• Aucun résultat trouvé

Chapitre III: Discussion

8. Études futures

Les résultats sur le sommeil et l’éveil à la suite d’un TCC sont inconstants d’une étude à l’autre, ce qui peut être, pour une grande partie attribuable à l’absence de consensus méthodologique. En effet, bien que les études qui ciblent les troubles du sommeil et éveil à travers la population générale des TCC modéré-sévère sont plus nombreuses, il est difficile d’en tirer des conclusions générales en raison d’une grande hétérogénéité à travers les groupes cliniques. Il apparaît dès lors important d’établir à travers les études futures une approche homogène pour l’étude du sommeil et de l’éveil à la suite d’un TCC. Compte tenu des différences dans l’évolution des symptômes et des séquelles selon la sévérité du TCC, il apparait pertinent d’établir des groupes homogènes en termes de sévérité de TCC et du temps d’évaluation post-TCC dans les études futures. Par ailleurs, compte tenu des divergences entre les mesures subjectives et objectives de sommeil et d’éveil relevées dans notre étude et les études précédentes, l’utilisation de mesures subjectives et objectives dans les études futures est à privilégier pour rendre compte de l’intégrité du sommeil et de l’éveil à la suite d’un TCC. L’ajout de questionnaires spécifiques pour recueillir la perception d’une tierce personne dans le milieu de vie des participants TCC modéré-sévère pourrait aussi être utile pour aider à mieux clarifier les plaintes de sommeil et éveil vécues au quotidien.

Des études complémentaires sont par ailleurs nécessaires pour explorer l’influence des différences de sexe/genre sur le sommeil et l’éveil à la suite d’un TCC modéré-sévère. En effet, à notre connaissance aucune étude à ce jour n’a investigué la qualité du sommeil-éveil chez des femmes ayant subi un TCC modéré-sévère.

Des études spécifiques quant à l’influence de la prise d’un traitement psychotrope sur le cerveau lésé des TCC modéré-sévère et de ses possibles répercussions sur la qualité du sommeil et de l’éveil dans la phase chronique du TCC sont également nécessaires. L’idéal serait de caractériser de façon spécifique les effets sur le sommeil et l’éveil de classes de médicaments avec des actions similaires. En outre, nos résultats préliminaires conduits sur un petit échantillon de TCC médicamenté indiquent l’importance de clarifier le profil des survivants nécessitant une prise en charge avec psychotrope sur le long terme (p.ex. sévérité du TCC, polytraumatisme, plaintes de sommeil et d’éveil), en vue de déterminer leurs influences sur le profil de sommeil et d’éveil.

Aucune étude à ce jour ne permet de rendre compte de façon intégrée au cours du temps de l’influence des différents facteurs confondants (sévérité TCC, séquelles cognitives, comorbidités, médication) dans l’évolution du sommeil et de l’éveil à la suite d’un TCC modéré-sévère. Bien qu’elle comporte des limites financières et logistiques, l’approche prospective apparaît être une méthode de choix à considérer dans les études futures. À notre connaissance, uniquement trois études antérieures ont examiné le sommeil ou l’éveil à travers des cohortes de survivants d’un TCC modéré-sévère de la phase aiguë d’hospitalisation jusqu’à un ou deux ans post-TCC. Deux d’entre elles ont été conduites il y a plus de 30 ans (George & Landau-Ferey, 1986; Prigatano et al., 1982) sur des mesures objectives de sommeil (PSG) et la dernière qui date de 2008 porte spécifiquement sur la fatigue subjective (Bushnik et al., 2008). Tel que supporté par les résultats de notre étude, le sommeil et l’éveil peuvent être affectés de façon indépendante durant la phase chronique d’un TCC modéré-sévère. Il est toutefois primordial de comprendre leurs évolutions et interrelations au cours du temps à la suite de la survenue d’un TCC modéré-sévère. Cette approche pourrait être prometteuse pour orienter les interventions à cibler en amont (p.ex. sommeil, fatigue, douleur ou affect) et prévenir l’exacerbation de symptômes existants et/ou le développement de symptômes secondaires.

Finalement, le rôle du sommeil sur les habiletés cognitives dans la phase chronique d’un TCC modéré-sévère est un pan de recherche quasi non étudié à ce jour. Bien que notre étude indique la présence d’une architecture de sommeil comparable en termes de structure dans notre groupe clinique par rapport au groupe contrôle, on ignore si la fonction bénéfique/restauratrice du sommeil sur les capacités cognitives est comparable chez les survivants d’un TCC modéré- sévère et des sujets contrôles en santé. Il est dès lors essentiel, d’une part, d’évaluer la consolidation mnésique nocturne à la suite d’un TCC pour vérifier si les fonctions d’apprentissage et de mémoire dépendantes au sommeil sont efficientes à travers le sommeil normal ; et d’autre part d’évaluer les effets de la manipulation du sommeil (p.ex. privation de sommeil) sur les capacités cognitives post-TCC afin de mieux caractériser l’impact d’un sommeil perturbé sur les capacités d’éveil dans la phase chronique d’un TCC modéré-sévère. Plus précisément, dans la continuité de nos travaux, l’influence des ondes lentes au cours du sommeil sur la consolidation de nouveaux apprentissages épisodiques pourrait être investiguée à la suite d’un TCC modéré-sévère. L’impact de la privation du sommeil, mais aussi le potentiel de récupération des siestes sur les fonctions exécutives et attentionnelles qui sont sensibles à la fois

à l’accumulation de l’éveil et à la survenue d’un TCC modéré-sévère pourrait également être clarifié dans les études futures.

Documents relatifs