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Introduction.

Cette étude menée chez des patients MPOC évalue la tolérance respiratoire aux masques à gaz chez des patients avec une atteinte respiratoire significative. L’autre objectif était d’évaluer l’aspect le plus résistif du masque à gaz, soit le système d’inhalation. Puisque la cartouche filtrante constitue l’élément le plus résistif de ce système, une comparaison entre deux cartouches filtrantes a été effectuée. Initialement, les sujets MPOC devaient se soumettre à une épreuve à l’effort avec le masque à gaz. Les craintes de décompensation respiratoires à l’occasion d’un effort avec un masque nous ont donc mené à rediriger l’étude avec une comparaison entre deux cartouches filtrantes.

Critères d’inclusions et exclusions

Les critères d’inclusion et d’exclusion des sujets sont décrits dans le Tableau 14. Une vérification de la présence d’un test de spirométrie au cours des derniers six mois était faite. En cas de doute ou en cas de test trop ancien, un nouvel examen de spirométrie était effectué avant l’inclusion. Une fois l’étape du consentement obtenu lors du recrutement, les patient MPOC se soumettaient à un questionnaire comme pour les sujets sains ainsi que décrit au Chapitre 7.

Tableau 14. Critères d’inclusion et d’exclusion des sujets MPOC.

Description des variables recueillies et mesurées

De façon similaire à celles recueillies chez les sujets sains, nos variables dépendantes principales ont

Critères d’inclusion Critères d’exclusion

1. Diagnostic MPOC connu de modéré à sévère (selon les définitions du GOLD)

1. Refus de participer à l’étude (refus de la pose de sonde œsophagienne et de prélèvements sanguins capillaires)

2. VEMS entre 30 et 80% 2. Claustrophobie (impossibilité de porter un masque à gaz)

3. Patient ne nécessitant pas d’oxygène au long cours 3. Antécédents de lésions œsophagiennes 4. Antécédents de maladie coronarienne (arythmies malignes, angine, infarctus du myocarde)

5. Antécédents d'ACV

6. Morphologie du visage incompatible avec le port hermétique d'un masque à gaz

débits respiratoires ont été utilisés pour le calcul du WOB et des autres index d’effort respiratoire. Notre critère de jugement principal a été le travail respiratoire (WOB). Les autres indices d’efforts respiratoires, tels le PTPes et le Swing Pes étaient également mesurés grâce à la courbe de pression œsophagienne. Les variations de PTPes et du Swing Pes permettent de valider la mesure du WOB lorsque l’ensemble des indices d’effort respiratoire varient dans la même direction.

Les critères de jugement secondaires comportaient les paramètres respiratoires et les gaz sanguins capillaires comme pour les sujets sains. Comme critères de jugement secondaires, il y avait notamment les variations de la Ve et de la PCO2 et la baisse de la SpO2. Comme autres critères de jugement secondaire, nous avons évalué les variations du pH, de la SpO2 et de la PaCO2 pour évaluer l’impact du port du masque à gaz sur un potentiel « rebreathing ». Cependant, l’oxygénothérapie a été utilisée dans les deux conditions masquées avec les cartouches filtrantes. Il se peut que cette variable fût confondante. Comme autre variable confondante, nous avons mesuré si le confort perçu du port du masque pouvait influencer nos critères de jugement (ex. : un effet Hawthorne quelconque).

Échelle d’évaluation du confort

Une évaluation du confort s’effectuait à partir d’une échelle visuelle analogique de 10 centimètres (cm). À partir de celle-ci, on demandait au sujet de situer son niveau de confort perçu à l’aide de son index (Tableau 15). La marque sur la flèche a été faite en prenant comme référence le milieu du bout de l’index. Dans le cas de l’étude auprès des MPOC, deux évaluations ont été faites soit au moment du masquage, soit à la trentième seconde après, et immédiatement au démasquage.

