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Chapitre III : L’action du contexte étudiant sur

l’orientation politique

« Sciences Po a le mérite de te donner beaucoup de connaissances sur la politique, mais a l’énorme inconvénient, enfin c’est plus qu’un inconvénient, c’est de t’enlever tes convictions, ou du moins de les édulcorer très fortement. » (Géraldine/108).

« […] Beaucoup les idées de Pierre Bourdieu. Je me suis intéressé à l’engagement parce que c’est… il met en avant… une autre, une forme plus atypique de l’engagement politique qui est, je veux dire, qui se distingue d’autres représentations qu’on peut avoir, des préjugés, tu vois. Donc, il a pas mal écrit aussi dessus, sur l’action collective, ce que je t’ai dit avant, oublier ton ego et tout ça, penser au collectif. Il y a aussi tout ce qu’il a écrit sur la mondialisation. Donc ouais, j’ai été influencé par un auteur, et par sa conception de la lutte des classes, capital culturel et tout ça. J’ai été influencé par un auteur certainement. » (Guy/73).

Rendre intelligible les orientations politiques des étudiants impose dans un premier temps de considérer la configuration politique familiale. Les travaux sur la socialisation politique expliquent les identifications partisanes avant tout par celles des parents468. À la socialisation au sein de la famille se joint le rôle de la position sociale. Comme l’ont souligné P. Lazarsfeld et ses collaborateurs : « on vote comme on est »469. Plusieurs recherches sur l’explication du vote réalisées en France sont peu éloignées de cette perspective470 avec l’opposition entre les secteurs d’activité du public (davantage à gauche) et du privé (davantage à droite)471. D’un autre côté, les auteurs représentatifs de l’approche économique

468

Hyman (Herbert), Political socialization…, op. cit., p. 85.

469 Lazarsfeld (Paul F.), Berelson (Bernard), Gaudet (Hazel), The people’s choice, op. cit.

470 Sur la position sociale comme facteur explicatif de l’orientation politique, voir entre autres Gaxie (Daniel), « Mort et résurrection du paradigme de Michigan », art. cit. ; Mayer (Nonna), Perrineau (Pascal), Les

comportements politiques, op. cit. ; Michelat (Guy), Simon (Michel), Classe, religion…, op. cit. ; Michelat

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du vote développent l’idée que les attitudes acquises durant l’enfance sont toujours susceptibles de changer472. L’un des facteurs avancés quant à la progression du nombre d’électeurs rationnels est l’accroissement du niveau de scolarisation473

. Même si cette approche présente, comme nous l’avons évoqué en introduction, de nombreuses limites474

, elle soulève l’idée de l’influence de la scolarité.

Sans occulter les variables de l’héritage, ce chapitre souhaite appréhender l’action du contexte d’études. Parmi les rares recherches qui se sont intéressées aux effets de la scolarisation sur les opinions politiques : le Tableau politique de la France de l’Ouest475. A. Siegfried y présente une correspondance cartographique entre la pratique religieuse, le vote à droite et la fréquentation de l’enseignement privé. Il met alors en avant le rôle de l’école privée pour expliquer l’orientation à droite : elle est le moyen pour le clergé d’exercer son emprise sur les consciences. Cette thèse est par la suite reprise et amendée par P. Bois dans son étude sur les rapports entre politique et enseignement primaire dans la Sarthe476. Bien qu’observant le même type de répartition spatiale, il préfère y voir un effet plutôt qu’une cause. Cette question des liens entre scolarité et attitudes politiques fait débat depuis la naissance de la science politique. Trois types de vecteurs sont identifiés : les enseignements, le groupe des pairs, et les enseignants.

Première dimension, peu explorée, les enseignements. Pour A. Percheron, l’école assure certes une formation technique, mais son intervention ne porte pas nécessairement sur le contenu même des choix politiques477. Deuxième dimension, les enseignants. Dans sa recherche sur la Sarthe, P. Bois conclut au faible rôle des instituteurs. L’étude de Jennings, Langton et Niemi confirme le poids négligeable des enseignants : la socialisation politique

471

Sur les différences dans le positionnement politique suivant l’activité professionnelle dans le public et le privé, voir entre autres Capdevielle (Jacques), Dupoirier (Elizabeth), « L’effet patrimoine », in Capdevielle (Jacques), Dupoirier (Elizabeth), Grunberg (Gérard), Schweisguth (Etienne), Ysmal (Colette), France de gauche,

vote à droite, Paris, PFNSP, 1981.

