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ÉTUDE SUR LES POTAMOTS DU QUÉBEC

Dans le document NATURALISTE CANADIEN (Page 153-157)

PAR LE PERE LOUIS-MARIE, O. C., Professeur de Botanique à l'Institut Agricole d'Oka.

PLAN

1 — Introduction

a) Nénuphars rs Potamots b) Technique de l'herborisation 2 — Ohomustique et linguistique 3 — Crdissance des Potamots

a) Germination des graines b) 3f ultiplication asexuée

e) Développement sympodique de la tige d) Développement spécial des boutures e) Un mot de l'anatomie des Potamots 4 — Aperçu historique de la Classification

a) Taxonomistes américains b) Taxonomistes européens

— Description et Classification des Potamots du Québec

ÉTUDE SUR LES POTAMOTS DU QUÉBEC 1 — INTRODUCTION

a) Nénuphars vs Potamots.

De toutes les plantes aquatiques décorant la surface et la profondeur des "eaux douces," courantes ou non, de notre

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vince, je ne connais aucun groupe plus digne de retenir notre attention, que celui qui fera le sujet du présent article.

Les " Lys d'eau " ou nénuphars, les " Trèfles (l'eau " ou Ményanthes, nous frappent davantage par la dimension et l'éclat de leurs fleurs, mais toute leur beauté est au fil de l'eau ; fleurs et feuilles sont flottantes ou complètement émergées.

Les minuscules burettes sans périanthe de nos Potamots sont insignifiantes, si nous les comparons à la magnificence des fleurs cycliques géantes (les Nymphéacées. Mais les plantes aquatiques ne fleurissent pas toujours. Alors, si nous considérons attentivement les feuilles qui seules témoignent, il n'y a plus de parallèle possible, entre les grosses feuilles rondes, plates, char-nues, invariables des lys d'eau, tout étalées dans un plan unique et les feuilles délicates de nos Najadacées, infiniment variées, de linéaires- filiformes à suborbiculaires, à bords souvent élé-gamment ondulés, tantôt épaisses. tantôt minces, pellucides,

presque diaphanes.

Dans un vivier, un aquarium, les limbes des nénuphars sont des éteignoirs suspendus aux interminables cordes-à-bedeau des longs pétioles, qui tombent lourdement et sans grâce à travers l'onde. C'est surtout par le décor de leurs feuilles submer-gées, que les Potamots sont remarquables. Madame la Perche et monsieur le Brochet ne leur peuvent opposer avantageuse-ment que les colonnades des Myriophylles, aux axes dichoto-mes, bien fourrées de leurs innombrables ramilles fi mbriées, ou aux filets de dentelle des Utriculaires chargés de leurs seuls flotteurs, de leurs hampes érigées et de leurs fleurs-à-trappe.

Belles en nature, ces tiges feuillées submergées de nos Naja-dacées sont ordinairement affreuses à regarder en herbier où, séchées sans étalage, elles sont, en compagnie des Haloragida-cées et des LentibulariaHaloragida-cées, totalement abimées, s'allongent et se tordent, comme des guenilles informes en des poses contre nature.

L'herhorisateur qui récolte une plante va, d'un premier geste, à la base de sa tige, à la racine si possible et tire ferme-ment. La tige qui cède, culbute sous la main qui se retire du sol pour remonter à la surface. . . Les tiges feuillées

suppor-ÉTUDE SUR LES POTAMOTS DU QUÉBEC 155 tent ce jeu dans l'air, mais dans l'eau ! Toutes ces feuilles aqua-tiques, délicates, tirées de l'eau sans une précaution spéciale, sont, sous le mouvement renversant qui les hisse hors de l'onde, entrainées en bas par leur propre poids et par celui de l'eau qui s'égoutte du sommet de leur limbe ; elles s'appriment le long de la tige en une masse laide.

b) Technique de la récolte.