L’évaluation analogique du confort s’est inspirée de celle de Caretti et Whitley (1998). Nous avons pondéré une échelle en centimètre entre 0 et 10, 0 étant une dyspnée majeure au point de suffoquer alors que 10 étant l’absence de dyspnée. Dans cet intervalle, l’échelle fut pondérée par cm et comme suit : 0 = dyspnée majeure (i.e.: suffocation); 1 = dyspnée significative et très inconfortable; 2 = dyspnée significative et inconfortable;3 = dyspnée évidente et légèrement inconfortable;4 = dyspnée évidente et tolérance incertaine; 5 = dyspnée évidente et tolérable; 6 = dyspnée et très tolérable; 7 = dyspnée légère; 8 = à peine une dyspnée; 9 = dyspnée incertaine; 10 = aucune dyspnée.

Tableau 15. Échelle d'évaluation visuelle analogique du confort lié au port du masque à gaz.

Description des interventions

Figure 38. Montage expérimental de l’étude qui illustre les diverses mesures prises

Dans le déroulement de l’étude sur patients MPOC, les étapes préparatoires, comme chez les sujets sains, incluaient le consentement, la randomisation et l’installation de la sonde œsophagienne. L’entièreté de l’étude s’effectuait dans un état de repos. Les trois conditions se constituaient d’une évaluation sans masque, d’une période avec un masque C4 et avec une cartouche A (de type C7A1) et d’une autre avec un masque C4 et avec une cartouche B (ABD-81). Une randomisation des conditions était faite dans les portions respectives de l’étude. Le montage instrumental pour les évaluations était conforme à la Figure 38. La durée de chaque condition expérimentale était de 10 minutes. Entre les conditions, il y a avait une période de « wash-out » de 5 minutes au repos. La durée moyenne totale d’une inclusion pour un sujet MPOC avait été de 80 minutes. La Figure 39 illustre la séquence de l’étude.

L’enregistrement continu des mesures de la pression œsophagienne, des débits respiratoires et SpO2 fut accompli sur 600 secondes au minimum. Le prélèvement des gaz capillaires a été fait à la fin de

chaque période. Les signes vitaux ont été pris au début et aux cinq minutes dans chacune des conditions.

Résultats principaux (données au repos, sans et avec masque)

Patients

Durant l’essai clinique auprès des patients MPOC, douze sujets ont été approchés. Deux ont refusé et un a dû annuler sa participation pour manque de disponibilité. Les neuf autres patients ont participé. Le groupe se composait de 9 patients d’âge moyen de 69.4±3.9 ans et d’un rapport de deux femmes et sept hommes, soit 2:7. Tous les patients ont complété l’étude. Le Tableau 16 détaille les autres caractéristiques des patients MPOC ayant un VEMS de 30 à 75%.

Tableau 16. Caractéristiques des sujets MPOC à leur inclusion.

* La patiente #4 a eu un comportement particulier, c’est la seule patiente chez qui nous avons noté une baisse du travail respiratoire avec le port de masque à gaz. Cette patiente avait l’IMC le plus élevé, une atteinte respiratoire sévère, une acidose respiratoire non compensée à l’inclusion, et des sibilants cliniques au repos. Nous avons hésité à l’inclure compte tenu de son état clinique, mais l’ensemble des procédures ayant été parfaitement bien toléré, nous avons décidé de poursuivre (la description complète de ce cas est disponible plus loin en supplément).

No. patient Sexe Age (ans) Poids (kg) T aille (cm) IMC VEMS (L) VEMS (%) SpO2 repos air ambiant (%) PaCO2 (mmHg) pH HCO3- (mmol/L) 1 M 66.0 78.5 172 26.7 2.31 72.0 94.0 41.5 7.42 26.1 2 M 68.0 87.1 176 27.6 1.85 59.3 95.0 NA NA NA 3 M 72.0 97.1 173 32.6 1.33 43.0 96.0 35.9 7.43 24.5 4* F 61.0 125 157 51.0 0.84 38.0 88.0 62.8 7.28 25.5 5 M 71.0 114 188 32.5 1.89 54.3 93.0 32.2 7.46 24.2 6 F 70.0 70.3 158 28.0 1.05 53.0 94.0 39.1 7.42 25,0 7 M 71.0 88.0 163 33.1 1.08 40.0 90.0 51.1 7.37 26.6 8 M 72.0 71.0 164 26.4 0.82 30.2 93.0 43.4 7.38 24.4 9 M 74.0 74.0 162 21.0 0.87 34.0 95.0 43.7 7.41 26.7 69.4±3.9 89.4±19.4 168±10.0 31.0±8.44 1.34±0.55 47.1±13.5 93.1±2.6 43.7±9.6 7.40±0.06 25.4±1.0 Moyenne± Écart-type

