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Évaluation et traitement en physiothérapie des symptômes les plus souvent rencontrés en soins

6.1.1 Fatigue

La fatigue est un des symptômes les plus fréquents et invalidants retrouvés en soins palliatifs (153). Celle-ci peut être causée par la maladie elle-même ou encore être un effet secondaire des traitements (153), notamment la chimiothérapie dans les cas de cancer (154).

L’évaluation de ce symptôme en physiothérapie peut être réalisée à l’aide de diverses échelles. Une échelle facile à utiliser chez la clientèle en soins palliatifs est le Brief Fatigue Inventory (annexe 9) (155). Ce questionnaire développé pour la population atteinte de cancer est composé de 9 questions qui évaluent l’intensité de la fatigue et comment celle-ci interfère avec certains aspects de la vie quotidienne (156). Ce questionnaire est court et facile à utiliser et a une bonne validité et fidélité (156).

Quelques interventions peuvent être appliquées pour améliorer la fatigue. La principale modalité d’intervention en physiothérapie pour ce symptôme est l’exercice physique adapté. Bien que la fatigue représente une des causes de refus de participer à des exercices physiques (157), cette intervention peut être bénéfique pour la population en soins palliatifs. En effet, quelques études supportent les effets positifs de l’entraînement quant à ce symptôme chez les patients en phase terminale de cancer (158-162). L’exercice pourrait également être bénéfique chez d’autres clientèles spécifiques en fin de vie, notamment les insuffisants cardiaques (46) ou encore pour la population générale en soins palliatifs (56). Le repos étant souvent ce qui est suggéré de prime abord pour soigner la fatigue, il est de notre ressort d’éduquer les patients rencontrés en soins palliatifs afin de les amener à changer leurs habitudes de vie et inclure de l’activité physique dans leur quotidien, ceci dans le but de diminuer leur fatigue.

70 Un autre moyen d’intervention qu’il ne faut pas négliger est l’enseignement. Celui-ci doit être prodigué autant au patient qu’à sa famille (27, 153). Il est important d’informer le patient sur les techniques de conservation d’énergie (27, 46, 56, 163). Le patient doit trouver un équilibre entre le repos et l’activité pour ne pas aggraver sa fatigue. Des conseils au niveau du sommeil peuvent également être donnés (46). Les physiothérapeutes peuvent aussi intervenir au niveau de la fatigue en fournissant une aide technique (46, 163). Lorsqu’elle est adéquate et adaptée à la condition du patient, l’aide technique pourrait diminuer l’énergie nécessaire au patient pour assurer ses déplacements ainsi qu’augmenter la sécurité. Des adaptations à domicile peuvent également permettre de réduire la fatigue (46, 163).

6.1.2 Dyspnée

La dyspnée est non seulement le symptôme le plus fréquent chez les maladies pulmonaires terminales (46), mais sa prévalence est également importante pour d’autres types de problèmes retrouvés en soins palliatifs (51, 151, 152).

Un guide de pratique pour les infirmières pour le traitement de la dyspnée chez les malades pulmonaires obstructives chroniques rapporte que l’évaluation doit inclure : l’intensité de la dyspnée, les signes vitaux, la saturation de l’hémoglobine en oxygène, l’auscultation pulmonaire, le patron respiratoire, l’œdème périphérique et la présence de toux (164). Un autre document discutant spécifiquement des soins palliatifs suggère que la fréquence respiratoire et la régularité des cycles respiratoires, le rapport inspiration sur expiration, le patron respiratoire et l’observation du faciès (battement des ailes du nez, cyanose, cyanose labiale, lèvres pincées à l’expiration, plissement du front) devraient faire partie de l’évaluation d’un patient présentant de la dyspnée (165). L’intensité de la dyspnée peut facilement être mesurée à l’aide d’une échelle visuelle analogue, d’une échelle numérique ou de l’échelle de Borg modifiée (27, 164, 165). D’autres échelles, telle Medical Research Council scale (166), sont utilisées afin de quantifier la sévérité de la dyspnée en lien avec l’’intensité de l’effort ressentie dans les activités quotidiennes où les symptômes de dyspnée apparaissent. Les différentes échelles retenues sont présentées à l’annexe 10.

