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2. Justification des méthodes d’évaluation

2.2. Évaluations des neuropeptides spinaux 1 Tachykinines SP et CGRP

La SP et le CGRP étaient tous deux augmentés chez les rats du modèle Combo comparativement aux autres modèles chirurgicaux, mais seulement le changement affectant le CGRP s’est montré significatif. Les résultats du CGRP pour le modèle MIA étaient aussi significativement plus élevés que pour le groupe Combo, ce qui n’est pas surprenant puisque le modèle MIA est considéré comme le standard et potentiellement aussi le plus douloureux. La temporalité de l’évaluation s’est montrée d’importance dans une étude précédente et ceci pourrait expliquer l’absence de résultats significatifs pour la SP ainsi que les différences observés entre le groupe Combo et le groupe MIA.9; 282

Le CGRP a été étudié comme un marqueur de nociception et d’inflammation. Il amplifie les effets des neuromédiateurs excitateurs du système nerveux central comme le glutamate, ce qui affecte l’équilibre entre les systèmes endogènes anti- et pro-nociceptifs. Le CGRP est impliqué avec la SP dans la sensibilisation périphérique et centralisée – donc la mise en place de douleur pathologique.118 Sa présence en quantité significativement plus élevée pour le

groupe Combo pourrait indiquer qu’il y a effectivement une neuroplasticité qui s’installe.119 Elle a d’ailleurs été définie comme importante pour l’apparition du phénomène de sensibilisation centralisée lors de douleur arthrosique. Bien que le modèle Combo tel que décrit ici n’ait pas été testé auparavant, ces données concordent avec des tendances décrites précédemment.9

2.2.2. Bradykinine (BK)

Il n’a pas été possible de déterminer lequel des groupes chirurgicaux a montré une différence significative dans les concentrations de BK et cela est vraisemblablement dû à un manque de puissance statistique puisque des évidences pointent vers un rôle substantiel de la BK dans la douleur arthrosique du genou. La BK est une substance très algogène.133 Dans une étude portant sur l'administration intra-articulaire d'un antagoniste spécifique de la BK, un effet analgésique durable chez les patients humains affectés par l'arthrose du genou a été noté. BK est un vasodilatateur et promoteur inflammatoire qui est généré par la synovie de l’articulation arthrosique. Elle contribue à l'initiation et au maintien de l'inflammation, à la sensibilisation

des fibres nerveuses sensorielles excitantes, produisant ainsi la douleur.122 Sans surprise, le modèle MIA a montré des valeurs plus hautes que le modèle Combo, vraisemblablement par une atteinte plus aiguë et agressive. De plus, la variation temporelle dans les analyses entre les modèles chirurgicaux et le modèle MIA pourrait potentiellement expliquer ces résultats.

2.2.3. Somatostatine (SST)

Dans l’hypothèse que l’inflammation est un contributeur majeur à la douleur pathologique, il est attendu qu’un modèle qui cause plus d’inflammation périphérique cause aussi plus de sensibilisation centralisée. Donc, plus d’inflammation mènerait à plus de SST. Le groupe CCLT a montré les niveaux les plus bas de SST, bien qu’il n’y ait pas d’explication physiopathologique logique pour justifier cette différence comparativement au groupe DMM ou Sham et l’absence de différence avec le groupe Combo. Ceci est vraisemblablement lié à une erreur statistique de type 2. Cependant, ceci pourrait aussi être interprété comme un plus grand potentiel du modèle Combo de causer de l’allodynie lorsque comparé au modèle CCLT. En comparant le groupe MIA au groupe Combo, les résultats se sont révélés identiques à ceux attendus, soient une SST plus élevée chez le groupe MIA. Cependant, l’information disponible sur la SST pour des modèles de douleur arthrosique spécifiquement reste limitée et ces résultats s’inscrivent possiblement davantage dans un contexte de caractérisation d’un marqueur plutôt que de confirmation d’un concept.

2.2.4. Transthyrétine (TTR)

La TTR n’est pas un marqueur spécifiquement décrit dans la littérature comme étant impliqué dans la douleur arthrosique. On connaît son rôle chez l’humain dans certaines polyneuropathies familiales et acquises,283-285 et elle est documentée comme diminuée chez les

humains atteints d’arthrite rhumatoïde.286 La régulation à la baisse de valeurs de TTR dans le

liquide céphalorachidien comparativement aux valeurs de base s’est avérée prédictive de la réponse à l’administration d’analgésiques chez un modèle de douleur viscérale chez des vaches.287 Pour toutes les mesures de douleur évaluées lors de cette étude, la concentration de TTR dans le liquide céphalorachidien s’est avérée être la plus sensible et spécifique. Dans un modèle d’arthrose canine, l’administration de tiludronate, une molécule avec des propriétés

anti-inflammatoires, permettait une augmentation de la TTR au niveau spinal comparativement aux chiens qui recevait le placebo.288

Une étude précédente du GREPAQ chez des rats du modèle MIA a montré des niveaux de TTR plus bas chez les animaux douloureux comparativement aux animaux naïfs (données en attente de publication).

À la vue des évidences disponibles, il est possible que l’inflammation présente lors d’arthrose puisse diminuer l’expression de la TTR au niveau du système nerveux central et il serait attendu que le modèle Combo produise la TTR la plus basse, ce qui est reflété par une TTR moyenne inférieure chez les animaux de ce groupe. Par contre, on se serait attendu à ce que les rats MIA montrent la TTR la plus basse comparativement au modèle Combo, ce qui n’a pas été le cas. Cette molécule est présentement en cours d’évaluation par le GREPAQ comme un potentiel marqueur de douleur arthrosique. Certaines questions sont cependant émises quant à la méthode de mesure et la temporalité de l’expression de la TTR.