Indices d’effort respiratoire

Les indices d’effort respiratoire ont augmenté sans différence statistiquement significative pour les deux conditions avec cartouches comparées à l’état sans masque (Tableau 17). Cependant, seul le PTP était augmenté avec le masque en comparaison avec la période sans masque (Figure 40). La différence atteignait presque un seuil statistiquement significatif (PTPes cmH2O*s/min, Cartouche A 270±69.0 vs. 200±65.4 cmH2O*s/min; Cartouche B 244±52.4 vs. 200±65.4 cmH2O*s/min, p=0.065). Dans les comparaisons masque et non-masque, le PTP avait une variation de 35% avec la cartouche filtrante A (Figure 41). Dans le cas de la cartouche filtrante B, la variation se situait près de 25%.

Tableau 17. Moyennes des indices d’efforts respiratoires chez les sujets MPOC (n=9; ‡ p≤0.10).

Tableau 17 B. Moyennes des indices d’efforts respiratoires chez les sujets MPOC sans la patiente #4

(n=8; *p<0.0001; **p<0.05; ‡ p≤0.10).

De façon intéressante, lorsque l’analyse statistique était réalisée sans le sujet 4, on notait une augmentation significative statistiquement de tous les indices d’effort respiratoire (Tableau 17 B).

Nombre de cycles analysé WOB (J/min) PTPes (cmH20*s/min) SwingPes (cmH20) Sans-masque 21.9±10.2 8.40±2.88 200±65.4 10.4±4.6 Cartouche filtrante A 23.8±10.9 10.0±3.87 270±69.0 ‡ 12.7±3.8 Cartouche filtrante B 22.7±12.5 8.49±2.20 244±52.4 ‡ 11.7±2.7 Légende: ‡ p≤ 0.10 . Nombre de cycles analysé WOB (J/min) PTPes (cmH20*s/min) SwingPes (cmH20) Sans masque 21.9±10.2 7.64±1.89 184±45.4 9.16±3.0 Cartouche filtrante A 23.8±10.9 10.5±3.84 * 281±64.9 ** 12.8±4.1 ** Cartouche filtrante B 22.7±12.5 8.76±2.19 253±47.3 * 11.8±2.9 ** Légende: *p ≤ 0.05; *** p ≤0.001; ‡ p≤ 0.10.

Figure 40. PTP (cmH2O*s/min) pour tous les sujets MPOC comparant les conditions sans et avec masque. Les comparaisons ont été réalisées respectivement avec le port des cartouches A&B sur le masque et une condition sans masque (‡p=0.07). À noter que le comportement de la patiente 4 est très différent de celui de tous les autres patients.

Figure 41. Variation (%) des indices d’efforts respiratoires avec le

port des cartouches filtrantes A-B chez les sujets MPOC.

Figure 42. Variation (%) des paramètres respiratoires avec le

port des cartouches filtrantes A-B chez les sujets MPOC. Les comparaisons ont été faites, pour les cartouches A et B, avec une condition sans masque (n=9; *** p≤0.001).

Parmi les paramètres respiratoires, il y a eu très peu de variation entre les cartouches A et B et l’état de base à l’exception du débit de pointe (Figure 42). Les augmentations des débits de pointes pour les cartouches filtrantes ont été également statistiquement significatifs (Cartouche A 0.88±0.23 vs. 0.66±0.13 L/s; Cartouche B 0.80±0.11 vs. 0.66±0.13 L/s, p=0.0001) (Tableau 18; Figure 42). Les autres paramètres respiratoires n’ont pas montré de différence statistiquement significative.

