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Introduction

La littérature d’un peuple est incontestablement un miroir qui reflète bien son âme, sa culture, ses mœurs et ses traditions. Cette littérature, s’élargissant à traves le mythe, le conte et la légende, reflète aussi les conventions de la société, les sensibilités, la culture et la civilisation dans lesquelles l’œuvre s’inscrit. D’ailleurs, « toute civilisation entretient des rapports privilégiés avec son Histoire, vraie ou supposée telle, mais aussi avec nombre d’histoires plus ou moins fabuleuses, qui garantissent son identité dans le siècle et sa manière

de se parler1. » On pourrait alors, à travers cette même littérature, saisir un grand nombre de

questions inaccessibles, celles qui ne forment pas essentiellement le centre d’attention de l’auteur. On pourrait citer comme exemple, les privilèges accordés, durant une époque précise, à une couche sociale particulière ou alors la situation religieuse dans une société donnée.

La littérature du Moyen Âge occidental2 se définit comme la période qui sépare

l’Antiquité des Temps modernes. Cette période longue de mille ans « est un jalon dans la

quête des racines et de leurs renouvellements3 ». L’une des particularités de sa littérature

consiste, on le sait, à s’adapter et à imiter des modèles antiques4

. Mais, par des sensibilités et des formes d’expression nouvelles, elle reflète aussi un monde nouveau. Néanmoins, il existe aussi bien une continuité indéniable entre la culture antique et la culture moderne qu’une rupture profonde. L’expression du passé se fait dans le présent, au lieu d’une coupure entre passé et présent, le passé est sans cesse réincorporé dans le présent, le présent étant considéré comme une répétition.

Rédigée dans les derniers tiers du XIIe siècle, l’histoire tragique de Tristan et d’Iseut

dont la fascination exercée tient à des raisons à la fois sociologique, psychologique et littéraires, est plus qu’un récit d’amour dans le monde occidental. D’après Philippe Walter, « le mythe de Tristan » et celui du roi Arthur correspond à une étape fondamentale de la culture occidentale :

1 Michel Stanesco, Lire le Moyen Âge, p. IX.

2 Certes, le Moyen Âge littéraire (XIe-XVe siècle) est bien plus court que le Moyen Âge historique qui débute avec la chute de l’Empire romain d’Occident en 476 et se conclut avec la découverte de l’Amérique par Christophe Colombe en 1492. En effet, les premiers monuments de la littérature française sont apparus à la fin du IXe siècle et cette littérature n’a pris son véritable essor qu’à la fin du XIe siècle. Philippe Walter, Naissance de la littérature française IXe-XVe siècle. Anthologie, Grenoble, Ellug, 1993, p. 11.

3 Michel Zink, « Le Succès de la littérature médiévale », dans Magazine littéraire, n° 382, décembre 1999, p. 38.

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Ils marquent le déclin provisoire d’un modèle antique et déplace le centre du monde vers l’Europe. La Méditerranée s’efface au profit de l’Atlantique. Rome s’effondre au profit d’une

civilisation « courtoise1 » qui fleurit aussi bien en Armorique, en Cornouailles qu’au Pays de

Galles et qui va donner à l’Occident médiéval son plus grand rêve romanesque2.

Toutefois, l’analogie surprenante de Tristan et Iseut avec Wîs et Râmîn de Gorgâni,

rédigé au XIe siècle, change partiellement la perspective des hypothèses contradictoire de

l’origine de ce roman d’amour européen. Les deux romans certes appartiennent à deux cultures différentes, mais ils ont pourtant circulé dans une aire indo-européenne. Alors la similitude des thèmes et des épisodes permet de les étudier dans une souche commune. Cette souche, pour en parler plus précisément comprend le monde celtique et le monde préislamique de l’Iran.

