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Évaluation de la méthode expérimentée

3.2.1 La période d'inventaire

Nous avons réalisé les inventaires entre le 15 octobre et le 15 novembre (Tableau 7). Ces dates ont été choisies en tenant compte du moment optimal pour inventorier les huttes de rats musqués, mais aussi de contraintes reliées à la disponibilité des ressources humaines et des hélicoptères du gouvernement du Québec.

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Tableau 7. Dates de réalisation des inventaires

Bas Saint-Laurent

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En général les participants n'ont pas soulevé de problème lié à la période d'inventaire. Lupien (1990) diffère à cet égard. Il identifie la période d'inven-taire comme l'un des facteurs pouvant expliquer les écarts qu'il observe entre les densités de huttes rapportées par des trappeurs et nos résultats d'inventaire. Dans le but de vérifier cette hypothèse, nous avons comparé à l'automne 1991, les résultats d'inventaires réalisés à la mi-octobre et la fin octobre (Daigle 1992).

Les conclusions de cette étude font état d'un net avantage à effectuer les inventaires immédiatement avant la prise des glaces, à ce moment les huttes seraient plus nombreuses et plus visibles.

La présence de glace et de neige dans les marais de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean nous a empêchés d'y réaliser l'inventaire tel que prévu, les 14 et 15 novembre 1989. L'année suivante, prudents suite à l'expérience de 1989, nous avons fait le travail à la mi-octobre. Dans cette région, la construction des huttes est en pleine évolution à cette période et les inventaires hâtifs de 1990 sont sûrement responsables d'une grande partie des différences rapportées par Lupien (1990). C'est à la toute fin du mois d'octobre que l'on rencontre les conditions optimales pour inventorier les huttes de rats musqués au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

3.2.2 L'hélicoptère et les conditions de vol

Dans le cadre des interrogations soulevées par Lupien (1990), nous avons aussi comparé les performances des inventaires aériens et terrestres pour le dénombre-ment des huttes de rats musqués (Daigle 1992). Cette étude démontre que les deux méthodes produisent des résultats comparables dans les marais du Saguenay-Lac-Saint-Jean lorsque les inventaires sont réalisés immédiatement avant la prise des glaces.

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Les altitudes et les vitesses de vol ont beaucoup varié au cours des inventaires réalisés jusqu'à maintenant. Plusieurs éléments conditionnent ces dernières. Un habitat de petite superficie ou de forme irrégulière nécessite un vol plus lent qu'un habitat de grande superficie ou de forme linéaire. L'altitude et la vitesse doivent aussi être réduites lorsque les huttes sont peu visibles. Le dénombrement des huttes est généralement réalisé entre 20 et 100 mètres d'altitude à des vitesses qui oscillent de 20 à 120 kilomètres/heure (vitesse par rapport au sol). C'est le pilote qui détermine pour chaque manoeuvre les minimums sécuritaires en tenant compte des conditions de vol du moment. Pour ajuster au besoin la cartographie des habitats, nous avons volé à vitesse réduite et à une altitude suffisamment élevée pour permettre une vue d'ensemble de l'habitat. L'hélicoptère constitue un véhicule efficace pour l'inventaire des habitats de rats musqués.

3.2.3 L'équipage

La composition de l'équipage ainsi que la répartition des tâches répondent bien aux besoins du travail. Une équipe a expérimenté un positionnement différent des passagers et quoique dans certaines situations, il semble intéressant que l'observateur soit assis du côté opposé du navigateur-observateur, cette façon de faire n'est pas à privilégier puisqu'elle ne permet pas de comparer les résultats des deux coéquipiers. Certains observateurs ont pris l'initiative de photographier systématiquement les habitats en prenant soin de mettre en évidence des huttes.

Plusieurs régions ont manifesté de l'intérêt pour ces photographies. Elles peuvent aisément être produites par l'observateur pendant que son coéquipier travaille à la cartographie de l'habitat. Cette information est destinée au dossier d'analyse des demandes d'interventions dans les habitats.

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3.2.4 La cartographie de l'habitat

Cette opération est très différente d'un habitat à l'autre. Les marais et les étangs de la zone à potentiel élevé sont souvent importants et permanents. Ils sont généralement bien identifiés sur les cartes ce qui permet un tracé des habitats potentiels assez précis. Il suffit à l'occasion d'ajuster légèrement le périmètre lors de l'inventaire pour obtenir le tracé qui sera retenu au plan des habitats. Pour les habitats des deux autres zones, un secteur potentiel est identifié au plan de vol et le navigateur-observateur doit du haut des airs tracer les limites de l'habitat qui semble utilisé par le Rat musqué. Cette opération tient compte de la localisation des huttes, de la végétation aquatique et des limites de la zone marécageuse. Aux endroits où la densité de huttes le permet, on localise chacune des huttes durant le dénombrement pour ensuite prendre de l'altitude et préciser le tracé de l'habitat (Figure 2). La cartographie des habitats du haut des airs est habituellement effectuée avec une précision convenable à l'aide des cartes topographiqiies 1:20 000. À quelques occasions la discordance entre la carte et le terrain a rendu cette opération impossible. On localise alors grossièrement les huttes et, de retour au bureau, on tente de délimiter l'habitat à l'aide de carte et de photographies aériennes plus précises.