Les valeurs mesurées de résistance respiratoire (Cartouche A 13.9±2.9 vs. 8.98±3.3 cmH2O/L/min; Cartouche B 12.5±2.7 vs. 8.98±3.3 cmH2O/L/min, p=0.0514) ont augmenté significativement pour les deux conditions avec cartouches en comparaison avec l’état de base. La variation avec la cartouche filtrante A était près de +55% et celle avec la cartouche B à +40%. Pour les autres valeurs des indices de résistances respiratoires et de l’auto-PEEP, il n’y avait pas de différence statiquement significative (Tableau 18; Figure 43).

Tableau 18. Moyennes des paramètres respiratoires chez les sujets MPOC.

(n=9;*p≤0.05; ***p≤0.001; ‡ p≤0.10).

Figure 43. Variation (%) des paramètres de résistances respiratoires et de

l’auto-PEEP avec le port des cartouches filtrantes A-B chez les sujets MPOC. Les comparaisons ont été faites, pour les cartouches A et B, avec une condition sans masque (n=9; *p≤0.05). Légende : RESMAT = résistances inspiratoires calculées par le logiciel RESMAT.

Nombre de cycles analysé FR (cycles/min) Vt (L) Vmin (cycle/L/min) Débit de pointe (L/s) Ti (s) Texp (s) Ttot (s)

Ti/Ttot Vt/ti WOB (J/Cycl) Cldyn (L/cmH20) Res RESMAT (cmH20/L/s) AutoPEEP (L/cmH20) Sans-masque 21.9±10.2 17.4±6.1 0.56±0.30 8.2±1.1 0.66±0.13 1.58±0.81 2.44±1.02 4.00±1.81 0.39±0.04 0.35±0.04 0.54±0.26 0.14±0.12 8.98±3.3 2.76±0.96 Cartouche filtrante A 23.8±10.9 16.5±6.0 0.54±0.21 8.0±1.8 0.88±0.23 *** 1.79±1.09 ‡ 2.50±1.11 4.31±2.15 * 0.40±0.06 0.34±0.08 0.67±0.28 0.12±0.10 13.9±2.9* 3.26±1.36 Cartouche filtrante B 22.7±12.5 17.1±6.1 0.54±0.25 8.0±1.6 0.80±0.11 *** 1.76±1.16 ‡ 2.46±1.22 4.21±2.35 * 0.41±0.05 0.33±0.07 0.57±0.27 0.16±0.16 12.5±2.7* 2.93±1.03 Légende: *p ≤ 0.05; *** p ≤0.001; ‡ p≤ 0.10.

Dans le profil des gaz capillaires (Tableau 19), il y avait une variation en dessous de +3% pour la SpO2 dans les conditions avec cartouche A-B comparé à la condition non-masquée (Figure 43). Les valeurs de SpO2 des deux conditions avec cartouches filtrantes ont été supérieures à l’état de base sans que ce ne

soit statistiquement significatif.

Figure 44. Variation (%) des gaz sanguins avec le port

des cartouches filtrantes A-B chez les sujets MPOC. Les comparaisons ont été faites, pour les cartouches A et B, avec une condition sans masque (n=9; *p≤0.05; ** p≤0.01).

Figure 45. Représentation moyenne du signal de la SpO2 pour tous les sujets MPOC.

deux conditions avec masque (avec l’utilisation des cartouches A-B), de l’oxygène était ajouté avec le système d’administration automatisé (FreeO2), en fonction des besoins et d’une cible préréglée. La saturation a montré des fluctuations relativement similaires et stables entre 93% et 95% en comparaison à la condition sans masque (Figure 45). Fait intéressant, la cible de SpO2 fut réglée en moyenne à 93.1±2.6% sur le FreeO2 (Tableau 20). Il y avait une très légère sur-correction de la SpO2 d’environ 1% (Figure 45). Dans une comparaison cartouches A-B, l’apport en oxygène par le FreeO2 a été supérieure pour la cartouche A (Cartouche A : 0.61±1.01 L; Cartouche B : 0.24±0.48 L) (Figure 46).

