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CHAPITRE 1   REVUE DE LITTÉRATURE 3

1.2   L’Analyse du Cycle de Vie 9

1.2.4   Évaluation des impacts du cycle de vie 12

La troisième phase d’une ACV est l’évaluation des impacts du cycle de vie (ÉICV) et consiste à évaluer l’ampleur des impacts environnementaux potentiels générés par le système de produit. Elle permet ainsi de relier les données d’inventaire aux dommages environnementaux causés par les émissions inventoriées pour ensuite les interpréter (Jolliet et al., 2005). L’aboutissement de cette phase consiste en une série d’éléments obligatoires et facultatifs, présentés à la Figure 1.3 (ISO 14044, 2006).

Figure 1.3: Éléments obligatoires et facultatifs de la phase d'évaluation de l'impact du cycle de vie (adaptée de ISO 14040(2006))

1.2.4.1 Éléments obligatoires

La première étape obligatoire consiste à sélectionner les catégories d’impacts d’intérêt qui répondent aux objectifs de l’étude, les indicateurs de catégorie qui y sont associés ainsi que les

modèles de caractérisation. Un indicateur d’impact correspond à la représentation quantifiable

contribution des différents flux inventoriés à chacune des catégories. Le Tableau 1.3 présente une liste non exhaustive de catégories d’impact et leurs indicateurs associés couramment utilisés.

Tableau 1.3: Catégories d’impact environnementaux et indicateurs correspondants (adapté de Udo de Haes et al (2002), Pennington et al.(2004))

Catégorie d’impact Exemple d’indicateur de catégorie

Réchauffement climatique Forçage radiatif moyen

Destruction de l’ozone stratosphérique Diminution de la couche d’ozone

Smog photochimique Formation d’ozone

Acidification Libération de protons

Eutrophisation aquatique Bilan stœchiométrique de nutriment

Toxicité humaine Mesure des effets toxiques

Écotoxicité Mesure des effets écotoxiques

Ressources abiotiques Diminution des réserves disponibles Ressources biotiques Diminution des réserves disponibles Utilisation des terres Diversité des espèces

Ensuite, l’étape de classification convient d’assigner les différents résultats de l’ICV à chacune des catégories d’impact affectées. Il est également possible qu’une émission contribue à plus d’une catégorie d’impact (Jolliet et al., 2005). C’est à ce stade que la chaîne de cause à effet reliant tous les mécanismes environnementaux et décrivant la voie d’impact est créée. Ces derniers représentent l’ensemble des processus reliant les résultats d’inventaire aux impacts. Finalement, l’étape de caractérisation vise à quantifier la contribution de chaque résultat d’inventaire à un problème environnemental spécifique assigné à une même catégorie d’impact puis, les convertir en une même unité commune (ISO 14044, 2006). Plus spécifiquement, pour une catégorie donnée, les mécanismes environnementaux sont modélisés au moyen des indicateurs d’impact et à l’aide des facteurs de caractérisation établis à partir du modèle de caractérisation. Ces derniers permettent de quantifier la portée de l’impact environnemental potentiel de chaque émission ou extraction sur les catégories d’impact concernées.

En fonction de leur positionnement sur la chaîne de causes à effet, deux niveaux de caractérisation sont possibles : les méthodes orientées problèmes et celles orientées dommages (Jolliet et al., 2005). Situés en amont de la chaîne, les effets de premier ordre découlant

directement des activités (émissions et extractions) sont associés aux impacts orientés « problème ». Cette approche permet de regrouper et de caractériser tous les résultats de l’inventaire ayant des effets similaires dans une même catégorie d’impact, également appelé « catégorie midpoint ». Les effets de second ordre, situés en aval de la chaîne, caractérisent les impacts orientés « dommages ». Une telle approche consiste à agréger les résultats précédents afin d’évaluer la contribution des différentes catégories midpoint à une ou plusieurs catégories de dommages, également appelé « catégorie endpoint ». Ces dernières considèrent les impacts sur différentes aires de protection, tel que la santé humaine, la qualité de l’écosystème, etc.

L’approche orientée problème a l’avantage d’être plus pertinente d’un point de vue environnemental puisque la modélisation est transparente. Toutefois elle risque d’être moins accessible du fait que son interprétation est plus difficile par le grand public. A l’inverse, l’approche orientée dommage permet une meilleure compréhension et interprétation des résultats. Ces derniers facilitent la communication des impacts potentiels puisqu’ils touchent des valeurs sociétales d’intérêt. Par contre, ils sont plus incertains en raison de la difficulté de modélisation et d’agrégation le long de la chaîne cause à effet (Udo de Haes et Lindeijer, 2002). D’après Jolliet et

al. (2004), le développement des approches combinées « midpoint-endpoint » est de plus en plus

préconisé au sein d’une même méthode d’évaluation des impacts. Elle offre ainsi la possibilité aux praticiens de choisir parmi les deux alternatives de caractérisation.

Il existe de nombreuses méthodes d’ÉICV, développées pour un contexte géographique spécifique, et pour lesquelles les catégories ou les modèles de caractérisation peuvent différer. Une analyse comparative plus approfondie de ces méthodes par rapport à leur complétude vis-à- vis de la caractérisation des impacts de l’utilisation des terres est présentée à la section 1.3.6. 1.2.4.2 Éléments facultatifs

L’étape de normalisation évalue l’importance des résultats d’indicateur par rapport à des valeurs de référence, par exemple la totalité des entrants et des sortants d’une zone donnée par habitants. Elle permet ainsi de mettre les résultats de toutes les catégories d’impact sous une même unité afin d’effectuer les étapes subséquentes. L’importance relative et la contribution de chaque résultat de caractérisation du système de produit à l’étude est ainsi définie.

L’étape de regroupement consiste à trier les catégories d’impacts au préalable puis à les classer dans un ou plusieurs ensembles.

L’étape de pondération permet de définir l’importance relative des résultats d’indicateur en se basant sur des choix de valeurs sociales, politiques et éthiques établies par des comités d’experts ou d’échantillons de la population cible (Jolliet et al., 2005). Les résultats peuvent par la suite être agrégés afin d’obtenir un indicateur d’impact unique.

L’étape d’analyse de la qualité des données d’ÉICV propose plusieurs techniques spécifiques permettant de mieux comprendre la fiabilité des résultats d’indicateur et d’interpréter le profil d’ÉICV obtenu. A titre d’exemple, il peut s’agir d’une analyse de gravité, d’incertitude ou de sensibilité sur les données.