Les superficies à inventorier à l'échelle québécoise impliquent une approche en deux étapes. De façon générale, la méthode décrite précédemment permet de localiser les habitats pour les protéger. Dans le cadre d'éventuels débats juridiques, il faudra toutefois procéder à des inventaires terrestres plus exhaustifs pour démontrer précisément l'utilisation par le Rat musqué de chaque partie d'habitat en cause.

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ZL_: Zone marécageuse

• Huttes

. . . . Secteur potentiel Limite de l'habitat où sont situées les huttes

Figure 2. Exemple de tracés d'habitat potentiel et d'habitat inventorié avec la localisation des huttes observés.

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3.2.5 La visibilité des huttes

Le niveau de visibilité des huttes est étroitement lié au contraste qu'elles présentent avec leur environnement immédiat. Les huttes bien dégagées et entourées d'eau, ou construites avec des matériaux contrastants (ex: terre noire) sont faciles à observer. Les huttes de rats musqués ne possèdent pas toujours ces caractéristiques et elles sont alors difficiles à repérer. Dans ces conditions, les dénombrements sont relativement imprécis et il est fréquent d'obtenir des écarts importants (>20 %) entre les résultats de deux observateurs.

Il est important de se rappeler que l'objectif visé par le dénombrement de huttes est de démontrer la présence du Rat musqué et qu'il n'est pas nécessaire d'estimer quantitativement la population. Dans ce contexte, les écarts entre deux dénombre-ments importent peu et c'est plutôt aux endroits où l'on n'a rien trouvé qu'il faut s'attarder. On se posera alors la question suivante: «Est-il possible qu'à ces endroits les rats musqués s'abritent uniquement dans des terriers?»

À la section suivante, nous allons tenter de répondre indirectement à cette question en faisant appel aux connaissances des participants aux inventaires de chacune des régions.

3.2.6 La satisfaction des utilisateurs

La satisfaction des participants régionaux en regard de la méthode expérimentée a été évaluée à l'aide d'un questionnaire (annexe 1). La majorité des utilisateurs se sont dit satisfaits et, dans certains cas, très satisfaits de la méthode expérimen-tée. Sept des huit régions qui se sont prononcées à ce sujet mentionnent être en mesure d'inventorier avec succès, à l'aide de cette méthode, plus de 90 % des

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habitats répondant à la définition réglementaire sur leur territoire. La région de Québec est différente à cet égard. Selon les participants aux inventaires dans ce secteur, près de 90 % des marais et des étangs sont utilisés par des rats musqués qui s'abritent uniquement dans des terriers. Les marais de la zone à marée, en bordure du fleuve, constituent un exemple important de ce phénomène. Les grandes fluctuations de niveaux d'eau dans cette zone rendent impossible la construction d'abris et les rats musqués qui l'utilisent s'abritent dans des terriers creusés dans les berges de cours d'eau adjacents au fleuve.

Les utilisateurs sont unanimes pour adopter la méthode d'inventaire aérien expérimentée. Selon eux, elle doit toutefois être complétée par des inventaires terrestres d'indices de présence aux endroits où les rats musqués s'abritent uniquement dans des terriers. La voie terrestre pourrait aussi être employée par souci d'économie lorsque les ressources humaines et l'accès aux habitats le permettent.

Certaines améliorations sont souhaitées par les participants. On suggère d'établir des critères pour la cartographie des habitats qui fut réalisée jusqu'à maintenant de façon un peu arbitraire. Il faudrait aussi prévoir à chaque inventaire une période de formation à l'attention du personnel inexpérimenté. Finalement, lorsque les huttes sont peu visibles, on devrait considérer l'ajout d'un deuxième observateur à l'arrière.

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4. CONCLUSION

Les objectifs visés par les inventaires d'habitats du Rat musqué ne nécessitent pas de rigueur méthodologique reliée à des besoins statistiques comme dans le cadre d'inventaires destinés à suivre l'évolution démographique de populations. Nous proposons dans ce document une méthode d'inventaire aérien qui permet de localiser les habitats de Rat musqué et de vérifier leur utilisation par cette espèce dans la plupart des marais et des étangs. Aux endroits où le Rat musqué ne construit pas de hutte, d'autres indices de présence peuvent être inventoriés par voie terrestre. Enfin, en fonction de critères spécifiques tels que l'accès aux habitats et les disponibilités humaines et financières, il est aussi possible de remplacer l'inventaire aérien par un inventaire terrestre sans compromis quant à la qualité des résultats.

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