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Éléments du cadre théorique reliés à l’apprentissage transformationnel 99

Chapitre 3 : Méthodologie 91

3.5 Éléments du cadre théorique 96

3.5.2 Éléments du cadre théorique reliés à l’apprentissage transformationnel 99

Concernant l’apprentissage transformationnel, pour explorer et comprendre le phénomène de la transformation opérée éventuellement par les hommes de notre échantillon, nous retenons principalement les concepts clés définis par Mezirow (1991a, 2000). D’une part, il s’agit de : (a) saisir la manière dont les hommes utilisent et transforment leur expérience de la masculinité ; (b) examiner la cible de leur réflexion quand ils entreprennent l’analyse critique des assises psychoculturelles de leur identité de genre ; (c) découvrir le rôle joué par le dialogue dans et en dehors du groupe et ; (d) identifier les changements intervenus dans la vie des hommes et les actions entreprises à partir de leur nouvelle perspective de sens de la masculinité. D’autre part, une attention particulière est portée aux conditions processuelles de la transformation. Aussi, on voit en quoi les étapes du processus

transformationnel vécu par les hommes de notre échantillon s’apparentent où se différencient des dix (10) étapes décrites par Mezirow. Dans cette perspective, le dilemme désorientant à l’origine de la transformation est examiné particulièrement. Les éclairages donnés par d’autres théoriciens sont également considérés, notamment en ce qui a trait à l’importance des éléments non rationnels (contexte, relations) et extrarationnels (corps, spiritualité).

3.5.2.1 Les éléments clés du processus transformationnel

Dans un premier temps, les étapes et les éléments clés du processus transformationnel identifiés dans la théorie de la transformation de Mezirow (1991a, 2000) sont retracés dans le phénomène du changement de perspective vécu par les hommes de notre échantillon. Une comparaison s’ensuit ; l’élément déclencheur et les étapes subséquentes de la transformation sont examinés attentivement.

Les composantes caractérisant le processus transformationnel (expérience, réflexion critique, discours rationnel, action) font également l’objet d’une analyse.

En dehors des éléments théoriques apportés par Mezirow, sont également examinés les facteurs non rationnels ou extrarationnels influençant le processus transformationnel.

3.5.2.2 La réflexion critique

Dans un deuxième temps, au regard de la transformation du cadre de référence de la masculinité qui s’opère, nous voyons plus précisément sur quoi porte la réflexion critique des hommes de l’échantillon par rapport à leur identité de genre construite socialement : les contenus (l’expérience personnelle de la masculinité), les processus (la manière dont les hommes composent avec les différents aspects de leur expérience de la masculinité) ou les prémisses (les postulats, les croyances et les valeurs construites socialement et qui sont tenus pour acquis dans l’expérience personnelle de la masculinité).

3.5.2.3 Les résultats de la transformation

Dans un troisième temps, nous examinons les résultats de la transformation opérée par les hommes de l’échantillon. Pour comprendre les résultats de leurs apprentissages au regard de la masculinité, nous voyons plus précisément si ceux-ci ont été transformationnels et, si oui, ce qu’ils ont transformé dans leur cadre de référence et leur vie.

La nature des changements personnels que les participants expérimentent est classée en fonction des trois dimensions du changement identifiées par Clark (1991) dans les expériences d’apprentissage transformationnel : (a) psychologique ; (b) convictionnelle et ; (c) comportementale. Les changements psychologiques, convictionnels ou comportementaux peuvent se retrouver dans chaque expérience d’apprentissage transformatif des participants, mais dans des proportions différentes.

Définitions des concepts clés de la recherche

Pour maintenir la cohérence au cours de cette étude, les termes les plus souvent utilisés sont définis afin de fournir une compréhension claire de leurs significations. Pour commencer les termes se rapportant à l’apprentissage transformationnel sont définis. Suivent les définitions des concepts relatifs aux études sur les hommes et les masculinités.

• Transformation : La transformation est vue comme étant un changement profond et durable de la vision du monde qui altère l’état d’être (Mezirow, 2000). Elle implique une évolution de la conscience qui est complexe et prolongée (Kegan, 1994).

• Transformation de perspective : La transformation de perspective est le processus permettant d’acquérir une conscience critique du comment et du pourquoi nos présomptions sont parvenues à contraindre notre manière de percevoir, de comprendre et de réagir affectivement à notre monde. Ce processus permet aussi de changer ces structures d’anticipation automatique pour permettre une intégration de l’expérience plus inclusive et discriminatoire et d’agir à partir des nouvelles conceptions (Mezirow, 1981, p. 6).