Tableau 19. Moyennes des gaz sanguins chez les patients MPOC

(n=9;*p≤0.05;** p≤0.01).

Tableau 20. Valeurs de la SpO2 (%) et la quantité d’oxygène (L) administrées des sujets MPOC durant les trois conditions testées. Dans la condition sans masque, la SpO2 a été de 91.7±5.8%.

Moyenne Sp02 (%) SpO2 minimale (%) pH PaCO2 (mmHg) HCO3- (mmol/L) Sans-masque 91.7±5.8 89.8±7.6 7.40±0.06 43.7±9.6 25.4±1.00 Cartouche filtrante A 94.1±2.3 91.4±5.2 7.39±0.06 * 44.6±10.3 ** 25.3±0.84 Cartouche filtrante B 93.9±2.4 91.8±3.9 7.39±0.05 * 44.4±8.9 ** 25.5±0.98

Note et Légende: Les données ont été prélevées sur une durée de 10 minutes.* p ≤0.05; ** ≤ 0.001 .

Cible SpO2 (selon FreeO2) (%) SpO2 durant la condition (%) Correction FreeO2 (L) Cartouche filtrante A 93.1±2.6 94.1±2.3 0.61±1.01 Cartouche filtrante B 93.1±2.6 93.9±2.3 0.24±0.48

Figure 46. Débits moyens d’oxygène administré par sujet MPOC durant le

port des cartouches A et B.

Les différences de pH, entre la condition masquée et non masquée ont été statistiquement significatives (Cartouche A 7.39±0.06 vs. 7.40±0.06; Cartouche B 7.39±0.05 vs. 7.40±0.06, p=0.011) (Tableau 19). Cependant, d’un point de vue clinique, cette baisse ne fut pas réellement significative. La Figure 47 illustre cette affirmation en montrant la répartition des résultats en pH par sujets. Il y a seulement trois sujets sur neuf qui se situaient sous la moyenne du groupe pour les résultats en pH. Les autres étaient au- dessus de la moyenne.

Quant aux différences de PaCO2 lors du port des cartouches A et B, elles furent statistiquement significatives par rapport à l’état de base, mais sans différence cliniquement pertinente (Cartouche A 44.6±10.3 vs. 43.7±9.6 mmHg; Cartouche B 44.4±8.9 vs. 43.7±9.6 mmHg, p=0.003) (Tableau 19). La répartition des résultats par sujet pour la PaCO2 (Figure 48), illustre cette affirmation. Il y a cinq des neuf sujets qui se situaient en dessous de la moyenne du groupe. Deux sujets se trouvaient autour de la moyenne et deux autres se situaient au-dessus de la moyenne.

Figure 47. Résultats du pH sanguin pour tous les

sujets MPOC pour les trois conditions testées. (n=9;*p≤0.05).

Figure 48. Résultats de la PaCO2 (mmHg) sanguin de

tous les sujets MPOC pour les trois conditions testées (n=9;**p≤0.001).

Dans l’échelle de confort, de la dyspnée fut rapportée au cours des trois conditions testées (Tableau 21). Le léger déclin exprimait une baisse subjective du confort liée au port du masque. La dyspnée était

légèrement supérieure sans masque en comparaison avec les deux conditions avec les cartouches A et B (Figure 49). Les différences n’étaient pas statistiquement significatives.

Tableau 21. Moyennes des niveaux de confort perçus pour les sujets MPOC.