Après avoir doucement déraciné les plantes aquatiques qui l'intéressent, — je parle de celles dont les feuilles sont déli-cates,— après avoir bien nettoyé de leur vase, les organes sou-terrains,— ce qui suppose que celui qui herborise est dans l'eau ou tout près de l'eau,— l'herborisateur laisse monter les pré-cieux spécimens à la surface, où ils flottent tout en conservant leur port naturel. On glisse alors dans l'eau, une feuille de papier (l'herbier ou tout au moins une feuille de chemise blanche, sous les plantes appartenant aux espèces glutineuses. Pour celles qui sont plus fortes et dont les feuilles ne collent point, on se sert d'une chemise ordinaire que l'on submerge. La plante que l'on récolte est alors amenée au-dessus de la feuille de papier et elle y est fixée entre le pouce et l'index qui, pinçant l'extrémité supérieure du spécimen avec le bord de la feuille, tirent

douce-ment hors de l'eau, en laissant égoutter. Potamots délicats Utriculaires filamentuses, Myriophylles très laciniées viennent d'eux-mêmes s'étaler contre la feuille, tout en conservant la beauté de leur port submergé.

2 — Onomastique et linguistique

La linguistique des Potamots n'est pas très développée, si l'on considère que ces herbes aquatiques étaient déjà connues au premier siècle de notre ère. Dioscoride les a définies : " fon-tilis, fl uminalis, prospecti, terminalis, plantago. (lat. publ. par Stadler).

Au Moyen Age, Bauhin les a longuement nominées, suivant la méthode du temps,— le système binaire n'existant pas alors en nomenclature,— " fontalis, spicata, phyllitis, lacustris,

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oxylapathum aquaticum, fontilapathum, lactuca ranarum."

(Anc. nomencl., Bauh., 1671).

J. Camus (L. du XVème siècle, Op. sal. p. 66) attribuait au Potamot une sinistre vertu, en l'appelant, l'herbe " faciens viduam " (qui fait la femme veuve, qui tue le mari.)

On lui a prêté aussi les noms suivants : I — Potamot, franç., Nemnich, 1793.

2 — Espi (l'eau, anc. franç., L'Escluse, 1557.

3 — Epi (l'eau, franç.

4 — Dagne d'éthan (flèche d'étang), Frib., Sav.

5 — Lape d'ivoué (patience (l'eau), Frib., Sav.

6 — Laitue des grenouilles, franc., St-Germain, 178.1.

7 — Langue de chien, Lyonnais, ('griot.

8 — Herbe à la perchôde, Maine-et-Loire, Desv.

9 — Bec de pirotte, Normandie.

10 — Burette d'eau, Normandie, 1573.

11 — Courge, Normandie (1)

Au Canada, les pêcheurs l'appellent, comme en Maine-et-Loire, " l'herbe à la perchôde " ou encore, " l'herbe à brochet" . Mais pour la plupart, ces plantes qui ornementent délicatement nos cours d'eau,— parfois cependant qui les encombrent.—

sont rejetées dans l'immense panier-à-rebuts des plantes sans nom. Notre peur caractéristique de l'effort parlé, notre man-que de précision et notre insouciance également typiman-ques pré-fèrent négliger ces êtres qui ne sont pas pratiques. (2)

3 Croissance des Potamots.

L'étude des Potamojeton n'est pas seulement passionnante pour le systématiste en quête d'intéressants problèmes à résoudre, mais elle l'est aussi pour l'anatomiste, l'écologiste

(1) Ailleurs encore : 12 — Ponokton, St-Georges de Gros (Orne). 13 — Sé-gnon, Vosges. 14 — Lapoun, Bouches du Rhône, Marseille, 1828. 15 — Li-mouno, Montauban, 10 — Fâva, lac de Genève. 17 -- Fâva, Vallorbes (Suisse).

18— Bale. IA-- Bay', lite-Marne. 20 -- Fang, G lier nsey. 21 — Fanes, Normandie. 22 — Mogolèse, ltasey (Vosges).

(2) de serai reconnaissant au lecteur qui aura l'obligeance de me faire part des noms populaires donnés aux Potamots dans le Québec et non men-tionnés ici.

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et le physiologiste. Dans le présent travail, nous aurons tout juste le temps d'effleurer ces trois points de vue, notre but pre-mier étant un essai de classification élémentaire du groupe.

Une courte étude (lu développement végétatif de la plante est nécessaire pour comprendre l'état de ramification des spéci-mens récoltés.

a) Germi af in n des graines.

(lel. Il. Du(lem (lieu,. (1. 9. 0.)

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