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L’évaluation des MM peut se faire par l’intermédiaire de différentes tâches et outils de mesure très variés allant de la simple observation clinique à une mesure fine de l’activité EMG lors d’une tâche motrice complexe. La diversité des paradigmes et des outils de mesure retrouvés dans la littérature rend souvent les études difficilement comparables. De plus, la méthodologie utilisée est souvent dépendante de la population étudiée notamment du fait

1.3. Évaluation des mouvements miroirs

de la difficulté de l’observation de MM chez des adultes sains. Nous allons tenter de présenter ici les différents moyens d’évaluation cliniques et instrumentaux des MM.

Évaluation clinique

L’évaluation clinique des MM apparaît pertinente dans le cas des populations où ces mou- vements involontaires sont particulièrement exacerbés. Ainsi, différentes épreuves cliniques simples ont été proposées pour évaluer les MM chez le jeune enfant en bonne santé (Guilmain,

1948;Largo et al.,2001) et dans le cadre pathologique auprès de patients hémiparétiques à la suite d’une lésion cérébrale unilatérale (Klingels et al.,2016;Nass,1985;Riddell, Kuo, Zewdie, & Kirton,2019;Uttner, Mai, Esslinger, & Danek,2005;Woods & Teuber,1978) ou présentant des mouvements miroirs congénitaux (Gallea et al.,2013).

Chez l’enfant, les mouvements miroirs peuvent être évalués cliniquement par l’épreuve des diadococinésies consistant en des mouvements successifs de pronation et supination unilaté- rales d’un avant-bras (mouvement des marionnettes) (Guilmain,1948). Tandis que l’individu réalise ce mouvement avec un bras, on observe les éventuelles MM sur le bras controlaté- ral resté relâché. La batterie d’évaluation neuromotrice de Zurich (Largo et al., 2001) per- met quant à elle de rechercher les MM chez les enfants de 5 à 18 ans, au moyen de sept épreuves, chacune cotée en durée et en intensité. Parmi les différentes épreuves, on retrouve par exemple, des mouvements répétitifs des doigts, des mains ou des pieds, des mouvements alternés des mains ou des pieds, des mouvements séquentiels d’opposition des doigts avec le pouce ou encore une tâche de motricité fine avec des chevilles à placer ou à retourner sur une planche à trou (Largo et al.,2001). La durée des MM est estimée sur une échelle de 10 points : 0 =absence de MM, 5 = MM présents la moitié du temps de l’épreuve et 10 = MM présents tout au long de l’épreuve. De la même façon, l’intensité des MM est évaluée entre 0 et 4 points respectivement lors de MM absents, très peu marqués, nettement marqués et très fortement marqués (Largo et al.,2001). La cotation de cette épreuve clinique permet donc de préciser la

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fréquence d’apparition et l’intensité des MM mais reste encore largement qualitative.

Dans le cadre de la pathologie,Woods et Teuber(1978) ont initialement proposé une éva- luation clinique des MM à des patients hémiparétiques à la suite d’une lésion cérébrale uni- latérale survenue durant l’enfance par l’intermédiaire de trois tâches motrices : pince répétée et rapide entre l’index et le pouce d’une main, rotation du poing en alternant la supination et la pronation de l’avant-bras et enfin pince répétée en alternant entre le pouce et chaque doigt d’une main. Pour chaque tâche le degré de MM était coté entre 0 = absence de MM et 4 = MM similaires au mouvement volontaire (Woods & Teuber, 1978). Par la suite cette même évaluation clinique des MM a également été proposée dans le cadre de la paralysie cérébrale (Klingels et al.,2016; Nass,1985;Riddell et al.,2019) ou encore des mouvements miroirs congénitaux (Gallea et al.,2013). Enfin, s’inspirant de cette évaluation clinique, Utt- ner et al.(2005) ont également proposé quatre tâches motrices simples pour évaluer les MM chez des adultes hémiparétiques à la suite d’une lésion cérébrale unilatérale : (1) opposition séquentielle des doigts avec le pouce, (2) tapping de l’index, (3) ouverture de la main, et (4) écartement de l’index et du majeur contre la résistance de l’examinateur. Les MM de la main passive étaient observés et cotés à 0, 1 ou 2 respectivement selon leur caractère absent, léger ou prononcé. Cette dernière évaluation clinique a été réutilisée par la suite dans la population normale auprès de 236 sujets sains de 3 à 96 ans (Koerte et al.,2010).

Bien que pertinentes d’un point de vue clinique, ces évaluations ne permettent pas de quantifier les MM de manière fiable et objective et apparaissent insuffisantes notamment lorsque les MM deviennent imperceptibles à l’œil nu comme cela peut être le cas chez l’adulte sain.

Évaluation instrumentale

Face aux limites de l’évaluation clinique des MM, plusieurs auteurs ont développé d’autres mesures quantitatives plus objectives et plus fines des MM. Ainsi,Todor et Lazarus(1986) pro-

1.3. Évaluation des mouvements miroirs

pose un dispositif permettant de détecter les variations de force produites par les deux mains à l’aide de lamelles métalliques qu’il faut serrer entre le pouce et l’index. Ce dispositif permet ainsi de mesurer l’amplitude de force produite par la main non volontairement active lorsque l’autre main réalise des contractions volontaires. Par la suite, cette méthode de quantification des MM par le biais d’une mesure de force a également été utilisée dans de nombreux travaux chez l’adulte sain (Addamo et al.,2010,2009a,2009b;Baliz et al.,2005;Uttner et al.,2007,

2005).

Une autre façon de quantifier précisément les MM est d’enregistrer l’activité électrique musculaire par électromyographie (EMG) sur le membre supposé être inactif. Dès1961,Cerna- ceka utilisé cette mesure des MM par EMG lors d’une tâche unimanuelle de flexion/extension de l’index chez des adultes sains et des patients hémiparétiques. Par la suite, Mayston et al. (1999) ont également utilisé cette mesure EMG sur les muscles interosseux dorsaux de chaque main lors d’une tâche séquentielle d’opposition entre le pouce et les doigts et lors d’une tâche rythmique d’abduction de l’index d’une main. Ce dispositif permettait ainsi de mettre en exergue la présence de MM au niveau des muscles homologues de la main oppo- sée chez des enfants mais également chez des adultes sains (Mayston et al.,1999). Comme en témoignent de nombreuses études récentes, l’utilisation de l’EMG semble être particuliè- rement appropriée pour quantifier de façon précise et fiable les MM notamment chez des adultes sains (e.g.,Beaulé et al.,2016;Derosière et al.,2014;Maudrich et al.,2018,2017,2019;

Morrison, Hong, & Newell,2011;Sehm et al.,2010,2016). En effet, cette méthodologie permet de mettre en évidence des MM discrets chez l’adulte sain en l’absence de production de force ou d’un mouvement involontaire visible. C’est pourquoi l’évaluation des MM chez l’adulte sain nécessite d’une part, l’utilisation d’outils de mesure précis et d’autre part, de se placer dans des conditions optimales favorisant leur émergence.

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