Les valeurs ont été calculées au début du port du masque et immédiatement à son retrait pour les trois conditions testées (n=9). Note : Calculé d'après une échelle visuelle analogique: 0=dyspnée majeure (i.e.: suffocation); 1=dyspnée significative et très inconfortable; 2=dyspnée significative et inconfortable;3=dyspnée évidente et légèrement inconfortable;4=dyspnée évidente et tolérance incertaine; 5= dyspnée évidente et tolérable; 6=dyspnée très tolérable; 7=dyspnée légère; 8=à peine une dyspnée; 9=incertain si dyspnée;10=aucune dyspnée. Les différences n’ont pas été statistiquement significatives. Échelle de confort - Début Échelle de confort - Fin Sans-masque 7.56±1.90 6.90±2.27 Cartouche filtrante A 6.90±1.58 5.96±2.32 Cartouche filtrante B 7.05±1.94 5.83±2.07

Figure 49. Variations (%) dans les niveaux de confort perçus au début et la fin des

conditions testées avec le port des cartouches filtrantes A&B chez les sujets MPOC. Les mesures ont été faites respectivement avec le port des cartouches A&B sur le masque comparées avec une condition sans masque. Les valeurs ont été calculées au début du port du masque et immédiatement à son retrait. Les différences n’ont pas été statistiquement significatives.

Conclusion

Pour conclure, le port du masque chez les patients MPOC n’a pas augmenté de façon statistiquement significative les indices de travail respiratoire, mais nous avons noté un comportement différent chez une de patiente. Cependant, chez la majorité des patients (8/9), les indices d’effort respiratoire ont augmenté de manière substantielle. Dans l’analyse excluant cette patiente, le travail respiratoire était augmenté significativement au plan statistique, malgré une durée d’exposition courte de 10 minutes. En revanche, il n’y avait pas d’impact important sur la PaCO2, mais encore une fois avec une durée d’exposition très courte et nous avons montré la faisabilité d’administrer de l’oxygène à travers le masque à gaz. Face à une condition pathologique respiratoire comme la MPOC, il fut possible de maintenir une SpO2 selon une cible propre au patient à l’aide d’une administration titrée en oxygène.

Supplément : cas de la patiente no.4.

Introduction

À la lumière des résultats chez nos patients MPOC, nous avons constaté que la sujet no.4 se différenciait des autres patients de son groupe. Le présent supplément présente son cas et montre les résultats de l’ensemble du groupe en la retirant.

Présentation du cas

Tel que montré par le Tableau 16, le sujet no.4, était de sexe féminin et âgée de 61.0 ans lors de son inclusion dans l’étude. Plusieurs de ses caractéristiques de base l’ont démarquée dès le début (Poids (kg): 125; IMC : 51.0 kg/m2 ; VEMS (L) : 0.84; VEMS (%) : 38.0; SpO2 (%) : 88.0; PaCO2 (mmHg): 62.8 ; pH : 7.28 ; HCO3- (mmol/L): 25.5). A L’arrivée dans le laboratoire, après une courte marche, la patiente présentait un grand sourire et une SpO2 très basse (premières valeurs proches de 80%) avec des sibilants marquées. Des bronchodilatateurs ont été proposés à la patiente, mais elle avait déjà pris du Ventolin avant sa marche. À l’examen physique et à l’auscultation des plages pulmonaires, elle montrait clairement du wheezing et l’utilisation des muscles accessoires pour respirer. Sa démarche était accompagnée de pauses fréquentes à cause de son essoufflement. À première vue, elle correspondait aux critères d’inclusion par rapport à son groupe, sur notamment le VEMS. Cependant, la mobilisation semblait exacerber sa condition respiratoire. Dans un deuxième temps, avant de l’inclure, des discussions avec son pneumologue (qu’elle avait vu récemment en consultation) nous ont révélé que la patiente était proche de son état de base. Après un bref repos, les valeurs de SpO2 sont remontées à 88.0 %. Il fut vite débattu de sa tolérance à compléter l’étude en raison de l’aspect résistif du masque.

L’enthousiasme du sujet a mené l’équipe à lui proposer un plan d’action avant d’accepter son l’inclusion. Un traitement d’oxygénothérapie avec FreeO2 a été prodigué pendant près de 20 minutes afin de corriger sa détérioration causée par la marche. La cible prescrite fut 93%. Nous lui avons fait essayer le masque à gaz et procédé à des enregistrements des signaux de débits respiratoires et de la Peso afin d’évaluer sa tolérance au masque. La durée fut de deux minutes. Nous avons aussi fait une comparaison sans le port du masque à gaz. Nous avons constaté sa très bonne tolérance du masque à gaz qui semblait même améliorer son état clinique.

gaz sans problème, nous avons donc décidé d’inclure la patiente. Par ailleurs, la pose de la sonde œsophagienne s’est très bien déroulée ainsi que toutes les autres procédures de l’étude, ce qui nous a incités à poursuivre l’étude.

