2.3 Travaux en cours et perspectives
3.2.1 État thermique et chimique de la graine
r
01
2
3
4
5
6
7
x=r
0-3 -2 -1
3
4
5
6
Figure 2.5Champs de vitesse (flèches) et de vorticité (échelle de couleur) obtenus par vélocimétrie PIV durant
une expérience semblable à la figure 2.4b, où 169 mL d’une solution aqueuse de NaI à ρ= 1280 kg.m−3
chute dans une huile de silicone à 1cst, Bo = 2× 104, Re = 4.2× 104, ρm/ρs = 1.56, ηm/ηs = 1.2. La concentration de NaI a été choisie pour que son indice optique soit le même que celui de l’huile de silicone, pour éviter toute déformation optique des images utilisées pour déterminer le champ de vitesse. La figure de droite montre un agrandissement de la figure de gauche, avec le champ de vitesse représenté sur une grille spatiale plus dense. Les distances sont normalisées par le rayon initial r0= 3.4 cm de la solution de NaI.
Il est important de bien noter que l’évolution du rayon moyen de la zone occupée par le
liquide dense ne reflète pas une simple dispersion de la phase dense, mais bien un entrainement
du liquide ambiant, qui se déplace ensuite avec le liquide dense. En d’autres termes, il n’y a
dans ce régime pas (ou peu) de vitesse différentielle entre le liquide dense et le liquide ambiant
entrainé. Ce point est vérifié de manière indirecte par le fait que la vitesse expérimentalement
déterminée vérifie bien l’équation (2.8), qui fait l’hypothèse que le liquide entrainé a la même
vitesse verticale moyenne que le liquide dense. Nous avons pu aussi le vérifier
expérimentale-ment de manière plus directe via : (i) la détermination du champ de vitesse [Deguen, in prep.]
qui montre que l’écoulement prend la forme de celui d’un anneau de vorticité (figure 2.5), sans
différence apparente de vitesse entre les deux phases, et (ii) qualitativement par ombroscopie :
les deux liquides sont initialement portés à des températures différentes, et on visualise les
va-riations spatiales d’indice optique (dues aux vava-riations spatiales de température) en éclairant
la cuve avec une source de lumière parallèle. Dans ces expériences, on observe que les
fluctua-tions spatiales d’indice optique sont localisées pour l’essentiel à l’intérieur du thermique, ce
qui montre que seul le liquide entrainé échange de la chaleur avec le liquide dense, et que ce
liquide chute bien à la même vitesse que le liquide dense.
Le point discuté dans le paragraphe précédent est important pour l’application aux modèles
géochimiques, car il permet d’estimer le paramètre∆ introduit dans la partie 2.1 (le rapport
entre masse de silicates équilibré et métal équilibré, equation (2.1)). Si l’on suppose en effet
que la masse de silicates équilibrée est égale à la masse entrainée, le paramètre ∆ peut être
obtenu directement à partir de l’équation (2.7) donnant l’évolution du rayon de la zone de
mélange :
∆ = ρ
sρ
m"
1 + αz− z
0R
0 3− 1
#
. (2.11)
Cette paramétrisation a depuis été utilisée dans plusieurs modèles géochimiques de
différen-tiation [Rubie et al., 2015, 2016; Badro et al., 2016; Jacobson et al., 2017; Suer et al., 2017;
Siebert et al., 2018; Mahan et al., 2018a,b].
Cette paramétrisation est valable jusqu’à ce que la phase métallique se sépare des silicates
entrainés, ce qui est possible une fois la phase métallique fragmentée si la vitesse de
sédimen-a) Fragmentation par instabilité capillaire
b) Fragmentation de nappe
Figure 2.6
Deux mécanismes de fragmentation extraits de photographies de l’expérience montrée dans la
figure 2.4b [Deguen & Risso, in prep.]. a) Séquence d’images (pas de temps ∆t = 10 ms) montrant
la fragmentation d’un ligament par instabilité capillaire. La largeur de chaque image est de 1 cm. b)
Séquence d’images (pas de temps∆t = 20 ms) montrant la fragmentation d’une nappe. La largeur de
chaque image est de 1.8 cm.