472

Pour une présentation, voir Ihl (Olivier), « Socialisation et événements… », art. cit.

473

Inglehart (Ronald), The Silent Revolution..., op. cit.

474 L’étude de Nie, Verba, Petrocik repose sur une analyse secondaire des sondages du Survey Research Center, qui a plusieurs fois modifié la formulation de ses questions. Voir Gaxie (Daniel), « Mort et résurrection du paradigme de Michigan », art. cit. ; Blondiaux (Luc), « Mort et résurrection de l’électeur rationnel... », art. cit.

475 Siegfried (André), Tableau politique de la France de l’Ouest…, op. cit.

476 Bois (Paul), « Dans l’Ouest : politique et enseignement primaire », Annales E.S.C., vol.9, n°3, 1954, p. 356-367.

477

parentale demeure prépondérante sur celle des enseignants478. D’après ces auteurs, les préférences idéologiques des enseignants s’exercent sur celles des enfants essentiellement lorsqu’elles sont identiques à celles des parents : ceux-ci renforcent ou annulent l’influence des enseignants mais non l’inverse. V. Tournier partage cet avis à propos des lycéens : « Il serait naïf d’accorder un trop grand pouvoir aux enseignants, ne serait-ce qu’en raison de la faiblesse des discussions politiques que les lycéens déclarent avoir avec eux479

». Ces divers travaux ne privilégient donc pas les enseignements, ni les enseignants. Mais sachant que l’expérience scolaire confronte à un ensemble de socialisations secondaires, doit-on pour autant abandonner l’idée d’une action du contexte d’études ? Rien n’est moins sûr. Les travaux en ethnométhodologie de l’éducation invitent effectivement à ne pas négliger, au sein du contexte scolaire, l’importance des interactions que ce soit entre élèves ou avec les enseignants480. Les élèves sont sujets à une socialisation institutionnelle. C’est en ce sens que pour expliquer le positionnement plus à droite des lycéens dont les parents sont de gauche dans le privé que dans le public, V. Tournier valorise « l’effet établissement », et plus précisément le groupe des pairs – troisième dimension : « La socialisation politique à l’école se rapproche de la socialisation par le « groupe des pairs ». L’école est au fond l’un des lieux privilégiés de l’adolescence où s’expriment, s’échangent, se développent des argumentaires politiques481 ».

Déjà peu nombreuses auprès des enfants et des adolescents, les enquêtes manquent auprès des étudiants. Tout juste relève-t-on celles de Y. Delsaut et T. Newcomb. Dans un article consacré aux opinions politiques des étudiants, Y. Delsaut rejette l’explication par la discipline, en jugeant artificiel de savoir si le choix de la sociologie « est dicté par les opinions politiques ou si, à l’inverse, les opinions politiques sont modelées par l’enseignement donné en sociologie482

». Selon elle, le questionnement sur les variations des attitudes politiques suivant la filière doit porter sur les caractéristiques sociales des étudiants : « Il faut se garder de voir dans la constellation d’attitudes qui caractérise chacun des groupes d’étudiants un effet de discipline capable d’imprimer chez ceux qui l’ont choisie une disposition d’esprit particulière commandant l’ensemble de leurs attitudes à l’égard de leur

478 Jennings (M.K.), Langton (K.P.), Niemi (R.G.), « Social studies teachers and their pupils », art. cit. ; Percheron (Annick), « L’école en porte-à-faux… », art. cit.

479 Tournier (Vincent), « École publique, école privée le clivage oublié… », art. cit., p. 585.

480 Mehan (Hugh), Learning Lessons, op. cit. ; Coulon (Alain), Ethnométhodologie et éducation, op. cit.

481 Tournier (Vincent), « École publique, école privée le clivage oublié… », art. cit., p. 587.

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travail, de leurs études et de leur avenir professionnel. En effet, on constate que les étudiants se distribuent inégalement dans les différentes disciplines selon leur origine sociale, leur réussite antérieure et leur sexe483

». Elle ajoute : « C’est seulement par une illusion de la sociologie spontanée que l’on peut voir dans la discipline une variable explicative des attitudes particulières des étudiants en matière de politique, alors qu’elle n’est qu’une sténographie commode pour désigner un phénomène en réalité très complexe, à savoir la rencontre entre le système des disciplines et ce que des individus socialement déterminés apportent dans leur choix484 ». Les opinions des étudiants de sociologie ne peuvent pas, d’après elle, être modifiées par le contenu de cette discipline et par l’acquisition de catégories et de concepts propres à penser le monde social. Toujours est-il que, à la lecture de ces arguments, il ne fait aucun doute qu’il soit nécessaire de considérer les propriétés socioculturelles des étudiants, ainsi que la socialisation politique parentale, facteur que Y. Delsaut ne prend cependant pas en compte.

