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Les étapes de la modélisation des comportements migratoires des jeunes

PERTINENCE DES APPROCHES REGIONALES

Annexe 3.1 Les étapes de la modélisation des comportements migratoires des jeunes

Annexe 3.1 : Les étapes de la modélisation des comportements migratoires des jeunes

L’étude des déterminants de la migration individuelle est menée en trois grandes étapes à l’aide d’outils économétriques. Les modèles de choix discrets sont adaptés à notre cas de figure, puisqu’ils permettent de modéliser des comportements où l’individu doit faire un choix parmi un total discret de choix possibles1.

1ère étape : des modèles logits multinomiaux pour étudier les choix de mobilités

géographiques des jeunes

Les modèles logits polytomiques non ordonnés constituent une famille de modèles dont le modèle de base est le logit multinomial. Leurs domaines d’application sont très nombreux (choix d’un mode de transport, choix d’un parti politique lors d’une élection, choix d’un mode de garde des enfants en bas âge etc.). Ici, c’est le choix de migrer qui fait l’objet d’investigations, dans un contexte où on ne peut pas a priori classer les différents types de mobilités les uns par rapport aux autres. Dans les différents modèles logit multinomiaux, les variables explicatives des comportements migratoires des jeunes sont les caractéristiques des individus comme le genre, l’origine sociale, etc..

Les migrations des jeunes ont été divisées en plusieurs catégories qui diffèrent selon les populations étudiées :

Pour les bacheliers et les étudiants : - ne pas changer de région ;

- changer de région pour aller étudier en Ile-de-France ;

- changer de région pour aller étudier dans une région située en province et limitrophe à sa région d’origine (région d’obtention du baccalauréat pour les entrants à l’université ou région d’études en 98 pour les étudiants) ; - changer de région pour aller étudier dans une région située en province et

non limitrophe à sa région d’origine (région d’obtention du baccalauréat pour les entrants à l’université ou région d’études en 98 pour les étudiants) ;

Pour les diplômés entrant sur le marché du travail : - ne pas changer de région ;

- changer de région pour travailler en Ile-de-France ;

- changer de région pour aller travailler dans une région située en province et en retournant dans sa région d’origine, celle-ci étant approximée par la région de résidence lors de l’entrée au collège ;

- changer de région pour aller travailler dans une région située en province limitrophe à sa région de formation (région de sortie du système éducatif en 1998) sans retourner dans sa région d’origine ;

- changer de région pour aller travailler dans une région située en province et non limitrophe à sa région de formation (région de sortie du système éducatif en 1998) sans retourner dans sa région d’origine ;

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Rappelons, qu’une variable discrète prend un nombre (très) limité de modalités. Il s’agit d’une variable qualitative et pas numérique.

Compte tenu du fait que la nature des comportements étudiés diffère entre les provinciaux et les franciliens (la mobilité en direction de l’Ile-de-France n’existe pas), les modélisations ont été réalisées pour deux sous-échantillons (respectivement les jeunes de province et les franciliens).

Afin de mieux apprécier les différences entre les secteurs disciplinaires pour les bacheliers et les étudiants, ces modèles ont été réalisés pour chaque secteur disciplinaire. Signalons que pour les étudiants l’étude du phénomène est plus complexe car la migration peut se combiner avec un changement de secteur disciplinaire entre 1998 et 19992 (cf. tableau). Compte tenu de ce constat, l’appartenance à un secteur disciplinaire est seulement appréciée à partir du secteur d’inscription à la rentrée 98. Dans le modèle global, le changement de secteur est pris en compte grâce à l’introduction de variables croisant secteur en 98 et changement de secteur en 99. Dans les modèles par secteur, une variable supplémentaire « changement de secteur » est introduite comme variable explicative. Précisons encore que les modèles par secteurs disciplinaires n’ont pas été produits pour tous les étudiants mais seulement pour les étudiants passant à un cycle supérieur entre 1998 et 1999. Ce choix est motivé par le fait que c’est à l’occasion de ces changements de cycle que les mobilités sont les plus fréquentes (passage du 1er au 2ème cycle et du passage du 2ème au 3ème cycle).

Dans les différents modèles testés, l’introduction comme variables explicatives des régions d’obtention du baccalauréat ou des régions d’inscription à l’université, ou encore des régions de sortie du système éducatif, permet de mettre en avant que les disparités inter-régionales restent fortes, même après avoir pris en compte les profils des jeunes et les secteurs disciplinaires. Compte tenu de la nature différenciée des mobilités entre provinciaux et franciliens, le recours à deux échantillons permet d’apprécier finement les déterminants des différents choix de mobilité. Toutefois, ce type d’étude ne permet pas d’appréhender les disparités inter-régionales entre les 22 régions métropolitaines, puisque les franciliens sont traités séparément. Il faut donc recourir à une analyse différente.

