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ÉTOILE DE MER

Dans le document NATURALISTE CANADIEN (Page 174-178)

J'ai assisté, il y a une quinzaine d'années, au laboratoire de Banyuls, à un combat entre un Oursin et une Étoile de mer.

Le premier était un Oursin régulier de forte taille: une boule mesurant une dizaine de centimètres de diamètre et hérissée de piqnants. On sait que le test de ces ani-maux est composé de plaques calcaires, disposées en séries régulières, qui dessinent vingt bandes. Dans la moitié des rangées les plaques sont pleines, les autres sont percées de petits pores, laissant sortir les pieds ambulacraires. Ce sont des tubes très fi ns, terminés par une ventouse, qui servent à la progression de l'animal. Pour se déplacer, celui-ci étend ses pieds ambulacraires, fixe ses ventouses et contracte ses petits tubes, ce qui le fait légèrement avan-cer; il recommence ensuite les mêmes opérations. On conçoit qu'il ne marche pas bien vite, mais l'adhésion par-faite de ses ventouses lui permet de se tenir sur des surfaces parfaitement lisses et fort inclinées, comme les vitres d'un aquarium.

Tout le test est couvert de tubercules sur lesquels viennent s'insérer les piquants qui ont valu aux Oursins les noms de

châtaignes de mer ou encore de hérissons de mer pour les plus gros, tel que notre champion. Ajoutons encore que celui-ci possédait un robuste appareil masticatoire, connu, sous le nom de lanterne d'Aristote, composé de cinq mâchoires puissantes.

L'autre combattant était une Etoile de mer, une Astérie, d'assez grande dimension également, car elle atteignait bien om,3o ou orn,40, si mes souvenirs sont précis. Assurément, elle avait l'avantage de la taille, mais elle semblait sans défense contre l'Oursin.

Son corps, presque tout en bras, n'était point protégé par une carapace calcaire, et les quelques piquants de son dos semblaient bien petits comparés à ceux de l'Oursin. Rien de semblable aux mâchoires de ce dernier. Quant au mode de locomotion, il était le même dans les deux cas, l'Étoile de mer n'avait clone pas la ressource de fuir.

A vrai dire, elle n'y songeait pas, car c'est elle qui atta-qua l'Oursin. A la voir sans défense devant cette boule de piquants, sa défaite paraissait évidente. Or, c'est le contraire qui eut lieu.

L'Étoile de mer se dressa un bras vers l'Oursin, lequel„

rabaissant ses piquants, fi t saillir une autre arme, une sorte de pince à bords dentelés que les zoologistes nomment pé-dicellaire. Sa pince entra dans la peau de l'Étoile de mer qui semblait n'en avoir cure; un mouvement un peu brus-que et le pédicellaire fut arraché. Il resta dans la peau, mais l'ennemi avait perdu une arme. Successivement, l'Oursin fixa un grand nombre de ses petites pinces (elles n'ont que quelques millimètres) dans le dos de l'Étoile de mer, qui les brisait rapidement. Les piquants de l'Oursin, arme terrible En apparence, ne lui servaient guère dans la lutte évidemment, c'est une arme défensive plutôt qu'offensive.

Peu à peu l'Oursin, affaibli par la perte de ses pédicel-laires, se défendit plus mollement et même resta immobile.

COMBAT ENTRE OURSIN ET ÉTOILE DE MER 175.

Il semblait encore redoutable : ce n'était que la première phase du combat, sans cloute. Nullement, c'était la fin ;.

l'Oursin était vaincu. L'Étoile de mer le lui prouva bien-tôt en l'engloutissant tout entier. Seulement, comme l'Oursin était cinq ou six fois plus large que sa bouche, il ne fallait point songer à le faire passer par là. L'Étoile de mer n'en fut point en peine. Tranquillement, comme une personne sûre d'elle-même, elle se mit eu devoir de sortir son estomac, de le dévaginer, comme disent les naturalistes, et d'en revêtir le hérisson sans se préoccuper des piquants.

Je dois dire que la digestion fut pénible et dura plusieurs -jours. Je me demandais même si la triomphatrice ne suc-comberait pas des suites de sa victoire et de sa gloutonnerie.

Il n'en fut rien. Bientôt on vit manifestement l'estomac diminuer, et l'Étoile de mer reprendre un peu d'activité.

Un matin, elle déploya son estomac, rejeta piquants, plaques calcaires, mâchoires, bref tout ce qui n'était pas assimilable dans l'Oursin, et, cette élimination faite, son appétit satis-fait, elle rentra proprement son estomac et le remit à sa place normale!

Après une telle scène, je compris que l'Étoile de mer puisse manger des Moules ou des Huîtres ; les ostréicul-teurs se plaignent souvent des ravages qu'elle fait dans leurs parcs quand elle s'y introduit. Grâce à ses pieds am-bulacraires, si faibles chacun, mais innombrables, elle arrive à ouvrir une Huître ; or, chacun sait l'effort qu'il faut dé--Ployer pour ouvrir une Huître vivante. A force de tirail—

ler les deux valves, l'Astérie brise le muscle qui rapproche celles-ci. Désormais, l'Huître ne peut plus se fermer, et le ligament tend même à l'ouvrir. L'Étoile déploie alors son procédé habituel : elle sort son estomac et digère l'Huî—

tre à l'extérieur. Quand l'opération est terminée, elle le rentre, abandonnant les coques vides.

A. Colson Blanche. .

A TRAVERS LES LIVRES BLEUS ET LES LIVRES GRIS

(Continué de la page 159.)

—Rapport de l'Astronome en chef. Ottawa, 1907.

Nous ne faisons que signaler !ce Rapport aux amateurs d'Astronomie. Pour nous, les naturalistes, nous avons déjà assez des objets de la surface et de l'intérieur du globe terrestre ; et nous devons laisser à d'autres le souci de savoir comment vont les choses sur les autres globes.

—(Ministère des Mines.) Rapport sur les teneurs en Or des hauts-graviers du Klondike, par R.-G. McCounell.

Ottawa, 1907.

R.-W. Ells, Raeort sur la géologie et les richesses natu-relles de la région.. . embrassant des portions des comtés de Pontiac, Carleton et Re/rirez(' (Ontario et Québec). Ottawa, 1907. Une « Annexe » de ce Rapport contient des listes, dressées par M. Ami, de fossiles trouvés dans la région de Pembroke.

John-A. Dresser, Rapport sur les gisements de Cuivre dans les cantons de l'Est, P. Q., avec un aperçu des roches ignées de cette région. Ottawa, 1907.

—Rapport du Commissaire de l'Industrie laitière et de la Réfrigération. Ottawa, 1908.

Nous trouvons dans ce Rapport une importante confé-rence de notre collaborateur M. J.-C. Chapais, sur « la chi-rurgie des arbres. » On signale, ailleurs, l'apparition, en avril 1907, du Bombyx cul-brun dans la Nouvelle-Ecosse, et la lutte que le gouvernement provincial organisa

contre le fléau.

aussitôt

—Rapport de l'Astronome en chef. Ottawa, 1908.

Nous ne faisons, ici encore, que mentionner cette publi cation, où il y a des multitudes de chiffres, mais qui ne concerne l'histoire naturelle que d'une façon très indirecte.

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Dans le document NATURALISTE CANADIEN (Page 174-178)