Les résultats de T. Newcomb485 ne vont pas complètement dans le sens des conclusions de Y. Delsaut. Son enquête menée pendant quatre années entre 1935 et 1939 auprès de 550 étudiantes du Bennington College rend compte de changements d’attitudes politiques des élèves par rapport à leurs parents. Issues pour la plupart de familles conservatrices du Nord-Est des États-Unis, elles s’en différencient au fur et à mesure par une plus grande proximité avec les attitudes libérales et les politiques du New Deal. Pour expliquer la socialisation du

College, Newcomb souligne quatre types de facteurs : les événements dans l’actualité, les

changements dans la société américaine, les caractéristiques individuelles des étudiantes, et les normes de la communauté du Bennington College. Son interprétation concernant ce dernier point est que le Bennington College forme un groupe de référence, au sens donné par H. Hyman. Les modifications d’attitudes politiques sont l’illustration de la pression normative de la communauté formée par les élèves et les enseignants du College. Les étudiantes modifient leurs attitudes pour réduire la dissonance avec le groupe de référence au sein de la communauté. Parmi les facteurs favorables, il évoque les caractéristiques de l’établissement : relativement isolé du reste de la ville ; des enseignements sur les arts, la littérature et les sciences sociales ; et des enseignants pour la plupart libéraux et favorables au New Deal. Son étude incite à ne pas rejeter les trois dimensions du contexte scolaire (groupe des pairs,

483 Ibid., p. 56.

484 Ibid., p. 63.

485

enseignants et enseignements). Celles-ci ont peut-être été trop rapidement écartées – plus pour les enseignants et les enseignements que le groupe des pairs – dans les divers travaux sur la socialisation politique, ce qui n’est pas a priori sans lien avec la méconnaissance des travaux de T. Newcomb486

et les trop rares enquêtes sur ce sujet.

Toutefois si le contexte scolaire forme un tout et si ces dimensions sont interdépendantes, T. Newcomb explore assez peu chacune d’entre elles, notamment celles relatives aux enseignements et aux enseignants. Or au regard de nos résultats concernant la politisation des étudiants, là se situe un angle mort à explorer. Effectivement, au sein des filières de sciences humaines et sociales, les enseignements favorisent – plus ou moins – l’acquisition de connaissances et d’une compétence politique. Les enseignants sont des intermédiaires culturels, des passeurs de connaissances, d’idées ou d’arguments (par exemple sur les conséquences possibles de l’abstention, ou l’impact de l’Union européenne sur la vie quotidienne des citoyens). Or, ils sont d’autant plus écoutés que de nombreux étudiants recherchent des maîtres à penser ou des exemples à suivre : « Un groupe défini par l’aspiration à la culture favorise naturellement l’adhésion aux valeurs culturelles et à la valeur de ceux qui les transmettent ou qui les incarnent. Et il arrive que tel ou tel maître, directement fréquenté présente l’image prestigieuse de l’intellectuel que l’on aspire à réaliser : il n’est pas de curriculum d’étudiant qui ne soit traversé par un « grand professeur » et c’est toujours au nom d’un maître prestigieux que l’on refuse la routine des simples pédagogues. Le dédoublement de l’imago professorale permet à l’étudiant de s’identifier aux valeurs qu’incarne le « bon professeur » […]. Le professeur peut même apparaître comme garant et caution de la légitimité des engagements les plus éloignés de l’univers scolaire : les étudiants ne réalisent-ils pas leur « essence singulière », avec la béatitude qui accompagne naturellement une perfection, lorsqu’ils servent les mêmes causes politiques que leurs maîtres487 ? » Or, confrontés à des contextes d’action hétérogènes488, les étudiants, dans la routine de leurs activités quotidiennes, s’adaptent à leur environnement scolaire489

. Dès lors une hypothèse possible est que, en s’identifiant au groupe d’arrivée dépositaire des valeurs universitaires et intellectuelles auxquelles ils aspirent, les étudiants ajustent plus ou moins

486 Voir néanmoins le compte-rendu dans Baudelot (Christian), Leclercq (François) (dir.), Les effets de

l’éducation, rapport cité, p. 267-303.