L’objectif de ce chapitre sera de présenter brièvement les romans et leurs auteurs, c’est-à-dire la typologie et la place littéraire de chaque roman dans sa propre société. Il essayera de tracer le cadre géographique et historique dans lesquels les deux romans sont apparus. Les similitudes et les divergences des romans, le parallélisme entre les personnages et les actions similaires des romans seront également repérés. L’ambition de ce repérage, ne

se limitera pas à démontrer le modèle de Tristan grâce aux situations plus ou moins similaires

des romans, mais plutôt de dégager dans les chapitres qui suivront, les diverses adaptations culturelles d’un héritage indo-européen.

Ainsi, en s’appuyant sur certains traits communs, surtout du point de vue mythique et religieux, il serait possible de faire une comparaison sur les thèmes, les personnages et les épisodes narratifs afin de les étudier dans un contexte mythique indo-européen. Il convient de noter qu’un « mythe, comme les croyances, peut quitter son lieu d’origine et s’implanter dans

d’autres populations, à la suite de relations d’échanges ou de conquêtes3

. » Mircea Eliade estime que le mythe est le fondement de la vie sociale et de la culture, car « un mythe est une

histoire vraie qui s’est passée au commencement du Temps et qui sert de modèle aux

comportements des humains4. » En effet, cette définition du mythe ne fait pas des dieux ou

des demi-dieux les seuls personnages du drame mythique, en revanche, elle établit entre celui-ci et le comportement rituel de l’homme une étroite dépendance.

1 D’après Michel Stanesco, « le phénomène de la courtoisie fut un code des bonnes manières à l’échelle de tout l’Occident, une éthique, un rêve collectif, un vaste mouvement littéraire. Il entraîna la réorganisation du champ littéraire dans les langues vernaculaires par sa conception de la femme et de l’amour, de la noblesse du cœur, de la libéralité et du contrôle de soi. » Voir « La Littérature européenne : les défis du comparatisme », p. 389.

2 Philippe Walter, Naissance de la littérature française IXe-XVe siècle. Anthologie, p. 78.

3

Joseph Chelhod, Les Structures du sacré chez les Arabes, Paris, G. P. Maisonneuve et Larose, 1965, p. 122.

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À l’instar du mythe, la religion à son tour met aussi en scène des forces sacrées et raconte des histoires « vraies » dont les héros ne sont pas nécessairement des divinités. Ces histoires qui se sont passées dans des temps très anciens se différencient souvent du mythe par

leurs caractères plus ou moins ésotériques1. Chaque rite social et religieux de l’homme serait

donc dans une certaine mesure la justification d’une réalité ou la célébration d’un mythe fondateur. Comme le note justement Georges Dumézil,

un mythe est un récit que les usagers sentent dans un rapport habituel, d’ailleurs quelconque, avec une observance positive ou négative ou un comportement régulier ou une conception directrice de la vie religieuse d’une société2

.

Le chapitre s’achèvera par une brève étude sur l’amour et ses différents aspects bien connus. Il étudiera le sens particulier d’un amour que la poésie lyrique des troubadours a

vénéré sous le registre de fin amor. Selon la tradition littéraire occidentale, l’origine probable

de cette poésie lyrique et raffinée se trouve dans la poésie arabo-andalouse3. Mais dans cette

étude, sans négliger des échanges culturels et les effets d’une acculturation issue des

événements socio-historiques, l’interprétation de la fin amor sera examinée dans le monde

indo-européen.

A. Tristan et Iseut

1 Joseph Chelhod, Les Structures du sacré chez les Arabes, pp. 119-120.

2 Georges Dumézil, Jupiter, Mars, Quirinus. Essai sur la conception indo-européenne de la société et sur les origines de Rome, Paris, Gallimard, 1941, p. 15.

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Il serait illusoire de vouloir traiter en quelques pages l’ensemble des problèmes posés par le Tristan. L’embarras même que l’on éprouve à nommer cette « matière » — romans, récits, poèmes ?—, à associer ou non dans un « titre » Tristan et Iseut, en marque d’emblée le

caractère multiple comme la multiplicité des approches possibles1.