71 Pour ce qui est du traitement de la dyspnée, plusieurs interventions peuvent être envisagées. Tout d’abord, diverses stratégies respiratoires peuvent être enseignées aux patients (27, 46, 56, 164). Celles-ci comprennent l’expiration à lèvres pincées et la respiration profonde diaphragmatique. Le positionnement peut également contribuer à faciliter la respiration. Les auteurs suggèrent d’adopter une position penchée vers l’avant (27, 46, 164, 165, 167) ou une position semi-couchée (57, 165, 168). Le physiothérapeute peut aider à diminuer la dyspnée par l’activité physique. La littérature, bien qu’elle soit pauvre au niveau des soins palliatifs, a démontré que l’exercice peut être bénéfique pour diminuer ce symptôme (159, 164, 169). Des techniques de relaxation, telles la relaxation musculaire progressive et la pensée positive (164), peuvent également être enseignées aux patients pour aider à diminuer l’impact de ce symptôme (57, 165). L’entraînement des muscles inspiratoires représente aussi une intervention pouvant être bénéfique pour diminuer la dyspnée et augmenter la pression inspiratoire maximale (46). Dans le guide des soins palliatifs du médecin vautois, le physiothérapeute œuvrant dans ce domaine aura pour objectif de rendre efficace et régulière la respiration, réduire l’hypoventilation, augmenter l’oxygénation et combattre la rétention de CO2 (165). Un environnement frais où il y a une bonne aération et ventilation serait également bénéfique au niveau de la dyspnée (165, 167). L’anxiété accompagne souvent la dyspnée (46, 170) et c’est pourquoi il est important d’appliquer les techniques de relaxation déjà mentionnées et des massages (27, 56) chez les patients anxieux en plus de les rassurer et de les distraire (26).

6.1.3 Encombrement bronchique

L’encombrement bronchique, tout comme la fatigue et la dyspnée, est également un symptôme dont beaucoup de patients en soins palliatifs se plaignent. L’encombrement bronchique peut survenir suite à différents mécanismes pathologiques, dont la bronchorrhée, qui se caractérise par une hypersécrétion pathologique de mucus bronchique, et l’inhalation dans les voies aériennes inférieures de différentes substances provenant de l’extérieur. Ce symptôme est souvent rencontré dans la phase d’agonie et il provoque alors des râles, lesquels sont qualifiés d’agoniques (15, 57, 68, 70, 73, 171).

L’évaluation de ce symptôme inclut l’évaluation respiratoire, c’est-à-dire l’inspection, l’auscultation, la percussion et la palpation, l’évaluation des sécrétions et de

72 la toux (172). Au niveau des expectorations, il faudra évaluer plus spécifiquement les critères suivants : la couleur, la quantité, la consistance et l’odeur (172).

De nombreuses interventions en physiothérapie peuvent être faites au niveau de l’encombrement bronchique. Le positionnement, dont la position semi-assise (171), fait partie de ces interventions. Le drainage postural est aussi utilisé pour améliorer ce symptôme (168, 173-175). Les physiothérapeutes peuvent aider à déloger les sécrétions en appliquant des vibrations (175) et du clapping (168, 175). Évidemment, le clapping ne s’applique pas à toutes les personnes rencontrées en soins palliatifs. Il faut faire preuve de jugement et considérer leur fragilité. En plus des techniques mentionnées précédemment, une toux efficace est nécessaire pour permettre le décollement des sécrétions dans les voies respiratoires. Lorsque la toux des patients n’est pas assez forte, des techniques de toux manuelle ou assistée sont alors enseignées afin de favoriser le dégagement des sécrétions (174, 175).