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Les éléments contextuels émergents

Chapitre 4. Discussion

4.3. Les éléments contextuels émergents

L’analyse des données a fait émerger les deux catégories « secteurs organisationnels » et « finalité » que nous avons regroupées dans la facette « éléments contextuels ». Ces catégories peuvent être vues comme des paramètres, dans le sens où la sélection d’un élément de ces catégories permet de

sélectionner un sous-ensemble du corpus. Ainsi, nous pouvons filtrer le corpus à certains thèmes en définissant les valeurs des paramètres. Ce corpus filtré affecte les dimensions sous-jacentes du construit. Le construit de la pratique sans l’utilisation des paramètres réfère à une construction globale de celle-ci. À l’inverse, l’utilisation des paramètres offre des variations du construit en fonction des besoins du secteur ou des finalités recherchées pour les clients de la pratique. Les résultats de l’étude montrent non pas une définition, mais des variations du métier en fonction de ces paramètres. Comme indiqué en introduction, selon plusieurs auteurs de livres sur l’analyse d’affaires (p. ex. : Hass, 2008; Paul et al., 2010), il n’existe toujours aucune définition standard de l’analyse d’affaires dans les organisations. Est-ce le manque de consensus des praticiens ou la présence de plusieurs formes de pratique qui est à l’origine de l’absence d’une définition standard ? Notre analyse ne nous permet pas de statuer sur le manque de consensus, en revanche, nous pouvons apporter des éléments de réponses concernant les variations dans l’exercice de la pratique.

L’IIBA (2015) propose une définition générique de la pratique. Pour cette association professionnelle, la pratique consiste

… à permettre le changement dans une entreprise en définissant les besoins et en recommandant des solutions qui apportent de la valeur aux parties prenantes. L'analyse d'affaires permet à une entreprise d'articuler les besoins et la justification du changement, et de concevoir et décrire des solutions pouvant générer de la valeur. (Traduction libre, IIBA, 2015, p. 2).

Associées à cette définition, l’IIBA introduit les notions d’« initiatives » et de « perspectives ». La première réfère au niveau d’intervention dans l’organisation, niveau qui peut être stratégique, tactique ou opérationnel. La deuxième réfère à « … une lentille à travers laquelle le praticien de l'analyse d'affaires voit ses activités professionnelles en fonction du contexte actuel. » (Traduction libre, IIBA, 2015, p. 2). L’IIBA propose des perspectives en exemple : l’agilité, l’intelligence d’affaires, les technologies de l’information, l’architecture d’affaires, la gestion des processus d’affaires. Au regard des perspectives proposées, nous notons une forte similitude avec les secteurs organisationnels qui ont émergé dans notre analyse. De plus, l’IIBA précise qu’une ou plusieurs perspectives peuvent s’appliquer à la pratique de l’analyse d’affaires. Conséquemment, en prenant simultanément en considération la notion du niveau d’intervention avec la notion de perspectives, l’IIBA soutient qu’il n’y a pas un, mais plusieurs contextes applicables pour la pratique. Ceci sous-tend des variations de la pratique, bien que non évoquées explicitement par l’association professionnelle.

De son côté, le PMI (2015) propose également une définition générique du métier qui est néanmoins axée sur les tâches à réaliser, soit

… l'application des connaissances, des compétences, des outils et des techniques pour : Déterminer les problèmes et identifier les besoins de l'entreprise; Identifier et recommander des solutions viables pour répondre à ces besoins; Obtenir, documenter et gérer les besoins des parties prenantes afin d'atteindre les objectifs de l'entreprise et du projet; Faciliter la mise en œuvre du produit, du service ou du résultat final du programme ou du projet. (Traduction libre, PMI, 2015, p. 3).

Associées à cette définition, et de manière similaire à l’IIBA, le PMI introduit des notions permettant de modeler ou préciser la définition proposée. La première notion réfère au « domaine d’intervention » comme la gestion des exigences d’affaires ou la conception et mise en œuvre d’une solution. Le PMI précise qu’en fonction du domaine, les tâches se précisent et affinent la définition de la pratique. En affinant cette définition, une deuxième notion se précise. Le PMI invoque les « aspects importants » de l’analyse d’affaires : faciliter l'identification des problèmes ou l'analyse des opportunités pour l'investissement de portefeuille, la compréhension du contexte et des contraintes de l'environnement d'affaires, la gestion des exigences, l'évaluation de solutions. Nous notons une similitude substantielle de ces deux notions avec la catégorie finalités telle que nous la décrivons : la fin comme « but » et non comme « terme ». En effet, selon le PMI, les tâches s’affinent en fonction du domaine et le choix de ces tâches participe à spécifier le but de la pratique de l’analyse d’affaires. Dit autrement, le développement des activités (des tâches) détermine le résultat de son actualisation, ce qui réfère à la finalité, en tant que terme de la cause finale (Bradie & Miller, 1984).

Ainsi, nous remarquons de nouveau une similitude entre l’émergence de la facette « éléments contextuels » et les notions introduites par les associations professionnelles. Il est cependant difficile de conclure sur le fait que la littérature ait pu influencer les associations professionnelles ou l’inverse. En effet, bien que nos données soient en partie antérieures à la création des associations professionnelles, nous ne les avons pas analysées en fonction du temps. Néanmoins, les associations professionnelles ne mettent pas l'accent sur une définition multiple du métier, mais plutôt sur une définition globale comme le précisent d’ailleurs l’IIBA et le PMI. Le premier évoquant un ensemble complet de pratiques, le second, une définition complète de la pratique. Les deux associations professionnelles tentent de globaliser la définition du métier. Ce point de vue peut être à l’origine d’une certaine difficulté à obtenir le consensus dans les milieux de pratique. Cette tentative de globalisation, bien qu’évocatrice des différents types de pratiques qui peuvent subvenir en fonction des notions propres à chacune des associations, participe probablement à la confusion et à l’absence d’une définition commune dans un environnement où l’analyste d'affaires doit de plus en plus contribuer à toutes sortes d’activités, que ce soit en lien avec l'aide à la décision, le retour sur investissement ou les idées de développement de nouveaux produits (Schreiner, 2007).

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