Pourtant, l’histoire de Tristan et d’Iseut peut être considérée comme le « premier

roman2 » d’amour français, ou bien, comme le dit Jacques Ribard, « le Roman de Tristan » est

le « véritable prototype de tous les romans d’amour — bon ou mauvais — de la littérature

française3. » Ce roman occupe même une place particulière dans la genèse du roman

Occidental4. Issu de la tradition orale, comme plusieurs autres versions du XIIe siècle, ce

roman appartient à une catégorie de texte en vers qui traite de la vie et des exploits d’un

chevalier jusqu’à la fin de sa vie, que Gaston Paris appelait « poèmes biographiques5

». Le berceau originaire du récit est resté pendant des siècles la proie du mystère. D’après certains médiévistes, tel Gaston Paris, l’histoire de ce roman, racontée par des poètes français, fait partie du corpus des légendes celtiques. Cependant, selon Daniel Rocher,

on admet qu’il y a un « archétype », une Estoire, au point de départ de la littérature tristanienne, et alors on peut difficilement parler de légende, mais plutôt d’un thème littéraire à

réalisations successives variable ; ou bien l’on admet qu’il y a eu au XIIe siècle une tradition

orale et écrite diffuse, agglomérant diversement des épisodes de provenance diverse, celtique

ou orientale, ou germanique, ou latine, autour d’un noyau initial6

.

Dans tous les cas une forme de la légende circulait sans doute au pays de Galles dès la

fin du XIe ou le début du XIIe siècle. Il est aussi probable que les derniers éléments

constitutifs de la légende se soient fixés en Bretagne, vers la fin du XIe siècle7. En effet, l’esprit compliqué de ce roman démontre les contradictions de ce qui est souvent présenté

1 Emmanuèle Baumgartner, Tristan et Iseut. De la légende aux récits en vers, p. 5.

2 Philippe Walter, Le Gant de verre, le mythe de Tristan et Yseut, p. 9. Voir aussi Pierre Gallais, Genèse du roman occidental. Tristan et Iseut et son modèle persan, p. 105 : « Tristan et Iseut est le premier roman d’amours contrariées des littératures modernes de l’Occident. »

3 Jacques Ribard, « Quelque réflexions sur l’amour tristanien », dans La Légende de Tristan au Moyen Âge, Actes du Colloque des 16 et 17 janvier 1982 de l’Université de Picardie, Centre d’études médiévales, n° 355, Publiés par les soins de Danielle Buschinger, Göppinger, Kümmerle Verlag, 1982, p. 69.

4 Pierre Gallais, op. cit., pp. 56-74.

5

Cité par Marie-Luce Chênerie, Le Chevalier errant dans les romans arthuriens en vers des XIIe et XIIIe siècles, Genève, Droz, « Publications romanes et françaises », 1986, p. 4.

6 Daniel Rocher, « Denis de Rougemont, La « légende » de Tristan et le roman de Gottfried von Strasbourg », dans La Légende de Tristan au Moyen Âge, pp. 141-142.

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comme l’archétype des histoires d’amour. Relatant un amour mutuel mais malheureux, le poème allie indissolublement la passion d’amour aux contraintes du désir et à la mort :

Amour et mort, amour mortel : si ce n’est pas toute la poésie, c’est du moins tout ce qu’il y a

de populaire ; tout ce qu’il y a d’universellement émouvant dans nos littératures ; et dans nos

plus vieilles légendes, et dans nos plus belles chansons. L’amour heureux n’a pas d’histoire1

.

Le récit raconte l’histoire d’une passion amoureuse entre Tristan, meilleur chevalier du roi Marc et la reine Iseut, et développe une conception des relations entre homme et femme qui s’oppose aux règles sociales et religieuses de l’époque. Ainsi, la figure emblématique de cet amour, bouleversant la société féodale du temps, inaugure une nouvelle inscription sociale du couple. Une configuration nouvelle qui traverse les siècles jusqu’à nous et constitue une base de l’imaginaire occidental : le mythe de l’amour fatal. Il convient de noter que « le caractère le plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. Ce qui fait qu’une histoire, un événement ou même un personnage deviennent des

mythes, c’est précisément cet empire qu’ils exercent sur nous comme malgré nous2

. » Par ailleurs, un mythe suppose une transmission de siècle en siècle, même si sa forme initiale est changée.