487 Bourdieu (Pierre), Passeron (Jean-Claude), Les héritiers, op. cit., p. 62.

488 En ce sens, voir Lahire (Bernard), « La variation des contextes… », art. cit. ; Lahire (Bernard), L’homme

pluriel, op. cit.

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leurs comportements et attitudes à la communauté scolaire dans laquelle ils se trouvent – communauté formée par le groupe des pairs mais aussi les enseignants, les connaissances acquises –, et acquièrent son discours490

. L’identification à des auteurs et des courants théoriques491

est d’autant plus envisageable au sein des cursus de sciences humaines et sociales (philosophie, sciences politiques, etc.), que les enseignements sont axés sur la présentation voire l’opposition de théories (par exemple en sociologie, apprécier ou pas Bourdieu). Suivant le principe de la double herméneutique, ce stock de connaissances peut dès lors modifier les opinions politiques des étudiants, doués d’une compétence sociale492, et les placer en contradiction avec leurs socialisations primaires.

Si les variables de l’héritage expliquent en grande partie les orientations politiques, une influence du contexte d’études est manifeste. C’est avec l’exemple de deux filières de sciences humaines et sociales (sociologie et IEP), au sein desquelles la politisation est assez présente, qu’on discerne un effet de la communauté étudiante, et plus particulièrement des enseignements sur les identifications partisanes – effet qui se conjugue aux autres facteurs du contexte d’études. Ce chapitre s’appuie sur deux enquêtes quantitatives (enquête n°1, n=801 ; enquête n°3, n=459), des entretiens semi-directifs, ainsi que des observations menées dans divers établissements de l’enseignement supérieur. Après avoir pris en compte les variables relatives à l’héritage (I), il s’agira de mettre en évidence et d’expliquer l’action du contexte d’études (II).

490

Sur le discours interne aux institutions, voir Foucault (Michel), Histoire de la sexualité 1. La volonté de

savoir, Paris, Gallimard, 1976.

491 Sur les choix de courants théoriques et de sujets de mémoire des étudiants, voir Soulié (Charles), « Anatomie du goût philosophique », Actes de la recherche en sciences sociales, n°109, 1995, p. 3-28 ; Mauger (Gérard), Soulié (Charles), « Le recrutement des étudiants en lettres et sciences humaines et les objets de recherches »,

Regards Sociologiques, n°22, 2001, p. 23-40 ; Montlibert (Christian de), « L’emprise de la féminisation sur les

savoirs sociologiques », art. cit.

492

I. « Pas de chrysanthèmes » pour les variables de l’héritage

Dans quelle mesure les socialisations primaires des étudiants rendent-elles compte de leur positionnement politique ? À la différence de la politisation, la matrice explicative des identifications politiques retenue ne comporte que deux types de variables : la position sociale héritée et les identifications parentales. Le sexe ne fait pas ici l’objet d’une analyse particulière, compte tenu de la quasi absence de variations le concernant avec les opinions politiques. Puisque les étudiants apparaissent, pour partie, dépendants de la position sociale de leurs parents, comment leurs opinions politiques varient-elles selon celle-ci ? La socialisation parentale étant la variable la plus clivante dans l’explication de la politisation, qu’en est-il pour le positionnement politique ? Quelle est la part de reproduction des comportements ? Dans quelle proportion les étudiants s’opposent-ils au vote de leurs parents ? À l’instar des résultats sur la politisation, la construction de l’espace de l’orientation politique des étudiants permet d’observer les comportements parentaux comme les variables les plus déterminantes. L’analyse repose ici sur des données quantitatives obtenues par l’enquête n°1 (n=801) à partir de deux questions sur le positionnement politique, d’une part celle – classique – de l’axe gauche/droite en sept cases, d’autre part celle sur la proximité partisane. Après avoir relevé l’effet des ressources économiques, l’analyse portera sur le poids de l’héritage parental.

A. Des ressources économiques clivantes

Sur l’orientation politique, l’enquête confirme tout d’abord la nécessité de prendre en compte les propriétés économiques, la profession des parents et leur nationalité ainsi que la pratique religieuse des étudiants.

La plupart des recherches sur les identifications politiques s’accordent sur l’importance des propriétés économiques, notamment des éléments de patrimoine493. Comme pour la population française, le positionnement des étudiants à droite (en 5, 6 ou 7 sur l’axe gauche/droite) est corrélé à leurs ressources économiques494

. Plus les revenus de leurs parents s’élèvent, plus ils s’orientent à droite : plus de la moitié de ceux qui se situent à droite ont un père avec des revenus mensuels supérieurs à 3 050€ mensuels (20 000F) contre 40% pour la troisième case (centre gauche), 27% pour la deuxième (gauche), 23% pour la première

493

Sur le rôle des propriétés économiques, voir entre autres Michelat (Guy), Simon (Michel), Classe, religion…,

op. cit. ; Michelat (Guy), Simon (Michel), « Déterminations socio-économiques… », art. cit. ; Capdevielle

(Jacques), Dupoirier (Elizabeth), « L’effet patrimoine », art. cit.