Durant les conditions testées, les valeurs moyennes en SpO2 de la patiente avec masque n’étaient pas problématiques (Cartouche A : 91.2%; Cartouche B : 90.5 %; Cible prescrite sur FreeO2 : 88%). Dans les conditions avec masque, elle a reçu plus d’un litre/min en oxygène pour maintenir la SpO2 prescrite (Cartouche A : 1.74 L; Cartouche B: 1.48 L). Avec une moyenne de 1.61 L d’oxygène au cours des deux conditions testées avec masque, elle fut une des patients ayant eu le plus de besoins en oxygène (Figure 46).

D’après les Figures 40, 47 et 48, la patiente ressort nettement du groupe pour son comportement physiologique au cours de l’étude. Sur le plan de la PTPes, elle fut contraire à la direction prise tant avec chaque sujet qu’avec le groupe lui-même. Pour ce qui est des données de pH et de PaCO2, les valeurs de la patiente furent loin des moyennes de son groupe. Ceci pourrait être expliqué par les valeurs d’auto-PEEP élevées (4.2 cmH2O) au baseline, avec une diminution importante avec le masque (0.5 et 0.6 cmH2O).

Valeurs moyennes du groupe MPOC sans la patiente no.4

Nous avons repris les tests de moyennes et d’écart-types du groupe MPOC en retirant la patiente no.4. Nous avons également appliqué le test bio-statistique bilatéral à partir du logiciel Excel (Windows, version 2010). Les comparaisons ont été maintenues entre chaque condition masque et non-masque.

Tableau 22. Caractéristiques des patients MPOC sans la patiente no. 4

No. patient Sexe Age (ans) Poids (kg) T aille (cm) IMC VEMS1 (L) VEMS1 (%) SpO2 repos air ambiant (%) PaCO2 (mmHg) pH HCO3- (mmol/L) 1 M 66.0 78.5 172 26.7 2.31 72.0 94.0 41.5 7.42 26.1 2 M 68.0 87.1 176 27.6 1.85 59.3 95.0 NA NA NA 3 M 72.0 97.1 173 32.6 1.33 43.0 96.0 35.9 7.43 24.5 5 M 71.0 114 188 32.5 1.89 54.3 93.0 32.2 7.46 24.2 6 F 70.0 70.3 158 28.0 1.05 53.0 94.0 39.1 7.42 25.0 7 M 71.0 88.0 163 33.1 1.08 40.0 90.0 51.1 7.37 26.6 8 M 72.0 71.0 164 26.4 0.82 30.2 93.0 43.4 7.38 24.4 9 M 74.0 74.0 162 21.0 0.87 34.0 95.0 43.7 7.41 26.7 70.5±2.5 85.0±15.0 169±9.7 28.5±4.12 1.4±0.55 48.2±14.0 93.8±1.8 41.0±6.1 7.41±0.03 25.4±1.1 Moyenne± Écart-type

Les caractéristiques de base dans le Tableau 22 (sans la sujet no.4) ne se sont pas différentes de celles du Tableau 16 (avec la patiente no.4). Les analyses statistiques réalisées en excluant cette patiente démontrent un impact réel du port du masque. Notamment, les indices d’efforts respiratoires étaient presque tous significativement augmentés avec le masque (Tableau 17B). Pour ce qui est du profil en gaz sanguin, il n’y a pas eu de changement dans les résultats du test biostatistique appliqué. Quant au niveau de confort, les patients ont tous déclaré avoir ressenti davantage d’inconfort respiratoire dans la condition sans le masque à gaz. La comparaison entre la condition masque et sans masque a montré une différence statistiquement significatif.

Conclusion

La situation de la patiente no.4 a influencé les moyennes de son groupe et les tests statistiques