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Introduction générale

Chapitre 01 : Méthodologie de la recherche

4. État des lieux

De nombreuses études dans le monde ont été réalisées sur le développement cognitif des personnes atteintes de trisomie 21. Cependant, en ce qui concerne leur comportement langagier, peu d'études s'y sont sérieusement intéressées.

35 En effet, il faut d’abord rappeler qu’en Algérie, entre autres, cette catégorie d'enfants, ainsi que d'autres catégories manifestant d'autres troubles (retard mental, enfants autistes, etc.) ne bénéficient, malheureusement, pas d’un statut remarquable dans la société. Du coup, Ils ont été trop longtemps « exclus » que ce soit du domaine de la recherche scientifique ou de la prise en charge médico-psychologique et sociale (ANIT, 2013). De ce fait, seulement des travaux réalisés dans des pays occidentaux nous ont été plus ou moins accessibles. Nous exposons dans ce qui suit ceux qui ont un apport précieux à notre recherche.

Nous nous sommes inspirées en premier lieu des travaux réalisés par JEAN-ADOLPHE RONDAL (1986) sur le développement du langage chez l'enfant trisomique, l’évaluation du langage oral en particulier. Il a indiqué que le développement du langage chez une personne porteuse de trisomie 21 est structuralement identique à celui d’un enfant ordinaire. Mais, retardé dans le temps et incomplet, il n’atteindra jamais le stade final du langage ordinaire.

D’après ses études (1988), il a affirmé que les enfants porteurs de trisomie 21 présentent un ensemble des troubles du langage tels que : un retard dans l’apparition des premiers mots et dans la diversité des expressions verbales, une fréquence élevée des expressions orales ou verbales stéréotypées, des troubles de la communication et de difficultés dans la gestion des tours et du temps de paroles. De plus, il a signalé qu’il existe un décalage entre leur niveau d’expression et celui de compréhension: cette dernière est souvent plus élevée que l’expression.

En 1999, dans son ouvrage intitulé «L’organisation pré-conversationnelle chez

l’enfant trisomique 21 », S.VINTER, à son tour, s’est intéressée aux différentes étapes

de l’évolution du langage chez un enfant atteint de trisomie 21. Elle a distingué deux périodes majeures : la période pré-linguistique (au cours de l’âge de 1 à 2 ans) et la période linguistique (qui montre le décalage existant entre le niveau d’expression et celui de production du langage, mentionné déjà par RONDAL). Pour elle, la disparité des performances langagières ne peut s'expliquer que par la divergence du Q.I de ces enfants. Elle a précisé ainsi qu’il n y a pas deux enfants trisomiques identiques. Autrement dit, ils présentent différents types et degrés de difficultés langagières, variable de l’un à l’autre, comme chez tout individu. Pour ce faire, et en s’appuyant sur l’ensemble des travaux mentionnés au-dessus, il s’agit pour nous de mener une enquête

36 de terrain au sein de l’association AWIT-Jijel, afin d'étudier de façon plus systématique et de tenter de comprendre ces variations développementales.

Le troisième travail consulté est celui de M.CUILLERET, pionnière du domaine de l’éducation précoce (2007). Dans l'ensemble de ses recherches, elle vise essentiellement la détermination du rôle que joue une prise en charge précoce dès les premiers mois de vie de l’enfant. Ses principales recherches montrent qu'une stimulation précoce permet d'améliorer la performance des enfants trisomiques dans plusieurs aspects de leur développement, à condition qu’elle se mette en place le plus tôt possible, avant le sixième mois de vie. M.CUILLERET insiste aussi sur le rôle indispensable de la

« triangulation enfant, parents, professionnels » et son apport dans la réussite de cette

éducation précoce.