2ème étape : des modèles LOGIT dichotomiques pour comparer les effets régionaux de la

migration des jeunes

Bien évidemment, les résultats des modèles logistiques multinomiaux réalisés pour les jeunes formés en province sont utiles pour mettre en évidence les disparités entre région de province. Mais pour étudier les disparités à l’échelle des 22 régions métropolitaines, il devient nécessaire d’avoir une mesure de la mobilité équivalente quelle que soit la région. Seule l’étude du choix de migrer ou de ne pas migrer devient alors pertinente pour les bacheliers et les étudiants en cours d’études. Celui-ci est examiné à l’aide de modèles logistiques dichotomiques où les régions sont introduites comme variables explicatives. Pour les diplômés accédant à leur premier emploi, c'est bien plus l’étude du choix de ne pas migrer ou

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L’étude de la migration et du changement de secteur disciplinaire apparaît comme un phénomène complexe : Migration et changement de secteur disciplinaire peuvent être inter-connectés c’est-à-dire être des variables endogènes et ne pas être indépendantes : la migration étant liée à la décision de changer de secteur et/ou le changement de secteur dépendant de la migration. La migration n’apparaît également pas comme un phénomène aléatoire car il se peut qu’il existe une sélection dans les individus migrants fondée en partie sur des caractéristiques non observées qui peuvent également conditionner le fait de changer de secteur disciplinaire. Il y a alors un risque d’attribuer à tort l’effet de ces variables non observées à la migration, alors qu’elles sont liées à la décision de changer de secteur. On se retrouve donc confronté à un biais de sélection qui rend la migration endogène à l’insertion. À ce stade de la recherche, le problème de l’endogénéité n’a pas été traitée de manière spécifique.

de retourner dans sa région d’origine ou de migrer dans une région autre que sa région d’origine qui paraît intéressante. Cette étude est réalisée à partir de trois modèles logistiques : mobile vs non mobile, mobile vers la région d’origine vs non mobile et mobile vers une région autre que la région d’origine vs non mobile. Cette démarche est plus judicieuse que le recours à une modélisation de type multinomial, puisqu’il est impossible d’introduire une variable intéressante du type « mobilité durant les études » dans un tel modèle sans entrer dans un problème de surdétermination.

Le choix de mobilité des jeunes est ainsi déterminé par la région d’origine du jeune et d’autres caractéristiques des individus (sexe, origine sociale, etc.). Le poids de l’appartenance régionale est ainsi quantifiable en examinant les écarts de probabilités entre les 22 régions métropolitaines. Ces estimations ont été également réalisées par secteurs disciplinaires pour les bacheliers et les étudiants afin d’étudier les différences de comportements régionaux au niveau de chaque secteur disciplinaire. Pour les diplômés entrant dans la vie active, ces estimations ont été produites d’une part pour ceux issus de l’enseignement supérieur court ; d’autre part pour les diplômés de l’enseignement supérieur long.

3ème étape : des modèles LOGIT dichotomiques par région pour examiner les spécificités

régionales

L’étude des particularités régionales en termes de migration consiste à déterminer si certaines régions se distinguent par la spécificité des comportements des jeunes migrants : les effets du genre, de l’origine sociale, du type de baccalauréat ou du secteur disciplinaire sont-ils par exemple très différents selon « l’origine » régionale des jeunes ?

Comme dans l’étape précédente, seul l’examen du choix de migrer ou de ne pas migrer peut être fait au niveau des 22 régions métropolitaines. Ce choix est ainsi examiné à l’aide d’un modèle logit dichotomique pour chaque région (soit 22 modèles) Ce travail de comparaison des déterminants des comportements migratoires des jeunes s’appuie seulement sur l’examen des signes et significativité des paramètres des différents modèles estimés. Dans ce rapport, ce travail a seulement été réalisé pour les bacheliers. En effet, pour les étudiants, il faudrait recourir à 22 modèles qui excluent les jeunes ayant changé de secteur disciplinaire lors des passages de cycle compte tenu de leur faible nombre par région. Or, nous avons fait le choix de garder cette population spécifique dans nos analyses précédentes. En outre, éliminer cette population nécessiterait d’entrer dans des procédures de corrections de biais d’estimation pour avoir des calculs justes.

Les analyses réalisées dans les étapes 2 et 3 permettent au final de mettre en évidence les différences régionales sans toutefois offrir la possibilité de quantifier le poids respectif des caractéristiques individuelles et des régions comme sources de variance des comportements migratoires.

Annexe 3.2 : Méthode de calcul des effets moyens des variables explicatives des modèles