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Étude de cas : Carrefour, la transformation du SI pour s’adapter aux exigences des métiers après une

fusion-acquisition

1. Étant donné la complexité d’une opération de fusion et les risques stratégiques et opérationnels qu’elle engendre, Carrefour a mis en place un processus transversal, composé de plusieurs chantiers, pour soutenir la nouvelle structure.

Ces chantiers ont notamment mis en évidence le rôle crucial des SI dans la stratégie de réorganisation du groupe. Au-delà des aspects purement technologiques, le SI est ici pris en compte dans sa dimension symbolique et harmonisatrice. Partager le même SI favorise une amélioration du mieux

« penser et travailler ensemble ». Une harmonisation et une cohérence des SI des deux entreprises ont alors été décidées pour éviter aux utilisateurs l’hétérogénéité des applications informatiques et pour corriger quelques irrégularités et dysfonctionnements dans certains processus tels que l’approvisionnement. Cette entité informatique autonome assure les liaisons entre tous les magasins Carrefour du monde entier et fonctionne selon une logique de prestation délivrée à un client interne. Le groupe peut ainsi également doter chaque filiale d’une structure de prestation autonome capable de contrôler les coûts, de faciliter le partage des bonnes pratiques entre équipes informatiques et utilisateurs, d’assurer une évolution plus cohérente des SI et de mener des politiques de ressources humaines adaptées aux secteurs de la grande distribution.

2. Pour réussir l’opération de fusion, mais également pour transformer et renouveler régulièrement son système d’information entre 1999 et 2010, Carrefour a fréquemment pris des décisions importantes d’un point de vue organisationnel, technologique et stratégique, mais toujours avec la séquence suivante : la stratégie d’abord, puis l’articulation volontariste entre l’organisationnel (combiner centralisation et diversité) et le technologique.

Cette dynamique stratégique, qui place le SI comme un des leviers majeurs des transformations de l’entreprise, est une constante dans l’entreprise, puisque le directeur général en fonction en 2009 a décidé d’y investir plus de 500 millions

d’euros. Étant donné les objectifs stratégiques derrière cette opération de fusion qui permet non seulement de renforcer le pouvoir de négociation vis-à-vis des fournisseurs, mais surtout de constituer une force sans équivalent sur le territoire privilégié qu’est l’Europe, un comité de coordination et des groupes de travail ont été constitués afin de réfléchir à la manière de réorganiser certains processus en les regroupant sous la même enseigne. Pour mener à bien cette refonte de processus d’achats, de logistique et de comptabilité, des solutions applicatives adaptées au nouveau contexte ont été décidées et mises en place.

Elles visent non seulement l’amélioration de la gestion des processus, mais aussi la coordination des différents systèmes d’information en un SI unique et cohérent pour tout le groupe.

3. Depuis 50 ans, les rapports entre les attentes et les exigences des clients et les réponses qu’y apportent les enseignes de la grande distribution ne cessent de se transformer. Pour Carrefour, il existe donc une nécessité de conduire un mouvement permanent d’innovation et de transformation de ses processus pour conquérir et fidéliser ses clients (processus dits « en aval »), ainsi que pour optimiser et maîtriser les conditions et flux d’approvisionnement (processus dits

« en amont »). Les applications logicielles transactionnelles assurent le support de ces processus et les applications logicielles décisionnelles en permettent le pilotage. Ainsi, on peut observer une des manifestations de cette dynamique permanente en 2009 lorsque Carrefour a refondu son système d’information décisionnelle en vue de consolider et de rationaliser le contrôle de ses activités au niveau du groupe. De même, la refonte du système administratif et de la chaîne logistique a permis, d’une part, de maîtriser les coûts d’approvisionnement et de renforcer son pouvoir de négociation vis-à-vis des fournisseurs et, d’autre part, de produire des bases de données fiables et riches, nécessaires à d’autres applications informatiques, notamment comptables et financières.

4. Les domaines fonctionnels qui ont été considérablement bouleversés par les SI sont la chaîne logistique, la gestion des magasins, la relation avec la clientèle, ainsi que les fonctions comptables et financières. Dans la dynamique évoquée à la question précédente, le mouvement d’intégration des applications et des données prend une place importante et se concrétise notamment en 1999. Cette année-là, Carrefour met en place un ERP. Cette vision intégrée a des effets dans chaque domaine fonctionnel, mais aussi et surtout dans les interdépendances des domaines entre eux. Ainsi, cet ERP va permettre aux différentes équipes des fonctions comptables au sein de tout le groupe d’acquérir une communauté de pensée et de méthodes en même temps qu’il supporte l’automatisation maximale et unifiée des traitements des écritures comptables afin d’augmenter l’efficience des processus et de faciliter la diminution des frais généraux et de structure. Pour optimiser sa chaîne logistique étendue, Carrefour a mis en place un vaste programme nommé « Startrac » qui comprend des solutions applicatives améliorant la traçabilité des produits et opérations depuis le processus

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d’approvisionnement, par la maîtrise des flux alimentaires, jusqu’à la distribution des articles dans les magasins, en passant par la gestion des entrepôts pour tous les articles. Cet effort de rationalisation partagée touche également la fonction informatique elle-même. Pour renforcer la robustesse des services informatiques et réduire les coûts d’exploitation, une entité informatique autonome a été créée, d’une part pour soutenir les équipes d’informaticiens du groupe en facilitant le partage des bonnes pratiques et la cohérence des SI et, d’autre part, pour assurer le contrôle et diminuer les coûts d’exploitation. Cette organisation passe également par le recours sélectif aux ressources et expertises externes, comme en témoignent les contrats d’externalisation-infogérance successifs, le dernier ayant été signé avec IBM en 2009.

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Projets SI : l’évaluation et la gestion du