tation des fragments est inférieure à la vitesse du thermique. La vitesse du thermique finit
toujours par diminuer (equation (2.9)) en raison de l’incorporation du fluide entrainé, dont
la quantité de mouvement est initialement nulle, et cette condition peut donc finir par être
vérifiée si la profondeur de l’océan magmatique est suffisamment grande. Lorsque la vitesse
d’ensemble devient inférieure à la vitesse de sédimentation des fragments, l’écoulement ne peut
plus porter ces fragments, qui perdent alors leur mouvement collectif et se séparent du
ther-mique [Noh & Fernando, 1993; Buehler & Papantoniou, 2001; Bush et al., 2003; Deguen et al.,
2011b]. D’après l’équation (2.9), cela a lieu à une profondeur z
sep∼ B
1/2/v
sed, où v
sedest la
vitesse de sédimentation des fragments. Nous n’avons pas à ce jour de prédiction théorique de
la profondeur à laquelle cette séparation de phases peut avoir lieu (il nous manque pour cela un
modèle robuste de fragmentation), mais dans le contexte de la différentiation noyau/manteau
il semble assez peu probable que ce phénomène ait été important. Pour une taille de fragments
de l’ordre du centimètre (vitesse terminale de sédimentation de l’ordre de ∼ 0.3 m/s) et un
rayon initial R
0& 10 km, on trouve z
sep& 60 000 km, soit une distance très supérieure à
l’épaisseur du manteau.
2.2.3 Fragmentation, brassage, et mélange
Fragmentation
L’observation des expériences décrites dans la partie 2.2.2 montre que la fragmentation
du liquide dense en gouttelettes se produit pour l’essentiel lors d’un évènement global et
localisé dans le temps. Dans la figure 2.4b, la phase dense est essentiellement continue jusqu’au
troisième cliché, et presque entièrement fragmentée en gouttelettes au quatrième cliché. La
formation de gouttes ne résulte donc pas d’une cascade de fragmentation telle qu’envisagée
s(t) s(t) T,C(z,t) z r z T,C(r,t)
Initial metal volume Compressed sheet Stretched ligament Droplets
Capillary instability Sheet breakup Rayleigh-Taylor instability Kelvin-Helmholtz instability Turbulence Figure 2.7
Modèle conceptuel d’évolution d’une masse de métal liquide chutant dans un océan magmatique [Lherm & Deguen, submitted].
par Rubie et al. [2003] et Samuel [2012], où une suite d’épisodes de fragmentation induirait une
diminution progressive de la taille des fragments, jusqu’à une taille d’équilibre où la tension
de surface ou la viscosité empêcherait toute fragmentation supplémentaire. Nous n’avons pas
observé de fragmentation secondaire ou de coalescence entre gouttes, ce qui implique que la
distribution de taille des fragments est fixée par cet évènement de fragmentation.
L’analyse d’images obtenues grâce à une caméra rapide (1000 images/s) montre que la
formation de gouttelettes résulte de deux mécanismes [Deguen & Risso, in prep.] :
1. la fragmentation de structures cylindriques – que l’on appellera ligaments par la suite –
via l’instabilité capillaire de Rayleigh-Plateau, comme illustré par la séquence de clichés
de la figure 2.6a.
2. la fragmentation de films de liquide dense, tel qu’illustré par les clichés de la figure
2.6b. Ce régime de fragmentation passe par la formation et l’étirement d’un film de
liquide dense qui, une fois percé, se rétracte très rapidement pour former des ligaments
se fragmentant ensuite par instabilité capillaire.
Ces deux modes de fragmentation sont classiquement observés dans des problèmes de
frag-mentation liquide, dans des contextes très variés. En fait, il semblerait que la fragfrag-mentation
liquide passe nécessairement par une instabilité capillaire [Villermaux, 2007], quelque soit la
nature de l’écoulement. Ce qui varie d’un problème à l’autre est la séquence de mécanismes
aboutissant à la formation de ligaments susceptibles de fragmenter par instabilité capillaire.
Dans nos expériences, la séquence observées est la suivante (figure 2.7) : (i) l’interface est
déstabilisée et déformée par l’effet combiné du cisaillement et du contraste de densité entre
les phases (instabilité mixte Rayleigh-Taylor / Kelvin-Helmoltz) ; (ii) les structures
tridimen-sionnelles générées par la déstabilisation de l’interface sont étirées et brassées par l’écoulement
moyen et les fluctuations du champ de vitesse (figure 2.5) ; (iii) ce brassage produit ligaments
et nappes, qui se fragmenteront ensuite pour produire une population de gouttes.
