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l'interaction avec un tableur sur tablette, nous avons en premier lieu identifié les dimensions du stacking et exploré les différents gestes afin d’écarter les plus inconfortables.

2.1. DIMENSION DU STACKING

Dans notre contexte, le stacking consiste à mettre en contact un smartphone avec un écran de tablette qui le détecte. Dans le contexte de notre espace de conception DECO, ce paradigme d’interaction peut être décrit ainsi : les techniques d’interaction basées sur le stacking ont une topologie attachée (A-B) et séparée (arrangement physique dynamique). Les effecteurs corporels impliqués sont les suivants : <Tablette : main non dom. ; Smartphone : main dom.>. Les actions physiques sont les suivantes : <Tablette : Interaction tactile (2 DDL) ; Smartphone : Interaction tactile (2 DDL), Translations (2 DDL), Rotations (3 DDL)>. Enfin, dans le cadre de ces travaux, nous n’explorons que l’utilisation séquentielle des deux éléments.

Nous avons identifié trois dimensions permettant de caractériser le geste du stacking : les surfaces empilées, la prise en main et le type de gestes.

Surfaces empilées : nous avons d'abord envisagé le stacking des quatre arêtes et des quatre coins du smartphone sur l'écran de la tablette. Les faces avant et arrière du smartphone peuvent également être utilisées, mais nous avons choisi de les écarter car le smartphone aurait occulté une partie importante de l'écran de la tablette.

Prise en main : l'utilisateur tient le smartphone avec la main dominante, tandis que la tablette peut être tenue avec la main non dominante ou être placée sur une surface plane (par exemple une table). Dans le second cas, l'utilisateur peut également effectuer des gestes tactiles sur les écrans de la tablette ou du smartphone en utilisant sa main non dominante. Nous limitons notre exploration au second cas : le smartphone est utilisé comme interacteur tangible et tactile sur l’écran d’une tablette posée sur une surface plane.

Type de gestes : les deux gestes de délimitation du stacking sont le stack (c'est-à-dire, poser une surface du smartphone sur l'écran de la tablette) et l’unstack (c'est-à-dire soulever le smartphone afin de supprimer le contact entre le smartphone et la tablette).

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Une fois le geste de stack réalisé, l'utilisateur peut effectuer un ensemble de gestes tactiles, manipulations physiques ou gestes composés (c'est-à-dire physiques puis tactiles, p. ex. une translation du smartphone suivi d’un glisser sur son écran). Des gestes tactiles (toucher, glisser ou pincer / étirer) peuvent être réalisés sur les deux dispositifs. Nous identifions quatre manipulations physiques qui peuvent être réalisées avec le smartphone mis en contact avec l’écran de la tablette (Figure 61) : la translation du smartphone sur l'écran de la tablette (A) ; la rotation à plat du smartphone sur l'écran de la tablette (B) ; l’inclinaison du smartphone autour de la surface empilée (C); et la rotation autour du coin du smartphone (D).

Figure 61. Gestes physiques du “stacking”: Translation (A), rotation à plat (B), inclinaison (C) et rotation de coin (D).

2.2. ÉTUDE PRELIMINAIRE SUR LE CONFORT DES GESTES

Le nombre de gestes possibles du stacking est particulièrement élevé (gestes tactiles sur les deux surfaces, manipulations physique du smartphone et gestes composés physique + tactile). Nous conduisons donc une étude préliminaire afin de réduire ce vocabulaire en écartant les gestes inconfortables.

Tâche et instructions

Les six participants devaient, en premier lieu, réaliser le geste de stack du smartphone sur l’écran de la tablette. Plusieurs orientations initiales pour le stack ont été testées (smartphone en mode portrait et paysage ; 4 orientations à plat pour les deux configurations ; Figure 62). Ensuite, les participants devaient réaliser (1) une des quatre manipulations physiques du smartphone (translation, rotation à plat, inclinaison, rotation de coin – Figure 61), (2) un geste tactile sur l’écran du smartphone (toucher, glisser, pincer/étirer) ou (3) un geste composé nécessitant une inclinaison du smartphone, puis un geste tactile sur son écran. Nous avons limité notre exploration des gestes composés à ceux basés sur une inclinaison suivie d’un geste tactile sur l’écran du smartphone. En effet, les gestes étant réalisés de manière séquentielle, réaliser un geste tactile après une translation, rotation à plat ou rotation de coin revient à réaliser ce geste tactile suite à un

