà plus le soi. Sinon, ce quelque chose, qui 25

est simplement appelé <ce qui agit>, à l'arrière-plan de l'expérience, ne serait pas différent de la force matérielle. Dans l'auto-aperception, agir ce doit être connaître et vice versa. Que signifie <connaître>? Selon la théorie de la connaissance de Kant, connaître ce n'est pas reproduire les choses extérieures, ce doit être unir les contenus variés de 30

l'expérience. […] »(NKZ III,426,chap.7)

15 Kimura, ibid. 1992, p.121-122; Kimura ne donne pas la référence pour cette

Notre auto-aperception n’est pas une conscience intellectuelle qui vise un objet :

« La conscience sensorielle est seulement établie quand ce 5

genre d'unité [trans-temporelle, qui contient le passé] est impliquée à l'arrière-plan, et la conscience de soi est produite en tant que le développement de ce genre d'unification. La conscience de notre identité de soi est l'auto-aperception de ce genre d'unité.*16 Nous pourrions dire qu'il y a seulement la conscience de soi à partir du 10

moment où il y a la conscience de soi basée-sur-la-réflexion. Mais connaître le soi, ce n'est pas produire le soi,… »(NKZ III,421,chap.7)

Connaître le soi par la réflexion, c’est connaître un semblant, pas le vrai soi en mouvement. De même que nous ne pouvons pas voir le 15

voir, ou écouter l’écoute, de même nous ne pouvons pas saisir par l’intellect ce moi en mouvement.

« Nous ne pouvons pas écouter l'écouter, voir le voir. Mais dans l'union pure des actes, nous pouvons les connaître en tant qu'ils sont ce 20

que Maine de Biran appelait <sensations volontaires>*17. Dans le point final*18 de l'unification, nous pouvons les connaître. »(NKZ III,332,chap.3.5)

Ce point final est le point visé par la volonté qui est impliquée 25

citation de Nishida.

16 Il semble que dans ce passage, 自己の意ށ jiko no ishiki et 自ђ jikaku soient très proches. - Habituellement, l'auto-aperception, dans l'emploi que Nishida fait de ce terme, engage la totalité de l'être, et émane, en tant que processus, de cette totalité. En revanche, la conscience de soi (ainsi que la conscience tout court) peut avoir un caractère intellectuel et ponctuel tandis que l'auto-aperception est plutôt un mouvement continu (ou une forme de conscience très corporelle). Le soi est un processus continu, pas une entité pour Nishida; ainsi c'est une processus en mouvement (l'auto-aperception) qui rend compte d'un autre processus (le soi).

17 La sensation active est identique avec la sensation volontaire.

18 目的点 mokuteki-ten, pour la traduction de 目的 mokuteki, voir la note dans Art et morale, NKZ III, p.260, chap.1.3.

dans nos actes. L’auto-aperception permet d’être conscient de ce qui est en mouvement. Ainsi, elle est une conscience de soi dynamique.

Produire le soi n’est pas le connaître seulement, mais le constituer, par l’action. Dans l’auto-aperception, connaître c’est agir, et inversement.

5

« C'est dans nos actes que nous enveloppons l'universel dans le particulier. L'unification du moi selon Maine de Biran qui ne peut pas être objectivisée peut également être appelée unification-expression.*19 L'unification de départ n'est pas une unification donnée, mais une unification qui se trouve dans la destination, qui se trouve dans la fin 10

(終 shû).[334] La compréhension expressive qui se base sur le tranfert de sentiments est bien plus profonde et fondamentale que la compréhension intellectuelle. La compréhension intellectuelle repose sur la compréhension expressive. L'unification particulière est l'unification de la continuité interne. C'est l'unification qui rassemble en

(終 shû).[334] La compréhension expressive qui se base sur le tranfert de sentiments est bien plus profonde et fondamentale que la compréhension intellectuelle. La compréhension intellectuelle repose sur la compréhension expressive. L'unification particulière est l'unification de la continuité interne. C'est l'unification qui rassemble en

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