L’étude de docteur Annick COMBLAIN (1999), nous a été aussi très profitable. Publié à l’Université de Liègeen Belgique, Département de Speech and Language Therapy « du langage dans divers cas de Retard mental dus à une trisomie 21:

Evaluation et intervention Psycholinguistique», a été très utile dans la réalisation de

notre travail de recherche. L’objectif était d’analyser et d’écrire les différents aspects du langage d’un groupe de cinq (05) enfants atteints de trisomie 21 (âgés entre 3 et 10 ans). Les outils méthodologiques utilisés représentent une série des épreuves d’évaluation du langage oral afin de tester les capacités langagières de chaque enfant (l’articulation, le lexique et la morphosyntaxe).

Bien que le langage chez les enfants trisomiques a été étudié par de nombreux spécialistes, la majorité des études affirment qu’il y a une grande différence entre le développement de langage verball d’un enfant ordinaire et celui d’un enfant porteur de trisomie 21. Au-delà, et en s’appuyant sur ces données, nous allons bien saisis la démarche suivie dans notre travail. Notamment, ils nous ont aidés dans la formulation de nos questions de recherche et plus essentiellement dans l’organisation des étapes de déroulement de l’enquête.

5. Problématique

Nous vivons dans un monde où communiquer est désormais aussi naturel que vital. De cela, nous concluons que l'incapacité de communiquer de manière naturel, comme tout être humain, engendre pleins d’obstacles dans la vie quotidienne.

37 Les troubles langagiers, et par conséquent communicationnels, sont parmi les épreuves qui représentent un handicap majeur pour les personnes porteuses d'une trisomie 21 dans leur développement cognitif, social et affectif. Ainsi, leur intégration sociale en dépend largement. En plus, l’enfant trisomique est facilement reconnaissable par sa morphologie particulière (petite taille, un visage plat et rond, la langue grosse et fissurée, ...etc.). Ce qui lui entraine, plus de problèmes psychologiques: des répercussions négatives sur ses performances langagières.

En revanche, le regard porté sur la trisomie 21 est en train de se modifier considérablement grâce aux avancées de la recherche et du rôle informatif des associations des enfants trisomiques , qui ont permis à celui-ci de devenir un sujet jugé positivement et non une personne extraordinaire.

À partir de nos lectures et de l’ensemble des observations faites sur le public de notre corpus, nous nous sommes posé la question suivante :

 Comment la trisomie 21 affecte-elle le comportement langagier des enfants trisomiques ?

Cette question principale se décline en les sous-questions suivantes :

- Les enfants trisomiques, ont-ils un comportement langagier identique ? Dans quelle mesure l'âge et le sexe peuvent-ils influencer leur comportement langagier?

- Y a-t-il une divergence entre leur niveau d’expression et celui de compréhension ? - Comment la prise en charge précoce et multidisciplinaire (médicale, orthophonique, psychologique, kinésithérapique, ...etc.) est bénéfique pour ces enfants ?

- Quel est l’impact réel de l’environnement familial et l’accompagnement parental de l’enfant trisomique sur le développement de son langage oral ?

6. Hypothèses

Afin de répondre à notre problématique de recherche, nous avançons des hypothèses, que nous tenterons de confirmer ou d’infirmer tout au long de cette étude :

38 - Il n’existerait pas deux enfants trisomiques identiques. Chacun présenterait ses propres troubles langagiers. Dont la disparité et la dissemblance de ces troubles varie en fonction du degré d’atteint de la trisomie 21, ainsi, que d’un garçon à une fille.

- Les structures linguistiques seraient mieux comprises que produites. Donc la compréhension est plus élevée que l’expression.

- Afin d’éviter l’accumulation de retard, il serait préconisé à l’enfant trisomique de suivi une prise en charge précoce multidisciplinaire : médecins, orthophonistes, kinésithérapeutes, psychomotriciens, psychologues, rééducateurs, ...etc. « avant le 6ème mois de vie ».

- La famille représenterait l’un des facteurs les plus importants influençant, particulièrement, l’émergence, le développement et l’évolution du langage oral de l’enfant. Nous supposons également que la relation « mère-enfant » favorise le développement des compétences socles de l’enfant.