Dans ce scénario, l’instabilité capillaire se développe sur des ligaments étirés par
l’écou-lement. C’est un point important car l’étirement est connu pour retarder significativement
la fragmentation [Taylor, 1934; Tomotika, 1936; Mikami et al., 1975; Eggers & Villermaux,
2008]. La raison principale est la suivante. Supposons un ligament étiré, de rayon moyen r
0(t),
dont la surface est modulée par une perturbation longitudinale de longueur d’onde λ (ou de
nombre d’onde k= 2π/λ). L’étirement du ligament affectera aussi la perturbation, qui verra
sa longueur d’onde augmenter en proportion de l’étirement. Si l’on suppose que la longueur
d’onde initiale correspond à la longueur d’onde optimale pour la croissance de l’instabilité
capillaire, l’augmentation de la longueur d’onde aura pour conséquence de diminuer le taux
de croissance de la perturbation. La croissance de l’instabilité jusqu’à fragmentation nécessite
donc que le taux d’étirement soit suffisamment faible pour laisser le temps à une perturbation
d’une longueur d’onde initiale donnée de grandir avant que sa longueur d’onde n’ait
signifi-cativement augmenté. En pratique, cela nécessite que le taux de croissance σ de l’instabilité
Figure 2.8
Expérience de fragmentation d’un thermique immiscible visualisée grâce à une technique de fluorescence induite (PLIF) : un colorant fluorescent (Rhodamine B) est ajouté à la solution de NaI, et est excité par un plan laser vertical. L’expérience a été réalisée dans des conditions identiques à l’expérience de
la figure 2.5 : 169 mL d’une solution aqueuse de NaI à ρ= 1280 kg.m−3 chutant dans une huile de
silicone à 1cst,Bo = 2× 104, Re = 4.2× 104, ρm/ρs = 1.56, ηm/ηs= 1.2. Le pas de temps séparant chaque image est égal à 0.2 s.
Rayleigh-Plateau, qui est donné par
σ=
γ
2ρr
03 1/2(kr
0)
2− (kr
0)
41/2(2.12)
si λ >2πr
0[e.g. Eggers & Villermaux, 2008], soit supérieur au taux d’étirement ˙ :
γ
2ρr
3 0 1/2(kr
0)
2− (kr
0)
41/2> ˙.
La prédiction de la distance de fragmentation nécessite donc le développement d’un modèle
pour l’évolution du taux de déformation ˙ et pour la formation des ligaments et l’évolution
de leur rayon. Le taux de déformation ˙ dépend à la fois de l’écoulement moyen, qui est bien
compris (partie 2.2.2), et des fluctuations du champs de vitesse, qui restent à quantifier et
modéliser. Une analyse dimensionnelle suggère une loi de la forme ˙ ∼
vzR
W e(z)
3/5(R et v
zétant donnés par les équations (2.7) et (2.8)). Cette loi d’échelle s’avère être en raisonnablement
bon accord avec nos résultats expérimentaux, mais la gamme de valeurs testées (Bo et We)
est encore insuffisante pour la valider.
Brassage et mélange
Commençons par un point de vocabulaire. Pour les spécialistes de la mécanique des fluides
du mélange, le mélange (mixing en anglais) comprend l’ensemble des étapes menant à
l’homo-généisation à l’échelle moléculaire d’un champ, généralement scalaire, tel que la température
ou la concentration. L’état final mélangé correspond à un état de température ou composition
uniforme. Le mélange est un processus irréversible, impliquant nécessairement un effet de la
diffusion pour atteindre un état final mélangé où la température et la composition sont
uni-formes à l’échelle moléculaire. L’agitation et la déformation du champ scalaire constitue ce
qu’on appellera brassage (stirring). Le brassage, contrairement au mélange, est un processus
réversible : même s’il peut mener à une homogénéisation apparente du système, chaque
parti-cule fluide garde ses température et composition initiales, et il est possible mécaniquement de
revenir à l’état initial.
Dans le cadre de cette définition, il peut sembler incongru de parler de mélange dans un
écoulement diphasique, mais l’utilisation de ce terme est cependant pertinente si l’on
s’inté-resse à l’évolution d’un champ scalaire (température ou concentration) défini dans les deux
phases. L’état final mélangé correspond dans ce cas à l’état d’équilibre thermodynamique du
système, c’est à dire à une température et un potentiel chimique uniformes. On parlera donc
de brassage pour l’évolution de l’interface métal/silicates, et bien de mélange pour l’évolution
de la température ou de la composition (homogénéisation de la température et du potentiel
chimique).