Le grand succès de la légende, qui possédait déjà des versions différentes au XIIe

siècle, provoque l’apparition d’un Roman de Tristan en prose au siècle suivant, de même que

des adaptations successives du thème du roman jusqu’à nos jours. Ainsi, la forme et l’essence de ce récit d’amour comme un phénomène historique à l’origine probablement religieuse et mystique, devient selon Denis de Rougemont un véritable mythe qui marque profondément l’inconscient collectif. D’une manière générale, les personnages de Tristan et d’Iseut sont devenus les figures archétypales de l’amour impossible. La littérature romanesque française s’articule désormais autour de deux grands couples conflictuels : celui de l’amour et de la mort. Tantôt modèles, tantôt repoussoirs, les amants celtiques survivent donc autant dans le temps que dans l’espace.

Certes ce sont des archétypes, on le sait3,qui servent de référence à partir desquels la

littérature crée des doubles ou à l’inverse des contraires.Tel est bien le cas de Tristan et Iseut

qui, depuis le Moyen Âge, parcourt la littérature européenne. Chrétien de Troyes, le vrai père

1 Denis de Rougemont, L’Amour et l’Occident, p. 15.

2

Op. cit., p. 19.

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du roman français1 et l’auteur d’un roman disparu sur Iseut et le roi Marc, fait de Fénice dans

son roman de Cligès, « une Anti-Iseut », et de Cligès un « Super-Tristan », de même que chez

lui, Lancelot est un « Néo-Tristan » et Érec est un « Anti-Tristan2 ». Thierry Delcourt écrit :

« À la suite d’E. Köhler, maintes critiques ont interprété Cligès comme l’anti-Tristan. En

effet, les histoires d’amour d’Alexandre et Soredamor, puis de Cligès et Fénice, sont

constamment comparées et opposées à celle de Tristan et Iseut3. » Et comme l’indique Pierre

Le Gentil, « dans Cligès, Chrétien élève une protestation plus directe contre le mythe de

Tristan4. » Pierre le Gentil comme Denis de Rougemont parle du « mythe de Tristan », mais

Pierre Gallais a l’idée qu’au XIIe siècle, « Tristan n’était pas un mythe : il l’est devenu5. »

Mircea Eliade explique qu’un mythe se définit généralement par un sens restreint : il raconte

l’histoire de la « création » du monde par des êtres surnaturels, l’arrivée du « Héros civilisateur » ou de « l’Ancêtre mythique ». Cette histoire du commencement « fonde aussi

tous les comportements humains et toutes les institutions sociales et culturelles6. »

Ainsi, il est fort probable qu’un mythe prend parfois avec l’époque et les générations une nouvelle signification, mais il reste quand même quelque chose de stéréotypé dans le mythe et dans son utilisation. En effet, si la légende de Tristan devient mythique c’est parce

qu’elle touche à une vérité profonde, « le fait obscuret inavouable que la passion est liée à la

mort et qu’elle entraîne la destruction pour ceux qui s’y abandonnent de toutes leurs forces7

. » Dans ce sens, on pourrait légitimement considérer que l’histoire de l’amour de Tristan et

d’Iseut est devenue un mythe car, à part sa transmission de siècle en siècle, la vie des héros

nous interroge sur autant dequestions qui hantent l’homme depuis toujours : le Bien et le Mal,

l’innocence et la culpabilité, l’amour-passion et la raison, le libre arbitre et la fatalité. Ainsi,

pourrait-on dire que la légende de Tristan a été changéeen un vrai mythe fondateur grâce àsa

prolifération et à sa réécriture qui l’a aussi rendu universelle.

a.Contenu narratif

1 Le romancier champenois, Chrétien de Troyes, n’est pas à proprement parler l’inventeur du roman médiéval, mais « on considère son œuvre à juste titre comme une étape décisive dans la genèse du discours romanesque. Elle témoigne sans conteste d’une réflexion décisive sur les limites et les pouvoirs du langage romanesque. Chrétien de Troyes définit dans ses romans de nouvelles règles d’écriture, de nouveaux codes narratifs qui serviront après lui à plusieurs générations de romanciers. » Philippe Walter, La Mémoire du temps. Fêtes et calendriers de Chrétien de Troyes à La Mort Artu, Paris, Éditions Champion, 1989, p. 66.

