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4. Méthodologie

4.2. Évaluation de l‘exposition

4.2.1. Collecte des données

Après l‘obtention d‘un consentement éclairé de la part des participants, un premier questionnaire auto-administré fut envoyé par la poste. Des entrevues en face-à- face ont ensuite été menées avec tous les cas et les témoins par des intervieweurs bilingues et expérimentés formés dans le cadre des deux études. Les participants ont répondu directement ou par procuration d‘un proche. L'entrevue face à face comportait deux parties: une première composée d'un questionnaire structuré, recueillait les données sur les caractéristiques sociodémographiques (l‘âge, l‘origine ethnique, le revenu, le niveau d‘éducation et données anthropométriques telles que taille et poids), les antécédents médicaux, l'histoire résidentielle, la consommation de tabac et les caractéristiques liées au mode de vie dont les activités physiques et la consommation des breuvages (alcoolisés ou non) et celle des fruits et légumes. La deuxième partie était un questionnaire semi-structuré qui récolte en détail lorsque pertinent, l'historique des différents emplois de l'individu au cours de sa vie et sert à recueillir des informations sur l‘exposition aux agents chimiques, formels ou potentiels cancérigènes posant un risque pour la santé auxquels l‘individu a été exposé. Ainsi, la variable d'exposition principale dans notre étude qui est la taille à l‘âge adulte, était auto-rapportée au moment de l'entrevue.

39 4.2.2. Validité de la taille auto-rapportée

Pour des raisons de simplicité lors de la collecte de données et des coûts qu'impliquent l'utilisation des outils de mesures et du personnel formé, plusieurs chercheurs utilisent des mesures anthropométriques auto-rapportées. Bien que l‘observation des moyennes entre ces deux méthodes suggère que la taille est souvent surestimée lorsqu‘elle est rapportée par le participant,121-123 des études montrent qu‘une forte corrélation existe entre la taille mesurée et celle auto-rapportée.124,125

Une collaboration internationale126 basée sur les données provenant du CESAR Project, qui contient des informations anthropométriques des populations de l'Europe et de l'Amérique du Nord soit l'Italie, le Pays-Bas et les États-Unis, affirme en effet que la taille est surestimée lorsque non-mesurée et que cette surestimation varie selon le sexe et les pays. Elle équivaut à 1.1 ± 2.2 cm chez les femmes et de 1.7 ± 2.1 chez les hommes. Dans cette étude comprenant 4 459 participants, les répondants ont d‘abord fourni eux- mêmes leurs informations anthropométriques dans un questionnaire puis ont été mesurés par des spécialistes formés. Les mêmes procédures ont été appliquées dans tous les sites autant en Europe qu'en Amérique du Nord.

Au Canada, trois études121-123 ont été effectuées en utilisant plusieurs cycles de l'enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC). Elles concluent également que les données de la taille auto-rapportée sont surestimées. Une de ces études122 indique qu'en moyenne, une surestimation de 0.7 cm est observée lorsqu‘on compare la taille mesurée à celle auto-rapportée. Les hommes surestiment leur taille de 1 cm et les femmes de 0.5 cm. La tendance à la surestimation est surtout importante chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Autant les hommes que les femmes de 65-79 ans, rapportent respectivement 2.3 cm et 1.6 cm de plus que leur taille réelle et ceux âgés de 80 ans et plus indiquent 2.6 cm et 3.3 cm au-delà de leur taille réelle. Des équations de correction sont toutefois applicables et l'utilisation des données demeure acceptable. Cette acceptabilité est soutenue par une étude chinoise127 qui, en examinant la validité de

40 la taille auto-rapportée chez les infirmières de Hong Kong rapporte que les données auto- rapportées sont généralement valides comparativement à celles mesurées et par conséquent la précision de la classification est acceptable. Cette conclusion est appuyée également par une autre étude128 qui porte sur la population australienne. Les différences entre la taille mesurée et auto-rapportée seraient en moyenne relativement faibles et n‘empêchent pas l‘utilisation de l‘une ou l‘autre dans les analyses.

Ainsi d'un point de vu global, les données auto-rapportées sur les mesures anthropométriques sont acceptables; bien qu‘on ne peut exclure totalement la possibilité d‘un biais. Cependant, la surestimation, si elle existe serait comme rapportée dans la littérature, en moyenne de faible grandeur. La correction par des modèles de régression est certes possible mais certains auteurs129 soutiennent qu'une correction appliquée sur des données auto-rapportées pourrait introduire une seconde forme de biais et mener à des estimations erronées.

Pour toutes ces raisons, notre analyse de l‘association entre taille à l‘âge adulte et risque de cancer de poumon est effectuée en utilisant la taille auto-rapportée sans que des corrections supplémentaires ne soient nécessaires. De plus, la distribution observée selon l‘âge pour les hommes et les femmes de notre étude est similaire à celle de la population du Québec telle que publiée dans un rapport de l‘Institut de la statistique du Québec (ISQ) à la période du déroulement de l‘étude.130 Dans ce rapport basé sur les données tirées de l‘Enquête Santé Québec 1987 (ESQ), l‘Enquête sociale et de santé 1998 (ESS 1998) et L‘Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes 2005 (ESCC 2005), la taille était également auto-rapportée par les participants. De plus, compte tenu de la présence des répondants par procuration (proxy), une analyse de sensibilité portant uniquement sur les participants non-substituts est menée pour tenir compte de l‘existence d‘un potentiel biais lié aux réponses obtenues par les répondants substituts.

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