Nous avons vu dans la sous-partie précédente que la fragmentation de la phase métallique
nécessite la formation de nappes et de ligaments. Cela implique donc une évolution de la
topologie de la phase métallique permettant de passer d’une géométrie compacte (un noyau
d’impacteur proche d’une sphère, ou le volume de solution aqueuse libéré dans nos expériences)
à un ensemble de ligaments et de nappes de métal pouvant se fragmenter. Nos expériences
suggèrent que cette évolution de la topologie résulte de l’interaction entre des instabilités de
l’interface (Rayleigh-Taylor / Kelvin-Helmoltz), l’écoulement moyen, et les fluctuations du
champ de vitesse. Aux temps intermédiaires entre l’initiation de la déformation et la
fragmen-tation, la phase métallique se trouve sous la forme de nappes et de ligaments étirés par le champ
de vitesse ambiant. Des expériences où une technique de visualisation par fluorescence induite
a été utilisée montrent clairement que la phase dense est vigoureusement étirée avant qu’elle ne
se fragmente (figure 2.8). L’équilibrage chimique et thermique entre métal et silicates pourrait
débuter lors de cette phase : l’étirement de la phase métallique pourrait permettre un
trans-fert chimique/thermique efficace en augmentant l’aire spécifique de l’interface métal/silicates
et en maintenant des gradients forts au niveau des interfaces, via le mécanisme de stretching
enhanced diffusion bien connu dans le domaine du mélange [Ranz, 1979; Ottino et al., 1979;
Olson et al., 1984; Gurnis, 1986; Kellogg & Turcotte, 1987; Ottino, 1989; Villermaux, 2004;
Coltice & Schmalzl, 2006; Ricard, 2007].
Le mécanisme de stretching enhanced diffusion est le suivant : Supposons une tache de
colorant, initialement localisée, dans un fluide en mouvement. A moins que l’écoulement ne
soit uniforme, la tache de colorant sera déformée en fonction des propriétés locales du tenseur
des déformations, et en particulier des directions principales de déformation. En 2D, la tache
sera étirée dans l’une des directions principale de déformation, et compressée dans l’autre. En
3D, la tache sera soit étirée dans l’une des directions principale de déformation et compressée
dans les deux autres (ce qui mènera à la formation d’un filament de forme∼ cylindrique), soit
compressée dans l’une des directions principales et étirée dans les deux autres (ce qui mènera
à la formation d’une nappe). Ce changement de topologie peut accélérer de manière drastique
l’homogénéisation du colorant, et ce pour deux raisons : (i) d’une part l’étirement augmente
l’aire de la surface d’échange entourant la tache de colorant, et (ii) la compression, qui est
essentiellement parallèle au gradient de concentration, maintient un gradient de concentration
fort, ce qui permet un transport diffusif efficace. L’effet de l’étirement sur le temps
caracté-ristique d’homogénéisation du colorant est important si le temps caractécaracté-ristique d’étirement
(l’inverse du taux d’étirement) est petit devant le temps caractéristique de diffusion basé sur
la taille initiale de la tache de colorant. Dans cette limite, le temps d’homogénéisation dépend
peu de la diffusivité du colorant, et est fixé par le temps caractéristique d’étirement [e.g. Ranz,
1979; Kellogg & Turcotte, 1987; Villermaux, 2004].
Au cours de son stage de M2 et de sa première année de thèse, Victor Lherm a généralisé
le formalisme de ce mécanisme au cas de l’homogénéisation d’un scalaire dans un écoulement
biphasique, dans le but d’appliquer ensuite ce formalisme au transfert de masse et de chaleur
entre métal et silicates [Lherm & Deguen, submitted]. On considère donc un champ scalaire
distribué dans deux phases immiscibles. Ce champ scalaire peut varier de manière continue
(température) ou discontinue (composition) au niveau de l’interface séparant les deux phases
(lorsque l’on ignore les phénomènes de dissipation visqueuse et de compressibilité, une
équiva-lence mathématique stricte existe entre le problème thermique et le problème chimique [Lherm
0 5 10 15 20 25 30
_0t
0
0.5
1
@
c Dm=s= 10!2 Dm=s= 1 Dm=s= 102 Figure 2.9Évolution en fonction du temps normalisé ˙t de la concentration (normalisée) au centre d’une nappe
étirée, àPem= 1010 etPes= 109, et un coefficient de partage Dm/ségal à10−2, 1, ou 102.