2 Ces expressions sont empruntées à Pierre Gallais, Genèse du roman occidental. Tristan et Iseut et son modèle persan, p. 60, et à Jean Markale, Le Roi Arthur et la société celtique, p. 41.

3

Thierry Delcourt, La Littérature arthurienne, p. 19.

4 Pierre Le Gentil, La Littérature française du Moyen Âge, p. 86.

5 Pierre Gallais, op. cit., p. 26.

6

Mircea Eliade, Initiation, rites, sociétés secrètes, Paris, Gallimard, 1959, p. 13.

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Les textes tristaniens construisent une mosaïque dont de nombreuses pièces manquent

ou subsistent à l’état de fragments. Pour étudier l’ensemble du corpus de Tristan et faire une

comparaison avec le roman de Wîs et Râmîn, il est nécessaire d’avoir un résumé contenant

tous les épisodes du roman. Pour cela, ce travail donne un sommaire simplifié de la version

d’Eilhart von Oberg présenté par Emmanuèle Baumgartner1

et le combine avec le résumé

donné aux versions de Béroul et de Thomas par Anne Berthelot2. Ainsi ce résumé permettra

de situer les fragments de Béroul et de Thomas par rapport à la seule version complète du XIIe

siècle.

Marc est le roi de Cornouailles et règne au château Tintagel. Sa sœur Blanchefleur

s’enfuit enceinte, avec Rivalen le roi de Loonois qui meurt peu de temps après, et

Blanchefleur meurt trois jours après avoir mis au monde Tristan, un fils sur la légitimité

duquel pèsent de sérieux doutes. Tristan est élevé par le sage Gouvernal. Enlevé à l’âge de

quinze ans par des marchands norvégiens, il est abandonné en Cornouailles. Sa très bonne éducation et ses divers talents lui attirent la faveur du roi Marc qui plus tard découvre sa véritable identité.

Chaque année, le royaume d’Irlande impose au roi Marc un lourd tribut : des enfants de Cornouailles. C’est le géant Morholt, le beau-frère du roi d’Irlande qui réclame le tribut. Alors que tous les barons refusent de se battre, Tristan demande à son oncle de le faire chevalier pour qu’il puisse combattre le géant. La bataille se déroule à l’Ile Saint-Samson où le géant est tué. Mais, Tristan reçoit une blessure empoisonnée qui ne guérit pas et la plaie dégage une telle puanteur que tous s’écartent de lui. Tristan donc se fait déposer dans une barque avec ses armes et sa harpe. Les flots l’emportent en Irlande où il se fait passer pour un jongleur et Iseut la Blonde, la fille du roi qui connaît les vertus des herbes le guérit. Tristan revient en Cornouailles.

Les barons de Marc, craignant que le roi ne fasse de Tristan son héritier, le pressent de se marier pour donner à son royaume un descendant. Le roi accepte d’épouser la fille dont un cheveu blond a été déposé par une hirondelle sur sa fenêtre. Tristan qui a reconnu la mèche d’or, jure de trouver cette fille. Il équipe une nef et accoste en Irlande où il se fait passer pour un marchand. Il apprend qu’un monstrueux serpent enlève chaque jour une jeune fille et le roi a promis la main d’Iseut à celui qui délivrera le pays. Tristan tue le monstre et lui coupe la langue pour prouver son exploit, mais empoisonné par les vapeurs nocives de la langue, il tombe inanimé. Le sénéchal du roi trouve le dragon mort et s’attribue la victoire, mais Iseut

1

Emmanuèle Baumgartner, Tristan et Iseut. De la légende aux récits en vers, pp. 28-37.

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ne le croit pas, elle cherche et trouve Tristan et pour la deuxième fois le guérit. Pendant que

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