• Cadre de référence ou perspective de sens : Le cadre de référence d’un individu inclut ses connaissances, ses valeurs, des dispositions affectives, des expectations morales et esthétiques ainsi que des paradigmes qui informent sur ses préférences et sur la perception qu’il a de lui-même (Mezirow, 2003). Ils forment, délimitent – et déforment souvent – le moyen utilisé pour donner sens à l’expérience.

• Schèmes de référence : Les schèmes de référence ou de sens correspondent aux dimensions plus spécifiques du cadre de référence ou de la perspective de sens d’un individu. Comme tels, ils contiennent les croyances spécifiques, la connaissance, les sentiments et les jugements de valeur qui sont articulés dans une interprétation particulière (Mezirow, 1994, p. 223).

• Réflexion critique : La réflexion critique concerne un agir réflexif qui procède à la fois à l’examen des contenus et des processus expérientiels ainsi qu’à celui des prémisses, de sorte que l’apprenant étudie de façon minutieuse et critique ses apprentissages initiaux et réévalue leur pertinence (Mezirow, 2000).

• Discours rationnel : Un type particulier de dialogue qui met l’accent sur les éléments qui tentent de justifier les croyances en apportant des arguments favorables et en examinant le raisonnement des points de vue opposés (Mezirow, 1994). • Dialogue intérieur : Une forme de dialogue avec soi-même donnant la parole aux

forces contraires et contradictoires – aussi appelées "voix" – qui sont habituellement brimées. Brimer ces voix intérieures plonge les individus dans des conflits qui s’avèrent douloureux et qui engendrent des sentiments de culpabilité, de la colère ou encore, de la peur. Cultiver cet art de se parler à soi-même permet d’approfondir la connaissance de soi (Jung, 1973 ; Stone & Stone, 1997).

• Action : Une des implications les plus claires de la transformation de perspective (Saavedra, 1995), l'action inclut le fait de prendre des décisions, de réviser des points de vue, de recadrer ou de résoudre des problèmes, de modifier des attitudes, ou encore de changer des comportements. Lorsqu’il est question d’agir, on parle aussi bien de la prise de décision que de la protestation politique radicale.

• Apprentissage transformationnel : Un processus par lequel l’apprenant, au moyen de la réflexion critique et du discours rationnel, en vient à changer sa manière de penser, ses attitudes et ses comportements et à intégrer de nouveaux schèmes de référence dans sa vie (Everette, 2002).

• Idéologie relative à la masculinité traditionnelle : « Endossement » et internalisation du système de croyances culturelles relatif à la masculinité et aux rôles de genre que doivent tenir les hommes dans une société donnée, qui est ancré dans les relations structurelles entre les deux sexes (Pleck, Somenstein & Ku, 1991).

• Masculinité traditionnelle, restrictive ou hégémonique : Idéal masculin qui se nourrit de valeurs morales, sociales et comportementales. Il fait l’apologie de la force, du travail, du dynamisme. Cet idéal masculin exacerbe par exemple le courage, le sens du sacrifice et la camaraderie comme façon de partager de l’intimité avec d’autres hommes (Dulac, 2003, p. 11). Il fonctionne comme un support de la légitimité du modèle patriarcal.

• Patriarcat : Le patriarcat désigne un type d'organisation sociale où les hommes exercent en tant qu’hommes une autorité sur les femmes dans tous les aspects de la vie privée et publique, ce qui inclut les domaines politique, social, économique et légal (Rahman, 2007).

• Genre : On ne naît pas avec un genre. On fait plutôt l'apprentissage de ce qui est considéré comme « être un homme » et « être une femme » dans une société particulière, à une époque donnée. À travers le processus de socialisation, les hommes et les femmes apprennent des attitudes et comportements correspondant aux rôles de genre masculin ou féminin (Englar-Carlson, 2006).

• Socialisation aux rôles traditionnels : Type de socialisation qui sert à faire respecter les codes patriarcaux prévoyant que : (1) les hommes adoptent des comportements dominants et agressifs et « fonctionnent » dans la sphère publique et (2) les femmes adoptent des comportements adaptatifs et nourriciers et « fonctionnent » dans la sphère privée de la famille (Levant, 1996).