& Deguen, submitted]). Victor a considéré les deux géométries pertinentes pour le mécanisme
de stretching enhanced diffusion : (i) le cas d’une nappe de métal compressée
perpendiculaire-ment à sa surface, et (ii) le cas d’un cylindre de métal étiré parallèleperpendiculaire-ment à son axe de symétrie.
On note ˙ la déformation principale, qui peut être au choix un taux d’élongation (dans le cas
du cylindre, déformation principale parallèle à l’axe du cylindre), ou un taux de compression
(dans le cas de la nappe, déformation principale perpendiculaire à la surface de la nappe). Le
problème est caractérisé par deux nombres de Péclet définis à partir du taux d’étirement ou
de compression ˙, de l’épaisseur initiale e
0de la nappe, et des diffusivités chimique κ
χm(dans
la phase métal) et κ
χs(dans la phase silicate) :
Pe
m= e
2 0˙
κ
χm, Pe
s= e
2 0˙
κ
χs. (2.13)
Ces nombres mesurent l’importance relative de l’advection et de la diffusion de l’élément
chimique considéré.
Victor Lherm a pu obtenir des solutions analytiques pour l’évolution du champ scalaire
au cours du temps dans un cylindre étiré et une nappe compressée, dans le cas général où
les propriétés des deux phases (diffusivités thermique ou chimique, capacité calorifique) sont
différentes. La figure 2.9 montre l’évolution en fonction du temps de la concentration
(norma-lisée) au centre d’une nappe de métal étirée, pour des nombre de Péclet valantPe
m= 10
10et
Pe
s= 10
9, et un coefficient de partage D
m/ségal à 10
−2, 1, ou 10
2. Le temps est normalisé
par le temps caractéristique de déformation1/ ˙. Il suffit de diviser ce temps par le nombre de
PécletPe
mpour obtenir un temps normalisé par le temps de diffusion e
0/κ
χs. À ces valeurs de
Péclet, la concentration tend donc vers sa valeur d’équilibre en un temps très petit devant le
temps de diffusion τ
κχs
= e
0/κ
χs, de l’ordre de10
−9× τ
κχs! Un second point important à noter
est que le transfert d’éléments chimiques se fait sur un intervalle de temps resserré : dans le cas
D
m/s= 10
−2par exemple, le transfert d’éléments chimiques est insignifiant jusqu’à ˙t' 10, et
l’intégralité du transfert se fait entre ˙t = 10 et ˙t = 12. Ce n’est pas aussi drastique dans le cas
d’un coefficient de partage & 1, mais cette observation reste vraie : l’intégralité du transfert
d’éléments se fait pendant sur un intervalle de temps petit par rapport au temps de latence
durant lequel le transfert est négligeable. Dans le contexte de la formation du noyau, une
im-plication est qu’un équilibrage partiel serait moins probable qu’un équilibrage négligeable ou
presque parfait (i.e. k= 0 ou k = 1 dans le formalisme des modèles géochimiques).
On peut partir de la loi donnant l’évolution du champ scalaire en fonction du temps pour
obtenir des expressions analytiques pour le temps d’équilibrage t
1/2, défini ici par le temps
auquel l’écart entre la valeur maximale de la température ou composition dans la phase
métal-lique et la valeur d’équilibre a été divisé par deux. Sous l’hypothèse d’un taux de compression ˙
constant, l’expression générale obtenue pour t
1/2dans le cas compositionnel
2admet deux
pressions approchées dans les limites D
m/s1 (éléments sidérophiles) et D
m/s. 1 (éléments
lithophiles) :
t
1/2' 1
2 ˙ln
2Pe
sD
m/s2+ 1 si D
m/s1, (2.14)
t
1/2' 2 ˙1 ln (2Pe
m+ 1) si D
m/s. 1. (2.15)
On peut d’ores et déjà noter que le temps d’équilibrage dépend du coefficient de partage
(cela est vrai aussi pour l’équilibrage d’une goutte de métal [Ulvrová et al., 2011; Lherm &
Deguen, submitted]), ce qui est un point potentiellement important pour l’interprétation des
données géochimiques. Le point le plus important à noter est cependant l’effet du nombre
de Péclet. Lorsque Pe
sD
2m/s1 et Pe
m1, les équations (2.14) et (2.15) se réduisent à
t
1/2' D
2m/s
e
20/κ
χset t
1/2' e
20