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Émergence sensible de l’architecture comme élément important du cadre de vie des habitants

- Encourager la mise en place de chartes de régulation pour maîtriser la qualité des constructions. Les collectivités locales lorsqu’elles sont propriétaires, peuvent favoriser la qualité architecturale et environnementale en organisant un concours ou une mise en concurrence des projets et en exigeant que l’architecte bénéficie d’une mission complète (du projet jusqu’à la réalisation) ;

- Systématiser le recours à des études urbaines et de faisabilité en amont des réalisations pour garantir de leur qualité. Encourager par exemple les missions de conseil des professionnels de la conception (urbanistes, architectes, paysagistes, etc.) qui ont des compétences dans l’appréhension spatiale des lieux et, associés très tôt à la réflexion urbaine, pourraient se positionner en parfaite connaissance des attentes de la collectivité et de ses habitants, pour déterminer les potentialités des sites identifiés mais aussi intégrer davantage les problématiques contemporaines (démocratie locale, santé publique, écologie, etc.) ;

- Encourager la création de charte ou guide des bonnes pratiques dans l’acte de concevoir et de construire, qui pourrait être une garantie offerte par les aménageurs et les promoteurs et encouragée voire conditionnée par la puissance publique ; et inciter les acteurs signataires de telle charte à associer les habitants aux projets en prévoyant la mise en place d’ateliers de suivi des projets proposés par les promoteurs ; - Développer dans le processus de projet une logique de coopération en encourageant la participation des habitants tout en associant une expertise extérieure (architectes, urbanistes, paysagistes, sociologues, écologues, etc.) pour concevoir des projets mieux adaptés aux usages. Les élus peuvent encourager l’ouverture de maisons de projet, tiers-lieux ou « résidences d’architectes » installant un ou plusieurs architectes sur place, pour échanger avec les habitants tout au long du projet (atelier de concertation,

 

diagnostic participatif, visite de site avec médiation, action-formation ciblée, workshops, etc.). Ces « résidences » peuvent être organisées en partenariat avec les Maisons de l’Architecture ou les ENSA.

- Sensibiliser et former les habitants et maîtres d’ouvrage privés dans leur rôle à jouer dans le maintien d’un cadre de ville de qualité. La réalisation de guide-conseil architectural et paysager largement diffusés peut-être un outil de sensibilisation à l’architecture du patrimoine local et d’implication future dans la vie collective, tout en permettant de développer des savoir-faire en matière d’entretien patrimonial ; - Développer la médiation architecturale et urbaine en encourageant les collectivités à se rapprocher des 32 Maisons de l’architecture, et des CAUE, pour l’organisation d’expositions, de débats, de conférences, de festivals et visites qui ont pour objectif de diffuser, auprès de tous les publics, la culture architecturale. Ce sont des occasions pour intégrer l’architecture au cœur de la culture populaire, en montrant comment elle se pratique et ce qu’elle est capable d’apporter.

 

Laurence Duffort

Directrice du Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de Paris (CAUE 75), Observatoire de la qualité du logement en Île-de-France (URCAUE)

Depuis plus de 40 ans, les CAUE accompagnent les collectivités, les bailleurs sociaux et les promoteurs dans le cadre de leur activité de conseil et participent aux jurys de concours. Au sein de l’Observatoire de la Qualité Architecturale du Logement en Ile-de-France, les CAUE franciliens animent des visites d’opérations, des séminaires thématiques, mènent des entretiens auprès de professionnels et conduisent des analyses détaillées d’opérations remarquables. De nombreux particuliers consultent chaque année un architecte conseil des CAUE dans le cadre des permanences proposées dans les communes. Une enquête lancée par les CAUE d'Ile-de-France auprès de leurs publics après le confinement a permis de révéler les usages des différents espaces du logement dans ce contexte très spécifique. À travers toutes ces activités, les CAUE sont donc témoins de l’évolution des conditions de production du logement et souhaitent porter au débat les conséquences de l’intensification de la production neuve et de la massification des opérations sur la qualité architecturale.

La qualité architecturale n’est pas une abstraction : la localisation des logements, leur proximité aux transports, commerces, équipements, lieux culturels et de vie sociale, mais également la dimension des espaces habitables, la réversibilité des fonctions, la générosité des espaces communs encore l’usage de matériaux pérennes et leur mise en œuvre soignée la concrétisent. La qualité architecturale ne peut pas être optionnelle, car elle garantit un parc de logements stable et durable. L’augmentation de la production doit viser la réalisation de logements adaptés aux besoins d’aujourd’hui et adaptables a ceux de demain, afin de s’inscrire dans une logique de gestion raisonnée des ressources spatiales et matérielles.

A/ Les conditions d’émergence de la qualité

En amont de la conception des logements, la constitution du programme, le choix d’une procédure de marché de maitrise d’œuvre, l’élaboration d’une méthode de travail, le projet de territoire dans lequel le logement s’inscrit, la collaboration des acteurs du projet sont autant d’éléments favorisant l’émergence d’une qualité architecturale.

Alors que le concours est resté pendant longtemps la seule procédure possible pour la maitrise d’ouvrage publique, l’apparition récente de nouvelles procédures de passation de marchés de maitrise d’œuvre comme la VEFA (Vente en l’État de Futur Achèvement) ou la conception-réalisation bouleversent les rôles et missions de l’ensemble des acteurs de la construction du logement.