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CHAPITRE 2 : Méthodologie

1. Site d’étude

Les sites d’échantillonnage ont été choisis selon les critères permettant la réalisation de l’étude et une interprétation rigoureuse des résultats acquis. Les principaux critères de choix de l’axe aquatique concernaient la faible distance entre les sites et la limite océanique (présence de jeunes stades d’anguille) et la station expérimentale d’Irstea (possibilité de transport rapide des individus vivants), son accessibilité, le faible éloignement entre les obstacles successifs, les conditions physico-chimiques relativement homogènes entre les sites et la présence de différents types des passes à anguilles. L’axe du Canal du Porge, situé à 50 km de l’institut Irstea Bordeaux, et à 110 km de la station d’expérimentation, fut retenu (Figure 10).

Le Canal du Porge est un axe reliant le lac Lacanau au Bassin d’Arcachon. Il est considéré comme la partie du sud du Canal des Etangs, qui lui assure la liaison entre le lac de Carcans-Hourtin (le plus grand lac littoral d’Europe) et le lac Lacanau. Le canal du Porge se jette dans le Bassin d’Arcachon au niveau de Lège-Cap-Ferret (près de 6 km en aval), à environ 15 km de l’océan. Le canal du Porge mesure 18,5 km et, avec les 7,5 km du Canal des étangs, il représente un réseau de 500 km de crastes et tributaires des lacs. Le Canal du Porge est un axe d’origine anthropique, d’une vitesse de courant moyenne de 0,5 m/s (réduite en période estivale), d’une largeur de 35 mètres et présentant des conditions abiotiques relativement stables sur toute sa longueur. Il est peuplé par une dizaine d’espèces piscicoles et deux espèces de crustacés, cette communauté étant représentée principalement par l’anguille Européenne, la perche soleil, l’écrevisse de Louisiane et l’écrevisse signal. L’axe du Canal du Porge est divisé par 4 écluses successives, construites à la fin du XIXème siècle, dans le but de maintenir les eaux des lacs à un niveau stable et de gérer au mieux les activités et usages de l’époque, notamment le transport de bois.

L’écluse du Pas du Bouc constitue la première entrave à la migration amont des civelles et est donc la « porte d’entrée » des lacs et marais médocains pour cette espèce. Elle est située à environ 6 km de la limite du Bassin d’Arcachon. Cet obstacle a été équipé en 2007 d’un dispositif de passage pour les civelles. La passe à civelles a été implantée sur rive droite du Canal, sous un abri sécurisé, et est constitué d’une rampe de 4.30 m de long, inclinée à 45° (Figure 11). Le substrat de la rampe de reptation est un tapis artificiel Fishpass® constitué de faisceaux de soies en plastique. La rampe est alimentée par une goulotte distribuant de l’eau sur la rampe et dans le bac de stabulation/piégeage. Le volume de 450 L du bac de piégeage et de stabulation des anguilles permet un bon renouvellement ainsi qu’une bonne oxygénation de l’eau. Un système de vannes permet de garder un niveau constant d’eau dans le bac (évacuation du trop-plein), mais également de diminuer le niveau d’eau lors de la récupération des individus piégés. Une grille fine présentant une maille de 1mm est installée dans le fond du bac et scellée avec des joints silicone pour empêcher la fuite des civelles dans la canalisation de sortie de l’eau. La passe du Pas du Bouc est entretenue et visitée régulièrement par la Fédération de Pêche de Gironde, qui assure un suivi de la migration sur toute la zone du Canal de Etangs.

Les écluses de la Langouarde, du Joncru et du Batejin, situées respectivement à 2,5/6/8,5 km à l’amont de l’écluse du Pas du Bouc possèdent une structure similaire, le corpus de l’obstacle étant une dalle métallique verticale de 3 mètres de hauteur (Figure 10). Seule la

profondeur en aval de l’obstacle peut différer entre les écluses. Sur le site de la Langouarde, tout comme sur le site du Pas du Bouc, la profondeur au pied de l’obstacle reste faible (<1m) et permet l’usage du matériel de pêche électrique. Sur les sites de Joncru et Batejin, la profondeur au pied de l’obstacle est d’environ 3 mètres et la prospection par pêche électrique n’est pas possible. Les trois obstacles sont équipés du même type de dispositif de passage, sous forme d’une dalle en béton recouverte par des plots cylindriques.

Toutes les études effectuées durant cette thèse portaient sur cet axe, l’échantillonnage fut réalisé à la fin de la période de migration estivale (début juin –fin juillet) sur trois années consécutives et la capture fût réalisée par pêche électrique ou par récupération directe des individus escaladant ou piégés (au niveau de la passe du Pas du Bouc).

Figure 11) Ecluse du Pas du Bouc (A), avec son échelle à civelles (B) et le substrat utilisé (C)

Figure 12) L’exemple d’un dispositif de franchissement inadapté au site de

Langouarde, l’un des sites

d’échantillonnage (segment 2). On

observe un amas de civelles escaladant les parois verticales afin d’accéder aux zones amont. Ces individus sont hors de l’eau et ne peuvent donc pas s’orienter par le sens du courant. Par ailleurs, les anguilles mises hors de l’eau ne seraient pas capables de retrouver une source d’eau (Rudsinke 1960). Photos : Sébastien Dufour & Franck Quenault (SIAEBVELG).

Pour chacun des 4 obstacles il était possible d’échantillonner des individus en train d’escalader la passe. De plus, pour les deux premiers sites, la profondeur d’eau en aval a permis un échantillonnage des individus au pied de l’obstacle. Compte tenu de contraintes liées au statut protégé de l’anguille, il n’était pas possible d’échantillonner tous les sites durant la même saison de migration. Bien que l’appellation des groupes échantillonnés puisse différer entre les articles publiés, on associera à un groupe par une lettre « C » (= Climbing) ou « R » (=Remaining, Resting) et par un chiffre correspondant au nombre d’obstacles auquel les individus ont dû faire face (0, 1, 2, 3, 4) (Figure 13).

Figure 13) Schéma des sites d’échantillonnage. Les groupes d’individus échantillonnés sur la passe sont appellés « C », et ceux échantillonnés au pied de l’obstacle sont appelés « R ». Cette appellation du groupe est précédée du chiffre correspondant au numéro du segment dans l’axe aval-amont.