494 Compte tenu du nombre élevé de modalités sur les questions de positionnement politique, il n’est pas possible de recourir aux V de Cramer et au test du khi-deux.

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(extrême gauche). Le vote à droite apparaît également d’autant plus fréquent que le nombre de logements détenus par leurs parents s’accroît : un tiers de ceux avec des parents propriétaires d’au moins trois logements choisissent la droite de l’axe contre 16% pour ceux dont les parents n’en possèdent aucun. Le capital économique ne se distribue toutefois pas de manière homogène à l’intérieur de l’entité gauche, comme l’indique le tableau suivant :

Tableau 37 : Positionnement sur l’axe gauche/droite des étudiants en fonction d’indicateurs de capital économique (Source : enquête n°1, n=801)

Réponses manquantes Extrême gauche 1 Gauche 2 Centre gauche 3 Centre 4 Centre droit 5 Droite 6+7

Ne sait pas Total

Effectifs 28 48 111 188 108 125 42 9 801 Boursier (p<0,001) 36% (10) 46% (22) 43% (48) 24% (45) 32% (35) 21% (26) 21% (11) 23% (35) 29% (232) Revenus mensuels du père <2288€ (p<0,001) 46% (13) 63% (30) 64% (71) 47% (88) 45% (49) 29% (36) 37% (16) 39% (59) 45% (362)

Lire : 46% des étudiants positionnées à l’extrême gauche perçoivent une allocation d’étude.

Sans grande surprise les étudiants aux revenus parentaux les plus faibles choisissent davantage les deux premières cases de l’axe (extrême gauche et gauche), comme en rend compte l’ACM suivante :

Figure 11 : ACM sur les identifications politiques des étudiants suivant leurs propriétés économiques (Source : enquête n°1, n=801)495

495

ACM effectuée à partir des indicateurs d’orientation politique des étudiants (positionnement sur l’axe gauche/droite et proximité partisane), ainsi que des indicateurs de capital économique (allocation d’études, type de logement, revenus du père, nombre de logements détenu par les parents) (7 variables, 37 modalités associées). L’axe 1 oppose les étudiants les plus à gauche (case 1 et 2 de l’axe gauche-droite, proches de la LCR), les moins dotés en ressources économiques (boursiers, revenus mensuels du père inférieurs à 6 000F (915€)), à ceux qui sont à droite (cinquième et sixième case de l’axe, UDF, RPR), les plus dotés en ressources économiques (revenus mensuels du père et de la mère respectivement supérieurs à 30 000F (4 573€) et à 20 000F (3 049€)). L’axe 2 distingue les non-réponses.

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Le capital culturel hérité apparaît moins clivant pour l’identification partisane que pour la politisation. Si l’absence de positionnement est le fait des moins dotés en capital culturel hérité, les écarts sont en revanche faibles entre gauche et droite. Seule exception : les grands-parents. Car plus ceux-ci sont diplômés, moins les étudiants se trouvent à la gauche de l’axe (57% de ceux dont le grand-père paternel ne détient aucun diplôme, contre 44% pour ceux dotés d’un diplôme inférieur au bac, et 41% pour ceux avec un diplôme supérieur ou égal au bac). L’influence de la trajectoire sociale semble plus explicite avec les catégories socioprofessionnelles des parents et grands-pères. Les étudiants dont les parents appartiennent à la fonction publique se placent majoritairement à gauche, ceux dont les parents évoluent dans le privé davantage à droite496. Les étudiants de gauche représentent ainsi 31% de ceux dont le père exerce une profession intermédiaire dans le privé, 35% pour les artisans/commerçants, 37% pour les professions libérales, 39% pour les cadres supérieurs des entreprises, contre 52% pour les professions intermédiaires du public, et plus de 63% pour les cadres supérieurs de la fonction publique. L’opposition public/privé illustre une distinction des positions parentales dans l’espace social : ceux de la fonction publique étant proches du pôle culturel, les cadres intermédiaires et supérieurs du privé et les professions libérales à l’opposé du pôle économique497. L’étude des professions des grands-pères précise l’analyse

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