• Aucun résultat trouvé

Nous pensons avoir répondu à notre questionnement : « En quoi la prévention primaire sage-femme influe-t-elle sur la plagiocéphalie positionnelle postérieure du nouveau-né sain, né à terme ? », par les éléments apportés dans la discussion et grâce à la revue de littérature.

Par conséquent, au vu des connaissances acquises, nous estimons posséder la matière suffisante pour orienter les parents et nos pairs au sujet de la PPP du nourrisson.

En tant que sages-femmes les éléments suivants nous paraissent importants à prendre en compte pour minimiser la PPP.

54 8.3.1 La variation des positions

Notons qu’en pratique et donc au sein des services où nous sommes allées en stage, peu ou pas de prévention est faite sur la PPP. Beaucoup de personnes ignorent d’ailleurs ce que signifie ce terme, parmi les parents mais également parmi les sages-femmes. Les recommandations de couchage sont davantage axées sur la MSN. Le décubitus dorsal pendant le sommeil est systématiquement indiqué aux parents. Des conseils en matière de position ventrale sont également exposés. Il s’agit alors de recommandations pour développer le tonus de l’enfant pendant les phases d’éveil, mais le risque de PPP n’est jamais évoqué. Toutefois, en élaborant ce travail nous avons constaté que le développement moteur et l’activité de l’enfant étaient étroitement corrélés aux changements de positions en phase d’éveil. Il s’agit alors d’un moyen de prévenir la PPP. Ainsi, le lien s’établit dans la pratique, même s’il n’est pas évoqué comme tel.

Relevons en parallèle l’appréhension éprouvée par les parents lorsqu’il s’agit de mettre leur bébé en position ventrale. Nous avons un grand rôle à jouer auprès de ces parents en leur montrant les compétences de leur bébé. Cela commence dès les premières heures de vie de l’enfant en effectuant l’examen (status) du nouveau-né sous leurs yeux. Il nous semble primordial de leur montrer de quoi est capable leur bébé : tonus axial, rotation de la tête en décubitus ventral, réflexes archaïques (automatismes primaires). La reconnaissance des compétences de l’enfant participe au développement de la parentalité, selon Bacchetta & al. (2010). Le bébé sain sait donner des réponses motrices bien circonscrites. Nous devons les expliciter aux parents. Cela dans le but de les motiver à instaurer la motricité libre et les changements de position chez leur bébé, sans danger.

Soulignons enfin, que les articles étudiés ont mis en avant le « tummy time », c’est-à-dire la position ventrale chez les nourrissons au moins trois fois par jour pour prévenir la PPP. Nous nous devons alors de veiller à l’application de cette mesure tout d’abord à l’hôpital, puis à domicile. Nous pouvons expliquer aux parents que cette position aide leur enfant à se muscler, à passer à la position assise et aux quatre pattes par la suite. Nos dires s’appuient également sur l’étude de Kennedy & al. (2009). Une autre position favorise également la tonicité de l’enfant. Elle consiste à installer l’enfant sur le ventre du parent. Cette position permet à l’enfant de lever la tête et de se redresser pour regarder autour de lui. De plus, ce contact ventre contre ventre, en peau à peau ou non, favorise le lien parent-enfant. Accompagner la construction de ce lien appartient au rôle propre de la sage-femme.

Nous conseillons alors aux parents de changer régulièrement leur enfant de position, de le stimuler, puisque nous avons constaté que cela prévenait la PPP.

55 8.3.2 L’allaitement

D’une manière générale, la sage-femme a pour rôle de promouvoir l’allaitement maternel. D’après le Plan Périnatalité Français (2005-2007), nous savons que celui-cidiminue les risques d’apparition du diabète, de l'obésité, du cancer du sein et des problèmes d'orthodontie, entre autres.

Allaiter s’inscrit alors dans une démarche de Santé Publique, selon l’ordre des sages-femmes suisse (2013).

D’une manière plus particulière, les différentes études rencontrées nous permettent de nous positionner face à l’allaitement dans notre thématique. Nous avons effectivement relevé que l’allaitement exclusif au biberon était un facteur de risque reconnu dans le développement de la PPP, à cause du positionnement de l’enfant. Aussi, il nous paraît important d’accompagner les femmes dans leur projet d’allaitement maternel, de les informer de ses bienfaits généraux, et préventifs de la PPP, tout en sachant respecter leur choix.