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stack initial dans une autre position/orientation (toutes deux testées dans le protocole). En revanche, l’inclinaison pouvant rendre l’écran partiellement inaccessible et n’étant pas intégrée dans le stack initial, nous avons choisi de l’évaluer dans notre protocole. D’autre part, deux gestes tactiles peuvent être réalisés consécutivement sans qu’aucun n’impacte la réalisation de l’autre, nous n’avons donc pas exploré les gestes composés qui en découlent. Pour finir, nous n’avons pas considéré les gestes tactiles sur l’écran de la tablette car leur réalisation est indépendante du mécanisme de stacking du smartphone (ils peuvent être réalisés avec la main non-dominante, que le smartphone soit tenu ou non).

Figure 62. Exemples d'orientation initiale : 0° et 90° en mode portrait (A et B) puis -45° et 45° en mode paysage (C et D).

Les gestes tactiles (2), combinés ou non à une inclinaison du smartphone (3), ont été réalisés de deux manières différentes : de façon uni-manuelle en utilisant la main tenant le smartphone ou de façon bi-manuelle, i.e. en utilisant la main non dominante, qui ne tient pas le smartphone.

Matériel

Dans cette étude, nous avons utilisé une tablette Samsung Galaxy tab S (Android 5.1, octa-core à 1.9GHz et 1.3GHz, écran 10.5 pouces avec une résolution de 2560x1600 pixels) et un smartphone Samsung Galaxy S4 (Android 5.1, quad-core à 1.9GHz, écran 5 pouces avec une résolution de 1920x1080 pixels). Le smartphone était équipé d'une coque qui permet sa détection par la tablette (c.f. Section 3.1), afin d’évaluer notre dispositif

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dans des conditions d’utilisation réelles. Les deux dispositifs étaient éteints tout au long de l’étude.

Participants

Six sujets (âge moyen = 26.4, écart-type = 1.67) ont participé à cette étude préliminaire (dont 2 femmes). Ils étaient tous droitiers et familiarisés avec les dispositifs mobiles (6.9 en moyenne sur une échelle allant de 0 à 9). Aucune rémunération n’a été offerte aux participants.

Données collectées et analyse statistique

Nous avons filmé l’ensemble de l'expérimentation. Après chaque geste, nous avons mesuré le niveau de confort ressenti par les participants à l’aide d’une échelle de Likert à 5 points. Nous avons aussi collecté les retours informels des utilisateurs. Cette étude a duré en moyenne 27 minutes pour chacun des participants. Seuls les résultats principaux sont présentés ci-après. Une analyse statistique plus détaillée peut être trouvée dans l’annexe section 2.1.

2.3. RESULTATS

Les gestes tactiles du toucher et du glisser ont été considérés comme confortables. Il en va de même pour l’ensemble des gestes physiques. Les résultats obtenus nous ont conduit à ne pas considérer l’utilisation de gestes composés dans la suite de nos travaux et à éliminer le geste du pincer/étirer : ces gestes ont été considérés inconfortables par les utilisateurs et dans certains cas, les gestes étaient impossibles à réaliser (pincer/étirer suite à une inclinaison). De plus, nous avons remarqué durant l’étude que certaines zones de l’écran du smartphone étaient touchées lorsque les utilisateurs le prenaient en main. En mode paysage, la moitié droite de l’écran était involontairement touchée par les participants lorsqu’ils tenaient le smartphone. En mode portrait, c’est la moitié basse de l’écran qui était touchée. Il apparait donc nécessaire de prendre en compte le fait que pour réaliser un geste tactile sur le smartphone, les utilisateurs devront toucher une section spécifique de l’écran définie selon l’orientation du smartphone (portrait et paysage) mais aussi selon la technique d’interaction proposée.

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