8.3.3 Les sièges pour bébé et modes de transport

Nous relèverons également ici l’usage des sièges pour bébé de plus en plus répandu dans nos sociétés occidentales. Dans les pays en voie de développement, les enfants sont volontiers portés dans des écharpes, sur le dos ou sur le ventre de leur mère. Il semble que ces différences soient d’une part culturelles mais également liées aux disparités sociaux-économiques.

Nous devons avertir les parents qu’un usage n’est pas dommageable pour leur enfant, mais qu’ils doivent néanmoins rester vigilants en minimisant le temps passé dans ces dispositifs. Il peut être fréquemment utilisé, mais les périodes doivent être de courte durée. Par exemple, lors de longs voyages en voiture, nous pouvons conseiller aux parents de sortir l’enfant de son siège à chaque pause. Nous pouvons également inviter les parents à porter leur enfant. Cela évite tout appui de l’arrière de la tête et développerait également leur tonus et leur motricité. Une fois de plus, cet élément favorise le lien et l’attachement parents-enfant.

8.4 P

ERSPECTIVES

Au-delà des réponses à ce questionnement, nous pouvons émettre diverses perspectives.

Premièrement, une brochure élaborée pour la prévention de la PPP, par la SSP (2006) [ANNEXE I], existe mais ne semble pas être distribuée. Nous pensons qu’il serait bénéfique de la répandre auprès des parents à l’avenir.

56

Ensuite, les HUG (2006) ont élaboré une vidéo sur la PPP. Elle s’adresse aux parents et donnent différents moyens de prévention efficaces et simples à mettre en place. Nous pensons qu’il serait utile qu’elle soit visionnée par le grand public.

Enfin, différentes propositions émergent de notre réflexion :

- La prévention sage-femme pourrait avoir lieu en service de post partum, à domicile, en crèche, ou encore en centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI). Nous pensons également qu’une prévention pourrait se faire en amont, soit au cours de préparation à la naissance et à la parentalité.

- La sage-femme pourrait sensibiliser les autres professionnels entourant la grossesse et le post-partum à parler de la PPP.

- Le carnet de santé français et le Baby Guide contiennent des conseils destinés aux parents. Il est traité des dents, des activités motrices, du couchage, de l’alimentation ou encore des accidents domestiques, mais pas de la prévention de la PPP. La sage-femme pourrait proposer d’y introduire cet item.

- La carence en vitamine D chez la mère en fin de grossesse rendrait le crâne du bébé plus malléable. En effet la vitamine D a une influence sur l’absorption du calcium et donc sur la construction du squelette. En suivi de grossesse, notre rôle de sage-femme serait-il alors de supplémenter les femmes en déficit de vitamine D pour prévenir d’une éventuelle PPP? En post-partum, notre rôle sage-femme est d’ailleurs de conseiller aux parents de donner quotidiennement cette vitamine à leur enfant.

Par nos suggestions, en aucun cas exhaustives et formelles, nous souhaitons seulement élargir les possibilités d’action de prévention dans le but de diminuer l’apparition de la PPP chez le nourrisson. De plus, il nous semble qu’une prévention primaire efficace aurait un double impact. Premièrement, elle diminuerait les coûts qu’entraineraient les traitements. Deuxièmement, elle éviterait un traitement et un suivi pénibles pour l’enfant et ses parents.

Cette revue de littérature nous apporte différents points essentiels au rôle professionnel. A travers elle, nous avons appris qu’il est important de ne pas tirer de conclusions de manière systématique. Nous retenons que chaque parent a une histoire et un mode de vie qui lui est propre, ce qui influencerait la prise en charge de son enfant. Ainsi, l’information transmise par les sages-femmes doit être individualisée pour chaque famille dans l’objectif d’une prise en charge globale. Ceci appuie l’importance du concept de l’approche centrée sur la personne.

57

Au-delà de notre volonté de transmettre des informations, nous pensons qu’il est primordial d’ouvrir un espace de discussion concernant la PPP. Une part essentielle de notre rôle sage-femme est de répondre aux demandes des parents tout en connaissant nos limites et ainsi en pouvant orienter les enfants atteints de PPP vers différents experts.